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Chronique MONDIALISATION

FSM5, le tournant de Mumbaï se confirme

Par Renaud Blais
De retour du FSM5, membre de la délégation du
Collectif pour un Québec sans pauvreté


Au retour de Porto Alegre, le constat est clair. Le tournant vécu par le FSM à Mumbaï l'an dernier se confirme. Avant Mumbaï, les 3 premières éditions du FSM tenues à Porto Alegre étaient un peu « guindées », surtout du point de vue de certains groupes de base qui n'apprécient pas, ou se retrouvent mal dans des espaces climatisés, bien encadrés, avec des invités vedettes et/ou experts, etc. Ces groupes avaient très peu participé aux trois premières éditions. Notez que depuis les débuts du FSM, certains de ceux-ci participaient et participent encore au Campement de la jeunesse qui lui, depuis le début, fonctionne selon une formule beaucoup moins formaliste que le FSM officiel. Le Campement de la jeunesse pratique l'autogestion, et l'applique rigoureusement. « Le slogan du FSM est : un autre monde est possible. Ça, ce ne sont que des mots. Pour changer le monde, il faut agir et mettre en pratique ces beaux principes. Voilà le but du Campement jeunesse», explique Colin Perrault, un Québécois participant à la construction du campement. Il ajoute : «C'est clair qu'il y a un collectif brésilien qui prépare le terrain à l'avance dès le mois de mai. Jusqu'au 24 janvier, nous étions moins de 1000 personnes qui préparaient un campement pour 35 000 personnes, qui profitent ensuite des installations déjà initiées. (...)L'autogestion complète, c'est un idéal, il faut tendre vers.»

La formule de Mumbaï, je la résumerai simplement comme suit: le Comité organisateur du FSM s'occupe de mettre à la disposition des groupes des espaces et certaines infrastructures et laissent les groupes organiser eux-mêmes le contenu, la forme et le déroulement de leurs activités. Le rôle du Comité organisateur se limite à la réservation et à l'attribution de locaux avec quelques fonctionnalités comme de l'équipement et des bénévoles pour assurer la traduction... Les quatre langues des colonisateurs européens sont légitimement pratiquées, et en principe traduites, lors du FSM. Prenez note que de décrire simplement le déroulement d'un tel rassemblement de milliers d'activités n'est pas facile et demande des efforts d'ouverture, d'adaptation, de compréhension... et de sympathie pour le Comité organisateur, que je leur offre, plutôt que de les envier!

Cette année, le Comité organisateur avait proposé quatre axes transversaux dont devaient s'inspirer les groupes pour proposer des activités. Les quatre axes retenues étaient les suivants :
1) Émancipation sociale et dimension politique des luttes;
2) Lutte contre le capitalisme et le patriarcat;
3) Diversité et genre;
4) Lutte contre le racisme.

Le Comité organisateur s'est ainsi occupé de recueillir les offres d'activités des groupes et de leur attribuer un espace pour présenter leurs séminaires, ateliers, panels ou autres. Plus de cinq kilomètres de littoral, identifié géographiquement par des lettres de A à K qui correspondaient aux 11 ESPACES THÉMATIQUES identifiés comme tel. Évidemment chacun de ces espaces thématiques comprenaient un nombre considérable de tentes de multiples grandeurs. Voyez à la fin de ce texte (annexe 1) la liste détaillée de ces espaces thématiques. À ne pas confondre avec les 13 TENTES THÉMATIQUES dont il sera question plus loin. C'est très simplifié, mais vous comprendrez qu'il y a une très grande différence entre un comité organisateur qui met sur pied lui-même des activités, reçoit des offres d'activités, les classent, les choisissent et souvent les fusionnent et leur attribue un moment pour tenir ces activités; et l'autre formule, retenue depuis deux ans, à savoir que le Comité organisateur prévoit simplement de mettre à la disposition des groupes des lieux où ces organisations sont responsables de la tenue et de l'organisation du contenu de leurs activités. Le Comité organisateur avait aussi tenté de recueillir les propositions (insuffisantes) de bénévoles traducteurs qu'il avait dirigés vers un lieu précis en fonction des besoins imaginés, à partir des groupes qui proposaient l'activité. Souvent, il a fallu s'auto organiser avec ou sans équipement de son et surtout très peu d'équipement de traduction. C'est souvent très frustrant pour les participants qui ne comprennent pas plus d'une ou deux langues.

Vous comprendrez que la méthode de l'autogestion improvisée n'est pas à l'abris de difficultés de dernières minutes quand vous n'avez aucun autre moyen que la débrouille pour surmonter des inconvénients comme des bénévoles traducteurs qui ne se présentent pas au moment de tenir votre activité, ou qui n'avaient pas été prévus pour cette activité, par exemple...

UN DÉBAT PERSISTANT
Je souhaite ici préciser le débat qui existe, au moins depuis cinq ans, au Conseil international du FSM, et qui demeure, à savoir si le FSM doit devenir une organisation revendicatrice. Et l'autre point de vue encore très majoritaire au Conseil international, à savoir : « Le FSM n'est pas un événement mais une mouvance qui regroupe et fait converger des mouvements autonomes ». Il offre des lieux ponctuels pour une mise en commun des idées, des revendications, des projets d'actions et autres, etc. Ceci selon les termes de Chico Whitaker, membre fondateur (propos entendus lors d'un de ces exposés où j'étais présent).

Contrairement aux trois autres FSM de Porto Alegre, cette année la grande marche a eu lieu au moment de lancer le FSM et non pas à la fin. Cette marche de lancement du FSM5, selon les calculs de la Police militaire, regroupait 200 000 personnes, un record pour ce type d'événement, a indiqué Prensa Latina qui a identifié des participants du FSM, provenant de plus de cent pays, comme les acteurs de l' « autre monde possible », qui affrontent "un monde ou le néolibéralisme fait avancer les guerres et les inégalités".

Sans en organiser le contenu, le comité organisateur avait installé 13 tentes thématiques où des groupes de tous ordres et provenances pouvaient se retrouver en un lieu précis pour organiser des activités sous une tente thématique bien identifiée au sujet de leurs préoccupations.

TREIZE TENTES THÈMATIQUES
Treize tentes autour de questions spécifiques. Espace Puxirum (Autochtone), les mouvements
noirs, Tente de la solidarité – Já Bast (Ça suffit), Tente “Maison de la Palestine”, Tente solidaire Cuba et Venezuela, Tente de la Coalition oecuménique, Tente des amis de la terre, Tente du monde du travail et des mouvements sociaux (la Via campesina), Tente solidaire de la réforme urbaine et le corporatisme, Planète coopérative, Tente des enfants et des adolescents, et finalement Tente de l'Afrique et Tente de l'Inde.

Ce sont les thèmes des organisations qui promeuvent des débats permanents sur des questions sociales, raciales, économiques et environnementales, entre autres. Aussi, près de chacune de ces tentes était disposée une partie de ce qui deviendra une grande muraille d'affichage où des suggestions d'actions retenues durant les délibérations devaient être inscrites. Il sera possible de retrouver ceci prochainement sur le site : www.memoria-viva.org. Voyez à la fin de ce texte (annexe 2) les détails de présentation de ces Treize TENTES thématiques.

Je ne parle pas de la programmation sauf pour dire que les détails de la programmation pour les trois premiers jours, soient les 26-27 et 28 janvier nous donnaient droit à un tabloïde de 140 pages. Pour les trois autres jours un autre même format « Journal de Qc ou Mtl » de seulement 136 pages. De plus, nous avions droit à une « Programaçào cultural » selon son titre unilingue portugais tandis qu'à l'intérieur de ces 24 pages, ce dernier catalogue était traduit dans les 4 langues principales du FSM. Pour parler avec plus de détails de ce qui se passait à Porto Alegre « autour » du FSM, il faut ajouter bien des éléments.

Il y a de nombreuses activités qui avaient été planifiées tout à fait en dehors du cadre organisationnel du FSM, même si ces activités ont été planifiées pour avoir lieu dans la même ville et en même temps que le FSM. Parmi les activités très formelles, il y avaient les grandes activités officielles de type « show politique », comme : le lancement fait par Luiz Inácio da Silva, dit Lula, président du Brésil, et d'autres de L'Action globale contre la pauvreté (j'y étais, j'y reviendrai), le Manifeste de Porto Alegre solennellement lancé par : Ricardo Petrella, Bernard Cassen, Ignacio Ramonet, Jose Saramago, Frederico Mayor et Adolfo Perez Esquivel et d'autres, voyez plus loin pour des détails. L'Initiative contre la production d'armes lancée par l'Espagne d'abord mais qui a recueilli bien des appuis; ce ne sont que quelques exemples.

Ensuite, plusieurs des 13 Tentes thématiques ont publié des textes rassembleurs autour de la question traitée. Je prends seulement l'exemple de la tente du Travail et des Mouvements sociaux qui a lancé L'appel des mouvements sociaux incluant l'Action globale, le 19 mars pour exprimer sa solidarité avec le peuple irakien (voyez le texte intégral à l'annexe 3). Aussi, il ne faudrait pas oublier qu'il y a près d'une QUINZAINE DE FORUMS ALTERNATIFS ou autres qui se déroulent autour du FSM. En plus, il existent aujourd'hui plus d'une DIZAINE DE FORUMS THÉMATIQUES (la plupart de ceux-ci sont permanents : éducation, santé etc.). Ceux-ci, la plupart nés lors d'un FSM antérieur, tiennent aussi en même temps, une ou l'autre de leur instance ou quelques jours avant ou quelques jours après le FSM.

ACTION GLOBALE CONTRE LA PAUVRETÉ
Jeudi 27 janvier au matin, nous étions conviéEs pour 8H30 au stade Gigantinho. Dès l'approche des entrées, nous avons constaté « l'effet de la sécurité » par la présence d'un grand nombre de personnes qui s'alignaient devant les entrées et ceci malgré le fait qu'effectivement les portes étaient ouvertes. La présence imposante du contrôle policier qui fouille à fond les sacs de tout le monde. Craignant que nous les utiliserions comme projectiles, ils nous confisquent systématiquement nos bouteilles d'eau... Notez qu'à 8H30, il faisait 35 degrés et de 12H à 16H, il faisait près de 40 degrés à l'ombre avec un soleil ardent qui rendait le macadam souple sous nos pieds. Vers 10H, nous sommes finalement assis dans ce stade qui finira de se remplir. Une suite d'interventions officielles précédent celle de Lula qui prend la parole vers 10H30. Lula a donc lancé officiellement la campagne intitulée Action globale contre la pauvreté. Cette campagne se focalise sur quatre points : 1- l'annulation de la dette, 2- le commerce équitable, 3- les nouvelles formes de financement et 4- l'accroissement de la coopération internationale. Lors de ce grand rassemblement nous avons pu constater une présence, minoritaire mais importante, d'un groupe d'extrême gauche (nouveau parti formé par ceux qui ont quitté la grande coalition de gauche (Parti des travailleurs PT) qui a permis à Lula de gagner l'élection présidentielle). Une femme membre de ce groupe, que j'ai interpellée, et qui pouvait me répondre dans une des trois autres langues que le portugais, me dit que le principal reproche fait à Lula est « qu'il a vendu la moitié de l'Amazonie au FMI et à la Banque mondiale »... ? Et il a renié sa parole sur la réforme agraire...

MANIFESTE DE PORTO ALEGRE
Ce document est le résultat d'un processus de discussion qui émane des ateliers tenus sous le thème du « Quichotte: Utopie et politique » qui s'est tenu pour souligner les 400 ans du Don Quichotte de Cervantes, au début de 2005. Lors de ces activités, le prix Nobel Jose Saramago, l'ancien directeur général de l'Unesco, Frederico Mayor, et le directeur du Monde diplomatique, Ignacio Ramonet, ont fait des présentations remarquables suite auxquelles l'idée d'un manifeste s'est présentée.

Le lendemain du lancement officiel de ce manifeste, durant le FSM5, certains membres de l'organisation du FSM ont exprimé des réserves quant à la façon dont ce manifeste a été lancé. Celui-ci s'est fait sans qu'il y ait un processus de discussion ouvert dans lequel l'apport des participants au FSM aurait pu se faire. Quoiqu'il en soit, les 18 signataires du manifeste sont des personnes très respectées au FSM, et ont énoncé des points de vue qui sont sujet à controverses chez les participants du Forum. Entre autres, on y trouve certains points qui éloigneront de grosses organisations plus réformistes. Malgré tout, ce manifeste devient de fait un document de référence et qui devient une forme de définition plus concrète de ce qu'est le FSM. Voyez l'intégral du texte qui est à l'annexe 4.

DE MULTIPLE FORUMS ALTERNATIFS EN DÉTAILS
Parmi la multitude des forums alternatifs tenus cette année durant ou autour du FSM5, a eu lieu le 1er Forum mondial de l'information et la communication. Ce fut une journée de réflexion organisée par la quinzaine de groupes membres de la Campagne pour le droit de la communication dans la société de l'information. Ceux-ci ont lancé la Déclaration de Marrakech, portant sur le droit aux communications. Celle-ci avait été élaborée lors de la Table ronde sur le thème des médias communautaires pour un développement durable qui a finalisé ses travaux le 21 novembre 2004 à Marrakech, Maroc. Cette table ronde a également servi de réunion préparatoire à la deuxième phase du Sommet mondial sur la société de l'information (WSIS) qui se tiendra en Tunisie en novembre 2005. « Il est clair que la démocratisation des communications est devenue un enjeux majeur, si nous voulons renforcer l'influence de la société civile et montrer qu'un autre monde est possible », a indiqué Elizabeth Robinson, du Comité exécutif de l'Association mondiale des radiodiffuseurs communautaires (AMARC). L'objet de cette déclaration est de considérer comme un réel droit l'accès aux informations, avec une directe référence à la concentration des médias et « la pensée unique » qui en est le fruit. Un site Internet a été lancé pour aider les membres de la société civile qui le souhaiteront à se démerder devant cette pensée unique dans les grands médias. Il s'agit de : www.globalmediswatch.org. L'AMARC est une organisation non-gouvernementale internationale au service du mouvement de la radio communautaire. Elle compte sur plus de 3000 membres dans plus de 110 pays. Voyez à l'annexe 5 l'intégral de cette déclaration. Pour plus d'informations consultez le site de l'AMARC :

Aussi durant le FSM5, ce fut au moins le 3e Forum des parlementaires, le 4e Forum des juges, le 5e Forum mondial des paysanNEs, le 5e Forum des peuples, le 3e Forum des autorités locales, le Forum permanent pour le droit des femmes a tenu aussi des assises officielles. De plus, il y eut un Forum africain, une rencontre internationale de syndicats, le Forum social des alternatives, le Forum social de la santé, les « NO VOX » (sans voix) nous ont invités à les rencontrer, sans oublier le 5e Campement de la jeunesse qui a réuni 35 000 personnes. Ça va pour l'énumération ?

Avant de terminer avec quelques décisions des différentes composantes du Conseil international du FSM, voici une citation sur un sujet très chaud pour les prochaines années, la gestion PUBLIQUE ou PRIVÉE de l'eau dans nos pays et ailleurs. Surtout en Europe, plusieurs pays doivent renégocier des ententes avec le privé qui viennent à échéance. Pour Yacuba M. Binele, membre de la Coalition nationale contre la privatisation de l'eau au Ghana, l'année s'annonce très difficile.
«Pour nous, les autorités en place ne servent que les intérêts de la Banque mondiale, du Fond monétaire international et de l'Organisation mondial du commerce. C'est ce que j'appelle le virus du SIDA économique. Nous savons que leur plan de privatisation prévoit un ajustement des prix par rapport à la devise américaine, ce qui signifie que lorsque notre devise va baisser, le pourcentage que les familles pauvres consacreront à l'eau va augmenter.»

Le FSM 2006 sera décentralisé
et le FSM 2007 se tiendra
en Afrique

Lors de la réunion du Conseil international, mardi (25/01), a été décidé que le FSM sera réalisé sous forme décentralisé, en différents endroits du monde, en 2006. De cette manière, le FSM assure le compromis avec la Charte de Principes, cherchant à devenir un processus permanent de recherche et de constructions d'alternatives, qui ne se réduit pas aux événements auxquels il s'associe.

Les délibérations finales sur le FSM 2006 seront décidées à la réunion du Conseil international en avril 2005. Le Conseil assure aussi que le FSM 2007 sera réalisé en Afrique. L'organisation sera sous la responsabilité des organisations africaines. Le Conseil appuiera le processus de construction du Forum social mondial en Afrique.
Les noms du Maroc et de l'Afrique du sud circulent...

Décision du Conseil international du processus, au sujet du FSM 2006:
1 – Le FSM 2006 sera réalisé de manière déconcentrée, dans différents endroits du monde. Cette décision vise à élargir et enraciner le processus.
2 – Feront partie du FSM 2006, les événements réalisés dans différentes régions et pays où des organisations se proposent de partager les principes méthodologiques construits en commun, en accord avec la charte de Principes du FSM.
3 – Le processus FSM 2006 sera lancé par la réalisation d'événements à la même date que le Forum de Davos.
4 – Les propositions d'événements pour le FSM 2006 devront être présentées avant le mois d'avril et formulées en dialogue avec les instances d'organisations du processus FSM.
5 – La décision finale sur les événements du FSM 2006 sera prise lors de la réunion du Conseil international du FSM en avril.
6 – À la réunion d'avril, le Conseil définira l'architecture du processus 2006, comprenant également une description de la composition du secrétariat international, un secrétariat adéquat aux nouveaux défis.
7 – D'ici avril, le secrétariat international du FSM, composé des parties brésilienne et indienne, continuera à assumer son rôle.
8 – Les organisateurs des événements du processus FSM 2006 systématiseront et diffuseront leurs expériences afin de les socialiser.
9 – Le Conseil international appuiera de manière effective les processus régionaux et thématiques en cours.
Réunion du Conseil international
Porto Alegre, 25 janvier 2005

Le Conseil international du processus, sur le FSM 2007:
1 – Le FSM 2007 aura lieu en Afrique.
2 – L'organisation du FSM 2007 sera de la responsabilité des organisations africaines. Le Conseil international partagera cette responsabilité.
3 – Les organisations africaines présenteront à la réunion du Conseil international, le calendrier et le programme de travail pour le Forum social mondial 2007.
4 – Le conseil international développera dès à présent une solidarité active avec le processus FSM 2007 en Afrique.

NOTE : Je dois reconnaissance, pour la recherche, au site officiel du FSM, aux services d'« Indimedia » et à Fannie Olivier, Vincent Larouche et Samuel Auger, étudiants en journalisme du Carrefour international de la presse universitaire francophone. À partir des sites et dans la Marmite sociale de mars 2005, publié par les étudiants des sciences sociales à l'Université Laval. FSM : www.forumsocialmundial.org.br


Annexe 1
11 espaces thématiques différents :
A) Pensée autonome, réappropriation et socialisation des savoirs et des technologies
B) Défendre la diversité, la pluralité et les identités
C) Art et création : construire des cultures de résistance populaire
D) Communication : pratiques anti-hégémoniques, droits et alternatives
E) Assurer et défendre des biens communs de la Terre et des peuples
- comme alternative à la marchandisation et à la domination des entreprises transnationales
F) Luttes sociales et alternatives démocratiques - contre la domination néolibérale
G) Paix, démilitarisation et lutte contre la guerre, le libre-échange et la dette
H) Vers la construction d'un ordre démocratique international et l'intégration des peuples
I) Économies souveraines pour et par les peuples - contre le capitalisme néolibéral
J) Droits humains et dignité pour un monde juste et égalitaire
K) Éthique, cosmovisions et spiritualité - Résistances et défis pour un nouveau monde


Annexe 2
Les treize tentes en détail
Douze tentes traitent de questions spécifiques. Les autochtones, les mouvements noirs, les palestiniens, le monde du travail, la réforme urbaine et le corporatisme sont quelques uns des thèmes des organisations qui promeuvent des débats permanents sur des questions sociales, raciales, économiques et environnementales, entre autres.

En plus des deux mil activités programmées pour le FSM 2005, qui aura lieu du 26 au 31 janvier à Porto Alegre, les mouvements sociaux, syndicats, ONGs et peuples organisent des tentes, sous lesquelles seront débattues des questions liées à leurs luttes. Au total, il y aura douze tentes réparties sur tout le territoire du Forum social mondial, qui s'étend de la Cais do Porto au parque Marinha do Brasil. Les débats, rencontres, manifestations artistiques, expositions de photos et rencontres de coordination entre les différentes entités, font partie de la programmation de ces espaces. Les mouvements noirs, la question autochtone, le travail, la ZLÉA (ALCA en espagnol), le blocus économique sur Cuba et le Venezuela, les mouvements urbains et l'environnement sont des thèmes qui seront discutés en permanence, parmi d'autres. Toutes les activités sont suggérées et organisées par les entités membres.

La Tente solidaire du Mouvement noir
La Tente solidaire du Mouvement noir est un endroit de référence, de rencontre et de dialogue entre les personnes et organisations qui sont en lutte, dans divers endroits du monde, contre le racisme et toutes les formes de discrimination et de ségrégation. La tente est une reproduction du Quilombo Milton Santos e Lélia Gonzales, qui, lors de rencontres antérieures du FSM, à été un centre de séminaires, de panels et d'ateliers liés à cette thématique.

Espace Puxirum (Autochtone)
La culture et les luttes des peuples autochtones d'Amérique latine seront représentées dans un espace nommé Puxirum, qui signifie travail collectif en Tupi-Guarani. Leur art, aspects de leur quotidien, problèmes, savoirs et spiritualité seront montrés et débattus par les plus de 400 autochtones présents, représentant prés de 100 peuples. C'est la première fois que les peuples autochtones viennent organisés au FSM et participent à des activités spécifiques. Lors des derniers Forums, leur participation était restreinte au statut d'invités et orateurs lors de certains évènements.

Tente de la solidarité – Já Bast (Ça suffit)
Cette tente sera un local de rencontre de tous ceux qui luttent contre le libre échange, la dette, la militarisation et la guerre. L'objectif des organisateurs est que cet espace soit un centre de référence des campagnes sur ces thèmes. Ils souhaitent également que l'organisation de cet espace se fasse de manière collective, autant en ce qui concerne la répartition de l'espace que la programmation des activités. Au-delà de petites réunions et rencontre, une table collective se tiendra dans la tente pour que les groupes et organisations diffusent leurs campagnes, distribuent leur matériel ou le mettent en vente à des prix solidaires.
Organisation: Grito dos excluídos/Campanha Continental contra a ALCA/ Campanha Jubileu Sul Brasil/Alianza Social Continental / Rede dos Movimentos Sociais.

Tente “Maison de la Palestine”
Avec comme objectif de rapprocher tous les mouvements palestiniens actifs lors du Forum, cette tente sera un espace de rencontre et de diffusion des idées et de la cause de ce peuple. Des activités culturelles ainsi que des spectacles folkloriques, présentés par des groupes palestiniens, et une exposition de photos sur l'occupation israélienne, du journaliste et photographe brésilien Rogério Ferrari, sont quelques unes des activités proposées. Sur la place de l'alimentation sera fait un travail spécial autour de la gastronomie, mettant de l'avant les aspects culturels de l'alimentation.
Organisation: Confederação Árabe Palestina do Brasil (Copal)

Tente solidaire Cuba et Venezuela
Cette tente a comme axe principal les concepts de la Solidarité avec Cuba et le Venezuela, la souveraineté des peuples, la paix et l'unité latino-américaine. Dans sa conception, la présence cubaine et vénézuélienne sera très réduite. Ainsi, cette tente sera intégrée à part entière dans l'ensemble de la programmation du FSM 2005, servant de scène pour le déroulement de diverses activités liés au Forum. Des activités culturelles musicales, cinématographiques, des vidéos, des livres, des expositions, des rencontres d'intellectuels se tiendront dans la tente.

Il sera aussi possible de voir des expressions de mouvements de solidarité avec Cuba, du Brésil, tout comme du reste du monde, ainsi que certains thèmes de l'agenda des luttes: Blocus contre Cuba, la paix, les luttes contre la guerre et la militarisation, en défense de l'environnement, entre autres. Un panel sur le blocus de Cuba et sur l'intégration du mouvement syndical latino-américain est à l'ordre du jour. Une conférence de présentation d'un plan bolivarien d'intégration pour l'Amérique latine (ALBA) en contre proposition de la ZLÉA est un autre point de la programmation.
Organisation: Membres du Conseil International du Forum social mondial de Cuba et Associação Cultural José Marti/RS, Comitê de Solidariedade à Venezuela do RS

Tente de la Coalition oecuménique
Un espace de 300 mètres carrés à été organisé par le Conseil mondial des églises, l'Association protestante des agences de développement (Aprodev), le Fórum Oecumênico Brasil (FeBrasil), le Conselho Nacional de Igrejas Cristãs (Conic) et le Grupo Intereligioso de Porto Alegre. Cet espace à comme objectif d'être un local de rencontres et de référence des entités écuméniques et de droits humains qui seront présentes et actives dans l'espace thématique “Étique, cosmovision et spiritualité”.

Tente des Amis de la terre
Des débats, panels, ateliers, vidéos et expositions de photos sur la problématique de l'environnement sont prévus dans cette tente. Tous les jours, un prix sera attribué aux personnes qui résistent aux corporations et grandes entreprises, par exemple, par l'organisation d'une manifestation contre les investissements qui détériorent l'environnement. La tente sera décorée par un dinosaure gonflable, représentant le pouvoir des grandes entreprises. Une exposition de photos sur les risques dus à la construction de l'usine de Barra Grande pour la forêt Atlantique sera présentée.

L'optique est de montrer la destruction causée par les multinationales et la manière dont elles influencent systématiquement les politiques de l'Union Europénne et des institutions internationales. Comptabilité corporative, commerce, environnement et développement durable, institutions financières internationales, changements climatiques, organismes génétiquement modifiés et eau sont les thèmes qui seront discutés.
Organisation: Amigos da Terra Brasil, Canadian Council et l'Observatoire européen des entreprises

Tente du monde du travail et des mouvements sociaux
Cet espace est celui de la Centrale unique des travailleurs (CUT) en collaboration avec ses confédérations et fédérations, autres mouvements sociaux, comme l'UNE (Union nationale des étudiants) et la Via Campesina, et organisations non-gouvernementales (ONGs) liées au monde du travail. Cet espace est destiné à la coordination de politiques et à la promotion et mise en avant des collaborateurs de la tente.

Salle de réunion, de presse et de conventions forment un espace qui cherche à être une référence pour les questions liées au monde du travail, qui seront débattues dans différents espaces du Forum. Le 27 janvier, auront lieu trois grandes activités: l'une d'elles implique la Confédération nationale des travailleurs en alimentation (Contac), une autre sera un panel avec Frei Betto et une autre avec l'ONG Démocratie et monde du travail, qui amène à Porto Alegre l'économiste Marcio Pochman.
Organisation: Central Única dos Trabalhadores(CUT)

Tente solidaire de la réforme urbaine
Espace des mouvements União de Moradia Popular, Central de Movimentos Populares(CMP), Movimento Nacional de Luta pela Moradia (MNLM), Confederação Nacional da Associação de Moradores (Conam) e Fórum Nacional de Reforma Urbana (FNRU). Des débats, séminaires et panels sur la question urbaine, du logement, de l'environnement et des chemins du mouvement communautaire auront lieu dans cet espace. Les mouvements doivent aussi faire une observation des habitations existantes à Porto Alegre et dans la région métropolitaine et une tournée avec les responsables de la question urbaines et du logement de l'Organisation des Nations Unies.

Planète Coopérative
Promue par le Syndicat et organisation des coopératives de Rio Grande du Sul (OCERGS) et par le Service national d'apprentissage du coopérativisme (Sescoop/RS), cet espace a comme objectif de mettre en avant l'importance du coopérativisme pour le développement des communautés. Dans ce but seront organisés un grand évènement public avec des dirigeants de ce secteur et des ateliers sur des thèmes spécifiques. Une des activités sera organisée en collaboration avec le président de l'Alliance coopérativiste internationale (ACI), Ivano Barberini. La présence de membres de la direction de pays du Mercosur et de 11 États brésiliens a été confirmée.
Organisation: Ocergs e Sescoop

Tente des enfants et des adolescents
Dans cet espace seront organisées des activités tournées vers les jeunes jusqu'à 18 ans, du 18 au 30 janvier. Sur un territoire de 400 mètres carrés, cette tente se trouve dans le « Parque Marinha do Brasil face au Milênio Flat ». Cet espace, mis en place par les partenaires du Forum national de la défense des enfants et adolescents, prétend familiariser les jeunes aux débats qui n'étaient auparavant accessibles qu'aux adultes. Les enfants doivent être accompagnées d'une personne responsable pour pouvoir participer aux activités récréatives, réalisées sous l'orientation des éducateurs. La programmation comprend des activités culturelles, tout comme des ateliers de danse, de capoeira, de percussion, de prévention des maladies sexuellement transmissibles, la production d'un journal et de familiarisation au langage des sourds.
Organisation: Rede Marista de Solidariedade

Tente de l'Inde
Cet espace comprendra une programmation spécifique au peuple indien et la programmation sera diffusée par la
délégation indienne qui n'est pas encore à Porto Alegre.

Tente de l'Afrique

Annexe 3
Appel des Mouvements sociaux
Appel des Mouvements sociaux À la mobilisation contre la guerre, le néolibéralisme, l'exploitation et l'exclusion pour un Autre monde possible

Nous sommes des mouvements sociaux réunis dans le cadre du Ve Forum social mondial. La grande réussite en termes de participation, plurielle et massive, au FSM, nous donne la possibilité et la responsabilité de rendre plus nombreuses et meilleures nos campagnes, pour étendre et renforcer nos luttes.

Il y a quatre ans, le cri collectif et global UN AUTRE MONDE EST POSSIBLE, a brisé le mensonge selon lequel la domination néolibérale est inévitable, ainsi que celui de la “normalité” de la guerre, des inégalités sociales, du racisme, des castes, du patriarcat, de l'impérialisme et de la destruction de l'environnement. À mesure où les peuples s'approprient cette vérité, leur force devient irrépressible et se matérialise en des faits concrets de résistance, de revendication et de proposition.

En cela, notre époque innove par l'explosion et l'extension des mouvements sociaux sur tous les continents et leur capacité à construire dans la diversité, des convergences nouvelles et des actions communes au niveau global.

Ainsi, des dizaines de millions d'hommes et de femmes se sont mobilisés partout dans le monde pour la paix, contre la guerre et l'invasion menée par Bush II contre l'Irak. Les sommets comme le G8, l'OMC, le FMI et la Banque mondiale, où un petit nombre prétend décider pour toutes et tous, ont été questionnés et délégitimés par l'action des mouvements sociaux. Les luttes populaires en défense de la nature, des droits des peuples et des biens communs, contre leur privatisation, telles que les luttes menées en Bolivie, en Uruguay et par d'autres peuples, ont démontré la possibilité de mettre la domination néolibérale en crise. Des nouveaux espaces de lutte politique et sociale se sont ouverts.

Le néolibéralisme est incapable d'offrir un futur digne et démocratique à l'humanité. Cependant, aujourd'hui il reprend l'initiative, en répondant à sa crise de légitimité par la force, la militarisation, la répression, la criminalisation des luttes sociales, l'autoritarisme politique, et la réaction idéologique. Des millions d'hommes et de femmes souffrent chaque jour. Nous voulons ici rappeler la guerre au Congo qui a déjà fait quatre millions de victimes. Pour tout cela, un autre monde non seulement est possible, mais il est nécessaire et urgent.

Conscients du fait que le chemin à parcourir est encore long, nous appelons tous les mouvements sociaux du monde à lutter pour la paix, les droits humains, sociaux et démocratiques, le droit des peuples à décider de leur destin, et l'annulation immédiate de la dette externe des pays du Sud, à partir du CALENDRIER que nous partageons au sein du Ve Forum social mondial :

CALENDRIER DE LUTTE
1. Nous appelons toutes les organisations et mouvements sociaux participant au Forum social mondial ainsi que ceux qui n'ont pas pu être présents à Porto Alegre, à travailler ensemble une campagne pour l'ANNULATION IMMÉDIATE ET INCONDITIONNELLE DE LA DETTE externe et illégitime des pays du Sud, en commençant par les pays victimes du tsunami, et d'autres qui ont souffert de terribles catastrophes et crises au cours des derniers mois.

Nous appuyons les Mouvements Sociaux du Sud qui se déclarent créditeurs des dettes historiques, sociales et écologiques. Nous exigeons la reconnaissance internationale de ces dettes pour en stopper l'augmentation, et la restauration de nos écosystèmes et l'indemnisation des peuples. Nous exigeons l'arrêt de l'exécution de projets et « d'accords d'intégration » qui facilitent le pillage des ressources naturelles dans les pays du Sud.

Nous appuyons l'exigence des Mouvements sociaux de paysans et pêcheurs des régions affectées par le tsunami, afin que les ressources pour l'urgence et la réhabilitation soient administrées directement par les communautés locales, et ainsi éviter de nouvelles dettes, colonisation et militarisation.

2. Deux ans après l'invasion de l'Irak, l'opposition globale à la guerre est plus forte que jamais. Pour le mouvement contre la guerre il est temps d'augmenter les actions et de ne pas reculer.

Nous exigeons la fin de l'occupation de l'Irak. Nous exigeons que les États-Unis en finissent avec les menaces à l'encontre de l'Iran, du Venezuela et d'autres pays. Nous nous engageons à établir davantage de contacts avec les forces anti-occupation en Irak et au Moyen-Orient. Nous renforcerons nos campagnes contre les transnationales impliquées dans l'occupation, nous soutenons les militaires qui refusent de participer à la guerre, et nous défendons les activistes poursuivis pour être contre la guerre.

Nous appelons les mouvements sociaux à se mobiliser le 19 mars lors d'une grande journée d'action globale, pour exiger le retrait des troupes d'occupation en Irak. Plus de guerres !

3. Nous appuyons toutes les campagnes pour le désarmement et la démilitarisation, y compris la campagne contre les bases militaires des États-Unis dans le monde, les campagnes de désarmement nucléaire, pour le contrôle du commerce des armes et pour la réduction des dépenses militaires et pour la fin de la production des armes.

4. Sous le prétexte du “Libre échange”, le capitalisme néolibéral avance en affaiblissant les États, en dérégulant les économies et en « légalisant » des privilèges pour les corporations transnationales grâce aux Traités de libre échange (TLB). Après l'échec de la ZLÉA, grâce à la pression populaire, on oblige aujourd'hui l'Amérique centrale et d'autres pays à se soumettre à des Traités de libre échange bilatéraux, que nous, les peuples, nous rejetons. En Europe, la directive Bolkestein de l'Union Européenne veut imposer la privatisation complète des services publics. Dans ce contexte, nous appelons à ce que toutes et tous se mobilisent pendant les Journées d'Action Globale, du 10 au 17 avril ; au Sommet des Peuples des Amériques, à Mar de Plata, en Argentine, en novembre 2005, et face à la VIe réunion ministérielle de l'OMC, à Hong Kong, en Décembre 2005.

5. Nous appuyons la Marche mondiale des Femmes, qui réaliseront une nouvelle campagne d'actions féministes globales, en parcourant le monde, au départ de São Paulo le 8 mars et pour arriver le 17 octobre au Burkina Faso, afin de réaffirmer leur engagement dans la lutte contre le néolibéralisme, le patriarcat, l'exclusion et la domination. Nous convoquons tous les mouvements sociaux à mettre en place durant cette période des actions féministes contre le libre-échange, le trafic sexuel, la militarisation et pour la souveraineté alimentaire.

6. Nous appuyons les efforts des mouvements sociaux et organisations qui promeuvent la lutte pour la dignité, la justice, l'égalité et les droits humains, particulièrement les Dalits, les Afro-descendants, les peuples indigènes, les Roms, les Burakumins et les secteurs les plus opprimés et réprimés de la société.

7. Nous appelons à la mobilisation de masse contre le sommet du G8 en Écosse du 2 au 8 juillet. Nous irons dans les rues et nous participerons au contre-somment à Édimbourg et Gloneagles. Nous exigeons que : la pauvreté passe à l'histoire, que la guerre s'arrête, que la dette soit annulée et que soit imposé un impôt global sur les transactions financières pour financer le développement.

8. Nous protestons contre les politiques néolibérales et les appuis militaires de l'Union Européenne vers l'Amérique latine. Nous convoquons à une mobilisation pour la solidarité entre les peuples à l'occasion du Sommet des Présidents d'Amérique latine et de l'Union Européenne en Mai 2006 à Vienne, en Autriche.

9. Nous luttons pour le droit universel à une alimentation saine et suffisante. Nous luttons pour le droit des peuples, des nations et des paysans à produire leurs propres aliments. Nous nous manifestons contre les aides à l'exportation qui ruinent les économies des communautés rurales. Évitons le dumping alimentaire.
Nous rejetons tous les aliments transgéniques, car outre le fait de mettre en danger notre santé et notre environnement, ils sont l'instrument pour le contrôle des marchés par cinq entreprises transnationales. Nous rejetons les brevets sur toute forme de vivant, en particulier sur les semences, car les breveter c'est aussi prétendre s'approprier nos ressources et le savoir qui y est associé.

Nous exigeons la Réforme Agraire comme stratégie qui permette de garantir l'accès des paysans à la terre, et qui soit la garantie d'une alimentation saine et suffisante, et non que la terre soit concentrée entre les mains de transnationales et de latifundistas.

Nous exigeons la fin des actions contre les paysans dans le monde entier, la libération immédiate des paysans et prisonniers politiques qui existent de par le monde, et l'arrêt de la militarisation des zones rurales.

Nous appuyons la production durable basée sur la préservation des ressources naturelles : sol, eau, forêt, air, biodiversité, ressources aquatiques, etc. Nous appuyons la promotion de la production biologique et agro-écologique.

Nous appelons à la mobilisation le 17 avril, journée mondiale des luttes paysannes, et le jour anniversaire de la mort de Lee, le 10 septembre, contre l'OMC.

10. Nous appuyons les campagnes et les luttes en défense de l'eau comme bien commun public, contre sa privatisation et pour la reconnaissance de l'accès à l'eau comme un droit humain, telle que la campagne ‘Non à la Suez en Amérique latine'. Nous invitons à participer au Forum International du 18 au 20 mars à Genève.

11. Nous partageons l'exigence de construire une alliance entre mouvements sociaux et réseaux pour un “Contrat mondial pour le climat : un monde solaire est possible”. L'énergie est un droit à la vie et un bien commun. La lutte contre la pauvreté et le changement climatique exige que l'énergie durable soit dans les priorités des initiatives et campagnes du mouvement social. Nous appuyons la marche internationale sur le climat en novembre.

12. La “Responsabilité sociale des transnationales” n'est pas parvenue à éliminer les abus et les crimes des transnationales. C'est pourquoi elle doit être sérieusement mise à l'épreuve. Les mouvements travaillent ensemble pour retirer du pouvoir aux transnationales, stopper leurs abus et leurs crimes. Les communautés doivent être libres pour se protéger elles-mêmes, leur environnement et la société de la domination des transnationales.

13. Nous appuyons les campagnes contre les transnationales qui violent les droits humains, sociaux et syndicaux, telles que celles contre Nestlé et Coca Cola en Colombie, Pepsi et Coca Cola en Inde.

14. Nous appuyons la lutte du peuple palestinien pour ses droits fondamentaux et nationaux, y compris le droit au retour, basés sur le droit international et les résolutions de l'ONU.

15. Nous demandons à la communauté internationale et aux gouvernements d'imposer des sanctions politiques et économiques à Israël, y compris l'embargo sur les armes. Nous appelons les mouvements sociaux à se mobiliser également pour les désinvestissements et les boycotts. Ces efforts ont pour objectif de faire pression sur Israël pour qu'elle applique les résolutions internationales et respecte l'avis de la Cour internationale de Justice de stopper la construction et détruire le mur illégal de l'apartheid et en finir avec l'occupation.

16. Nous appuyons les activistes israéliens qui luttent pour la paix, et les refusniks dans leur lutte contre l'occupation.

17. Nous condamnons le blocus injuste contre Cuba et demandons un jugement juste pour les cinq cubains emprisonnés aux États-Unis. De même, nous exigeons le retrait immédiat des troupes militaires étrangères en Haïti.

18. Nous reconnaissons la diversité de choix sexuel comme une expression d'un monde alternatif, et nous en condamnons la marchandisation. Les mouvements sociaux s'engagent à partager la lutte contre les exclusions pour des raisons d'identité, de genre et d'homophobie. Nous joindrons nos voix contre toutes les formes de marchandisation du corps, des femmes et des personnes GLBT.

19. Nous appuyons le processus de construction d'un réseau global de mouvements sociaux engagés dans la défense des migrants, des réfugiés et déplacés. Le néolibéralisme et les politiques de “guerre contre la terreur” ont conduit à l'augmentation de la criminalisation des migrants, de la militarisation des frontières, du nombre de clandestins, et de la disponibilité d'une main d'oeuvre bon marché. Nous appuyons la campagne pour la ratification de la Convention des Nations Unies pour les droits des migrants, qu'aucun gouvernement du Nord ne veut accepter. Nous appuyons la campagne pour l'établissement d'un organisme indépendant qui sanctionne les gouvernements ne respectant pas la Convention de Genève pour les réfugiés et les droits des migrants et migrantes.

20. Nous appuyons les campagnes et les luttes pour les droits des enfants, contre l'exploitation par le travail et sexuelle, contre le trafic d'enfants et le tourisme sexuel.

21. Nous appuyons l'appel des exclus, des sans-voix, pour développer une campagne de solidarité active et impulser une marche mondiale où les opprimé(e)s et les exclu(e)s élèvent leur voix pour conquérir le droit à une vie digne.

22. Du 14 au 16 septembre, à l'Assemblée Générale de l'ONU, les chefs de gouvernements du monde entier ont pris des décisions sur la réforme des Nations Unies, et ont révisé leurs engagements pour éradiquer la pauvreté. Ce sont eux les principaux responsables de la situation critique actuelle de l'humanité. Nous appuyons l'appel de réseaux internationaux qui invitent à se mobiliser de façon globale le 10 septembre pour un nouvel ordre mondial démocratique, contre la pauvreté et la guerre.

23. Nous appuyons l'appel pour une mobilisation le 17 novembre, jour international des étudiants, en défense de l'éducation publique, contre la privatisation et la transnationalisation de l'éducation.

24. En solidarité avec le Vénézuela, la jeunesse du monde est appelée à participer au 16e festival mondial de la jeunesse et des étudiants au Vénézuela, du 7 au 15 août.

25. La communication est un droit humain fondamental. Nous appuyons l'appel pour les mobilisations dans le cadre du Sommet Mondial de la Société de la Communication, à Tunis, du 16 au 18 novembre. Nous appuyons l'appel à une forte convention internationale sur la Diversité Culturelle, et nous nous opposons à la marchandisation de l'information et de la communication par l'OMC.

26. Nous appuyons l'économie sociale comme expression concrète d'une alternative de développement juste, solidaire, démocratique et équitable.

27. En défense de la santé publique et contre sa privatisation, nous appelons tous les peuples du monde à une lutte permanente. Nous appelons à la mobilisation dans le cadre de l'Assemblée Générale en Défense de la Santé des Peuples, à Cuenca, Pérou, en 2005, et dans le cadre du Forum mondial de la santé, lors du Forum social mondial en Afrique en 2007.
Ceci est un petit échantillon des mouvements sociaux en lutte.
GLOBALISONS LA LUTTE, GLOBALISONS L'ESPOIR !
movsoc@uol.com.br / www.movsoc.org, Traduction de Isabelle Dos Reis


Annexe 4
MANIFESTE DE PORTO ALEGRE :
DOUZE PROPOSITIONS POUR UN AUTRE MONDE POSSIBLE
Depuis le premier Forum social mondial tenu à Porto Alegre en janvier 2001, le phénomène des Forums sociaux s'est étendu à tous les continents, et jusqu'aux niveaux national et local.

Il a fait émerger un espace public planétaire de la citoyenneté et des luttes. Il a permis d'élaborer des propositions de politiques alternatives à la tyrannie de la mondialisation néolibérale impulsée par les marchés financiers et les transnationales, et dont le pouvoir impérial des Etats-Unis constitue le bras armé. Par sa diversité et par la solidarité entre les acteurs et les mouvements sociaux qui le composent, le mouvement altermondialiste est désormais une force qui compte au niveau mondial. Dans le foisonnement des propositions issues des Forums, il en est un grand nombre qui semblent recueillir un très large accord au sein des mouvements sociaux. Parmi celles-ci, les signataires du Manifeste de Porto Alegre, qui s'expriment à titre strictement personnel et qui ne prétendent aucunement parler au nom du Forum, en ont identifié douze qui, réunies, font à la fois sens et projet pour la construction d'un autre monde possible. Si elles étaient appliquées, elles permettraient enfin aux citoyens de commencer à se réapproprier ensemble leur avenir.

Ce socle minimal est soumis à l'appréciation des acteurs et mouvements sociaux de tous les pays. C'est à eux qu'il appartiendra, à tous les niveaux - mondial, continental, national et local -, de mener les combats nécessaires pour qu'elles deviennent réalité. Nous ne nous faisons en effet aucune illusion sur la volonté réelle des gouvernements et des institutions internationales de mettre en oeuvre spontanément ces propositions, même quand, par pur opportunisme, ils en empruntent le vocabulaire.

1.- Annuler la dette publique des pays du Sud, qui a déjà été payée plusieurs fois, et qui constitue, pour les Etats créanciers, les établissements financiers et les institutions financières internationales, le moyen privilégié de mettre la majeure partie de l'humanité sous leur tutelle et d'y entretenir la misère. Cette mesure doit s'accompagner de la restitution aux peuples des sommes gigantesques qui leur ont été dérobées par leurs dirigeants corrompus.

2.- Mettre en place des taxes internationales sur les transactions financières (en particulier la taxe Tobin sur la spéculation sur les devises), sur les investissements directs à l'étranger, sur les bénéfices consolidés des transnationales, sur les ventes d'armes et sur les activités à fortes émissions de gaz à effet de serre. S'ajoutant à une aide publique au développement qui doit impérativement atteindre 0,7 % du produit intérieur brut des pays riches, les ressources ainsi dégagées doivent être utilisées pour lutter contre les grandes pandémies (dont le sida) et pour assurer l'accès de la totalité de l'humanité à l'eau potable, au logement, à l'énergie, à la santé, aux soins et aux médicaments, à l'éducation et aux services sociaux.

3.- Démanteler progressivement toutes les formes de paradis fiscaux, judiciaires et bancaires qui sont autant de repaires de la criminalité organisée, de la corruption, des trafics en tout genre, de la fraude et de l'évasion fiscales, des opérations délictueuses des grandes entreprises, voire des gouvernements. Ces paradis fiscaux ne se réduisent pas à certains Etats constitués en zones de non droit ; ils comprennent aussi les législations de certains pays développés. Dans un premier temps, il convient de taxer fortement les flux de capitaux qui entrent dans ces « paradis » ou qui en sortent, ainsi que les établissements et acteurs, financiers et autres, qui rendent possibles ces malversations de grande envergure.

4.- Faire du droit de chaque habitant de la planète à un emploi, à la protection sociale et à la retraite, et dans le respect de l'égalité hommes-femmes, un impératif des politiques publiques, tant nationales qu'internationales.

5.- Lutter, en premier lieu par les différentes politiques publiques, contre toutes les formes de discrimination, de sexisme, de xénophobie et de racisme. Reconnaître pleinement les droits politiques, culturels et économiques (y compris la maîtrise de leurs ressources naturelles) des peuples indigènes.

6.- Prendre des mesures urgentes pour mettre fin au saccage de l'environnement et à la menace de changements climatiques majeurs dus à l'effet de serre et résultant en premier lieu de la prolifération des transports et du gaspillage des énergies non renouvelables. Exiger l'application des accords, conventions et traités existants, même s'ils sont insuffisants. Commencer à mettre en œuvre un autre mode de développement fondé sur la sobriété énergétique et sur la maîtrise démocratique des ressources naturelles, en particulier l'eau potable, à l'échelle de la planète.

7.- Promouvoir toutes les formes de commerce équitable en refusant les règles libre-échangistes de l'OMC et en mettant en place des mécanismes qui permettent, dans les processus de production des biens et services, d'aller progressivement vers un alignement par le haut des normes sociales (telles que consignées dans les conventions de l'OIT) et environnementales. Exclure totalement l'éducation, la santé, les services sociaux et la culture du champ d'application de l'Accord général sur le commerce des services (AGCS) de l'OMC. La convention sur la diversité culturelle actuellement en négociation à l'UNESCO doit faire explicitement prévaloir le droit à la culture et aux politiques publiques de soutien à la culture sur le droit du commerce.

8.- Garantir le droit à la souveraineté et à la sécurité alimentaires de chaque pays ou regroupement de pays par la promotion de l'agriculture paysanne. Cela doit entraîner la suppression totale des subventions à l'exportation des produits agricoles, en premier lieu par les États-Unis et l'Union européenne, et la possibilité de taxer les importations afin d'empêcher les pratiques de dumping. De la même manière, chaque pays ou regroupement de pays doit pouvoir décider souverainement d'interdire la production et l'importation d'organismes génétiquement modifiés destinés à l'alimentation.

9.- Interdire toute forme de brevetage des connaissances et du vivant (aussi bien humain, animal que végétal), ainsi que toute privatisation des biens communs de l'humanité, l'eau en particulier.

10.- Garantir le droit à l'information et le droit d'informer par des législations : - mettant fin à la concentration des médias dans des groupes de communication géants ; - garantissant l'autonomie des journalistes par rapport aux actionnaires ; - et favorisant la presse sans but lucratif, notamment les médias alternatifs et communautaires. Le respect de ces droits implique la mise en place de contre-pouvoirs citoyens, en particulier sous la forme d'observatoires nationaux et internationaux des médias.

11.- Exiger le démantèlement des bases militaires des pays qui en disposent hors de leurs frontières, et le retrait de toutes les troupes étrangères, sauf mandat exprès de l'ONU. Cela vaut en premier lieu pour l'Irak et la Palestine.

12.- Réformer et démocratiser en profondeur les organisations internationales en y faisant prévaloir la primauté des droits humains, économiques, sociaux et culturels, dans le prolongement de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Cette primauté implique l'incorporation de la Banque mondiale, du FMI et de l'OMC dans le système et les mécanismes de décision des Nations unies. En cas de persistance des violations de la légalité internationale par les États-Unis, transfert du siège des Nations unies hors de New York dans un autre pays, de préférence du Sud.

Porto Alegre, 29 janvier 2005

Annexe 5
Déclaration de clôture de la Table ronde sur les médias communautaires et le développement durable
L'Association mondiale des radiodiffuseurs communautaires (AMARC) a émis aujourd'hui la Déclaration de Marrakech, un document rédigé par les participants à la première Table ronde sur le thème des médias communautaires pour un développement durable qui s'est tenu le 21 novembre à Marrakech, Maroc.
Le but principal des organisateurs de la table ronde était celui de faciliter un dialogue ouvert parmi les principaux acteurs des secteurs de la communication et du développement en ce qui concerne la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement. Les délibérations ont porté notamment sur la radio communautaire en Afrique, en tenant également compte des expériences de l'Amérique latine, de l'Asie et du Moyen-Orient. L'initiative d'AMARC de créer un groupe de travail menant à la constitution du fonds de développement pour la radio communautaire en Afrique a été aussi un des thèmes principaux de cette réunion. Cette table ronde a également servi de réunion préparatoire à la deuxième phase du Sommet mondial sur la société de l'information (WSIS) qui se tiendra en Tunisie en novembre 2005.
Marrakech, le 21 novembre 2004

Nous, pratiquants et acteurs dans le secteur des médias communautaires, participant à la première table ronde sur les médias communautaires et le développement durable tenue à Marrakech le 21 novembre 2004 ;
Reconnaissant que les médias communautaires, c'est à dire les médias indépendants, gérés par leurs communautés et établis au sein de la société civile, ont un rôle particulier à jouer afin de favoriser l'accès et la participation de tous, en particulier, des plus pauvres et des plus marginalisés à l'information et aux communications ;

Notant la reconnaissance grandissante de la contribution primordiale que les médias communautaires peuvent faire dans la réalisation des objectifs de la Déclaration du millénaire et que les médias communautaires peuvent être de véritables facilitateurs d'information, de voix et des capacités de dialogue ;

Reconnaissant que les cadres régulateurs, légaux et politiques qui protègent et promeuvent les médias communautaires sont particulièrement cruciaux pour garantir l'accès à l'information aux groupes vulnérables ;
Faisons appel aux gouvernements pour garantir que le cadre légal des médias communautaires soit non discriminatoire et qu'ils attribuent une allocation de fréquences équitable à travers des mécanismes transparents et responsables ;

Demandons que des objectifs soient établis pour l'ouverture de l'attribution des licences de radiodiffusion afin que la radiodiffusion communautaire puisse opérer là où il n'est pas encore permis de le faire ;
Insistons que la planification et la régulation des bandes de fréquences radioélectriques puissent garantir une capacité suffisante de spectre et de bande, et des standards techniques appropriés, pour que les médias communautaires puissent se développer dans un environnement analogue et digital ;
Faisons appel pour un partenariat entre les bailleurs de fonds et la société civile pour investir et soutenir les initiatives d'information et de communication dirigées par les communautés, utilisant les médias traditionnels et les nouvelles technologies de l'information, incluant les projets qui font provision des communautés les plus pauvres, pour la diversité culturelle et linguistique et pour la participation égale des femmes et des filles ;
Proposons que celle-ci inclue : Un engagement de l'expertise des médias communautaires dans la planification d'un investissement dans les médias et les TIC ayant trait au développement, l'intégration du secteur des médias communautaires dans tous les investissements dans les TIC, l'établissement d'un fonds de développement pour les médias communautaires en Afrique, l'appui à l'établissement de fonds au niveau national pour un soutien
aux médias communautaires ; et acceptons d'établir un groupe de travail sur le financement et la recherche de ressources pour les médias communautaires afin de faire avancer ces propositions et pour évaluer leur réalisation.

Annexe 6
CÉRÉMONIE DE CLÔTURE FSM5
Cette cinquième édition du Forum social mondial a commencé comme l'expression de la diversité planétaire, polyphonie de voix qui se rencontrent dans les désirs universels de tolérance, de justice, de paix et d'égalité. Cette clôture est dans ce même esprit. Mais ce forum a eu le défi d'être plus positif, d'avancer dans les agendas communs et proposer des actions. Pour cela, il a été complètement autogéré. Toutes les activés ont été développées par les organisations participantes. Dans les 13 Espaces thématiques, il y avait des panneaux d'affichage pour recevoir des propositions fruit des discussions et des assemblées. À ce moment, 352 propositions ont été affichées sur ces panneaux. Elles seront diffusées pour que d'autres mouvements, organisations et personnes puissent s'y intégrer.

Tout cela s'est passé dans une géographie propre : le Territoire social mondial, situé au long de la bordure du fleuve Guaíba, où nous avons discuté des propositions et nous avons partagé cette expérience de vie. Avec les contradictions et les conflits. Nous célébrons la vie communautaire et la responsabilité commune dans un espace ouvert, public, collectif et démocratique. Le territoire du forum a été un laboratoire pour la transformation de la vie. Il a été le lieu de convergence de nombreuses initiatives. C'est la rencontre entre la communauté du Forum et de Porto Alegre, la ville dont le symbole est le coucher du soleil au Guaíba, qui n'a pas un propriétaire, il n'a pas été construit, il appartient à tous et à personne de la même façon. C'était ce crépuscule qui, tous les jours, a couper un territoire en mouvement, géographie d'un monde en changement.

Sur le territoire du Forum, de nombreuses pratiques pour le changement ont été vécues. La bio construction a montré qu'une maison peut naître à partir d'un simple arrangement rationnel de ce que la nature offre. L'économie solidaire, avec des prix justes et une consommation éthique, a été présente. Des pratiques qui sont des défies, comme l'usage du logiciel libre, le réseau de bénévoles pour la traduction et les nouvelles formes de communication partagées ont été incorporés au quotidien. Cela a exigé de l'apprentissage, de la persistance, du travail. Mais pour ceux qui veulent changer les choses, il existe un seul chemin : essayer. Pour cela nous essayons, nous insistons, nous résistons et nous persistons. C'est pour le moment une manière de rendre l'Autre façon de construire le monde possible selon la façon d'apprendre en le faisant ensemble.

Cette année, pour la première fois, le Campement de la jeunesse a été incorporé à la géographie du Forum, en innovant dans les pratiques communautaires et d'autogestion et en radicalisant la défense des droits de l'homme.

Cette année, l'autogestion s'est faite présente dans toutes les pratiques, dès le premier moment. À la place des événements avec des grandes conférences, il y a eu une discussion horizontale, plurielle et démocratique d'une multiplicité de sujets. Des activités qui ont permis la rencontre de nombreuses organisations et personnes, la construction d'un réseau, planification des actions, permettant des nouvelles rencontres. Parce que le Forum, ne commence ni ne finit dans cet espace. Il est le moment pour la convergence de mouvements qui luttent, se rencontre et qui continuent à lutter. De nouvelles propositions d'action surgiront dans ce processus.

Ce Forum s'est multiplié dans le coeur et dans l'action de beaucoup de gens. Au total : 155 000 participants, dont 35 000 qui ont été au Campement de la jeunesse et 6 880 étaient des communicateurs, originaires de 135 pays et impliquées dans 2 500 activités. Et des gens qui font de la bonne volonté, même pour résoudre des problèmes, une inestimable base pour que ce Forum aient lieu : 2 800 bénévoles motivés par la conscience et par la solidarité. Tout le monde a aidé à donner un sens à l'esprit du Forum, qui s'éparpille partout sur la planète. Des millions de personnes se sont connectées au Forum par des formes variées de moyen de communication.

Il nous reste et aussi à tout le monde, un spectacle de la diversité qui a commencé à la fin de l'après-midi du 26 janvier 2005 : 200 000 personnes qui marchaient pour Porto Alegre. Là, ils étaient les malabars devant une planète bleue supportés par de nombreuses mains. Les mouvements sociaux et populaires, les syndicats, les ONG. Et beaucoup des nuances et des visages. Vêtements arabes, indiens, chinois, indigènes. Des yeux asiatiques, des yeux bleus, des peaux blanches, l'expression de la conscience d'être noir. Des drapeaux arc-en-ciel. Une mer de gens plein de vie au coeur de la ville.

Cette énergie se propage sur une planète en mouvement. Le mouvement continue. Et ce Forum encourage de nombreuses actions qui y sortent plus fortes et plus organisées, avec des agendas pour toute l'année. Le dialogue et la rencontre revigorent les perspectives, ouvrent l'horizon. En 2006, le Forum social mondial sera décentralisé, aura lieu en différents lieux du monde. En 2007, il sera en Afrique. Autogestionnaire, participatif, démocratique, fait par les organisation, entités et personnes qui veulent construire un nouveau monde avec paix, justice et égalité. Le mouvement continue. Avançons. Il faut agir, marcher, transformer, vivre. Un autre monde possible dépend de nous.

Porto Alegre, 31 janvier 2005