New York, c’est si près de nous

par Benoit Routhier

Le monde entier a subi une commotion le 11 septembre dernier quand des terroristes kamikazes ont foncé sur les deux tours du World Trade Center de New York, que d’autres ont foncé de la même façon sur le Pentagone, à Washington, et qu’enfin un autre avion aux mains de terroristes s’est écrasé dans un champ en Pennsylvanie parce que des passagers ont décidé d’empêcher les kamikazes de foncer sur la Maison Blanche avec ce quatrième avion. Paris, Londres, Rome, Bonn se sont émues. Capitales et pays du monde entier ont pris peur. Les aéroports ont été fermés, en Amérique, en Europe, même en Asie.

Ces attentats ont démontré que même la plus grande puissance du monde n’était pas à l’abri de la “guerre”. Jusqu’à ce 11 septembre fatidique, la guerre, dans l’esprit des Canadiens, des Québécois et des Américains, c’était pour l’Asie, le Moyen-Orient, le Proche-Orient, l’Afrique. Le continent américain était intouchable.

Quel réveil brutal ! Il n’était pas 9 h 00 du matin lorsque le premier avion a crevé la première tour du World Trade Center. Dans les foyers et bureaux de Québec, nous regardions la tragédie sur nos écrans de télévision et nous n’osions croire à l’évidence. Nous nous demandions presque si ce n’était pas un film que nous regardions…

Deux tours de cent-dix étages en feu ont transformé New York en Beyrouth. Y aurait-il 500 morts? 5000? 10 000? C’est 40 000 personnes qui oeuvraient dans ces deux tours et encore plus de gens qui visitaient à chaque jour cet emblème du capitalisme américain et mondial. On sait que plus de 6 000 personnes, venues non seulement de New York, mais du Canada, de la France, de l’Angleterre, de l’Allemagne, du Japon sont restées coincées dans cet enfer dantesque.

Le président américain George W. Bush a décidé de venger ces victimes. Il veut abattre les terroristes, où et qui qu’ils soient. Toutes les pistes que ses détectives et policiers ont suivi jusqu’ici conduisent au terroriste milliardaire Osamma ben Laden qui a ses quartiers généraux quelque par dans les montagnes de l’Afghanistan. Mais les organisations terroristes sont implantées partout. Il y en a en France, en Angleterre, en Allemagne, mais aussi aux États-Unis et au Canada. Quoiqu’en dise le premier ministre canadien Jean Chrétien, il y aurait une cinquantaine de groupes terroristes qui compteraient globalement environ 300 membres.

Le jour où ces terroristes subiront les foudres “bushiennes”, ils seront tentés de riposter. Où? Comment? Probablement aux États-Unis encore.

Mais les États-Unis, c’est notre voisin. Immédiat. New York est à une heure de Québec par avion. Et Boston, où les kamikazes sont montés dans les avions qui allaient être leurs tombeaux, est à quelques heures de Québec en automobile.

 

LES CONSÉQUENCES

Tout le monde sait que les conséquences du 11 septembre se feront sentir beaucoup plus loin que New York et que les États-Unis en général. Le monde est traumatisé. Les gens sont tristes et inquiets. Ils pensent à cet enfant qui a été tué par des pièces se détachant des tours, à ces employés de bureau morts écrasés dans les escaliers de secours, aux autres qui se sont jetés dans le vide pour échapper aux flammes, courant vers une autre mort aussi atroce.

Mais les conséquences sont aussi économiques. Déjà les compagnies aériennes crient au secours. Air Transat met à pied 1 300 employés. Des fabriquants d’avions tels Boeing font des mises à pied par milliers. Pratt and Whitney a annoncé des mises à pied. Bombardier, même si elle pourra se reprendre avec la construction de trains, fera aussi des licenciements. Ceci signifie que des entreprises sous-contractantes devront faire de même et certaines devront peut-être même fermer.

Que pouvons-nous faire,
nous Québécois,
pour que de tels drames
ne se reproduisent plus?

La région de Québec en souffrira certainement. Le ralentissement économique, disons le mot, la récession est à nos portes avec ses conséquences néfastes de chômage et d’appauvrissement de la société. Nous nous croyions à l’abri des guerres, de leurs conséquences économiques? Il nous faut déchanter maintenant. Car la guerre elle est là, on ne sait trop où mais proche. Et l’ennemi est inconnu. Et cet inconnu est pauvre. Et l’arme des pauvres c’est le terrorisme. Et le terrorisme peut frapper n’importe où. Il n’a pas fallu des milliards de dollars pour s’attaquer avec quel succès (!) à l’un des plus hauts gratte-ciel du monde, le World Trade Center de New York, et au Pentagone: il aura suffi d’entraîner quelques fanatiques prêts à mourir pour une cause (laquelle?), se procurer quelques couteaux et quelques lames…

Que pouvons-nous faire, nous Québécois, pour que de tels drames ne se reproduisent plus? Hélas! Nous sommes bien démunis. En fait, nous ne pouvons rien faire. Mais nous devons subir les conséquences. Comme des populations innocentes, en Afghanistan et ailleurs, subissent déjà, elles aussi, les conséquences d’une riposte qui n’est pas encore venue.