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Recyclage des ordinateurs
Un réseau industriel canadien s'organise

Dans l'édition électronique du mardi 22 avril 2003 de Direction informatique paraissait, à la rubrique ENVIRONNEMENT, un texte sur le recyclage des ordinateurs signé par Patrice-Guy Martin. Monsieur Martin est rédacteur en chef de Direction informatique et a réalisé le texte avec les sources de la Presse Canadienne. L'intérêt du sujet nous a poussé à vous en présenter le résumé qui suit.

(CMQC) Selon les analyses de la firme Evans Research de Toronto, il s'est vendu 3,7 millions d'ordinateurs au Canada en 2002. Un nombre important de ceux-ci remplacent des appareils existants dont on dispose essentiellement de deux façons : la réutilisation et le recyclage. Un certain nombre sont remis en circulation, grâce à la collaboration de divers programmes, mais plusieurs finissent dans un site d'enfouissement.

Aux États-Unis, on estime que d'ici 2005 ce sont quelque 500 millions d'ordinateurs qui deviendront périmés et dont on devra disposer. On peut donc estimer qu'au Canada, ce sera autour de 50 millions d'ordinateurs qui seront dans la même situation. Selon une enquête menée en 2000 par Environnement Canada, en 1999, les Canadiens ont mis au rebut une quantité estimée à 34 000 tonnes de déchets provenant du secteur des technologies de l'information. Durant les cinq prochaines années, on prévoit que cette quantité doublera, pour atteindre 67 000 tonnes en 2005. Toujours en 1999, on estimait que les ordinateurs personnels et les moniteurs recyclés au Canada contenaient 1 356 tonnes de plomb, 2 tonnes de cadmium et demi-tonne de mercure.

Des leaders canadiens des industries des produits électroniques de consommation et des technologies de l'information ont annoncé, récemment, avoir uni leurs forces pour tenter de circonscrire ce problème. Ils ont créé Recyclage des produits électroniques Canada (RPEC). Une organisation à but non lucratif, qui travaillera avec un groupe de partenaires à l'élaboration, à la promotion et à la mise en place de solutions viables pour le problème des déchets électroniques au Canada. Son président, David Betts, affirme qu'il y a un fort mouvement dans le marché pour une élimination plus responsable des produits achetés et utilisés par les consommateurs. C'est le mandat que s'est fixé RPEC. Les membres fondateurs, qui ont tous assuré le financement d'amorçage, incluent les divisions canadiennes de Apple, Canon, IBM, Panasonic, Sony et Toshiba.

Les avenues explorées comprennent, par exemple, la possibilité d'ajouter une taxe environnementale variant entre 10$ et 30$ au prix d'un ordinateur. Les revenus générés par cette taxe serviraient à financer les opérations de recyclage. L'organisme pense rendre public un programme définitif autour du printemps 2004.

USINE DE RECYCLAGE

Indépendamment de l'annonce de la création du RPEC, la société Noranda a, par ailleurs, annoncé récemment un investissement de 2,5 millions $ dans une nouvelle usine de recyclage de matériel électronique. La mise en service devrait s'effectuer d'ici l'été 2003. L'exploitation, unique en son genre au Canada, sera située à Brampton, en Ontario.

Noranda utilise un processus qui permet de recycler le matériel superflu de façon à conserver les ressources et à favoriser le développement durable. Le matériel sera ensuite expédié à la fonderie Horne de Noranda, située à Rouyn-Noranda, au Québec, pour subir un traitement et une récupération des métaux supplémentaires.

UN PROBLEME BIEN PIRE AILLEURS

Le nombre important d'ordinateurs devant être recyclés mondialement pose un problème environnemental à l'échelle de la planète. Le Silicon Valley Toxics Coalition (SVTC) et le Basel Action Network (BAN) ont publié un rapport, l'an dernier, suite à une tournée que ces organisations ont effectuée en Chine, en Inde et au Pakistan. Intitulé « Exporting Harm, the High-Tech Trashing of Asia », ce rapport a été réalisé avec la contribution de Toxics Link India, Scope (Pakistan) et Greenpeace China.

On y explique que certains intermédiaires peu scrupuleux organisent l'exportation des déchets technologiques vers ces pays pour qu'ils y soient « traités ». Mais en raison de réglementations environnementales extrêmement déficiente dans ces pays, les conditions de recyclage des équipements sont atroces. Les travailleurs effectuent leurs tâches dans des sites insalubres et s'exposent quotidiennement à des substances dangereuses, sans équipements de protection.

La pratique est condamnée par un accord international, adopté en mars 1989, et auquel souscrit le Canada. L'Accord de Bâle sur le contrôle des mouvements transfrontières de déchets dangereux et leur élimination vise précisément à empêcher que se produisent des situations telles qu'observés par le BAN et le SVTC, notamment dans la région de Guiyu, en Chine. Par ailleurs, l'Union Européenne vient d'adopter une réglementation qui encadre la disposition des équipements électriques et électroniques en mettant de l'avant la responsabilité des fabricants à cet égard.

En attendant qu'un cadre légal vienne baliser le recyclage des déchets technologiques dans les différentes provinces canadiennes, l'initiative de l'industrie des TI est un pas dans la bonne direction.


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Commerce Monde #35