intelligence d'affaires

C'était le bon temps, nous étions un peu naïfs

Frédéric Turcotte
fredericturcotte@hotmail.com
Consultant en systèmes et TI

Il n'y a pas si longtemps, un peu plus de deux ans dans les faits, ce qui est une éternité en technologie, on investissait gros dans des modèles d'affaires basés sur la publicité en ligne. Quelle naïveté et quel enthousiasme débordant nous avions à l'époque! Des modèles d'affaires, il y en avait de toutes sortes et plusieurs étaient sans revenu. Si on recule encore un peu plus dans le temps pour analyser les transactions complétées sur les innovations de l'époque, quels avaient été les bons coups?

À cette époque, donc, les bandeaux publicitaires sur les sites les plus en vue devaient nous apporter des clients. Le format était assez standard et le « coût par 1000 » grimpait en flèche sur certains sites, causant même des ralentissements dans le placement publicitaire. Aujourd'hui, le prix a atteint les bas fonds! Un à trois dollars par milliers de page vues. À vrai dire, on ne paye souvent même plus pour afficher sa marque et ses produits, on paye lors de la vente d'un de nos produits annoncés via la publicité sur le Web. Le consommateur signe pour une carte de crédit annoncée sur votre site, vous recevez alors 50$ comme commission. C'est risqué pour les sites Web qui tirent une partie de leurs revenus par la publicité, mais ils n'ont pas le choix. La même logique s'applique dans les engins de recherche, le Coût Par Clic (Adwords Select sur Google par exemple) vous assure de bénéficier des recherches des utilisateurs et de diriger des gens vers votre site.

Imaginez, AOL Time Warner visait 1,8 milliard $ de revenus publicitaires pour l'année: « C'était le plancher » disait le CEO aux actionnaires. Mais la réalité sera inférieure de 10%, pour atteindre 1,6 milliard; l'an passé AOL facturait 2,7 milliards $ de revenus publicitaires. On va même plus loin dans la transformation de l'offre publicitaire, vous connaissez le célèbre « money-back guarantee » et bien forbes.com donne cette garantie à ses annonceurs. Mais en dépit de cette nouvelle utilisation de publicité en ligne, Gartner estime que 30% des publicités sont maintenant basées sur le paiement lié à la performance, un signe qu'il y a du volume disponible de bandeau publicitaire et que l'on est prêt à accepter cette formule en échange de revenus.

DU COURRIER, DU CHAT ET DE L'ARGENT
Un compte sur Hotmail, c'est pratique n'est-ce pas? Un compte de courrier électronique gratuit qui a fait notre bonheur, que l'on peut prendre n'importe où fiable, bref ce service de Microsoft qui cherche maintenant à nous faire payer pour son utilisation, est sans contredit un des outils sur le Web qui est le plus utilisé et connu par tous ceux qui utilisent Internet. Mais au départ, en 1997, c'est par une acquisition que l'Oncle Bill a acheté la base de clientèle de courrier gratuit Hotmail. Lors de cette transaction, il y avait un million d'usagers Hotmail à travers le monde, maintenant c'est 110 millions. Sabeer Bhatia, un des co-fondateurs avait rejeté une offre initiale de 160 millions $ pour finalement accepter 400 millions $ quelques mois plus tard. Pas mal pour un produit qui s'était mis en place en l'espace de quelques mois par cet Indien.

Un peu la même histoire avec les quatre fondateurs du système de discussion en temps réel ICQ (I seek You). Quatre jeunes Israéliens qui mettent sur pied ce « killer app » comme disent les Américains. Dès la première semaine, des milliers d'utilisateurs téléchargent la petite application qui permet de savoir si vos copains sont en ligne et de discuter avec eux. Rapidement, ce chiffre passe à des dizaines de milliers et c'est maintenant 100 000 personnes par jour qui téléchargent ce logiciel. 117 millions de personnes utilisent ICQ à travers le monde. Vous vous rappelez sans doute qui a mis la main sur cette jeune compagnie en 1997? American On Line; et AOL a payé 407 millions $ pour cette compagnie qui avait zéro revenu!!!
 

Mais tout comme Microsoft, il s'agit d'un produit central dans le développement de la suite des choses sur Internet et maintenant avec les millions d'utilisateurs qui passent des milliards d'heures branchés sur ces deux produits vedette, on peut dire sans se tromper qu'il s'agissait de bonnes affaires. Époque révolue? Est-ce qu'aujourd'hui on pourrait assister à une transaction dans le monde technologique sans y voir un modèle d'affaires solide avec des revenus? L'éclatement de la bulle techno a probablement réglé la question.

Retour à la UNE