Tomber de haut permet-il de réfléchir pendant la chute?

par Michel René

 

J’aurais voulu ne pas en parler, mais l’exemple est trop spectaculaire et trop présent dans notre conscient collectif pour ne pas s’en servir à des fins de questionnement sur notre propre qualité d’être humain.

L’Amérique a été touchée durement et sauvagement en plein cœur, j’allais dire en plein orgueil. Les trois grands moteurs des USA ont été malmenés : l’économie, le pouvoir et le cinéma hollywoodien. Eh oui, l’ennemi a même fait un pied de nez à l’Amérique en réduisant la fiction à presque rien et sur écran planétaire par surcroît. Mais ne vous en faites pas, le Président nous promet de belles scènes de guerre en direct à la télé.

De trop nombreuses pertes humaines, de trop nombreux blessés et de trop grands risques pour nos lendemains, nous comprenons tous cela, et nous compatissons. Les pertes matérielles sont considérables, mais ce n’est que du matériel et nos voisins matérialistes n’en manquent pas. Ils se relèveront. Ils ont tellement de matériel que des sommes gigantesques sont déjà allouées pour un déploiement de forces de frappe jamais vu jusqu’ici. Ils ont tellement de matériel que le matériel les aveugle et aveugle également leurs alliés. Ils ont tellement de matériel que le poids de ce dernier risque d’écraser l’humanité.

Oublions les tours,
c’est au tour de notre niveau de conscience de s’élever

La réaction est normale. Primaire, mais normale si on accepte que nos comportements agressifs soient normaux. Tu me frappes, je te frappe. “a, c’est mon jouet, tu peux pas t’en servir. Vas-t’en chez vous ! Eh vlan ! La chicane est poignée. L’humain, au lieu de partager, cherche à s’emparer, à s’approprier, à posséder, à se clôturer. Est-ce là notre divine punition ? Est-ce le lot de l’homme de toujours faire face à la confrontation ? La Terre serait-elle cette tour de Babel victime de la jalousie d’un dieu qui pour se venger créa la différence ?

Le monde est fait en dualité : le blanc - le noir, le jour – la nuit, le chaud – le froid, le bien – le mal, et nous devons faire avec. Qui va dominer l’autre ? Voilà la question ! Deux cultures s’affrontent depuis des siècles, l’occidentale et l’orientale et, parmi elles, de nombreuses religions et de plus nombreuses langues. Tant que chacune respecte l’autre, ça va. Mais quand l’une veut s’emparer du bien de l’autre, ou lui imposer sa façon de vivre, sa façon de voir, sa façon de dire, grand mal lui en prenne. Y aura-t-il une fin, un jour, à cette escalade ? À quand le respect de la différence ?

Deux forces régissent le monde : la peur et l’amour. J’oserais dire que, comme l’humain a peur d’affirmer l’amour, il a choisi la peur. En un sens, c’est plus facile. “a fait mal, mais c’est plus facile. On n’a pas à se retenir, on n’a pas à se forcer, à négocier, à partager, à respecter. On n’a pas à avoir peur, on a peur. La peur est notre principal moteur. Tu es différent, je me protège, je me défends, je t’attaque et te matraque.

L’amour est exigeant et, pensons-nous souvent, il risque de faire plus mal. Moi je dis que ce n’est pas l’amour qui fait mal, mais notre manque de confiance en l’amour, car il maintient la peur présente. Ce que l’on ne connaît pas nous effraie. Alors, au lieu d’initier des guerres en tout orgueil, ne devrait-on pas engager la conversation en toute humilité ? Et si nous sommes victimes d’un dieu vengeur, peut-être l’Amour saura-t-il le ramener à la raison.

Oublions les tours, c’est au tour de notre niveau de conscience de s’élever.