Enjeu Kyoto

Le contenu rédactionnel de COMMERCE MONDE accorde une attention particulière aux enjeux environnementaux depuis toujours. Un choix éditorial que nous justifions par les conséquences fondamentales qu'ont les comportements des acteurs du commerce mondial autant sur le sol, l'air, l'eau, que la biodiversité; bref, sur la qualité globale de la vie sur Terre et la capacité de l'humanité à la maintenir et à l'améliorer.

Surtout depuis le très médiatisé Sommet de la Terre (Rio de Janeiro, juin 1992), des expressions comme "Développement durable" ou "Penser globalement et agir localement" ont fait beaucoup de chemin. Le mot "environnement" est d'ailleurs devenu un concept tellement chargé de sens qu'on doit se poser des questions avant de savoir ce que veulent dire ceux qui l'utilisent.

Depuis son #17, COMMERCE MONDE Québec Capitale se fait plus précis et a choisi, dorénavant, de cibler des facettes très concrètes de l'enjeu environnemental. La rubrique ENVIRONNEMENT cède donc sa place à deux nouvelles rubriques sur: l'eau, entre autres pour une raison évidemment très stratégique pour l'avenir de la planète entière, mais aussi pour une raison particulière pour l'avenir de la région de Québec, qu'il n'est pas possible de dévoiler actuellement, mais que vous découvrirez au fil des prochains mois.
Kyoto, c'est-à-dire les conséquences pour la région de Québec de l'application des engagements pris par le Canada lorsqu'il a signé la Convention de Kyoto sur le réchauffement de la planète.

Une note salée pour le Canada!
Mais pour la région de Québec?

"Le Canada pourrait devoir réduire de 31% ses émissions de gaz carbonique et autres gaz afin de respecter d'ici 2010 les engagements pris à Kyoto en décembre 1997", prévient Milka Kirova, auteure d'une étude préparée pour le Centre d'étude de l'entreprise américaine de l'Université Washington à Saint-Louis.

Le Protocole de Kyoto est un accord par lequel les pays industrialisés sont tenus juridiquement de réduire collectivement leurs émissions de gaz à effet de serre sous les niveaux de 1990, d'ici la période allant de 2008 à 2012. Toujours selon l'étude de madame Kirova, une telle mesure réduirait de 2,8% le PIB du Canada prévu cette même année et accroîtrait le taux de chômage de 3,4%. Une autre étude récente, menée pour le gouvernement fédéral canadien, a évalué que le respect des engagements pris à Kyoto pourrait entraîner des coûts annuels de 1,6 à 3,2 milliards $. Mais l'évaluation du Sierra Club indique, de son côté, que d'importants secteurs de l'économie bénéficieraient de la conversion à des carburants plus propres et plus efficaces.

UN TGV POUR RESPECTER KYOTO?

"C'est beaucoup plus en lien avec les accords de Kyoto pour la réduction des gaz à effet de serre et plus avantageux que d'investir sur le réseau autoroutier comme le gouvernement veut le faire", affirmait encore récemment Claude Larose, membre du comité exécutif de la Ville de Québec, alors qu'il tentait de justifier le choix de la construction d'un train à grande vitesse (TGV) pour relier Québec à Toronto. Le politicien municipal tentait de pousser les gouvernements du Québec et du Canada à accepter de financer une étude de faisabilité de ce projet.

Le TGV est une priorité régionale aux yeux du maire Jean-Paul L'Allier. Mais ce pourrait-il que la région puisse mettre le projet dans la balance des initiatives à entreprendre pour rencontrer les engagements de Kyoto? Dans l'état actuel des connaissances, les promoteurs de la version LYNX du projet ne sont pas en mesure d'estimer l'impact de l'entrée en service d'un TGV sur la diminution des gaz à effet de serre.

LE Mécanisme pour un développement propre (MDP), UNE OPTION POUR LA RÉGION DE QUÉBEC?

Le Protocole de Kyoto est un accord, répétons-le, par lequel les pays industrialisés sont tenus juridiquement de réduire collectivement leurs émissions de gaz à effet de serre sous les niveaux de 1990, d'ici la période allant de 2008 à 2012. Réduire collectivement, voilà deux mots bien au cœur d’une subtilité des accords de Kyoto : le MDP. Le Mécanisme pour un développement propre établi par le Protocole de Kyoto vise à permettre aux pays industrialisés de financer, dans les pays en développement, des réductions d’émissions de gaz à effet de serre moins coûteuses que celles qu’ils pourraient réaliser à domicile.

Le principe du MDP,
c’est d’appuyer une ville d’Afrique pour 1$
plutôt que d’investir ici 2$

Ce mécanisme est séduisant à plusieurs égards. Il ouvre la porte à des initiatives de solidarité internationale inédites dans le cadre particulier du monde des jumelages de villes à travers le monde. Québec débute, en guise d’exemple, des négociations avec la capitale du Burkina Faso, Ouagadougou. Un programme cadre de coopération entre les deux villes ne pourrait-il pas, dans le contexte des objectifs de Kyoto, permettre la concrétisation d’une initiative gagnant-gagnant?