Chronique "Mondialisation"
L'Altermondialisme de plus en plus une RÉALITÉ!
2006-06-06


Par Renaud Blais
Chroniqueur
Altermondialiste pour l'espoir

Je crois pouvoir affirmer qu’il y a toujours eu chez certainEs militantEs altermondialistes un courant avec des visées électoralistes, au sens noble du terme. TouTEs les altermondialistes croient qu’à un moment donné il faut cesser de « lutter contre », et passer à l’offensive pour « proposer des alternatives ». CertainEs d’entre eux croient qu’il faut aller plus loin, c'est-à-dire qu’il faut s’investir et s’engager du côté de l’action politique partisane. Ce qui veut dire de pousser jusqu’au bout la vision alternative par la mise sur pied ou le soutient d’un réel parti politique. Ces militantEs croient qu’à un moment donné il faut viser la prise du pouvoir politique.

Au Québec, Québec solidaire, un parti politique naissant, se dit altermondialiste, il y a là innovation dans le champ de la politique partisane. Pas seulement au Québec, à l’échelle de la planète, les partis clairement altermondialistes sont encore très peu nombreux. Il sera très intéressant de voir ce qu’il en sera…

Une des difficultés - la plus importante - sera sans doute d’obtenir une couverture « non idéologique » de la part de l’oligopole médiatique québécois... Cette difficulté que nous connaissons bien, ici à Québec. Lors de 3e Sommet des Amériques, nous avions dû créer le Centre des médias alternatifs de Québec, qui a maintenant rejoint le réseau Indimedias, qui est né localement là où de grandes mobilisations ont eu lieu comme ici à Québec. Dans le monde arable, El Jaezira est maintenant incontournable, comme en Amérique latine le deviendra sans doute TéléSUR[1]. Les GESCA, Québécor Médias, Radio-Canada et Transcontinental devraient y voir là un échec de leur couverture des réalités du XXIe siècle ou bien ceux-ci devraient avouer leur biais volontairement prosélyte de l’économisme à tous craint.

Pour « qu’existe » un point de vue juste et respectueux des réalités alternatives en construction, celui-ci doit être complètement constitué en dehors de l’oligopole occidentalo-libre-marchéiste. Ou bien nous créons de toute pièce des médias indépendants ou le message ne passe que dans de petits médias marginaux. Je qualifie « d’idéologique » le point de vue presque exclusivement axé sur le « libre marché vue comme seul salut » présenté dans ces grands médias publics et privés. Le défi des médias c’est d’y retrouver tous les points de vue, il me semble non? L’économisme souvent qualifié de « pensée unique » ou comme la science des sciences est justement une « science douteuse ». Les professionnels du domaine, comme les Jésuites au début de la colonie occidentale de l’Amérique du nord, font souvent œuvre de prosélytisme et non pas de science, surtout quand la « politique éditoriale » est imposée comme une continuelle variation sur le même thème.

« C’est peut-être là que réside le plus grand défi de Québec Solidaire : mettre en jeu, à contre-courant, la re-politisation de la société. Ce bouleversement de l’espace politique, vidé de plus en plus de son sens, implique particulièrement la remise en question de la prétendue naturalité et neutralité de la sphère économique capitaliste qui génère ses multitudes d’exclus et de laissés-pour-compte. » (Jean Claude Ravet, édito Relation, juin 2006.)

UNE AUTRE FAÇON DE PRÉSENTER L’AUTRE VISION DU MONDE
Dans les deux excellents numéros spéciaux, que la revue du MAUSS a consacrés à la question « Quelle autre mondialisation ? » au deuxième semestre 2002 et au premier semestre 2003, Alain Caillé, le rédacteur en chef, dans sa présentation, récapitule (page 11 à 17 du numéro 20) les quatre positions fondamentales vis-à-vis de la croissance :

« • 1 Le refus de la mondialisation : c'est la position en particulier de Serge Latouche, avec le soutien d'Edgar Morin, qui plaide pour une « décolonisation des esprits de l'imaginaire économique » et une « décroissance librement consentie et choisie » (page 12).

2 Le refus de la mondialisation capitaliste : c'est le refus fondamentalement du capitalisme que son expansion conduit inexorablement à un empire mondial de fait sous égide américaine. C'est le refus de l'extrême gauche et de l'altermondialisme du Conseil scientifique de ATTAC et de Toni Negri et Michael Hardt (Empire). « Le développement durable doit être un développement économique efficace, écologiquement soutenable, socialement équitable, démocratiquement fondé, géopolitiquement acceptable, culturellement diversifiés. » (Dominique Plihon cité page 13).

• 3 Le réformisme pragmatique : c'est la perspective réformiste social libérale suivant laquelle une gouvernance économique mondiale utilisant des instruments économiques comme les écotaxes ou les permis d'émission négociable permet d'internaliser les coûts de la pollution et des effets externes négatifs (les « contre finalités » de Ivan Illich) quitte à accepter une substitution croissante de capital artificiel au capital naturel (soutenabilité faible de Solow).

• 4 Un réformisme réaliste avec idéal : cette position (dans laquelle je me retrouve personnellement) consiste à miser délibérément sur le pluralisme de l'économie plurielle, et en particulier sur le secteur associatif, pour diversifier les modes de production des richesses, quitte à faire décroître le PIB dans les pays du Nord pour le faire croître dans les pays du Sud, émanciper les femmes de leurs foyers et subordonner tous les modes de production à un mode de gouvernance reposant sur la démocratie délibérative. Cette typologie découle d'une analyse internaliste de l'altermondialisme. Les questions spécifiques de l'écologie politique, et plus particulièrement les revendications de l'anti-productivisme au sens spécifique de ce mot, ne sont pas absentes mais ne sont pas dominantes. »

À SURVEILLER EN AMÉRIQUE LATINE :
D’ici à la fin de l’année, après la Colombie et le Pérou, il y aura quelques élections présidentielles en Amérique latine dont certaines pourraient avoir une importance considérable. Le Mexique et le Brésil seront des plus importantes pour la géopolitique globale de l’Amérique latine. Comme cela était prévisible, la Colombie n’a pas encore cette fois échappé à l’Empire. Dans cette perspective, les amis des néo-conservateurs (le clan Bush) en place à Washington continueront de perdre de l’influence, ceci au plus grand plaisir des altermondialistes qui verront croître les considérations par les nouveaux gouvernements du point de vue de la population, au détriment des intérêts des grandes transnationales promotrices de la libéralisation des échanges. La victoire d’Alan Garcia au Pérou, qui lors de son premier discours a invectivé Hugo Chavez, laisse voir l’appui qu’il a obtenu de Washington. Même si Chavez a été très imprudent de prendre parti lors de la campagne péruvienne, les propos de Garcia le traitant de tous les noms est d’une transparence très washingtonienne.

À SURVEILLER À WASHINGTON :
La nomination par l’Oncle SAM, de conservateurs de plus en plus intégristes à la Cour suprême des ÉU et à la tête d’organisation internationales comme la Banque mondiale démontre, pour moi, comment l’administration actuelle à Washington fait le maximum pendant qu’il en est encore temps… À mon avis, cela reflète bien l’inquiétude des conseillers de l’ombre. Si Georges W. Bush était conséquent avec son désir de tuer le terrorisme, il se suiciderait le plus tôt possible. Malheureusement ceci n’anéantirait en rien la vigueur du clan Bush. Ce dernier est à la tête du plus puissant congloméra qui vise à s’accaparer les richesses du monde. J’inclus dans ce congloméra les participants à Davos autant que les différents organes du gouvernement « from USA ». Je ne crois pas qu’il en soit bien différent ces jours-ci au gouvernement du Québec, tout aussi néo-conservateur et à la course en fin de mandat.

À QUÉBEC, FINI LE TRAVAIL EN SILO
Le 6 juin dernier (la journée 666), une autre étape a été franchie au Réseau du Forum social Québec-Chaudière-Appalaches. Après le Forum social régional de septembre 2002, et quelques assemblées générales plus tard, est né le Réseau du Forum social. Celui-ci avait en son sein 4 commissions thématiques qui regroupaient des gens (individus et groupes toujours) autour de grands thèmes. Cette ère est terminée. La mise sur pied du Réseau était en partie motivée par le désir de ces créateurTRICEs de METTRE FIN AU TRAVAIL EN SILO. Ce concept de silo sert à illustrer le fait que des  groupes travaillent par secteurs (les femmes, les jeunes, les handicapés, les chômeurs, les bénéficiaires de la solidarité sociale, les écolo, etc.) et échangent très peu avec d’autres militantEs. Ceci est, en soit, une limite à la construction de large coalition.

Lors de sa dernière assemblée générale, le Réseau a donc franchi une autre étape en sabordant ces quatre commissions thématiques « afin que tous le monde puisse travailler ensemble » par soucis d’efficacité. Ce geste s’inscrit toujours très bien dans la mouvance altermondialiste. Les prochaines années et les prochaines batailles nous permettrons de mettre à l’épreuve ce désir d’unité qui est encore poussé plus loin. C’est à suivre, dans le site : www.reseauforum.org.

Altermondialistement, toujours pour l’espoir...

Fait à Québec le 6 juin 2006.

[1] Voyez sur le NET à : www.telesurtv.net


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