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Les pays qui manqueront le «virage de la génomique» se condamnent à la pauvreté!

par Daniel Allard

Le constat se veut très dur: Les pays - comme les individus d'ailleurs - qui ignoreront de s'intéresser au virage de la génomique se dirigent carrément vers la pauvreté. Dans son article sur le sujet paru dans le quotidien Le Soleil, le 4 octobre 2002, la journaliste Annie Morin insiste sur l'avertissement servi par Juan Enriquez. Ce directeur du projet des sciences de la vie à l'École de commerce de l'Université Harvard était parmi les conférenciers vedettes de BioContact Québec 2002. Ce «must» des événements canadiens de partenariat en biopharmaceutique, attirant plus de 1200 personnes pendant trois jours d'octobre au Château Frontenac, était une tribune parfaite pour l'auteur de As the Future Catches You, un livre à succès sur les conséquences de la révolution génétique.

Madame Morin explique aussi que selon Juan Enriquez: « (...)la publication de la séquence du génome humain, en février 2001, est un événement au moins aussi important que la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb, en 1492. Seulement, la majorité des gens n'en a pas pris conscience encore. »

L'IMPORTANCE D'APPRENDRE LE LANGAGE DE LA VIE

La génomique est la science des gênes et des enjeux génétiques. Elle est ainsi au coeur de ce qui constitue la vie. « Si vos enfants ne comprennent pas le langage de la vie, ils ne comprendront pas la nouvelle dynamique de l'économie mondiale. Alors ils seront tenus à l'écart du changement et condamnés à la pauvreté. Même chose pour les pays qui refusent d'investir dans la génomique... Tout le monde n'a pas à devenir un scientifique, mais il faut avoir une masse critique dans votre région qui comprend la science, qui la maîtrise, pour faire vivre vos restaurants, vos hôtels, vos librairies. Parce que la clé de la création de la richesse aujourd'hui, même après le krach du Nasdaq, c'est la capacité de faire et de vendre la connaissance », a aussi expliqué Juan Enriquez en entrevue au Soleil.

Un avenir
régit par la
«loi de Singapour»?

Allant au bout de son raisonnement, l'homme croit donc fermement que les clés du progrès sont maintenant entre les mains des petits pays sans ressource naturelle, sans richesse accumulée, sans pouvoir diplomatique, bref sans rien à perdre, qui ont compris qu'il faut éduquer les gens avant toute chose, ce qu'il appelle, avec une image forte et très concrète, la «loi de Singapour»!

Ainsi présentés, le défi et la recette qu'il propose deviennent très simples, mais la démarche est aussi à la limite simpliste. Quoi qu'il en soit, les prédictions de la «révolution génomique» faites par ce professeur ne sont pas pour un avenir rapproché. Le clonage humain sur commande, la nourriture génétiquement modifiée pour prévenir les maladies, voire les cartes d'identité comprenant les prédispositions génétiques du porteur, autant d'innovations - déjà envisageables avec la science d'aujourd'hui - qu'il anticipe, soulèvent tellement de défis sociaux, techniques et éthiques, qu'ils démontrent qu'une bonne proportion du potentiel de la dite «révolution génomique» risque tout simplement de ne jamais sortir des laboratoires et du monde scientifique.

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