Commerce équitable
Plan Nagua lance officiellement son café équitable

par Daniel Allard

 

Il s’appelle «Nagua, l’autre café». L’organisme de coopération internationale de Québec Plan Nagua avait choisi le dernier lundi d’octobre et la participation de l’artiste-peintre et sculpteur québécois de réputation internationale Armand Vaillancourt comme porte-parole, pour lancer officiellement la commercialisation de son café équitable, «L’autre café», le Café Nagua. Même le lieu était de bon ton, l’Auberge L’Autre Jardin, une autre entreprise récemment lancée et tenue par une ONG de Québec, Carrefour Tiers-Monde. Le café équitable n’est pas un produit spécial, il n’a rien d’écologique ou de biologique. C’est un café tout à fait standard, mais commercialisé comme un produit à vocation sociale.

«Pour nous, il s’agit de mettre une bonne dose d’éthique derrière un geste de consommation, pour appuyer les petits producteurs du Sud, afin qu’ils obtiennent un juste prix pour leur travail», explique avec conviction le président-fondateur de Plan Nagua, Grégoire Bissonnette. Aujourd’hui fonctionnaire au ministère des Relations internationales du Québec, il fut l’initiateur du premier projet de coopération qui, en 1969, à Nagua, en République dominicaine, provoqua la création de l’ONG. «Nous caressons depuis longtemps le rêve de soutenir les paysans d’une autre façon que par des projets. Le commerce équitable stimule la formation de coopératives et permet surtout aux petits producteurs de café d’obtenir un prix plus juste pour son travail. Des êtres humains attendent notre geste pour vivre dignement», a-t-il aussi soutenu.

Pour faire connaître son café équitable, Plan Nagua peut aussi compter sur la nouvelle imagerie des machines distributrices de «pause-café» de la compagnie Sterling Technologies, de la région de Québec, qui dorénavant utilisera sur toutes ses nouvelles machines uniquement un visuel faisant la promotion du café équitable de l’ONG. Côté approvisionnement, Plan Nagua a par ailleurs changé son partenaire initial. Elle fait maintenant affaire avec deux torréfacteurs, Brûlerie de café de Québec et Nador, qui lui procurent surtout du café du Guatemala. «Mais notre premier conteneur de café en provenance de la République dominicaine est commandé. On attend les échantillons. Avec 41 000 livres de café vert, on va donc pouvoir fournir à notre tour nos actuels fournisseurs en matière première», explique non sans fierté Sylvain Thériault, directeur du financement et du marketing pour Plan Nagua.

Les points de vente du Café Nagua en sachet de 200g sont déjà nombreux dans la région de Québec, dont cinq IGA, deux L’intermarché et un Provigo. La Librairie L’imprévisible de Beauport et le Café Humani-Terre de la rue de la Couronne, à Québec, sont aussi du nombre. Au moins une dizaine de bars, auberges, cafés, restaurants et autres lieux publics le servent aussi, dont le bureau du député Jean Rochon. 

Portant le logo Transfair et certifié par l’organisme Fair Trade Mark, le café équitable garantit une provenance d’une coopérative. Il garantit aussi que les coopératives remettent les surplus aux coopérateurs. Enfin, il garantit surtout que l’acheteur international paie à la coopérative un prix-plancher qui est toujours supérieur à celui de la bourse de New York. Ce dernier vendredi d’octobre, le prix du café vert arabica était à moins de 0,85$US la livre à la Bourse de New York et ceux qui voulaient du café équitable devaient payer 1,24$ US la livre aux coopératives du réseau Fair Trade Mark. Ce 1,24$ permet cependant de multiplier jusqu’à des dizaines de fois le revenu du petit producteur à la base, qui par le réseau classique du commerce international du café se fait offrir souvent aussi peu que 0,05$ pour sa livre de café.

Philip Morris, Nestlé, Proctor&Gamble et SaraLee,
en 1992, détenaient à elles seules
70% du marché mondial du café

Pour le consommateur, le café équitable n’est pas obligatoirement plus cher à l’achat. Des marchands sensibles à la cause décident de plus en plus de l’offrir à prix concurrentiel et les volumes consommés permettent de plus en plus de soutenir les prix des grandes multinationales. Celles-ci sont par ailleurs de moins en moins insensibles aux initiatives de commerce équitable à travers le monde. En Europe, plus de 5% du marché de certaines denrées est occupé pas ce type de commerce.

DES PARTS SOLIDAIRES
Plan Nagua a évidemment besoin de capitalisation pour mener à bien son initiative en commerce équitable. Depuis le 1e avril 2000, elle vend à ce titre des parts solidaires au coût de 100 l’unité. Elle dispose ainsi de 500 parts, qu’elle veut vendre pour amasser 50 000$ qui aideront à financer l’achat du premier conteneur de café de la République dominicaine. Chaque détenteur d’une part solidaire a droit de recevoir 10 sacs gratuits de Café Nagua de 200g ainsi qu’un reçu d’impôt de 50$. Le comité café de Plan Nagua est composé de Bruno Bourdache, Caroline Brisson, Denis Nadeau et Sylvain Thériault.