Pour bien comprendre le Business Intelligence (quatrième partie)

Frédéric Turcotte
Directeur du développement stratégique
ClicNet Télécommunications Inc.

 

Cette série d’articles présente la nouvelle réalité du monde des affaires et les opportunités qu’elle suscite pour la veille stratégique (intelligence d’affaires). Nous terminons ici avec une dernière opportunité et observons deux menaces qui sont aussi  réelles pour la profession.

Plus les entreprises effectueront leurs transactions d’affaires en utilisant les moyens de la nouvelle économie, plus elles seront aussi à la merci des inconvénients qui sont rattachés à cette ère de rapidité, d’information, de savoir et de compétition. Il sera souvent difficile pour les entreprises de décoder rapidement les changements dans ce maelström  que représente Internet.  Imaginez un instant comment suivre ce qui se dit sur les groupes de discussions au sujet de votre compagnie si elle évolue dans un environnement sensible, en R&D par exemple ou encore pour une société publique dont le cours des actions fluctue aux moindres rumeurs. Comment protéger des brevets qui sont accessibles par base de données et peuvent être copiés et utilisés et causer suffisamment de dommage avant que l’on s’en rende compte? Une marque de commerce peut aussi être détournée pour d’autres fins? Comment empêcher de se faire identifier aussitôt que l’on visite le site d’un compétiteur, etc. Heureusement, de nouvelles entreprises et technologies sont apparues pour surveiller le Web et tenter de voir clair dans cette « obscurité ». Pour surveiller à la trace tout ce qui se dit sur vous, Cyveillance, une compagnie spécialisée en e-business intelligence vient à votre rescousse. Pour surfer anonymement sur le Net, Zero-Knowledge vous permet de rester un inconnu, ce qui est utile lorsque vous demandez à votre fournisseur Internet de vous fournir la description de ceux qui rendent visite à votre site corporatif.

Si la nouvelle économie procure des opportunités à l’intelligence d’affaires pour se développer au sein des entreprises, elle apporte aussi des contraintes supplémentaires et en voici deux:

UN MONDE DE PLUS EN PLUS COMPLEXE

Nous sommes dans une période de rupture qui nous demande de vivre dans de nouvelles règles (Cartier, 1999), et ces dernières compliquent la vie du veilleur qui a de plus en plus de difficultés à lire son environnement. Les changements profonds qui affectent le comportement des consommateurs, l’importance des télécommunications et de l’informatique, à laquelle s’ajoute une diminution du nombre de joueurs qui un jour sont dans un tout autre domaine d’activité et subitement deviennent vos compétiteurs.  Les distances qui n’ont plus d’importance, les cultures variées, etc. Pour reprendre une comparaison de Michel Cartier, le veilleur est devant un train qu’il regarde passer et il doit deviner où il va, à quel moment il va arriver et qui est à son bord ?

LE PARADOXE DE LA PARANOIA GRANDISSANTE ET LA PERTE DE BONNES SOURCES

La mondialisation a comme effet de diminuer le nombre d’acteurs économiques. Les fusions, les acquisitions et le départ de certaines compagnies que l’on croyait invincibles sont de plus en plus fréquents et imposés par le marché. Devant cette diminution du nombre de sources potentielles, d’intermédiaires qui ne sont plus utiles dans une économie qui traite directement avec le client, le veilleur voit son travail devenir plus complexe. Les secteurs de l’automobile et de la pharmaceutique sont deux exemples où le peu de joueurs en présence rend la vie des spécialistes du BI un peu plus difficile. Les portes sont closes et deviner les prochains gestes du concurrent est encore plus critique qu’avant.  À cet effet s’ajoute le « discours » grandissant de la profession qui dit depuis des années de faire attention à l’information rendue publique par l’entreprise, la prudence accrue dans ce qu’il faut faire ou non. Le rôle de la Society of Competitive Intelligence Professionals et de la formation en intelligence qui est de plus en plus présente aux États-Unis et ailleurs font en sorte que l’on fait de plus en plus attention.

La « déintermédiarisation » est aussi un phénomène qui complique la vie du veilleur. Si la relation d’affaires est de plus en plus directe entre le vendeur et l’acheteur, comment réussir à soutirer des bribes d’information qui émanent de sources qui sont moins nombreuses sinon inexistantes?

Comme nous pouvons le constater rapidement, si la nouvelle économie présente des opportunités pour l’intelligence d’affaires, elle risque aussi de compliquer notre travail de veilleur. Nous terminerons lors de la prochaine chronique cette présentation.

À suivre...