Entrevue avec Pierre Boulanger, pdg de la Société de promotion économique du Québec métropolitain

"Je ne sais pas encore ce que va devenir la SPEQM, mais je peux vous assurer que la carte de la région ne sera plus la même dans un an d'ici et que notre rôle, même si le cadre change, sera encore d'assurer le meilleur rayonnement international possible à la grande région de Québec."                                                                    Pierre Boulanger

Entrevue réalisée par Daniel Allard

(CMQC) Que devons-nous surtout retenir des 10 ans de la SPEQM?
(Pierre Boulanger) "La région a changé, dans le sens de la diversification. Les deux seuls gros piliers qu'étaient la fonction publique et le tourisme sont progressivement rejoints par de nouveaux secteurs de force dans la région. Même la perception des gens a probablement changé face à la région. Je serais d'ailleurs curieux de faire un sondage sur cet aspect de la perception! Mais en un mot, ma perception à moi c'est que l'entrepreneurship vit enfin des heures de gloire à Québec, et c'est une très bonne nouvelle pour la région...

Plus spécifiquement pour la SPEQM, il importe de retenir qu'elle a, en dix ans, changé au niveau de ses bailleurs de fonds. Ce ne sont plus uniquement les 25 villes pour lesquelles nous travaillons qui nous financent. Développement économique Canada, depuis 1997, soit depuis l'arrivée du volet aide à l'exportation à la SPEQM, et le ministère des Régions du Québec, depuis 1999, se sont ajoutés. Résultat: du un million $ de budget, pour une équipe de dix personnes que nous étions en 1993 - l'année de ma nomination comme pdg de la SPEQM -, nous en sommes en l'an 2000 à un budget total de 1,75 M$ plus 250 000$ pour le Bureau du film, plus un million $ en revenus indirects pour l'ensemble des opérations CONTACTS, qui sont toutes gérées par des corporations autonomes maintenant.

Lorsque je suis arrivé à la SPEMQ, en 1990,  l'approche était aussi très différente que celle utilisée actuellement. On ne travaillait pas par secteurs et seulement le volet recherche des investissements étrangers nous préoccupait. La SPEQM fait actuellement beaucoup plus que cela. En moins de dix ans donc, on a ajouté tout le volet des CONTACTS (BioContact, OptoContact, BioAgroContact, EnviroContact). Une initiative qui au départ est venue de la SPEQM, mais qui maintenant fonctionne avec beaucoup d'autonomie et dont nous sommes très fiers. Pris globalement, nous offrons maintenant pour ainsi dire trois produits: outre la prospection des investissements étrangers - notre mandat d'origine -, se sont ajoutés la promotion et l'aide à l'exportation, ainsi que le soutien aux entreprises.

Concernant le volet aide à l'exportation, j'en profite pour vous dire que nous venons d'ailleurs tout juste de recevoir notre évaluation, qui a été faite pour le compte de notre bailleur de fonds DÉC, par un service d'audit privé, et que la note est excellente!

Autre changement significatif, l'arrivée dans notre structure du Bureau du Film de la région de Québec, qui en est maintenant à sa troisième année avec nous. Une idée qui, me semblait-il lorsque je l'ai soumise aux autres intervenants de la région, allait dans le sens de la logique institutionnelle qui fait de la SPEQM un outil régional, mais une idée qui ne fut finalement pas facile à faire passer. Je ne vous cache pas que nous avons dû convaincre plus que je ne le pensais, afin de réussir cette opération. Mais depuis, les résultats sont là et l'équipe du BFQ fait un très bon travail!"

(CMQC) Et l'avenir? Que devrait-être la SPEQM dans 10 ans?
(P. B.) "Je pense que la SPEQM a fait la preuve que la région peut partager des ressources financières pour se projeter à l'international. Je pense aussi que la pérennité de la SPEQM est assurée. Elle est là pour rester! Peut-être dans un cadre différent. L'appellation pourrait par exemple changer, mais le mandat que nous remplissons est incontournable pour la région de Québec.

Ce n'est pas nous qui allons décider et à travers la réforme du monde municipal que prépare la ministre Louise Harel, nous ne resterons probablement pas inchangée. Souvenez-vous que tous les élus de la région soutiennent unanimement que le status quo n'est pas une option. Alors,  l'an 2000 est crucial et je peux vous l'assurer, la région ne sera plus la même le 1er janvier 2001. Et les changements vont d'ailleurs se faire très bientôt!"

(CMQC) Lorsque vous pensez à des références en la matière, quelles autres villes dans le monde vous inspirent le plus pour la région de Québec?
(P. B.) "Pas besoin d'aller très loin: Laval Technopole, dans la région de Montréal, est un modèle très intéressant. Montpellier, en France, également.

Posons-nous la question: si on faisait un "zero base budget" comme dans le privé au niveau de la région, on organiserait cela comment. Nous, on a une bonne idée, c'est un travail d'explication au niveau des élus que nous faisons continuellement. Mais ultimement, ce n'est pas nous qui allons décider, alors... on est patient!!!"

(CMQC) Quelles sont vos attentes face à l'application de la Politique et de la Stratégie de diversification de l'économie de la capitale?
(P. B.) "Surtout que les sommes d'argents soient confirmées."

(CMQC) Votre ministre de premier plan, monsieur Bégin, était tout de même votre adversaire politique lors de la dernière élection provinciale de l'automne 1998. Un an et demi plus tard, cette rivalité d'alors s'est-elle transformée en complicité? Et j'insiste sur le mot complicité!
(P. B.) "De un, l'élection, c'était au siècle dernier!

De deux, mon incartade dans le monde politique a eu un début et une fin. Une situation m'a interpellée. C'est une parenthèse politique qui est maintenant fermée. J'ai convenu avec le ministre Bégin que dorénavant je ne faisais que de l'économique.

De trois, complicité... on ne se voit pas si souvent que ça, vous savez! Mais dans la mesure où l'on peut travailler en complicité avec un ministre, dans le sens de travailler dans la même direction pour le développement optimal de l'économie de la grande région de Québec, et bien oui! Nous travaillons en complicité, et je n'ai aucune hésitation à le dire!"

(CMQC) Les nouveautés et vos priorités pour la SPEQM en l'an 2000?
(P. B.) "Il y aura un T.I.-Contact (Technologie de l'information) en octobre, (19-21). Une importante mission de la région de Québec avec le maire L'Allier en-tête qui va prendre une place importante au sein de la mission du premier ministre Lucien Bouchard en Argentine et au Chili, début mai prochain. Fin mai, nous irons en force en Belgique pour "La Semaine de Québec à Namur". Ensuite nous nous concentrerons sur une autre mission de la région où le maire L'Allier a aussi accepté de nous accompagner, mais cette fois  à Boston, à l'automne. 

Après cette opération Boston, il y aura aussi New York, dans le contexte de l'opération "Printemps du Québec à New York", que le gouvernement du Québec a déjà confirmé. Après, on verra!

(CMQC) Merci!