Chronique "Réussir en Chine"
Apprendre le chinois, c'est de plus en plus possible et facile ! (4e de 4)
2005-08-22


Par Jules Nadeau
Chroniqueur
, Communik-Asie
jules@communikasie.com
consultant en affaires asiatiques

Au Festival des Arts de Saint-Sauveur, le 29 juillet, la troupe du Ballet de Guangzhou (Canton) a réussi l’exploit de « communiquer » de façon intense avec une salle de 800 spectateurs par le biais de la danse. Une ovation debout de la salle. La directrice Zhang Dandan nous a confié le lendemain : « J’étais tellement contente! »

Cette parfaite communication interculturelle Chinois-Québécois a aussi réjoui Françoise Gauthier, la ministre québécoise du Tourisme : « C’était impressionnant ! » Le vétéran maire Georges Filion était déjà gagné d’avance parce qu’il est, depuis très peu, grand-papa d’une petite Chinoise adoptée. Pour leur part, l’ambassadeur Lu Shumin et l’attaché culturel (parfaitement francophone) Yang Xuelun étaient tellement fiers de leurs compatriotes-artistes qu’ils avaient du mal à se résumer dans leurs déclarations aux journalistes.

La danse est un excellent outil de communication internationale mais quand vous irez en Chine, allez vous « giguer » devant la foule pour vendre votre produit? Non! Il faudra plutôt parler chinois. Autre sorte d’acrobatie!

Le chinois est une langue fascinante et tout à fait géniale. C’est la doyenne des langues vivantes capable de s’adapter merveilleusement bien aux innovations modernes. Le moyen d’expression d’un être humain sur cinq.

Chaque fois que j’amène des groupes de Québécois dans ce pays, je les oblige à apprendre une demi-douzaine d’expressions passe-partout, moyen garanti de nous attirer les bonnes grâces de nos guides et de faire bonne impression partout. Même avec un seul parlant chinois dans le groupe, les jeunes serveuses ont toujours le sourire aux lèvres pour le service aux étrangers.

Pour bien transmettre nos idées, l’idéal consiste à être capable de maîtriser un vocabulaire de base. Idéal tout à fait réaliste que je recommande très fortement. Même si certains ont affirmé que la Muraille de Chine est une grosse blague comparée à la muraille de la langue.

Reconnaissons en passant le problème de notre grave déficit en matière de langues étrangères. Les Asiatiques sont beaucoup plus nombreux que nous à apprendre les langues occidentales. Dans son enthousiasme au sujet du vieux pays qui dominera sans doute le 21e siècle, Margaret Wente, journaliste du Globe and Mail, est allée au bout de sa pensée : « Suivez mon conseil. Placez vos enfants en immersion en mandarin. Un jour, ils vous remercieront. »

Le mandarin (putonghua), langue parlée, est celle qui est la plus parlée dans le monde, avec 885 millions de locuteurs, soit presque trois fois plus que l’anglais (322 millions) et plus répandue aussi que l’espagnol (266 millions).

LA DEUXIÈME LANGUE
Les Chinois sont quasiment un million au Canada et le double aux États-Unis. À Vancouver et à Toronto, la deuxième langue est maintenant le chinois. Dans des endroits comme Scarborough, je suis toujours étonné de me retrouver dans la foule des consommateurs du Pacific Mall ou bien dans d’excellents restaurants cantonais où, au moindre détail près, on se croirait véritablement à Hong Kong. C’est le cantonais qui fait marcher les affaires.

Pour les débutants, il existe une collection de plus en plus variée de manuels vivants et de bons guides pratiques de conversation. Il suffit de consulter le bon conseiller amical en bouquinant dans une librairie spécialisée en langues pour en découvrir le vaste choix. Les ressources sur Internet sont de plus en plus sophistiquées. Certains sites vous enseignent méthodiquement comment tracer un caractère chinois, trait par trait. D’autres pages traduisent passablement bien des textes  simples. Le professeur de Cégep Michel Parent s’est acquis une popularité internationale avec son ingénieuse page qu’il a lancée il y a plusieurs années : www.lechinois.com.

Sinon, de façon plus vivante, parmi les nombreux immigrants installés chez nous, plusieurs ont besoin d’échanger des leçons de langues et le tuteur privé demeure encore le moyen le plus rapide d’apprendre la langue de Confucius. Bien sûr, les cours réguliers dans les universités et les écoles privées sont également à conseiller à cause de leur cadre plus structuré.

Quelques mots d’explication sur ces fameux caractères qui en intriguent plusieurs.

Les traces les plus anciennes d’écriture remontent au 2e millénaire avant notre ère à l’époque Shang lorsque des signes étaient gravés sur des carapaces de tortues. Combien de caractères? Aujourd’hui, avec deux mille caractères, le Chinois moyen arrive à se débrouiller dans ses transactions quotidiennes. Un universitaire doit en maîtriser plus de 10 000 afin de bien naviguer, par exemple, dans des documents historiques, comprenant des noms de lieux et de personnes. Les redoutables sinologues parmi les pères jésuites de l’Institut Ricci de Taiwan ont publié le plus récent dictionnaire chinois-français qui en comprend 13 500.

La bénédiction céleste pour tous les sinophiles vient de l’ordinateur. Pour les Occidentaux familiers avec la romanisation (pinyin), voilà le moyen direct d’accéder au traitement de texte en chinois. Pour rendre Beijing en chinois, je tape d’abord bei pour le premier caractère. Il suffit ensuite de cliquer sur le bon caractère de la liste de tous les bei. Même opération pour le jing. Le grand avantage du PC : n’importe qui peut rédiger un texte en chinois sans avoir à mémoriser tous les traits. « Mes enfants passent des heures sur l’ordi et ils ne peuvent plus rien écrire à la main », se plaignait un de mes amis désireux de bien transmettre la langue de ses ancêtres à sa progéniture internaute. Soit! Cet honnête homme a bien raison mais le traitement de texte libère quand même les esprits.

PLUS SIMPLE QU’ON PENSE
Voilà pour l’écrit, et que dire de l’oral? Un des avantages du chinois parlé vient de la grammaire ultra-simplifiée. Pas de conjugaisons, ni de genres ni de nombres. Qui dit mieux? Ainsi, en conversant, il est facile de construire une phrase. L’autre grand avantage, on le devine bien, c’est la popularisation  de ce que nous appelons le mandarin, ou bien putonghua (la langue ordinaire). Encore une fois, comme dans le cas des caractères simplifiés (moins de traits), le régime autoritaire de la Chine maoïste a pu imposer à toute sa population le dialecte de Beijing afin de faire en sorte que les camarades du pays-continent puissent tous bien communiquer entre eux.

Le chinois étant une langue tonale, gare aux quatre tons du mandarin. Une des plus grandes difficultés pour les « long nez » que nous sommes. « Vous parlez comme un missionnaire », osent parfois nous lancer les plus francs en se moquant des pauvres étrangers. Souvent,  le contexte évite de commettre des impairs. Toutefois, le mauvais ton peut transformer «comment va votre maman ? » en « comment va votre cheval ? ». Encore plus étonnant pour les gens d’affaires, « acheter » et « vendre » ne diffèrent que par les tons.

Voyons maintenant, au profit des commerçants, où se situent les principaux obstacles et comment “danser en chinois”.

Communiquer avec des partenaires asiatiques, c’est souvent avoir recours à l’anglais, une troisième langue qui n’est pas la votre ni la leur. Le recours à la langue de Shakespeare soulève donc des écueils des deux côtés. Les « parfaits bilingues » se méfieront de leur anglais qui est souvent moins parfait qu’ils ne le croient. À HongKong, où j’ai enseigné pendant deux ans, le niveau d’anglais est sûrement le meilleur dans toute la grande Chine, mais le temps des verbes demeure problématique. L’habitude de toujours parler au présent sème souvent la confusion.

Retenons en particulier que tous les noms de personnes passent plutôt mal de part et d’autre. Étant donné que des noms occidentaux de deux syllabes comme Nixon et Clinton sont rendus en chinois par Ni-ke-son et Ke-lin-tun, cette sorte de déformation ajoute aux difficultés de la prononciation. Pour Sun Yat-sen et Chiang Kai-shek, qui sont des transcriptions cantonaises, il faut convertir en mandarin. Autre problématique pour beaucoup de noms de pays comme Canada qui devient Jia-na-da et Mexique qui se transforme en Mo-xi-ge.

Les noms de cinémas et de films sont rendus de façons totalement différentes. Les noms des hôtels sont aussi à deviner : l’hôtel Conrad à HongKong devient le Gang-li (port-beauté). Voilà pourquoi il faut se faire écrire ces noms en caractères chinois sur un bout de papier pour les montrer au chauffeur de taxi. Sinon, vous y allez à pied mais avec un plan (bilingue malgré tout) de la ville.

Enfin, il ne faut jamais oublier le poids culturel, religieux et idéologique que comporte toute langue, ce qui est encore plus vrai dans le cas de cette langue millénaire. Ainsi, les noms des animaux, des couleurs, des parties de l’anatomie et les chiffres prennent un sens tout à fait différent d’une culture à l’autre. Même les insultes ont de quoi surprendre et amuser.

Dans le prochain article, nous verrons plusieurs exemples de ces détournements de sens. Le travail d’un interprète compétent viendra à bout de ces difficultés mais à condition de bien placer celui-ci dans les meilleures conditions de travail possible. Sinon, il ne saura pas sur quel pied danser. Et vous ne signerez pas de contrat en Chine !

Fait à Montréal le 16 août 2005.


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