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40 ans de jumelage
" La Semaine de Québec à Bordeaux " permet plusieurs rapprochements

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Textes et photos par Daniel Allard

L'événement " Québec-Bordeaux Côte à côte " de l'automne 2001 avait été le pendant Québec de ce qui se tenait à Bordeaux, cet automne. Pour bien marquer 40 ans de jumelage, on y allait d'une " Semaine de Québec à Bordeaux ", du 27 septembre au 4 octobre 2002. Trois élus, le maire Jean-Paul L'Allier en tête, avec quatre fonctionnaires de la ville, entraînaient des Québécois de tous les horizons pour brasser des affaires à Bordeaux.

L'édition, la traduction, le lobbying, les cabinets d'avocats, la production énergétique en mini-centrale, l'ingénierie et le service-conseil, la foresterie étaient par exemple les secteurs couverts par les entreprises de la région de Québec présentes pour profiter de cette " vague Québec " à Bordeaux. Mais 11 conventions de coopération ont aussi été signées entre divers partenaires bordelais et québécois. Bref, beaucoup d'action et de découvertes pour justifier une facture officielle de 130 000 $ comme coûts à l'organisation de cette semaine spéciale, partagée entre la Ville de Québec, le MRI, le MCC et la Société des alcools du Québec.

Voici ce que COMMERCE MONDE en rapporte:

EUROPLASMA: UNE BELLE OPPORTUNITÉ POUR L'INCINÉRATEUR DE QUÉBEC

Europlasma, c'est une des entreprises bordelaises qui a quelque chose de stratégique à offrir à la région de Québec. Particulièrement à la Communauté métropolitaine, qui gère maintenant l'incinérateur des déchets urbains. Une infrastructure publique qui arrive à maturité et pour laquelle il faudra très bientôt prendre des décisions lourdes de conséquences: agrandir? fermer et rebâtir?

Le Plan triennal d'investissement de Québec qui vient d'être rendu publique comprend d'ailleurs un montant de 16,3 millions $ pour des travaux de réfection à l'incinérateur régional. Un contexte qui se prête évidemment très bien à se demander si des innovations technologiques pourraient aussi venir améliorer les options envisageables. C'est ici qu'Europlasma entre en jeu. Depuis quelques années, l'incinérateur de Cenon qu'a fait construire la Ville de Bordeaux fonctionne avec la technologie de torche à plasma mise au point par Europlasma.


Didier Pineau,
pdg d'Europlasma,
aime bien raconter que le
siège social de son entreprise
est installé à Bègles
(dans la banlieue
bordelaise), la ville
de l'écologiste
Noël Mamère.
 

Résultat, les résidus de cendres, très toxiques et nécessitant un enfouissement de type particulier, sont transformés en vitrifiat inerte. Bref, en banals morceaux de verre. La torche à plasma à arc non-transféré a été mise au point par le géant Aérospatial (maintenant EADS LV), qui en a vendu le brevet à la PME que dirige Didier Pineau. Principale caractéristique: l'engin permet d'atteindre des températures jusqu'à 5000 degrés Celsius. Assez pour briser n'importe quelle molécule, toxique ou pas; d'où l'avantage dans le cas de cendres d'incinérations hautement toxiques. L'autre usage en cours consiste d'ailleurs à éliminer les résidus amiantés. Europlasma est effectivement co-propriétaire de INERTAM, qui gère le seul site en Europe d'inertage des déchets amiantés, à Morcenx, en pleine forêt des Landes à une centaine de kilomètres au sud de Bordeaux. Encore ici, la vitrification fait son oeuvre!

La logique de la torche à plasma est toute simple. Par les très hautes températures qu'elle provoque à l'intérieur d'un four approprié, la matière qui y est introduite prend l'état du plasma. C'est quoi du plasma? Le plasma, c'est l'état de la matière à très haute température. Très, très haute température! Un bel exemple: le Soleil est à l'état de plasma... encore bien plus chaud que l'état gazeux. D'ailleurs, lorsque le moment vient de vider le four, on assiste à une véritable coulée de matière en plasma, très semblable à une coulée de métal en fusion (voir photo ici-bas).Mais rapidement, le plasma passe à un état solide qui devient un gros bloc de verre, avec un rendement très intéressant: un mètre cube de cendres se transforme en 25 centimètres-cube de vitrifiat (1m3 devient 25cm3), soit une réduction de 75%.

(À gauche) L'heure H approche et il faut ouvrir le bouchon, sur le site d'INERTAM. (À droite) Après une heure de travail, le four laisse enfin sortir sa coulée de vitrifiat encore très chaud.

 


Quelques exemples de vitrifiat, sur le site d'INERTAM, lors d'une visite pour des journalistes asiatiques et un journaliste de Québec, que coordonnait la responsable des communications d'Europlasma, Sophie Dupuy.

Une technologie techniquement fonctionnelle, mais que les ingénieurs d'Europlasma voudraient rendre encore moins coûteuse, en perfectionnant la durée et la résistance des fours. Une situation actuellement problématique, car avec les très hautes températures atteintes, l'intérieur des fours se désagrège rapidement et il faut remplacer. C'est coûteux.

Actuellement, il n'existe dans le monde que 4 unités en production (2 en France et 2 au Japon) et trois autres sont en construction (une à Morcenx, sur le site d'INERTAM, en France et 2 au Japon). Des ventes de licences du procédé de vitrification ont été faites, en 2000, à Kobe Steel et, en 2002, à Hitachi-Zosen et sept torches ont été vendues encore au Japon en 2001. Il y a aussi le contrat de maintenance d'une torche qui avait été vendue à Peugeot par Aérospatial, il y a 15 ans. (Peugeot fait un usage en métallurgie pour chauffer les cubilots de fonderie. En sidérurgie, les torches à plasma améliorent la compétitivité des fours.) Bref, la trentaine de personnes qui sont à l'emploi d'Europlasma ne chôment pas (50 autres sont à l'emploi d'INERTAM). Europlasma s'occupe de la conception et du montage des torches, mais sous-contracte pour la fabrication. " Et si les débouchés tardent à venir pour le vitrifiat, je pense de plus en plus à m'occuper directement de commercialiser son usage ", confie Didier Pineau, qui évalue à environ 2000 tonnes/an à Cenon et 4000 à INERTAM les volumes de vitrifiat à disposer.

Sur le site d'INERTAM, les autorités permettent temporairement la disposition du vitrifiat pour en faire du simple remplissage sur le terrain de l'usine. Pour l'incinérateur de Cenon, c'est une autre histoire. " Des efforts en R&D, le Programme Vivaldi, permettent d'étudier des modes de réutilisation du résidu vitrifié. La piste des dalles bétonnées donne de bons résultats ", explique Didier Pineau. Aussi avant-gardiste qu'audacieux, lui à fait fabriquer pour son épouse une jolie paire de boucles d'oreilles en vitrifiat de déchets toxiques. Une initiative que les Greenpeace de ce monde devraient vite récupérer, voire même la Ville de Bordeaux pour se faire faire des cadeaux originaux, avec de l'impact, pour ses visiteurs de l'étranger ! Mais pour le pdg d'Europlasma, les réalités commerciales l'obligent encore à attendre des autorisations gouvernementales officielles.


Sur le site d'INERTAM, les déchets amiantés arrivent d'abord dans ces gros sacs à doubles parois avant de passer au four.

En Amérique du Nord, Didier Pineau connaît ses concurrents: Technologie IEC, SOLENA (l'ancienne compagnie GPS), Phoenix Solution, Westinghouse Plasma System, Resorbtion Canada Limited, d'Ottawa, qui utilise des torches pour de la recherche. Et il aimerait bien s'y faire plus présent. " La Semaine de Québec à Bordeaux " lui faisait espérer de voir les autorités de Québec s'intéresser à sa technologie et il n'a pas manqué de se faire lui-même très présent. Comme pour lui donner raison, un professeur d'université présentait, pendant la même semaine, un bilan sur l'usage de la torche à plasma à Bordeaux, lors des 2e Rencontres Champlain-Montaigne. Québec ferait effectivement une très belle tribune technologique pour la torche à plasma d'Europlasma, si son incinérateur en faisait l'acquisition.

Est-ce que Québec pourrait se négocier un bon prix, en acceptant de jouer le rôle de vitrine technologique nord-américaine de cette fameuse torche à plasma? Sans doute! Pouvant au surplus compter sur l'expertise et l'expérience de sa jumelle Bordeaux (les deux villes en font mention dans leur plan d'action 2003-2005), Québec aurait une raison supplémentaire de saisir l'opportunité de se faire connaître comme première utilisatrice de cette technologie en Amérique du Nord (qui peut aussi servir pour éliminer les BPC). Cette opportunité, Didier Pineau ne la réserve évidemment pas à Québec en exclusivité. L'homme d'affaires n'a pas caché qu'il entretenait déjà des contacts d'affaires avec Hydro-Québec. Il est vrai que sa torche consomme beaucoup d'électricité: pour l'incinérateur de Cenon, c'est 500 KW/h d'électricité.

" À Cenon, l'ensemble de l'opération a nécessité 10 millions d'euros, dont deux pour les études et brevets. Dorénavant, il en coûterait environ 5 M d'euros pour une installation comparable ", répond Didier Pineau. Soit un investissement d'environ 7 millions en $ du Canada.

LES TORCHES À PLASMA,
 À L'UNIVERSITÉ DE SHERBROOKE,
ON CONNAIT CA!

Sherbrooke compte aussi sa brigade de scientifiques manipulant les applications du plasma. Maher Boulos a développé au cours des années 1980 un chalumeau inductif plus flexible à plusieurs chapitres et applicable à une échelle industrielle. Un chalumeau qui a ensuite donné naissance, en 1990, à la compagnie Tekna Plasma Systems. En quelques secondes, l'engin permet de faire monter un four à 10 000 degrés Celsius. Un tel four a été développé à l'Université de Sherbrooke. Il peut briser n'importe quelles molécules et produire de nouveaux matériaux. C'est tout le monde des nanomatériaux et des nanopoudres qui prend forme.

L'entreprise de Maher Boulos est considérée aujourd'hui comme chef de file mondial de l'équipement de tels systèmes. Elle doit beaucoup aux travaux de François Gitzhofer, ingénieur chimiste de l'Université de Sherbrooke qui a ressemblé autour de lui, il y a deux ans, toute une équipe de chimistes et d'ingénieurs pour fabriquer une pile à combustible. Tekna Plasma Systems fait d'ailleurs partie d'un consortium avec Hydro-Québec, Enerkem, Pratt & Whitney Canada et les universités McGill et de Sherbrooke, qui avec l'aide du Fonds canadien de l'innovation et du Ministère de la Recherche, de la Science et de la Technologie du Québec, avancent 4,8 millions $ pour bâtir un immense four de synthèse combinatoire par plasma de trois tonnes. Un four qui existe déjà en deux exemplaires plus petits et avec lesquels les Sherbrookois ont jusqu'ici bâti leur expertise unique au monde. Une expertise qu'un organisme public japonais a en partie financée au milieu des années 1990 et qui a produit une technologie que des Allemands ont déjà achetée.

S'INSPIRER DES RELATIONS INTERNATIONALES FACON BORDELAISE

Alors que Québec en compte une petite douzaine, Bordeaux est fière de parler des quelque 50 représentations consulaires sur son territoire. Elle est aussi le siège de l'Institut francophone des nouvelles technologies de l'information et de la formation (INTIF), une constituante de l'Agence intergouvernementale de la Francophonie (au même titre que l'Institut de l'énergie et de l'environnement, à Québec, www.intif.francophonie.org ).

Québec est aussi en pleine réorganisation de ses structures, encore dans la première année de la nouvelle villes issue des fusions. Sa jumelle Bordeaux a sûrement de quoi l'inspirer!

C'est une espèce de triumvirat d'organismes qui structure le milieu international à Bordeaux: la Chambre de commerce et d'industrie de Bordeaux (CCIB), l'Agence de développement économique Bordeaux-Gironde (BRA - pour Bordeaux Region development agency) et la Ville de Bordeaux. Au surplus, le Conseil régional d'Acquitaine n'est pas sans importance non plus pour tout le territoire d'Aquitaine.

Avec une population comparable à Québec, Bordeaux compte pourtant une équipe de 15 personnes à l'international juste à la chambre de commerce. Cette institution fondée en 1705 par un regroupement de négociants et dont le pouvoir est maintenant, par décret, reconnu d'intérêt public. Ainsi, pour ouvrir un entrepôt, il faut un avis de la CCIB, pour agrandir un magasin, il faut aussi un avis de la CCIB. C'est même cette structure privée qui gère l'aéroport, une école de commerce et possède 51% du capital de Vinexpo. Quelque 500 personnes sont employés de la CCIB sur tout le territoire de la Gironde (à l'exception du Libourne). Comment fonctionne la direction internationale?

" Au XVIIIe siècle, Bordeaux était déjà une place forte du commerce de la France pour son commerce extérieur vers l'Afrique, l'Amérique et l'Asie à cause de son port. On exportait du vin et importait le cacao et la vanille...

" Notre équipe doit assurer la stratégie internationale de la chambre et accompagner nos entreprises ", explique Francis Beunot, responsable du pôle développement des entreprises à l'international et numéro deux de l'équipe, après le directeur des relations internationales et du commerce extérieur, Jean-Christophe Guérin. Exemple de cette stratégie: tous les deux ans, la CCIB organise une grosse " Opération Afrique " en invitant plusieurs chefs d'entreprises africaines à Bordeaux. Ce sont eux qui ont aussi la responsabilité d'accueillir les entreprises étrangères, seule ou en délégation.

" On peut avoir une bonne idée du poids du commerce international dans l'économie de l'Aquitaine à partir des chiffres de la douane, qui enregistre quelque 5000 opérations d'entreprises à l'international sur une année. Mais du nombre, la CCIB n'en garde que 2000 à titre d'entreprises actives sur une base régulière ", précise Francis Beunot.

L'amitié Bordeaux-Québec irait-elle jusqu'à partager les secrets de Bacchus?

Sabrevoy, Maréchal Fosch, Sainte-Croix, Dalraming, Vandal-Cliche, Saint-Pépin, Delisle, K-Gray, Prairie Star, Séval... vous connaissez? Beaucoup moins que Cabernet-Sauvignon ou Merlot. Il s'agit bien, comme ceux-ci, de noms de cépages. Des cépages cultivés cependant dans la région de Québec!

Et connaissez-vous Le Domaine Royarnois (à Saint-Joachim), le Moulin du Petit Pré (à Château-Richer), Le Nordet (entre Lévis et Saint-Henri)? Avec le Vignoble de l'Isle de Bacchus (à Saint-Pierre) et le Vignoble de Sainte-Pétronille, également sur l'Ile d'Orléans, vous n'avez plus d'excuse. Il s'agit effectivement de cinq entreprises productrices de raisins et de vins de la région immédiate de Québec. On doit aussi ajouter le vignoble de la Coopérative Bourg-Royal, dans l'arrondissement Charlesbourg de la ville de Québec, ce premier vignoble de la région, créé au début des années 80, et qui a fait faillite l'an dernier. L'affaire vient d'être rachetée par un Roumain oenologue. Jorj Radu espère y produire 200 000 bouteilles de vin et de cidre d'ici quelques années.

Surprise n'est-ce pas? Il y a une vingtaine d'années, on parlait de la naissance d'un vignoble québécois, mais c'était dans la région des Cantons de l'Est, au climat déjà plus clément. Eh bien la capitale a aussi ses " fous de la viticulture ". Des entreprises qui prennent leur place à travers les quelque 400 000 bouteilles de vin produites maintenant annuellement au Québec.

Les villes se jumellent pour échanger. La capacité des viticulteurs bordelais à échanger leur savoir avec ceux de la région de Québec est évidente. Alors rêvons... comme l'ont d'abord fait les premiers viticulteurs québécois avant de se lancer dans l'aventure. Comme leur ville le sont, peut-on envisager de jumeler des maîtres des grands châteaux de Bordeaux avec des producteurs de la région de Québec? " Aider cette concurrence montante ", objecterez-vous! Considérez plutôt que ceux-ci produisent déjà et continueront de produire de toute façon. Et en s'impliquant dans leur succès, les bordelais s'associeraient aussi à en partager les fruits.

La première étape serait de faire connaître le vignoble de Québec aux gens de Bordeaux. La prochaine fois que Jean-Paul L'Allier, lui-même résident de l'Ile d'Orléans d'ailleurs, rencontrera Alain Juppé, il faudrait qu'il lui remette aussi en cadeau une bonne caisse avec tous les vins du coin. Et la SAQ, qui avait détaché Marcelle Girard, sa vice-présidente au développement stratégique et aux communications pendant toute la semaine, n'était-elle pas commanditaire, pour 10 000$, dans le financement de la récente " Semaine de Québec à Bordeaux ". Enfin, le compagnonnage québéco-bordelais existe déjà dans le monde du vin: le Fonds de solidarité de la FTQ est propriétaire à près de 50% de Dulong et frères, un négociant en vins de Bordeaux.

Le deuxième joueur, le BRA, était d'ailleurs initialement une structure interne de la CCIB. En le fondant formellement, en septembre 1996, celui qui le dirige toujours avait fait d'ailleurs de son externalisation une condition. Mais ce BRA autonome a toujours pour double mandat de promouvoir la région et d'y attirer les investissements étrangers.

" Il y a cinq ans, personnes des institutions ne se parlaient. Lorsqu'en 1993 on m'avait demandé de prendre les choses en main et de sortir cette structure de la chambre de commerce, j'ai dû attendre trois ans pour que des élections passent et que le contexte soit favorable ", se rappelle le d.g. Robert Ghilardi de Benedetti.

Maintenant, à son conseil d'administration de 10 personnes (5 du public et 5 du privé), les langues se délient facilement. Un bloc de 51% du BRA est contrôlé en trois parts égales par la CCIB, la Communauté urbaine et le Département. La Mairie et la région se partagent 25% et le préfet, qui représente l'État un autre 15%. Les cotisations d'entreprises et d'organismes comptent pour le 9% restant (des cotisations modulées variant de 300 à 4 700 euros par année).

En plus de son équipe de 15 personnes qui s'activent sur les dossiers internationaux, le BRA n'a pas peur d'utiliser des consultants. Lors de l'entrevue, le d.g. expliquait en avoir un pour la France, deux aux USA et un au Royaume-Uni. Des gens à contrat qui ont mandat de faire le premier repérage pour ouvrir les portes aux experts du BRA qui vont ensuite finaliser les opérations de démarchage. Une très bonne formule, selon Robert Ghilardi. Quels sont les arguments qu'il aime alors servir?

  • Une université puissante et la présence de 70 000 étudiants parmi une population de 700 000 personnes;
  • La qualité de la vie, surtout par rapport à Paris. " L'Unité de guerre électronique de Thalès a été déménagée ici, soit 350 ingénieurs. Au début, 21% de ceux-ci disaient qu'ils voulaient aussi déménager. Finalement, nous avons attiré les 2/3 d'entre-eux ", raconte-t-il fièrement;
  • L'argument "Bordeaux-Toulouse"!" Si 40% de l'industrie aéronautique en France c'est Toulouse, un autre 35% est ici, à Bordeaux. Avec l'aéronautique militaire, notre véritable seul secteur industriel, on sait ce que c'est que la qualité/sécurité ", poursuit-il;
  • Un tissu économique diversifié ;
  • La présence de Ford et ses 4 000 emplois;
  • Les filières: bois, vin (1 adulte sur 6 vie de cette filière), chimie des engrais, matériaux de précision (dans le nautique autant que l'aéronautique).

La région de Bordeaux s'active même dans le milieu du pétrole et du gaz. " Eh oui! La forêt landaise fournit 1% des besoins nationaux en pétrole ", nous révèle encore monsieur Ghilardi. Pour le gaz, c'est une autre histoire qui approche malheureusement de sa conclusion: " C'est un gros problème, car le gisement de gaz des Pyrénées s'achève - d'ici 2005 selon les prévisions - et il y a ici une vraie industrie utilisatrice. Pour remplacer cette source d'approvisionnement, le Groupe Total réfléchit pour investir dans un terminal gazié-méthanié au Verdou, le port en eau profonde de Bordeaux. Mais il s'agirait d'un projet de 800 millions d'euros ", explique-t-il.

La forêt landaise
fournit 1%
des besoins nationaux
en pétrole

Et ces arguments attirent-ils des entreprises canadiennes? " Nous avons très peu d'implantations canadiennes. La dernière, c'est le rachat d'une entreprise dans le papier par Cascades, qui s'est retirée depuis et qu'a repris Tembec ", affirme Robert Ghilardi, en sachant que si les entreprises canadiennes se font encore attendres, il a déjà 400 entreprises étrangères installées à Bordeaux. Il pourra aussi peut-être compter sur la prochaine mission économique des gens de Bordeaux à Québec, qui est à l'agenda pour mai 2003, avec en plus une mission " Laser-Optique " prévue pour avril ou mai 2003.

En troisième lieu, du côté de la mairie, c'est l'élu responsable des questions économiques qui développe le sujet en entrevue: " S'il y a un effort à faire entre Québec et Bordeaux, c'est sur le plan économique ", tient rapidement à affirmer Jean-Charles Bron. Mais que pense-t-il de l'état des jumelages de sa ville?

" Le problème, c'est moins le nombre que la qualité des liens ", précise-t-il, en ajoutant que Bordeaux ne cherche pas à élargir la liste. " Le premier jumelage c'est Bristol, en 1947. Actuellement, les plus actifs sont, je dirais: Munich, Fukuoka, Casablanca, Porto... et Québec, bien sûr! " Bordeaux est aussi officiellement jumelée avec Madrid, Ashdod (ville portuaire d'Israël), Los Angeles, Saint-Pétersbourg, Wuhan (en Chine) et Lima. À quelques pas de son bureau, l'équipe de 9 personnes du Bureau des relations internationales de Bordeaux s'active.


La découverte de Bordeaux révèle aussi une architecture parfois audacieuse, comme cette cour de justice où les juges et les avocats " butinent " dans des salles d'audience prenant la forme de ruches !

Que sont pour lui les principaux défis économiques de Bordeaux: " le rééquipement commercial du centre-ville et la question du manque d'espace foncier pour accueillir les entreprises ". Aussi adjoint au maire Juppé et vice-président de la CUB, l'élu Bron mentionne à ce dernier titre les 27 hectares du site Alienord d'Aquitaine à aménager sans thématique spéciale.

Après quelques décennies sous la gouverne tranquille d'un maire " historique ", Jacques Chaban-Delmas, la ville de Bordeaux en était venue à porter le nom de " ville endormie ". Prenant le pouvoir en 1995, Alain Juppé semble n'avoir lésiné sur aucun moyen pour réveiller ses commettants, remplissant Bordeaux de marteaux piqueurs et de bout de tramway en devenir. Maintenant consacrée 3e pôle de création de richesse en France, 4e région industrielle, dotée d'un aéroport desservant 3 millions de passagers en 2000 vers 30 destinations et jouant le rôle de hub d'Air France pour la péninsule ibérique, avec un port redevenu escale de gros bateaux de croisières (50 en 2002), Bordeaux est bien vivante. Déjà à 3 heures de TGV de Paris, le train n'en mettra pas plus que deux en 2010.

LA LIGNE DE TRAMWAY " Ville de Québec " ROULERA À BORDEAUX EN 2003

On ne fête pas 40 ans de jumelage sans échange de cadeaux. Bordeaux a offert une toile, alors que Québec y allait d'une lithographie intitulée " Vol d'oies " de l'artiste Benoît Côté. Mais le maire Alain Juppé ne sait pas arrêté-là. Les gens de Bordeaux avaient eu une autre idée qui ne déplaisait certainement pas à Québec. C'est donc devant un parterre bien garnis en plein dîner officiel à l'hôtel de ville que le premier élu a annoncé que fin 2003, la ligne de tramway " Ville de Québec " roulera à travers Bordeaux!

Eh oui, la première des trois lignes du tramway de la ville jumelée à Québec portera officiellement le nom de la Ville de Québec. Un cadeau-surprise fort apprécié. Le futur tramway de Bordeaux utilise d'ailleurs une technologie novatrice d'alimentation électrique par le rail, donc permettant la disparition des fils électriques. Un détail que n'oubliera certainement pas le maire Jean-Paul L'Allier, qui sait aussi que Bordeaux a également une célèbre rue Sainte-Catherine, la rue piétonne qui fait plus de deux kilomètres, en traversant tous le vieux Bordeaux.

Donc bravo pour les Trams urbains qui écologiseront davantage la ville, graduellement, au rythme des longs travaux qui se termineront en 2006; mais aussi pour ces minibus électriques à tarif unique qui desservent déjà le coeur historique et touristique de la ville, en s'arrêtant n'importe où sur demande au long de la ligne bleu de son tracé carrément peint sur la chaussée. Une initiative, cette dernière, qui a enchanté le maire de Québec, parlant de cette " petite ligne bleu magique " en pensant aux 900 gros autobus touristiques qui envahissent le Vieux-Québec l'été. Et encore bravo pour l'immense Place des Quinconces que bordent deux forêts urbaines qui sont, en fait, des stationnements que bien dissimulés.

Voilà de bien beaux gestes verts, à l'honneur de la ville jumelle, mais qui ne compensent sans doute pas pour toutes les bouteilles de verre jetées aux ordures. À vue d'oeil, le mot recyclage ne semble pas encore bordelais! Au surplus, avec ses WC à presqu'un $ (0,50 euro), la gare de la SNCF-Saint-Jean de Bordeaux vous donne justement comme un goût de modérer votre consommation de vin et de bouteilles! Petits constats d'étranger qui imposent de souhaiter que le jumelage Québec-Bordeaux continue d'apporter des bonnes idées dans les deux sens!

SIGNATURE D'UN 2E PLAN TRIENNAL D'ACTION ENTRE LES DEUX VILLES

En 1999, les deux villes avaient signé un premier Plan d'action comprenant 52 projets. Selon la mairie de Québec, c'est finalement 88 projets qui auront vu le jour pendant les trois années 1999, 2000 et 2001. Le nouveau plan triennal mentionne une soixantaine de projets touchant l'administration du territoire, l'éducation, l'économie, la culture, les hôpitaux, la jeunesse et l'action sociale. Le Tableau 1 présente le contenu de ce " Plan triennal d'action " tel qu'il était lors de sa signature début octobre:

Tableau 1
Jumelage Bordeaux - Québec, annexe au programme d'actions de coopération 2003 - 2005 (Inventaire des projets)

NB: sont présentés en caractère gras, les projets qui ont retenu favorablement l'attention de la Commission Permanente de Coopération Franco-Québécoise, lors de sa 58e session, le 09/11/2000. Ces projets devraient faire l'objet d'un co-financement du ministère français des Affaires étrangères, voire du ministère québécois des relations internationales.

I. COOPÉRATION ENTRE ADMINISTRATIONS TERRITORIALES

Coordination et suivi du programme d'actions de coopération pour 2003 - 2005
Participation de Bordeaux et Québec aux "Ateliers de la Coopération décentralisée Franco-Québécoise", organisés avec le soutien du Ministère français des Affaires Étrangères, et du Ministère québécois des Relations Internationales. Date, lieu et thèmes à déterminer.
Poursuite des échanges de savoir-faire en matière d'urbanisme, à l'occasion de colloques, conférences ou de publications sur des questions d'intérêt mutuel. Poursuite des échanges entre fonctionnaires des deux villes sur les thèmes suivants : la Maison intergénérationnelle, la concertation et l'information de la population en matière d'urbanisme, les acteurs du développement urbain (thème à intégrer dans les prochaines Rencontres Champlain-Montaigne).

Poursuite des échanges d'emplois d'été entre les deux administrations municipales, avec l'appui des Association France-Québec et Québec-France.
Mise en place d'échanges d'expérience en matière de gestion de ressources humaines, notamment sur les thèmes de la formation continue et de l'organisation du travail.
Projet d'échanges d'expertise et partage d'informations sur la mise en valeur des connaissances patrimoniales Participation de la Ville de Québec aux Assises du Patrimoine qui vont se tenir à Bordeaux au mois de janvier 2003.
Poursuite des échanges et du partage d'informations en matière culturelle entre les deux villes et identification de projets d'échanges artistiques.
1) Échanges d'expérience sur le transport collectif 2) Échanges d'expérience sur la gestion de technopôles (notamment en matière de haute technologie) 3) Échanges d'expérience en matière de traitement des déchets ménagers, d'incinération des boues récupérées dans les stations d'épuration et de torche à plasma.

II. ÉCONOMIE

Coordination des actions pour renforcer les courants d'affaires entre Bordeaux, l'Aquitaine et La Ville de Québec. Plusieurs secteurs seront particulièrement mis en valeur: - Le multimédia, les technologies de l'information et de la communication. L'agro-alimentaire et nutraceutiques L'énergie L'optique et le laser La filière bois / papier les biotechnologies Le capital-risque Participation bordelaise au salon FuturAllia (21 au 23 mai 2003), à Québec Promotion de l'Aquitaine dans le cadre des Journées européennes organisées par la Société de Promotion Economique du Québec Métropolitain en octobre 2003 Accueil d'une délégation à la Foire Internationale de Bordeaux en 2003, 2004 et 2005 Étude de l'expérience de la CCIB en matière d'enseignement supérieur au commerce et à la gestion Projet de protocole d'Entente entre les aéroports de Bordeaux et de Québec Mise en relation des réseaux d'associations de Femmes chefs d'entreprise.
MULTIMEDIA - T.I.C. Participation bordelaise aux "Rencontres internationales du multimédia d'apprentissage (RIMA)" à Québec. Projets de partenariats industriel et commercial à déterminer Accueil de Québécois aux rencontres professionnelles franco-québécoises sur le multimédia, dans le cadre de l'université d'été d'Hourtin d'août 2003, avec l'appui de l'OFQJ. Rencontres internationales du multimédia d'apprentissage (15-17 mars 2004).
AGROALIMENTAIRE et NUTRACEUTIQUES (produits fins, bio-alimentaire, aliments fonctionnels, produits naturels de santé) Participation bordelaise aux salons "Gourmet-Contact", "Bio-Agro-Contact" de Québec. Projets de partenariats industriel et commercial à déterminer. Accueil de sociétés de Québec présentes ou en visites à Vinexpo (22 au 26 juin 2003) à Bordeaux Accueil de délégations au Salon Bio Agro Contact (5 au 7 novembre 2003 Accueil de délégations au Salon Gourmet Contact en 2004 Accueil de délégations au Salon Bio Contact en 2003.
HAUTES TECHNOLOGIES Accueil sur le stand BRA aux Journées Européennes de Composites à Paris en avril 2003.
AERONAUTIQUE - Stand Bordeaux-Aquitaine au Salon Aéronautique du Bourget (22 au 26 juin 2003).
BIOTECHNOLOGIES Projets de partenariats industriel et commercial à déterminer.
FILIERE BOIS Coopération entre le CTBA et FORINTEK, sur la performance acoustique des structures bois, l'exportation des maisons à ossature bois, le traitement du bois à haute température. - Accueil d'une délégation à Forexpo en 2004.
Projet de partenariat de financement.
ENERGIE Projet de partenariat commercial.
OPTIQUE Projets de partenariats industriel et commercial à déterminer. - Mission Laser Optique en avril/mai 2003.
CAPITAL RISQUE Projets de partenariats industriel et commercial à déterminer.
Participation de jeunes artisans bordelais (textile, reliure, céramique ou sculpture) au symposium de création "Les passeurs" organisé à Québec par la Maison des métiers d'art de Québec, en 2003.
Appui réciproque à la promotion touristique de Bordeaux à Québec et de Québec à Bordeaux. Promotion des vols Air Transat.
Projet à déterminer, sur les thèmes de: l'accès au droit l'aide juridictionnelle.

III. ÉDUCATION ET ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

Troisièmes "Rencontres Champlain - Montaigne", à Québec, en octobre 2004. Lieu: Université Laval Thèmes à déterminer.
- Poursuite des échanges de formations à distance en e-business. - Projet de développement d'un institut franco-québécois du multimédia d'apprentissage.
Appui du Conseil Municipal des Jeunes (CMJ) de Bordeaux à la mise en place d'une structure analogue à Québec. Correspondance entre écoles primaires bordelaises et québécoises impliquées dans le CMJ.
Coopération en matière de pédagogie et de création musicale contemporaine: Classe de maître d'André FECTEAU, professeur de composition électroacoustique, à Bordeaux, en 2003. Concert conjoint de musique électroacoustique, en 2003. Favoriser les échanges d'étudiants de niveau supérieur avec validation des acquis pour l'attribution des diplômes délivrés par les deux établissements, Stimuler les échanges pédagogiques permettant des rencontres et échanges entre professeurs (classes de maîtres, etc), Promouvoir la création musicale et la diffusion des œuvres de compositeurs québécois et bordelais.
Souhait d'établir des relations de coopération.
Accueil d'étudiants du Lycée de Gascogne au Collège Mérici, à Québec, en 2003.
Souhait d'établir des relations de coopération sur le thème de l'observatoire des métiers du multimédia.
Projets à déterminer, dans le cadre de la convention de coopération signée en 2001.
Échanges de stages en entreprises pour des élèves artisans, en collaboration avec l'OFQJ.

IV CULTURE

Coopération bordelaise à la réalisation de l'exposition "Gratia Dei, les chemins du moyen âge" que présentera le Musée de la Civilisation de Québec, de mai 2003 à janvier 2004 à Québec, puis dans cinq pays européens, et enfin à Bordeaux, de septembre à décembre 2005. Étude de la possibilité de réaliser des co-productions.
Présentation au musée du Québec de l'exposition "Vénus et Caïn, naissance et tribulations de la préhistoire au XIXe", organisée par le Musée d'Aquitaine, du 9 octobre 2003 au 4 janvier 2004.
Prêt d'oeuvres d'Albert MARQUET au Musée du Québec, pour une exposition, du 29 mai au 7 septembre 2003.
Présentation à Québec d'une exposition sur le patrimoine architectural de la Bordeaux, en 2003. Cette exposition sera le fruit d'un échange de savoir-faire entre les villes de Bordeaux et Québec sur la mise en valeur du patrimoine architectural auprès du grand public. L'appui de l'AFAA sera sollicité.
Échanges d'images et de productions, dans le cadre de la TV numérique.
Échanges de concerts de chanson francophone entre le Théâtre Molière, le Théâtre Petit Champlain de Québec, le Théâtre du Sentier des Halles de Paris et le théâtre Le Lion d'Or.
Explorer la possibilité de réaliser une exposition des affiches murales de poésie créées conjointement par des graphistes et des poètes bordelais et québécois. Lieu: à Québec, à Montréal, à Bordeaux, et dans le réseau des établissements culturels français à l'étranger. L'appui de l'AFAA sera sollicité.
Explorer la possibilité d'échanges de groupes de musique amplifiée émergents, comme par exemple le hip-hop. L'appui de l'AFAA sera sollicité.
- Échanges de personnel des bibliothèques - Échanges d'expérience sur l'éveil des jeunes à la lecture. - Échanges entre clubs de lecture des deux bibliothèques - Mise en place d'outils communs permettant aux bibliothèques de faire état de leurs ressources virtuelles.
Échanges de spectacles dans le domaine de l'humour.
Projet de collaboration en matière de chorégraphie.
Idée d'édition d'un livre de photographies sur Bordeaux - Saint-Pétersbourg - Québec.
Collaboration entre conteurs des deux villes Réflexion en cours sur l e thème de l'oralité.
Projet de tenir des activités avec des propriétaires de vignobles bordelais et des chefs cuisiniers français pour des séminaires de formation et autres événements sur la gastronomie et le vin bordelais, destinés aux membres de la régionale Québec France.

V. HÔPITAUX ET MÉDECINE

Échanges de savoir-faire en matière de prise en charge des jeunes suicidants Échanges de savoir-faire en matière de démarche qualité, contrôle de gestion, organisation multi-sites, soins ambulatoires et structuration de la recherche.

VI. ACTION SOCIALE

Échange d'expérience sur les activités des seniors de Bordeaux et des aînés de Québec : thèmes à déterminer.
Échange de WebTrotteurs, dans le cadre de projets d'insertion sociale de jeunes.
Poursuite des échanges d'expérience en matière d'insertion sociale, et notamment d'application en France des méthodes québécoises INTERAGIR et DEVENIR, destinées respectivement aux 16-25 ans, et aux femmes.
Échange sur les pratiques : de prévention de la marginalisation, de lutte contre la prostitution, de soutien aux parents dans leurs fonctions éducatives, de médiation et régulation des conflits, d'alternatives à l'incarcération, de démocratie participative, de lutte contre les tags.

VII. JEUNESSE ET SPORT

Développement de trois actions annuelles destinées aux jeunes de Bordeaux et de Québec - échanges inter-municipaux d'emplois d'été (6 jeunes); - échanges d'emplois saisonniers (14 jeunes); - échanges de stages en entreprises (12 jeunes).
Projet à déterminer. Par exemple: accueil d'un plasticien québécois à Bordeaux, dans le cadre du programme ROOT'ARTS destiné à la formation professionnelle de jeunes plasticiens par des échanges et des expositions. Le soutien de l'OFQJ sera sollicité.
- Augmentation de la participation québécoise à l'épreuve d'endurance de VTT (300 km) " La Junior des sables " qui se déroule sur le littoral aquitain. - Projet de créer une course de vélo en hiver "Le Junior des neiges", sur le modèle de l'épreuve d'endurance de VTT Velo Tout Terrain (300 km) "La Junior des sables".

Une des belles réalisations du plan de coopération précédent fut l'envoie d'une vingtaine de stagiaires de Québec en boulangerie et charcuterie pendant trois mois. Au moins une des stagiaires à depuis ouvert sa propre boulangerie, sur la Rive-Sud de Québec, confirme Berthe Bernatchez, la directrice des services de la formation professionnelle et de l'éducation des adultes à la Commission scolaire de la Capitale, présente à Bordeaux pour rechercher d'autres bonnes pistes de stages pour ses étudiants.

Parmi les résultats plus certains, on sait maintenant que la région de Québec a le feu vert pour sa participation au prochain Salon du Bourget, aux côtés de Bordeaux, qui a déjà ses entrées à cette foire mondiale de l'aéronautique.

Bordeaux et la ville russe de Saint-Pétersbourg sont jumelées depuis 1992. Les autorités se sont arrangées pour faire en sorte que le gouverneur de la ville russe, Vladimir Yakovlev, se rende officiellement à Bordeaux - d'ailleurs pour une première fois! - en même temps que le maire de Québec. Les trois élus réunis se sont rencontrés et ont signé un accord tripartite de coopération pour utiliser la prochaine année à approfondir des sujets d'échanges communs. Saint-Pétersbourg fêtera en 2003 le tricentenaire de sa fondation. Le maire L'Allier doit d'ailleurs s'y rendre, à la tête d'une délégation de Québec, en mai.

Accord tripartite
Québec-Bordeaux-Saint-Pétersbourg

Bref, le jumelage Québec-Bordeaux est actuellement en pleine santé. Jusqu'au milieu des années 80, on résume la chose " ...qu'à une relation de registres sans réelle existence sur le terrain ". En 1986, la formation d'un comité Québec-Bordeaux de chaque côté de l'Atlantique avec mission de dynamiser le jumelage amorce un certain rapprochement. C'est finalement le choc des maires actuels qui animera réellement la relation Québec-Bordeaux. Des missions économiques dans chaque sens en 1996 donnent un signal de dynamisation qui ne démord plus depuis (Noël québécois à Bordeaux en 1997, coopération touristique en 1998, Printemps du Québec en France avec plusieurs activités à Bordeaux en 1999, signature du programme triennal en 2000, événement Québec-Bordeaux Côte à côte en 2001).

40 ANS DE JUMELAGE...
DES DÉBUTS BIEN MODESTES!

L'histoire était rapportée par le journaliste du quotidien Le Soleil, François Pouliot, le 28 septembre 2002, à la Une dans l'un des premiers articles de sa couverture de " La Semaine de Québec à Bordeaux " qui souligne 40 ans de jumelage entre les deux villes: " Le 21 mai 1962, alors vice-premier ministre du Québec, Georges-Émile Lapalme s'amène en France pour célébrer un important mariage. Les documents sont prêts, ne manque plus que l'échange de consentements. Quelques heures avant la passation des anneaux, Lapalme réalise toutefois que la mariée est fuyante: Bordeaux n'a jamais voulu s'unir à la province, mais à la ville. Coup de fil à Wilfrid Hamel; le maire de Québec marie sa ville en catastrophe, par procuration, et sans même avoir assisté à la cérémonie... "

En faisant flotter le drapeau du Québec, plutôt que celui de la Ville de Québec sur l'hôtel de ville de Bordeaux, le maire Alain Juppé ne savait peut-être pas qu'il faisait un clin d'oeil pas glorieux à l'histoire de la création du jumelage entre les deux villes, il y a 40 ans. Peut-être a-t-il aussi afficher ouvertement les prétentions plus nationales qu'il entretient envers sa candidature aux prochaines élections présidentielles en France?

Une drôle d'histoire, qui fait un peu penser à un autre jumelage de la Ville de Québec, qui a été jumelée à Albany, la capitale de l'État de New York, un peu beaucoup parce que Hydro-Québec, au milieu des années 1980, voulait ainsi améliorer ses chances de décrocher de gros contrats de vente d'électricité. Aujourd'hui, le jumelage Québec-Albany est tellement au point mort que le maire L'Allier ne le mentionne même plus lorsqu'il énumère les jumelages de Québec, s'arrêtant à Calgary, Namur, Xi'an et Bordeaux.

IMMIGRATION: OPÉRATION BORDEAUX COUTE QUE COUTE

Étrangement, il s'en est fallu de peu pour que " La Semaine de Québec à Bordeaux " devienne une belle occasion manquée, en matière de sensibilisation à l'immigration à Québec! Depuis un an chef de la promotion du service d'immigration de la Délégation générale du Québec à Paris, Manon Boucher se rappelle, autour de février-mars 2002, avoir rencontré des représentants de la Chambre de commerce de Québec (CCQ), venus présenter leur démarche proactive. En août, elle téléphonait à la Ville de Québec pour savoir s'il y aurait un volet immigration lors de la " Semaine à Bordeaux ". La réponse fut: " Si c'est le cas, c'est la CCQ qui sera responsable. "

" J'ai ensuite tenté de rejoindre la personne responsable à la chambre de commerce, sans réponse... J'ai donc décidé de m'arranger toute seule. " Sans demander de permission à personne, elle a loué une salle à Bordeaux avec l'aide d'Espace Emploi International, une équipe de fonctionnaires français spécialisés avec qui elle a l'habitude de travailler, pour organiser une soirée d'information qui adonnait en même temps que le passage des Québécois. Elle a fait son travail, quoi, en profitant d'un excellent " timing ".

Malheureusement, elle est restée seule et la Ville de Québec n'aura que très peut profité de cette belle occasion de marquer des points. Manon Boucher s'est tellement arrangée seule que ce n'est que le lundi 23 septembre qu'elle croise, par hasard, l'attachée de presse du maire de Québec, elle aussi à la délégation générale du Québec à Paris pour finaliser le programme, et lui apprend qu'elle tiendra cette soirée d'information à Bordeaux, le mardi 1er octobre. Les réflexes bien aiguisés, Luci Tremblay lui a automatiquement dit: " O.K.... Monsieur L'Allier va être là! ". Le maire de Québec fut effectivement présent, modifiant son agenda en conséquence pour pouvoir venir saluer une salle comble pendant une quinzaine de minutes. L'honneur était sauvé!

On appelle ça attraper un train au passage à quelques kilomètres de l'arrivée! Si l'anecdote démontre la volonté du maire Jean-Paul L'Allier d'être présent à des activités faisant la promotion de l'immigration à Québec, elle montre aussi qu'il a fallu dans ce cas que l'initiative vienne d'ailleurs, pas des principaux intervenants de la région de Québec. Il y avait, de plus, de manière évidente, de la confusion entre la Ville et la CCQ. La machine n'est manifestement pas rodée. Peut-être parce que la France n'est d'ailleurs pas l'objectif premier de la Chambre de commerce de Québec, qui identifie d'abord l'Europe de l'Est pour répondre aux besoins de la région de Québec.


La séance d'information débutera à 19h, mais 30 minutes avant il y a déjà 10 personnes dans le grand amphithéâtre. À cinq minutes du début, ils sont maintenant 120 et ça continue d'entrer massivement. Dans un doux murmure ils scrutent tous le formulaire et sans doute davantage la grille de pointage permettant d'évaluer leur chance d'accéder à une vie nouvelle. Pas évident, choisir l'immigration. Émigrer, c'est mourir un peu! Les quelques têtes grisonnantes ne le savent pas encore, mais la " crème plus fraîche " des 20-35 ans est la cible du Québec. Plusieurs jeunes couples semblent d'ailleurs arriver ensembles. Supers coups doubles en perspective! Petit signe du succès de l'opération, il n'y a plus de formulaire sur la table à l'entrée. Pas de panique, une boîte en-dessous en contient d'autres. Ouf!!! La pub titrant " EXPATRIATION " dans le journal Sud-Ouest du samedi a définitivement fait mouche. C'est l'heure, on commence. Ils sont bien rendus 250 lorsque Manon Boucher donne rapidement la parole au maire de Québec pour débuter la conférence. Son petit discours de 10 minutes suscite moult questions orientées surtout sur la facilité à se trouver un emploi. Jean-Paul L'Allier, qui devait ne rester que quelques minutes, se prend au jeu des questions. Il passera bien un autre quart d'heure à répondre de son mieux, visiblement heureux, mais donnant toujours l'heure juste sans dorer la pilule. Environ 25% des mains se lèvent pour signifier qu'elles ont déjà visité le Québec. Une bonne part de rêve remplit donc cette salle bondée.

UN " TGV POUR QUÉBEC " MANQUÉ

Le lendemain, de 9h à 17h, Manon Boucher poursuivait son opération Bordeaux et offrait encore une initiative spéciale baptisée " Un TGV pour le Québec ". Dans les bureaux d'Espace Emploi International et avec un autre petit coup de main de la responsable de ce service, Catherine Galharret, elle a rencontré immédiatement les gens ayant leur formulaire rempli à la main en l'évaluant sur le champ, leur épargnant une démarche administrative qui impose normalement deux à trois mois d'attente.

L'occasion était rêvée de voir aussi un représentant de la Ville de Québec y tenir en même temps une journée " Un TGV pour Québec ", rencontrant et informant du coup tous ces demandeurs de nouvelle citoyenneté en espérant les attirer jusqu'à Québec. Au moins cinq équipes de journalistes, de France et du Québec, sont venues faire leur travail en parallèle à celui de Manon Boucher. Mais personne de la ville de Québec. On peut encore parler d'une belle occasion manquée.

Après sa journée exténuante d'entrevues, Manon Boucher avait encore le sourire pour faire immédiatement le bilan devant trois journalistes qui avaient hâte de savoir: " J'ai une très bonne moyenne avec 59 acceptations et 7 refus et six ou sept personnes sont reparties avec le formulaire pour réfléchir davantage ", annonce-t-elle visiblement satisfaite. Le taux de passage de cette première étape - tout à fait gratuite - est généralement autour de 55%.

Était-elle surprise de voir cette salle comble le soir d'avant? " La salle, hier, c'était une bonne salle, mais pas une surprise. C'était comme à Nice, à Marseille ou Lyon ", commente Manon Boucher. À coup de 200-300 personnes, son cheminement face à l'objectif du Québec d'accueillir toujours plus d'immigrants semble fait de pas substantiels. Et pour cette fois à Bordeaux: mission accomplie! D'un jour à l'autre environ 60 personnes recevront leur invitation à déposer officiellement une Demande de certificat de sélection, en n'oubliant pas d'y inclure les 300$ de frais. Dans environ six mois, une bonne proportion (autour de 85% seront sélectionnés) s'apprêtera à partir vivre au Québec. Sans doute moins à Québec que si la ville avait été plus proactive à les attirer jusque dans la capitale, un certain mercredi 2 octobre tout ensoleillé de 2002!

UN DOCTORAT D'HONNEUR POUR JEAN-PAUL L'ALLIER

" Le local est la nouvelle horloge du temps mondial, sent Jean-Paul L'Allier, en devenant maire en 1989 ", selon l'éloge qui lui fut fait à l'Université Montesquieu à l'occasion de sa première remise d'un Doctorat honoris causa. Le maire de Québec a aussi pu savourer pour la première fois de sa vie un tel honneur en compagnie de ses amis de Bordeaux durant " La Semaine de Québec à Bordeaux ".


Jean-Paul L'Allier a reçu son Doctorat honorifique des mains du recteur de l'Université Montesquieu.

Dans son discours de réponse, Jean-Paul L'Allier a tenu à rappeler que selon-lui: " La ville d'avenir est une ville qui a un devoir international. Le devoir de chercher des partenaires avec qui elle peut avoir un maximum d'échanges ". Des mots qui résonnaient très bien dans ce contexte de fête de 40 ans de jumelage entre les villes de Québec et de Bordeaux.

RENCONTRES CHAMPLAIN-MONTAIGNE: LA 2E ÉDITION CONFORTE LA FORMULE

Le premier défi de cette seconde édition des Rencontres Champlain-Montaigne était certainement de démontrer la pérennité du jeune événement. En février 2000, la signature de l'entente créant cette initiative transatlantique de partenariat universitaire démarrait un cycle: Québec en septembre 2001 et Bordeaux en septembre 2002. Un cycle introductif, volontairement plus rapproché, qui laissera dorénavant place à un rythme biennal: les 3e Rencontres Champlain-Montaigne seront à Québec en 2004, les 4e à Bordeaux en 2006 et il y aura retour à Québec en 2008, en cette année de son 400e anniversaire de fondation.

La participation à Bordeaux aura été plus soutenue que celle à Québec en 2001. C'est déjà une bonne nouvelle. Mais les organisateurs ont compris que la direction à prendre est celle de spécialiser les " Rencontres " sur des thèmes plus spécialisée à l'avenir. Il ne serait pas surprenant que l'événement de 2004 soit appelé sur le thème de l'agroalimentaire et le nutraceutique, par exemple. Mais ce sont des choses qui restent à être confirmé. Chose certaine, l'événement est maintenant là pour rester.

Les deux journées de présentations scientifiques à Bordeaux auront, par exemple, révélé les dessous de cette impressionnante histoire " Des photons au pays du vin "!

Le projet de LASER MEGA JOULE (LMJ), ce megalaser qui fera 300 mètres de longueur et coûtera au moins 2,5 milliards d'euros, fait en effet vibrer beaucoup de monde à Bordeaux. Depuis la décision politique de son implantation à Bordeaux, en 1995, ça bouge (particulièrement parce que la vision politique imposait aussi que le LMJ, militaire, développe une application civile en accompagnement): 1996 lancement du projet ELIA; 1998 création du CELIA (Centre lasers Intenses et Application). Il y a aussi la PALA: Plate-Forme d'Application Laser en Aquitaine, mise sur pied pour appuyer et développer l'industrie. Une industrie qui a déjà des noms dans le secteur privé: Dix-Quinze, Novalase, Amplitude Systèmes, Syclope Électronique, Laser Technologies et St-Gobain sont déjà des entreprises bien vivante à Bordeaux autour de cette filière pleine de promesses. On parle même d'une " Route des lasers " entre Bordeaux et Arcachon!

Belle initiative de cette seconde édition des Rencontres Champlain-Montaigne, l'implication de quatre jeunes de Québec dans des ateliers parallèles sur les problématiques jeunesses. Un succès de foule! Une des contributions qui impliquaient le Conseil régional de concertation et développement de Québec (CRCDQ) qui montre bien toute la profondeur que peut avoir l'effet d'un jumelage entre deux villes.

Autre exemple de ce foisonnement de liens divers: le Diplôme d'études supérieures en affaires publiques et représentation des intérêts, un programme offert conjointement par l'Université Laval et l'Institut d'études politiques de Bordeaux depuis l'automne 2002. Le programme s'adresse aux praticiens et futurs praticiens qui visent un complément de formation permettant précisément d'arrimer une première formation universitaire à une pratique de représentation plus efficace en société et en rapport avec les instances de décision politique. Son directeur est le professeur de science politique
Raymond Hudon ( Raymond.Hudon@pol.ulaval.ca ) qui était également le co-président des Rencontres Champlain-Montaigne avec un collègue bordelais.

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