Un gouvernement sans boussole

par Benoit Routhier

Le résultat des élections complémentaires dans quatre comtés le 1er octobre a permis à une partie des électeurs québécois de dire au gouvernement du Parti québécois (PQ) que les citoyens ne sont pas dupes et qu’ils sont conscients que le gouvernement actuel au Québec se comporte comme une girouette, comme un chasseur qui a perdu sa boussole!

Quand le premier ministre Bernard Landry pointe du doigt l’option de la souveraineté que véhicule son parti comme la responsable des résultats pitoyables obtenus le 1er octobre, il se trompe lourdement. La souveraineté ne fait plus peur à personne au Québec, la majorité des électeurs la croyant irréalisable. Les citoyens sont d’ailleurs habitués de voir les candidats péquistes brandir l’option uniquement pour ne pas perdre l’appui de la base du parti. Une fois élues, ces personnes doivent gouverner pour tous les Québécois qui, en majorité, ne veulent pas de l’indépendance.

M. Landry sait que ce qui a fait mal à son gouvernement en ce jour d’automne c’est bien plus une série de mauvaises décisions souvent dues à l’éloignement du gouvernement de ses administrés.

Bien sûr, au premier chef, il y a le choix d’imposer des regroupements municipaux. Les Québécois veulent bien que leur gouvernement ait le courage de poser des gestes, de prendre des décisions. Mais ils sont réfractaires à des gestes de force, qu’ils soient nécessaires ou non. Le PQ a payé pour ce geste.

La situation déplorable qui sévit dans les hôpitaux de la province et les décisions, trop souvent improvisées, pour, censément, améliorer les services aux patients mais qui, au fond, ne sont prises que pour diminuer les coûts, avec la conséquence d’une diminution des services. Quand un gouvernement met un hôpital en tutelle parce qu’il a pris parti pour les soins aux malades plutôt que pour le déficit zéro, la population se révolte. Le PQ a payé pour la détérioration de la situation dans les hôpitaux.

La souveraineté ne fait plus peur. Par contre, les Québécois ont cru le nouveau premier ministre Landry quand il a dit son désir de pouvoir tenir un référendum sur le sujet d’ici cinq ans. Or, ces mêmes Québécois disent depuis des années au gouvernement qu’ils n’en veulent pas d’un tel référendum. Le PQ a payé pour cette parole du premier ministre.

En prenant la succession de M. Lucien Bouchard, M. Landry a annoncé qu’il ferait de l’élimination de la pauvreté une priorité de son gouvernement. Une parole qui n’a été suivi d’aucun geste concret. Le PQ a payé pour cela.

Le monde de l’éducation (enseignants, élèves et parents), a été bousculé inutilement par une réforme bâclée sur laquelle il a fallu revenir pour corriger les erreurs les plus flagrantes. Le PQ a payé pour cela.

Par ailleurs, pendant ce temps-là, celui que les péquistes ont appris à ne pas craindre et même à prendre de haut, le croyant incapable de gagner des élections, travaillait au ras des pâquerettes. M. Jean Charest, chef du Parti libéral du Québec (PLQ), est allé rencontrer les gens du Québec dans leur milieu. Il a fait le tour des régions, recueillant les doléances et les besoins des citoyens. Il en revient avec, dans son bagage, de quoi se faire un programme politique capable de lui faire accéder au poste de premier ministre, parce que collé au quotidien des électeurs.

Ajoutons à cela la tradition qui veut que les Québécois boutent dehors chaque gouvernement après un maximum de deux mandats et nous avons tous les ingrédients pour une défaite annoncée du Parti québécois aux élections générales. À moins que…

À moins que le PQ ne se retourne vite. Si les militants permettent au premier ministre Landry de suspendre pour un temps indéfini, mais de façon claire, l’idée de tenir un référendum sur la souveraineté, sous quelque forme que ce soit.

À moins que le gouvernement du PQ ne reconnaisse ses erreurs dans le domaine de la santé, dans ses relations avec le monde municipal, dans l’éducation, etc.

À moins que le gouvernement ne se décide à mettre de l’argent dans le secteur de la santé afin que les hôpitaux soient en mesure de fournir aux malades des soins de même qualité que ceux qu’ils avaient il y a plusieurs années déjà.

À moins que les militants du PQ et le gouvernement ne se mettent rapidement à l’écoute des citoyens. Les militants et les ministres et les députés devront arpenter le Québec pour prendre le pouls de la population comme M. Charest l’a fait et continue de le faire.

Il est minuit moins une M. Landry.