Desserte aérienne en partance de Québec
La compagnie Aéropro relie Québec à pas moins de 8000 aéroports en Amérique du Nord

par Daniel Allard

L’offre de services aériens avec départ de Québec est souvent pointée du doigt. Le nombre trop restreint de liaisons aériennes disponibles étant considéré comme un gros handicap, surtout pour le développement de l’industrie touristique. Même si elles occupent presque toute la place, les grandes lignes commerciales n’ont pourtant pas le monopole de la desserte aérienne. Pour la clientèle des gens d’affaires, l’option du nolisement offre même plusieurs avantages, dont justement celui du nombre de destinations accessibles: pas moins de 8 000 aéroports à travers tout le Canada et les États-Unis.

«Seulement au Québec, je dirais qu’il y a 150 aéroports. Pour l’ensemble du Canada et des États-Unis, environ 8 000», estime Colin Simard. Et toutes ces destinations nous sont accessibles, tant qu’il y a un minimum de 3 000 pieds de piste», poursuit le conseiller en transport aérien qui travaille chez Aéropro depuis une douzaine d’année.

Vous devez visiter un client dans la région de Philadelphie. Un vol direct des lignes régulières Québec-Philadelphie, oubliez ça. Pourquoi d’ailleurs utiliser l’aéroport de Philadelphie et ensuite vous tapez une heure de voiture? Il y a probablement un petit aéroport plus près de votre destination finale. Voilà un bel avantage du service spécialisé qu’offre une compagnie de vol nolisé comme Aéropro.

Le petit aéroport en question situé aux États-Unis n’offre pas les incontournables services de la douane! Pas de problème: «Pour rapprocher notre client le plus possible de sa destination finale, nous n’hésiterons pas à nous imposer une escale pour passer la douane américaine et ensuite re-décoller pour la destination finale. Et en plus, les douaniers, qui nous attendent dans de tels cas, viennent directement à l’avion. C’est un exemple du service spécialisé», fait bien remarquer Colin Simard.

«À partir de 3 passagers,
le nolisé coûte moins cher»

L’argument de la performance est facile à faire comprendre. En contrepartie, l’option du vol nolisé souffre de la réputation de coûter très cher. Pourtant, les faits sont surprenants. Monsieur Simard a d’ailleurs ce qu’il appelle sa règle de trois: «à partir de trois passagers, je suis compétitif avec les grandes lignes commerciales et même moins cher. Jugez par vous-mêmes: un Québec-Montréal pour 1 100$ en aller-retour dans la même journée. Divisez par 5 passagers et vous avez un bel exemple.»

Offrant entre 5 et 8 places, ses avions peuvent atteindre jusqu’à des vitesses de 435 milles/heure avec des rayons d’action entre 500 et 1 500 milles. Pour ceux qui côtoient l’aviation d’affaires de type exécutif régulièrement, les Piper Navajo, King Air, Cessna Conquest, Citation Jet deviennent même des noms familiers. La flotte d’Aéropro comprend d’ailleurs tous ces types d’appareils, dont plusieurs King Air 90, 100 et B-200.

UNE FLOTTE DE 30 AVIONS

Fondée en 1988 par un groupe de quatre professionnels de l’aviation avec à sa tête l’homme d’affaires de Québec Aurèle Labbé, qui en est toujours le président, la compagnie Aéropro a largement dépassé le stade de la petite PME. Outre sa quinzaine d’avions en propre, elle gère également une autre quinzaine d’avions sous le mode des contrats de gestion-opération, de sorte qu’elle dispose en tout d’une flotte d’environ 30 avions.

Avec ses filiales, Aéropro compte 110 employés. La compagnie possède entre autres une franchise ESSO pour le pétrole. Elle a les contrats de gestion d’aéroport pour Blanc Sablon, Bonaventure, Trois-Rivières et Bagotteville. Elle réalise aussi des contrats de services météorologiques pour Environnement Canada. Au besoin, elle transforme ses avions en ambulance.

«On fait aussi du service cargo. Jusqu’à 2 000 livres en petits colis, pas de problème», explique Colin Simard, en racontant le cas d’une usine qui avait soudainement dû fermer à cause d’un bris de pièce et où on était bien content que GE, de Québec, utilise leur avion pour expédier une pièce de rechange en urgence. «En fait, à une heure/une heure trente d’avis, on peut réagir», assure-t-il. Aéropro, qui a sa principale base d’opération et ses services administratifs à l’aéroport de Québec, a aussi ses propres services de maintenance à Montréal (aéroport de Saint-Hubert) et à Sept-Iles.

DE PLUS EN PLUS DE VOLS VERS LES ÉTATS-UNIS

«Je suis allé jusqu’à Resolute Bay avec un client, pendant dix jours, juste avant Noël... Le Grand Nord, c’est notre spécialité, parce qu’on l’a tellement fait, pour la construction... Nous avons aussi fait Cuba, deux fois, pour un client. Tout se fait dans notre domaine», résume Colin Simard, en gardant les Amériques en tête: «Aller à Vancouver, ça va vous coûter 30 000$, mais ça peut être pertinent si c’est pour signer un contrat de 5 millions $! Mais l’homme aime mieux donner un exemple plus évident: «Avec nous, faire la tournée Québec, Montréal, Sherbrooke, Rimouski pour des réunions d’affaires et revenir à Québec dans la même journée devient possible. C’est le travail d’une semaine entière en voiture», fait-il remarquer.

L’Europe, c’est techniquement impossible. Aéropro n’offre pas de Challenger ou de LerJet qui traversent les océans. Mais à un tarif variant entre 2 100$ ou 2 500$/l’heure de vol, son turboréacté Citation coûte beaucoup moins cher que les 5 à 6 000$/l’heure demandés pour un Challenger.

Chez Aéropro, les destinations courantes couvrent tout le Nord-Est du continent et les gens d’affaires représentent 75 à 80% de la clientèle. Une clientèle qui prend d’ailleurs de plus en plus souvent la direction des USA. Depuis 3-4 ans, la croissance du marché américain est manifeste, remarque Colin Simard: «Nous allons maintenant aux États-Unis 3 à 4 fois par semaine. Ce matin même, l’avion que vous voyez dehors devait partir pour Boston, mais la tempête prévue là-bas nous a fait annuler le vol».

Et comme un client en amène un autre, il arrive même que l’on croise la clientèle: «Oui, il nous arrive qu’un client se dise prêt à partager son avion avec un autre client, mais c’est assez rare», répond-t-il sans surprise. Avec ses vingt-cinq années d’expérience dans le monde du transport aérien, l’homme en a vu d’autre. En l’an 2000 seulement, il révèle sans crainte qu’Aéropro a effectué plus de 10 000 heures de vol.

Et la concurrence? Myrand Aviation est à ses yeux la seule autre compagnie de nolisement qui opère à Québec sur le même marché que lui. «À ma connaissance, ils n’ont que deux avions...», se limite à dire monsieur Simard.

Vérification faite, Myrand Aviation opère à Québec depuis 1984 et offre présentement trois avions, dont un Citation Jet. «Depuis 1995, nous sommes d’ailleurs la première compagnie de nolisement à offrir un Jet à Québec. Et le nôtre est toujours basé à Québec, un avantage important», assure André Cloutier, qui dirige Myrand Aviation avec son épouse.

Autre exemple de la souplesse que procure le service aérien nolisé: un des avions de monsieur Cloutier avait quitté Québec en direction de Toronto le matin même de l’entrevue téléphonique, parce que le vol régulier d’Air Canada avait été annulé à cause de la température. Un groupe d’employés d’une compagnie de Québec devait absolument se rendre à Toronto et ce client a avantageusement réglé un problème de transport en nolisant son propre avion.

Tableau 1
QUELQUES EXEMPLES DE TARIF EN VOL NOLISÉ 
De Québec vers ... (sans les taxes T.P.S. et T.V.Q):

DESTINATION TYPE D'AVION TEMPS DE VOL TARIF
Montréal Beechcraft King Air
Piper Navajo
45min
1h
$1800.00
$1300.00
Toronto Beechcraft King Air
Piper Navajo
2h
2h30min
$4100.00
$3100.00
New York Beechcraft King Air
Piper Navajo
2h
2h30min
$4200.00
$3200.00
Philadelphie Beechcraft King Air
Piper Navajo
2h30min
3h
$4600.00
$3600.00

www.aeropro.qc.ca