SOMMAIRE

Dossier
À Québec, l'industrie de la plasturgie se fait proactive face à la concurrence mondiale

Résumé

par Daniel Allard

L'Observatoire de la technorégion, centre régional de veille et d'analyse dans le domaine de l'innovation et de la technologie en place suite à une initiative du GATIQ Technorégion, avait révélé, en septembre 2002, les résultats d'une étude scrutant l'industrie du plastique dans la grande région de Québec. L'examen approfondi couvrait la période début 1999 à fin 2001. Tous les indicateurs étudiés démontraient une croissance importante de l'industrie du plastique sur une base régionale: 20% du chiffre d'affaires; 29% du nombre d'emplois; 24% des dépenses en R&D et surtout une augmentation de 34% du revenu provenant des exportations.

Le chiffre d'affaires régional de cette industrie devait logiquement atteindre le milliard de $ en 2002, selon les chiffres que montre le Tableau 1, dont environ 35% provenant des recettes à l'exportation. Et l'avenir de l'industrie du plastique à Québec semblait justement de plus en plus lié à ses succès sur les marchés internationaux. Les revenus provenant des exportations comptaient pour 33% du total en 1999, alors qu'ils atteignaient 37% du total de 2001.

Sentant de plus en plus que la véritable concurrence venait maintenant de loin, une large proportion de la centaine d'entreprises de ce secteur à Québec et en Chaudière-Appalaches n'a donc pas hésité en répondant positivement au premier appel à créer un nouvel outil de synergie et de rayonnement. « La Vallée de la Plasturgie Québec-Appalaches » était née!

Tableau 1
CROISSANCE DE L'INDUSTRIE DU PLASTIQUE DANS LA RÉGION DE QUÉBEC

  en 1999 en 2001
Chiffre d'affaires 789,2 millions $ 943,9 millions $
Nombre d'emplois 4 172 5 384
Dépenses en R&D 4,2 millions $ 5,2 millions $
Revenu provenant des exportations 258,8 millions $ 348 millions $

(Sources: GATIQ Technorégion, septembre 2002.)

500 000$ POUR DES
« TABLES RÉGIONALES DE LA PLASTURGIE SUR LA PRODUCTIVITÉ ET L'INNOVATION »

L'initiative du GATIQ n'est pas la seule à dynamiser l'industrie du plastique particulièrement dans la grande région de Québec. Le 13 mars 2003, en présence du secrétaire d'État responsable de Développement économique Canada, l'honorable Claude Drouin, c'était au tour de l'Association canadienne de l'industrie des plastiques, Région du Québec, (ACIP Québec) de se réjouir de l'aide du gouvernement du Canada pour la création et l'animation de cinq « tables régionales de la plasturgie sur la productivité et l'innovation ».

 Le secrétaire d'État responsable de Développement économique Canada, l'honorable Claude Drouin en compagnie de ses hôtes lors de l'annonce à Québec.

La première table régionale à se mettre en branle est celle de la région de Chaudière-Appalaches-Québec. Les quatre autres tables seront établies dans la région de l'Estrie, de la Montérégie, de Laval-Lanaudière-Laurentides et du Montréal métropolitain. Chacune de ces tables sera composée de douze entreprises du secteur des plastiques. Ces PME pourront compter sur des experts en innovation et en productivité et elles s'inscriront dans une démarche structurée d'amélioration de la productivité comprenant un diagnostic de compétitivité et un plan d'action. Le projet découle, d'une part, d'une consultation que l'ACIP Québec a effectuée auprès des PME et, d'autre part, du constat de retard du secteur des plastiques en termes de productivité.

« Un tel projet qui fait appel à l'innovation en matière de productivité et de compétitivité contribue à notre croissance collective et à l'amélioration de nos conditions de vie en tant que Canadiennes et Canadiens. La contribution que nous annonçons aujourd'hui est d'ailleurs en lien avec la Stratégie canadienne d'innovation de même qu'avec les objectifs du cadre stratégique de Développement économique Canada, soit de soutenir la capacité du milieu afin de dynamiser le développement de son économie. Plus spécifiquement, elle s'inscrit dans le programme IDÉE-PME », déclarait alors Claude Drouin, concernant cet investissement totalisant 500 000 $.

« Nous accueillons avec beaucoup de fierté le soutien financier de Développement économique Canada. Nous devions nous doter d'un projet d'action commun et concerter les principaux acteurs du développement économique au Québec pour appuyer, de façon optimale, la performance et la croissance des entreprises industrielles du secteur de la plasturgie. Ainsi, le projet des tables régionales que nous annonçons aujourd'hui répond à ce besoin urgent. Les PME québécoises de l'industrie du plastique doivent disposer des meilleurs outils sur le marché de façon à accroître la productivité et ainsi niveler l'écart qui nous sépare des autres pays industrialisés », expliquait pour sa part Odette Mercier, la directrice exécutive de l'ACIP Québec.

L'étude de l'Observatoire de la technorégion de Québec citée en début d'article montrait d'ailleurs le niveau des activités scientifiques et techniques dans le secteur du plastique dans la région de Québec. En 2001, seulement 46,5% des entreprises déclaraient avoir effectué des activités de R&D, alors que 63% avaient introduit au moins une innovation de produit et/ou de procédé. Quant à la propriété intellectuelle 14,4% des entreprises déclaraient détenir des brevets, se référant concrètement à 155 brevets au total.

Il faut dire « seulement » parce que les données de l'ACIP-Québec confirment un retard significatif de l'industrie de la plasturgie au Québec. L'écart de la productivité serait de 18% inférieur à l'Ontario et 34% inférieur aux États-Unis!

La « Table » de Québec aura sa première réunion début juin et les noms des douze entreprises participantes sont connus: I Thibault, IPL, P. H. Tech, Plastiques Micron, Industries Rocand, Mouleur de Beauce, Novik inc., Bain Ultra, Recyc RPM, BCH unique inc., Ipex et René matériaux composites, confirmait début mai Cristina Marques, qui assure la permanence de l'ACIP Québec dans un bureau du Parc technologique du Québec métropolitain depuis janvier 2003 et y coordonne l'ensemble des cinq tables québécoises pour les deux prochaines années.

« Nous visons à augmenter leur productivité de 15 à 20%, en plus d'inclure dans l'entreprise une culture d'innovation », explique-t-elle. La formule de la table fonctionne avec les grands patrons de chaque entreprise, pour qui sont organisées trois réunions d'une journée complète de travail par année.

LES ENJEUX DE L'INDUSTRIE DE LA PLASTURGIE

Selon Industrie Canada, malgré son importance au Canada, l'industrie du plastique ne bénéficie pas de la reconnaissance et du statut auxquels elle aurait droit. Plusieurs entreprises de transformation du plastique paient le salaire minimum à leurs employés, ce qui a pour effet de décourager plusieurs jeunes d'entreprendre une carrière dans ce domaine. Conséquemment, plusieurs plasturgistes qui fabriquent des pièces en matériaux composites haut de gamme ont beaucoup de difficulté à trouver des ingénieurs et des techniciens spécialisés pour programmer leurs équipements, qui sont de plus en plus sophistiqués. Et sans cette main-d'œuvre qualifiée, l'industrie se mettra elle-même à l'écart du marché le plus lucratif dans lequel l'exécution rapide d'opérations complexes permet de fabriquer avec précision des pièces à forte valeur ajoutée.

« La main-d'oeuvre, c'est criant! Ça nous fait mal », renchérit Cristina Marques. Et la pénurie est telle que des entreprises s'organisent présentement pour importer des travailleurs de l'île de la Réunion. Le projet-pilote parrainerait 100 travailleurs pour un an et cinq de ceux-ci iraient dans deux entreprises de la région de Québec, pour ce qu'elle en sait actuellement. (Une histoire que COMMERCE MONDE suivra de près!)

L'analyse gouvernementale constate de plus que, par rapport à l'ensemble du secteur manufacturier, l'industrie des produits en matière plastique consacre peu de fonds à la R&D, bien que certaines entreprises qui ont investi dans l'innovation de produits et de procédés ont obtenu un avantage concurrentiel. Et par rapport à tous les secteurs industriels de la fabrication, le taux des dépenses en R&D de l'industrie des plastiques est très bas. Le problème n'est pas tant que les entreprises qui effectuent de la R&D n'y consacrent pas beaucoup de fonds, mais plutôt qu'une proportion relativement faible des entreprises de l'industrie fasse de la R&D. Toujours selon Industrie Canada, divers indicateurs permettent également de penser que l'industrie des produits en matière plastique est en retard sur l'industrie américaine en ce qui concerne sa capacité à faire face à la concurrence de demain.

Puisque l'industrie se caractérise par un grand nombre de PME, le recours à des initiatives collectives afin de favoriser l'utilisation accrue de la technologie en vue de rehausser la compétitivité est vu positivement.

L'ABC D'UNE INDUSTRIE COMPLEXE

Plusieurs savent que les plastiques sont des matériaux synthétiques dérivés du pétrole. Moins de gens savent qu'on peut aussi les dériver du gaz, une autre ressource naturelle non-renouvelable. Ce secteur industriel est très complexe. Ce qui ne l'empêche pas d'être efficace. Au Canada, l'industrie des plastiques a connu un taux de croissance cinq fois plus grand que l'ensemble du secteur manufacturier depuis 1961 et cette tendance devrait se poursuivre dans l'avenir. L'efficacité énergétique des plastiques explique, entre autres, cette croissance. Toutes les études démontrent qu'il faut moins d'énergie pour faire un produit de plastique que de tout autre matériau.

Les propriétés avantageuses des plastiques (hygiéniques, légers et durables) sont un apport substantiel à notre santé et à notre qualité de vie. Sous forme d'emballages, ils protègent les aliments contre la contamination et divers autres produits contre les dommages; sous forme de pièces d'automobiles, leur poids léger permet d'accroître le rendement énergétique des véhicules; sous forme d'équipements médicaux, ils servent à sauver des vies grâce aux tubes intraveineux et aux sacs pour le sang, aux hanches et membres artificiels, aux seringues jetables; sous la forme de matériaux de construction, les plastiques servent à l'isolation thermique et ils sont largement utilisés en plomberie et en électricité.

Il faut moins d'énergie
pour faire un produit de plastique
que de tout autre matériau

On trouve donc la matière plastique dans la quasi-totalité des segments d'utilisation finale de l'économie. Ses particularités (facilité de transformation, légèreté et résistance à la corrosion) ont favorisé la création de nouveaux produits. La matière plastique a également remplacé le papier, le verre et le métal dans certaines applications traditionnelles. Et selon sa taille, sa forme ou les qualités recherchées, à chaque type de produit à fabriquer correspond une technologie distinctive. L'univers de la plasturgie compte donc plus d'une vingtaine de techniques de transformation (injection, injection soufflage, extrusion, extrusion gonflage, calandrage, enduction, rotomoulage, expansion, compression, thermoformage, pultrusion, stratification, chaudronnerie sont les plus courantes) et encore plusieurs autres techniques pour les composites. Si l'on parle des thermoplastiques, la fabrication part alors de poudres, de granulés, ou de semi-finis (plaques, films) - un apport de calories par chauffage ou frottement faisant passer la matière de l'état solide à l'état plastique -, la mise en forme est ensuite possible dans un moule; l'objet est par la suite figé dans la forme voulue par un système de refroidissement. Un processus d'ailleurs réversible!

On le voit bien, la plasturgie est un univers complexe. C'est de la haute-technologie. Que savez-vous des thermodurcissables?

LA FILIÈRE DE LA PLASTURGIE DANS LE PÔLE QUÉBEC/CHAUDIÈRE-APPALACHES

Identifiée comme l'un des secteurs les plus dynamiques de la grande région de Québec/Chaudière-Appalaches, l'industrie des plastiques et matériaux composites y compte plus de 130 entreprises (près du quart de l'ensemble des entreprises de ce secteur au Québec). Plus de 5000 personnes y trouvent un emploi. Des chiffres qui font dire aux promoteurs de l'initiative du même nom que le territoire est une véritable « Vallée de la Plasturgie. »

On parle déjà d'un tissu industriel performant, d'une expertise reconnue mondialement, d'utilisation des plus récentes technologies de conception et de fabrication, ainsi que d'un savoir-faire unique, permettent aux entreprises d'offrir des produits et services répondant aux plus hauts standards de qualité, à des prix très avantageux! Les entreprises y sont principalement actives dans la transformation des matières thermoplastiques, ainsi que dans la mise en oeuvre de matériaux composites. Elles excellent notamment dans la fabrication de produits destinés aux secteurs de l'emballage, du transport, de l'électronique, du bâtiment et des objets promotionnels.

Bien que la gamme des produits en plastique soit très étendue, trois grandes utilisations dominent:

  • l'emballage (34% des expéditions);
  • les articles de construction (26%);
  • et les composants pour véhicules automobiles (18%).

L'EXPORTATION, ENCORE UN « MUST »

C'est tout de même le marché québécois qui constitue le marché primaire pour la majorité des transformateurs de matières plastiques. Les entreprises oeuvrant dans le moulage sur devis, ainsi que les fabricants de moules, sont particulièrement orientées vers une clientèle régionale et nationale. Les fabricants de produits propriétaires sont pour leur part davantage orientés vers la commercialisation de leurs produits au Canada, aux États-Unis et au Mexique. Avec l'entrée en vigueur de l'ALÉNA, une hausse spectaculaire des exportations a toutefois été observée. (L'industrie canadienne détient maintenant environ 2% du marché des États-Unis et environ 6% de tout le marché nord-américain.)

La réalité, c'est que les ventes à l'exportation demeurent encore un « must » à atteindre pour la majorité des entreprises. Pour plusieurs produits, cela sera d'ailleurs toujours l'exception, puisque les frais élevés de transport limitent les possibilités d'exportation vers les marchés plus éloignés. En revanche, s'il existe un avantage technologique, il est beaucoup plus facile de diversifier les exportations. Mais il faut aussi être en mesure de se donner les moyens de faire connaître ces avantages. Voilà déjà un premier élément justifiant l'initiative de « La Vallées de la Plasturgie ».

POURQUOI UNE « VALLÉE DE LA PLASTURGIE »?

L'idée d'élaborer le projet de « Vallée de la Plasturgie » a été lancée en octobre 2001, lors de la première rencontre du Comité sectoriel Plastiques/Composites, un comité du Groupe d'action pour l'avancement technologique et industriel de la région de Québec/Chaudière-Appalaches (GATIQ-Technorégion) regroupant une trentaine d'entreprises et d'institutions œuvrant au sein de l'industrie des plastiques, matériaux composites et caoutchouc. Lors de cette rencontre, les participants constataient que l'industrie souffrait d'un problème d'image auprès de la population, que les entreprises collaboraient rarement entre elles et que l'industrie régionale ne profitait pas de son potentiel d'offrir aux grands donneurs d'ouvrages un service complet, tel que le font plusieurs régions qui ont réussi à intégrer leurs produits et services à l'intérieur d'une offre globale.

En effet, des régions, telles Oyonnax, en France, et Tucson, en Arizona, ont connu une croissance rapide du nombre d'emplois dans ce secteur, après avoir procédé à une consolidation de leurs forces et à une intégration plus grande de leurs produits et services régionaux. La création de portes d'entrées uniques sur ces régions a également contribué à attirer de nombreux grands donneurs d'ouvrages, domestiques et étrangers. En 2002, l'Observatoire de la technorégion avait aussi réalisé l'étude des principaux centres d'excellence du secteur des plastiques et composites à travers le monde et cette tendance de plus en plus marquée pour le regroupement d'entreprises en «clusters» avait été remarquée.

Conséquemment, l'Observatoire recommandait: « qu'un partenariat gouvernement-secteur privé et secteur de la recherche et de la formation soit forgé afin de développer un plan d'action et une vision du développement de la région dans les secteurs à fort potentiel technologique, notamment celui des plastiques et composites ». Dans le cadre de ce partenariat, un organisme privé sans but lucratif dominé par les entreprises, comme Pôle Québec/Chaudière-Appalaches, était identifié pour promouvoir plusieurs «clusters», dont celui des plastiques et composites. Une façon de faire voulant éviter le dédoublement d'organismes et permettant d'utiliser l'organisme-chapeau comme levier en matière de partenariat avec les organismes intersectoriels.

Les instigateurs de l'idée de la vallée de la plasturgie avaient donc vu juste et ils avaient d'ailleurs déjà identifié la mission et les objectifs sur lesquels l'organisme devait travailler. Dès fin 2001, les membres du Comité sectoriel Plastiques/Composites confiaient au GATIQ Technorégion le mandat de mettre en œuvre le projet. Suite à des discussions avec la section québécoise de l'Association canadienne de l'industrie des plastiques (ACIP Québec), il fut aussi convenu de signer une entente pour déterminer avec précision les champs d'intervention de chacun, afin d'éviter tout chevauchement ou toute compétition.

En décembre 2002 se déroula le début des activités avec un premier événement de réseautage. Le lancement officiel du réseau d'affaires (regroupant alors 43 organisations) s'est tenu le 4 mars 2003, présentant du coup un premier projet collectif, soit la production d'un dépliant promotionnel. La majorité, 20 000 copies, seront distribuées au Québec contre 5000 en Ontario et dans le nord-est des États-Unis, alors qu'une entente avec Équipe Canada et Industrie Canada permettra aussi sa diffusion dans les 20 événements dans lesquels ces deux organismes participeront au cours des trois prochaines années à travers le monde.

MISSION ET PROGRAMMATION DE L'ORGANISME

La Vallée de la Plasturgie Québec-Appalaches se donne pour mission de: « Constituer un véritable réseau d'affaires permettant la mise en œuvre d'initiatives visant à assurer la croissance de l'industrie régionale des plastiques et matériaux composites. »

Parmi les objectifs, celui de « favoriser l'obtention de contrats d'envergure par les entreprises » fait rapidement l'unanimité. Le défi est plus de réussir à « assurer la création et le maintien d'une relation étroite entre les principaux intervenants de l'industrie régionale(... et) favoriser l'intégration des produits et services régionaux par la mise en place d'une offre régionale ».

Dédiée à la consolidation de la filière régionale des plastiques et composites, elle a pour rôle de promouvoir l'industrie régionale auprès de clients internationaux, mais aussi des étudiants régionaux en espérant améliorer également l'image de l'industrie auprès de la population et des jeunes, qui sont de moins en moins nombreux à opter pour des carrières au sein de cette industrie.

Le Comité exécutif de l'organisme, qui n'est d'ailleurs pas encore incorporé mais devrait l'être en OSBL bientôt, est composé de 7 intervenants de l'industrie. Un agent intégrateur, employé et payé par l'organisme et qu'on veut engager pour septembre 2003, aura comme mandat de promouvoir l'offre de service régionale et de tout mettre en œuvre afin de décrocher des contrats d'envergure. La réalisation de ces contrats sera répartie entre les entreprises de la Vallée de la Plasturgie en fonction de leurs compétences. Ainsi, l'agent intégrateur favorisera la formation de consortiums d'entreprises pour répondre à des appels d'offres. Le choix des entreprises participantes à un contrat sera effectué par l'agent intégrateur en fonction d'un mécanisme établi préalablement par le Comité exécutif et approuvé par l'ensemble des entreprises membres.

La programmation, déjà planifiée jusqu'en 2006, montre que les initiateurs savent ce qu'ils veulent: tenue de soupers-conférences; élaboration et diffusion d'un dépliant de promotion de l'industrie régionale destinée aux marchés du Québec, de l'Ontario et du Nord-Est des États-Unis; élaboration et diffusion de l'offre régionale en matière de formation et de recherche en plasturgie; confection d'un kiosque promotionnel; embauche de l'agent intégrateur; élaboration et mise à jour du site Web comprenant un répertoire des entreprises régionales; organisation de demi-journées de présentations d'entreprises afin de favoriser la collaboration; organisation d'une délégation régionale à NPE 2003, à Chicago (23-27 juin 2003); élaboration d'une planification stratégique pour l'industrie régionale des plastiques et composites et dépôt auprès des intervenants régionaux; organisation de missions exploratoires (1/année) en France (Oyonnax), aux États-Unis (Tucson, Arizona) et encore aux États-Unis (Détroit, Michigan); organisation d'une tournée de promotion de l'industrie dans les écoles secondaires de la région; distribution d'une affiche et d'un document pour supporter la promotion; organisation de délégations régionales dans les événements ciblés: MassPlastics (Boston, 22-23 octobre 2003), K2004 (Dusseldorf, 20-27 octobre 2004), Expoplast (Montréal, novembre 2005), Composites (Atlanta), Europlast (Paris).

Les membres actuels de l'exécutif sont Pascal Baillargeon (de Plastique Art), Germain Bélanger (d'ADS Groupe Composites), André Lefebvre (de P.H. Tech), Dominic Paquet (du Centre sectoriel des plastiques) et Léandre Vachon (de DSD International). Il en reste donc deux à recruter pour compléter le groupe. Les organisateurs étaient évidemment contents d'avoir Paul Drouin, le président du Groupe ADS, à titre de président d'honneur de leur soirée de lancement officielle de mars dernier, mais l'organisme fonctionne toujours sans porte-parole officiel et sous le principe de la collégialité de son Comité exécutif.

Germain Bélanger, vice-président R&D chez ADS Groupe Composites, a 35 ans de métier dans le domaine. À sa connaissance, l'initiative est une première au Québec. Et ailleurs? L'homme cite le cas de la Ville de Windsor, en Ontario, forte de ces fabricants de moules qui se présentaient en groupe dans les foires internationales. « Leur démarche existe toujours, mais elle n'a plus la même ampleur, la concurrence étrangère les ayant beaucoup rattrapé », explique-t-il.

Pour Québec, s'il s'est finalement convaincu que le mot « vallée » n'était pas trop prétentieux, c'est en constatant que la complémentarité du secteur justifie l'appellation: « Ici on a de tout, des compétences en design, calcule, outillage, formation, même un réseau d'exportation imposant avec, entre autres, les 8 usines de MAAX aux USA et la nôtre également ». Même s'il fait remarquer que la région de Saint-Jean-sur-le-Richelieu, au sud-est de la ville de Montréal, est très forte avec les moules, les entreprises y sont concentrées. « La belle force que Québec constate en se regardant, c'est sa complémentarité », affirme Germain Bélanger.

Un constat que partage Dominic Paquet, directeur depuis 1995 du Centre sectoriel des plastiques, mais membre de cette institution d'enseignement depuis 1988. En plus des entreprises, qui couvrent jusqu'au prototypage et l'outillage, la région offre même un certificat universitaire en génie de la plasturgie et dispose d'une infrastructure réputée de R&D avec la présence de centres de recherche universitaires et gouvernementaux, ainsi que de différents organismes qui supportent les entreprises dans leurs démarches d'innovation et d'accroissement de leur productivité. « Au niveau de la plasturgie il y a tout, sauf que les gens ne se parlent pas », ajoute-t-il. « Tous disent: Ah! les Chinois! Eux, ils offrent du global, le model consortium. (...)Mais savez-vous que 75% des quelque 600 entreprises de notre industrie dans l'ensemble du Québec ont 50 employés et moins », précise Dominic Paquet, histoire de montrer que leur démarche constitue un gros plus pour des gens qui veulent se vendrent ensembles auprès des grands donneurs d'ordres.

«Tous disent: Ah! les Chinois!
Eux, ils offrent
du global...»

« Maintenant que nous avons notre drapeau commun pour se placer dessous et se présenter en « club », on doit d'abord faire notre auto-évaluation. Bien connaître ce que chacun fait. La démarche vise d'abord à prendre conscience de la variété des activités du secteur, de constater que nous ne sommes pas en manque de compétences (...)pour ensuite amener les donneurs d'ordres à penser à nous. (...)Pour moi, l'exportation est une deuxième phase », croit Germain Bélanger.

C'est d'ailleurs à la meilleure connaissance mutuelle que servent essentiellement les réunions mensuelles qui animent actuellement les membres du groupe. Et que 41 (ceux qui apparaissent dans le dépliant promotionnel) des 130 entreprises identifiées aient dit oui dès le premier appel n'est pas une surprise pour lui: « Nous serons constamment en recrutement ». (Ils sont d'ailleurs 47 en date du 15 mai.)

Il faut évidemment voir d'un bon oeil la formation de consortiums d'entreprises qui permettraient au secteur de répondre à des appels d'offres de plus en plus complexes et impliquant de plus en plus d'interventions, en plus de négocier plus facilement des conditions d'approvisionnement en matière première, de bénéficier d'un accès privilégié à la technologie des fournisseurs et d'assurer leur autosuffisance en matière d'innovation technique. Pour bon nombre de produits, le niveau élevé des frais de transport empêche d'envisager des exportations directes sur des marchés éloignés. Dans ces cas, des projets en participation et des possibilités de regroupement pour développer leurs capacités d'exportation et d'échange de technologie peuvent devenir une solution.

Pour financer leur initiative, les industriels plasturgistes de Québec et Chaudière-Appalaches espéraient compter sur un financement de l'ordre de 200 000$ par année. Un quart de leur propre poche et le reste des gouvernements, pour surtout embaucher une ressource humaine et mettre un plan d'action en marche. C'était il y a un an. Depuis, le GATIQ Technorégion a été intégré à Pôle Québec/Chaudière-Appalaches et l'on se demandait qui prendra définitivement la relève.

Cette incertitude est maintenant du passé. Charles Boulanger, le grand patron de Pôle Québec/Chaudière-Appalaches, est venu confirmer lors de la journée réseautage du 7 mai qu'il supportera la « Vallée » et qu'il consacre un coordonnateur à temps plein pour l'industrie des plastiques, des composites et des caoutchoucs. Une nouvelle qui satisfait grandement le principal intéressé: jusqu'à maintenant, la « Vallée » doit beaucoup à Francis Létourneau, qui a été coordonnateur de la démarche depuis le début, à travers ses nombreuses responsabilités au GATIQ. Le voilà dégagé du reste et concentré pleinement sur l'univers de la plasturgie.

La machine est bien en marche. C'est d'ailleurs à l'ordre de Pôle Québec/Chaudière-Appalaches que les entreprises qui veulent être « membre en règle » de La Vallée de la Plasturgie Québec-Appalaches doivent faire leur chèque de 200$ pour 2003. Un geste toutefois déjà réalisé pour les 41 entreprises ayant collectivement financé la réalisation du dépliant et du site Web au coût de 20 000$. Aux dernières nouvelles, 50 entreprises participaient aux activités de la Vallée.

SE POSITIONNER PAR RAPPORT À QUI?

Avec cette initiative, la région de Québec tente de mieux se positionner par rapport à la concurrence internationale. Mais de qui parle-t-on? C'est la Californie qui est reconnue comme plus grand producteur mondial de plastique. L'Arizona (Tucson) et la ville française d'Oyonnax, près de Lyon, sont aussi identifiés pour avoir une stratégie d'autopromotion active.

Plus globalement, il y a de fortes concentrations d'industries du domaine des plastiques et composites particulièrement aux États-Unis, en Allemagne, en France, en Italie, en Angleterre, en Chine, à Taïwan, au Brésil et en Inde. En matière de fabrication de moules, en plus des États-Unis, des pays comme la Chine et le Portugal figurent maintenant parmi les principaux concurrents des entreprises canadiennes.

La Corée du Sud est une grande menace:
malgré la distance,
ils livrent deux fois plus vite,
à deux fois moins cher!

« La Chine fait mal dans le produit de consommation. C'est pourquoi nous disons à nos entreprises membres de viser plutôt les produits spécialisés. Et dans le secteur des moules, c'est la Corée du Sud qui est la grande menace: malgré la distance, ils livrent deux fois plus vite et à deux fois moins cher. Ça fait très mal », raconte Cristina Marques, de l'ACIP-Québec.

La concurrence s'exprime aussi à travers les nombreuses expositions sectorielles qui se déroulent périodiquement à travers le monde. Il faut choisir les incontournables; il faut y participer pour montrer qu'on existe. Le liste suivante est celle établie par l'équipe de la Vallée de la Plasturgie:

  • Les Journées Européennes des Composites (JEC), Paris, France
  • Europlast, Paris, France
  • Chinaplas, Shanghai, Chine
  • Plast Imagen, Mexico, Mexique
  • Composites, Atlanta, États-Unis
  • Interplas, Birmingham, Angleterre
  • Expoplast, Montréal, Canada
  • Brasilplast, Sao Paulo, Brésil
  • Mould & Die Asia, Hong Kong, Chine
  • Interplastica, Moscou, Russie
  • IPF, Tokyo, Japon
  • Equiplast, Barcelone, Espagne
  • EuroMold, Francfort, Allemagne
  • Addplast Europe, Bruxelles, Belgique
  • NPE, Chicago, États-Unis
  • MassPlastics, Boston, États-Unis

LES 43 MEMBRES DE
« LA VALLÉE DE LA PLASTURGIE QUÉBEC-APPALACHES »
(au 13 mai 2003)

  • ADS Groupe Composites
  • AFFI-Québec
  • Ateliers Présiko
  • BCH Unique
  • Centre de formation professionnelle St-Joseph
  • Centre de robotique industrielle
  • Centre de technologie minérale et de plasturgie
  • Centre sectoriel des plastiques
  • CERSIM
  • Collège de la région de l'Amiante
  • Compositech
  • Deflex Composites
  • Design Franc Art
  • DSD International
  • DX Plastiques
  • Excel Matériaux Composites
  • Finproject N/A
  • I.D. Plastique
  • Intermag Modelex
  • IPEX
  • IPL
  • I. Thibault
  • MAAX
  • Maîtres moulistes (Les)
  • Moules et matrices de précision
  • Moules et modèles PCM
  • Mouleurs de Beauce
  • Moulexpert
  • P.H. Tech
  • Plaques 2000
  • Plastique Alto
  • Plastique Art
  • Plastique Polyfab
  • Plastiques Gagnon
  • Plastiques Moore
  • Produits Isolofoam
  • Qualité Moules 2000
  • Pronto Prototypes
  • Recyc RPM
  • Rocand
  • René Matériaux Composites
  • Techno-Moules P.L.C.
  • Université Laval - Faculté des Sciences et Génie

info@valleeplasturgie.qc.ca
www.valleeplasturgie.qc.ca


Retour à la Une

Imprimer cet article

Commerce Monde #35