Transport aérien international cargo
BAX Global s'installe à Québec

par Daniel Allard

Même si son nom est plutôt méconnu dans la région de Québec, Bax Global y est présente depuis 1991. Depuis août dernier, elle dispose d'une véritable place d'affaires. Le volume d'affaires justifiant maintenant que l'entreprise spécialisée dans le transport aérien cargo s'installe vraiment à Québec.

Il faudra donc ajouter un nom dans la prochaine édition du Guide des ressources à l'exportation du Québec métropolitain de la SPEQM! Les trois majuscules de BAX Global signifient, en fait, Burlington Air Express, le nom sous lequel opérait la compagnie avant de prendre une appellation plus internationale, en 1997, après 27 ans à titre de filiale de la compagnie de chemin de fer Burlington Northern.

BAX Global n'a donc rien d'une PME. Son siège social est à Irvine, en Californie, d'où on coordonne un réseau de 510 bureaux et de 6 300 employés dans 121 pays. Les installations de la compagnie sont certifiées ISO-9002 dans 18 pays. Elle possède ses propres avions (22 DC-8 et 15 B727) lui permettant d'effectuer 70 vols par jour. Cette flotte lui permet d'offrir une capacité de transit (Hub Capacity) de un million de livres - environ 455 000 kilos - à l'heure sur l'Amérique du Nord. C'est en Ohio, à Toledo, qu'elle opère son site "hub". BAX Global fait partie du groupe The Pittston Company, qui est inscrit à la bourse de New York (NYSE: PZX). Sa force est dans le transport aérien cargo, mais elle offre aussi des solutions de transport intégré avec son réseau maritime.

Au Canada, BAX Global compte 11 bureaux. Pour l'instant, le nouveau bureau ouvert à Québec, sur la rue Saint-Jean-Baptiste, demeure administrativement un satellite de celui de Montréal, mais c'est une question de temps avant que l'équipe de cinq personnes sous la direction d'Éric Albert parle en YQB, plutôt qu'en YUL!

DE YUL À YQB

Originaire de la Côte-Nord, Éric Albert a étudié cinq ans à Montréal pour devenir un spécialiste des transports. Après deux ans avec une importante firme de transitaire de Québec, il décide en 1991 de se lancer un défi et offre ses services à BAX Global. Le bureau de Montréal accepte et il se met aussitôt à "défricher" le marché de la région de Québec. "Il y avait déjà une petite base de clientèle avec des concessionnaires automobiles, mais il fallait presque partir de zéro. C'est du sous-sol de ma maison que j'ai travaillé à développer notre marché à Québec depuis 1991 jusqu'à août dernier" se rappelle-t-il.

"Des entreprises comme Air Canada ou Fed Ex font la même chose que nous pour le petit colis, et dans le cas du premier, c'est un service aéroport-aéroport, mais la spécialité de BAX Global, c'est le gros cargo aérien. La limite, c'est l'espace dans l'avion! Si ça rentre, on peut le transporter. Presque sans égard au poids... En matière de cargo aérien - tout ce qui dépasse 10 livres, selon Éric Albert - BAX Global est la seule entreprise à Québec qui offre un service porte-à-porte", poursuit-il.

Tous les jours, trois camions aux couleurs de l'entreprise sont sur les routes du grand territoire du bureau de Québec - théoriquement l'Est de la province et l'Abitibi - pour servir la clientèle. À la fin de chaque journée de travail, c'est le rendez-vous à l'entrepôt du bureau, au 1405 Saint-Jean-Baptiste, où un quatrième camion qui fait Québec-Montréal quotidiennement les attend.

"Actuellement, le camion quitte pour Montréal-Dorval chaque jour vers 16h30. De Dorval, la marchandise est chargée dans un container, qui reprend ensuite la route par camion jusqu'à l'aéroport de Mirabel, d'où il s'envole dans notre avion vers 22h00", explique Éric Albert. "C'est comme ça pour toutes les compagnies, car les installations sont encore à Dorval et que les nouvelles règles obligent le départ du cargo de Mirabel, maintenant. Seulement les avions avec hélices peuvent utiliser Dorval", s'empresse-t-il de poursuivre, pour expliquer l'aspect quelque peu incongru de la situation.

Le manège Dorval-Mirabel n'affectera pas la clientèle de Québec encore bien longtemps: "Pour l'instant, le système mondial de BAX ne connait pas encore Québec! Nous sommes encore un prolongement du bureau de Montréal et nous fonctionnons d'ailleurs sur le même budget, avec le code YUL. Deuxièmement, la demande est déjà faite et nous attendons pour bientôt notre licence d'entrepôt sous douane pour le bureau de Québec des autorités fédérales. C'est un incontournable pour passer du code YUL au code YQB. Avec notre code YQB, nous pourrons alors dédier un container directement pour Québec et le camion pourra partir plus tard, vers 18h00, et se rendre directement à Mirabel, pour charger l'avion qui décolle à 22h00. À l'inverse, le camion, directement de Mirabel, arrivera plus tôt à Québec, dès 11h00 le matin. Tout ceci devrait fonctionner d'ici un an", prévoit le gérant de district.

PAS D'AVION À QUÉBEC

Si le volume de marchandises que gère actuellement le bureau de Québec justifiera prochainement un container en propre pour Québec, la région de la capitale ne verra pas de sitôt les avions de BAX Global utiliser l'aéroport Jean-Lesage, même si la compagnie aime bien faire apparaître dans sa publicité un avion avec ses couleurs dans le ciel de Québec. "Les vols de BAX se font tous de Montréal. Et ce sera comme ça encore longtemps", confirme Éric Albert.

"Je vais vous donner un seul exemple des coûts d'opération dans ce secteur des transports et vous allez comprendre pourquoi: juste pour changer de format d'avion, nous avons récemment augmenté nos frais de 350 000$ de plus par mois, pour un seul avion", explique-t-il. Ce ne sera jamais payant de faire venir un avion à Québec pour un ou quelques containers. Le cargo aérien n'apparait donc pas parmi les créneaux d'avenir pour l'Aéroport international Jean-Lesage!

En achetant, il y a quelques années, le système de communication ARGUS+, BAX Global s'est par ailleurs donné les outils pour gérer efficacement tout ce qu'elle transporte partout où elle le fait, que ce soit par camion, par avion ou par bateau. Grâce à BAXTRAX, elle offre un service qui retrace électroniquement en temps réel les marchandises - un service de "tracking" - dont elle est très fière. Autre fierté du service à la clientèle, la garantie EMR, "...fiable à 99,9% depuis sa mise en fonction, il y a 18 mois. Une garantie qui fait en sorte que si la livraison ne se fait pas dans le temps promis, le client n'est tout simplement pas facturé", ajoute-t-il!

"L'engagement de Richard Robitaille est aussi un gros plus pour notre bureau de Québec. Richard connait très bien la clientèle et est en mesure de donner le service attentionné qui fait notre force", tient-il aussi à mentionner. Des pièces d'autobus, aux animaux vivants, du haut parleur sophistiqué, au produit fini en haute technologie, l'équipe d'Éric Albert doit s'ajuster, en fait, à ce que le marché de Québec en plein développement représente. "Présentement, pour six semaines, on transporte de Québec vers la Californie, à chaque jour, les bobines d'un film IMAX en tournage ici", raconte Richard Robitaille.

"La clientèle type, pour le "sortant", c'est les cas où il faut éteindre un feu. Il arrive que des clients vont payer 200$ de transport pour livrer une pièce qui vaut 50 cents! Mais c'est une question de service à la clientèle. Parfois, c'est toute une ligne de production qui est en jeu à l'autre bout. Pour le "rentrant", nos clients cherchent surtout à mieux desservir leurs propres clients", conclut Éric Albert, entre deux appels téléphoniques!

www.baxglobal.com