Québec, comme Montréal ou Chicoutimi, doit pouvoir contrôler l'immigration internationale

Donnez-nous des immigrants, devraient dire les politiciens municipaux de toutes les villes du Québec. Même Montréal, qui possède déjà une population intégrant près de 40% de "Nouveaux arrivants", peut continuer d 'accueillir ces nouveaux Québécois des quatre coins de la planète. D'autant plus si le maire Bourque, comme il le demande, obtenait plus de pouvoir en matière de citoyenneté et d'immigration.

La ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration, Lucienne Robillard, a commencé en février , à Vancouver, sa tournée de consultation publique sur la réforme de la loi de l'immigration. Début mars, elle a à ce titre tenu deux jours d'audiences à Montréal. Le maire de cette ville en a profité pour demander à la ministre de ne pas oublier de donner à une grande métropole comme la sienne plus de pouvoirs en matière d'immigration.

DE QUOI S'AGIT IL?

Nous parlons ici de l'importance stratégique pour une ville, à l'heure de la mondialisation de tout, d'un certain contrôle, à propos de cet enjeu du brassage des populations sur notre petite planète. Les enjeux de l'immigration diffèrent beaucoup selon l'importance des villes au Canada. D'abord, il faut distinguer l'immigration interne (intramunicipale, intrarégionale, interrégionale, interprovinciale) de l'immigration internationale. C'est cette dernière qui fait l'objet d'une révision.

Dans des villes comme Montréal, Toronto, Vancouver, c'est probablement devenu un gros risque de ne pas permettre aux gouvernements municipaux d'avoir plus de moyens d'intervention. La lutte aux ghettos, à la xénophobie, au racisme, le commande.

Pour des raisons différentes, à Québec - et pour toute les villes de sa grande région - il est devenu stratégique de permettre aux gouvernements municipaux d'avoir l'opportunité de pouvoir davantage contrôler, à leur niveau, l'immigration internationale. Sur une population de 637 755 personnes en 1991, la Région métropolitaine de recencement de Québec comptait 14 020 citoyens immigrés, c'est-à-dire qu'ils n'étaient pas nés au Canada, soit 2,2%. Ce chiffre atteindra bientôt 40% à Montréal. Trop là, pas assez ici? Il est trop simple de tomber dans ce piège.

UNE NOUVELLE APPROCHE

Côté offre, nos villes, toutes nos villes au Québec, devraient pouvoir dire (et avoir la capacité d'assumer cette décision): "Je suis pro-active et souhaite accueillir x,y,x immigrants cette année et je mets en place des conditions d'accueil pour assurer leur établissement harmonieux". Ceci veut dire: je t'accueille, je te facilite l'obtention d'un emploi et d'un logement pour 3 à 5 ans (car moins que cela, les statistiques montrent qu'ils repartent pour les trois grandes métropoles du pays) et en retour l'immigrant et sa famille s'engagent à habiter la ville d'accueil pour la même période. ''Win Win'' situation, diraient les Anglais!

 

Dans des villes aussi importantes, démographiquement parlant, que Québec et Sainte-Foy, on n'ose même pas offrir un terrain pour construire la première Mosquée dans la région!

 

Côté demande, un simple détail technique dans le processus canadien d'immigration permettrait de mieux aider tout le monde. Expliquons-nous. Quand un immigrant demande à venir au Canada, il écrit sur un formulaire, "Je veux aller au Canada..." et on lui demande déjà de faire une certaine réflexion sur la province où il veut aller. On ne peut pas obliger un immigrant à le dire, mais on peut lui offrir de pousser sa réflexion plus loin. Alors, parmi les centaines de millions d'humains qui veulent venir au Canada, ceux qui savent au-delà du nom de la province ciblée devraient pouvoir le dire. On ne peut certes pas l'obliger à le faire, répétons le bien, mais pourquoi ne pas le permettre? Ils pourraient, du moins, écrire le nom de la région, voire même celui de la ville. Et si les gens de la Colombie Britannique s'apperçoivent ainsi que dans tous ceux qui souhaitent immigrer au Canada, il y en a qui disent qu'ils veulent aller à Kelowna, par exemple! Cela pourrait faire plaisir aux gens de Kelowna d'accueillir, de manière pro-active, des gens qui disent vouloir vivre à Kelowna! Avec ce type d'information à la disposition des villes et des régions du pays, on pourrait faire une sélection un peu plus intelligente qu'actuellement, plutôt que de continuer de gonfler nos trois métropoles en situation déjà préoccupantes, voire explosives!

 

1 000 immigrants par année se sont intégrés à la population de la grande région de Québec depuis cinq ans!. Devons-nous être satisfaits?

 

L'enjeu de l'immigration internationale est beaucoup plus important, pour l'ensemble du Québec, que l'opinion publique en général ne le laisse voir. Merci de nous écouter, madame la ministre. Et bonne fin de réflexion

Daniel Allard
Rédacteur en chef

 


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