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Investissement de 40,7 millions $
La région de Québec devient leader sur les recherches internationales sur l'Arctique

par Daniel Allard

C'est l'Université Laval qui coordonnera les travaux du consortium de recherche formé de 40 chercheurs de treize universités canadiennes, de scientifiques issus de quatre ministères fédéraux, ainsi que de partenaires étrangers de plusieurs pays. La collaboration de ces spécialistes de onze pays aura pour retombées de mieux faire connaître les sciences arctiques canadiennes à l'échelle internationale et de quantifier les impacts environnementaux et socio-économiques du réchauffement de l'Arctique canadien. Bref, la région de Québec devient leader sur les recherches internationales sur l'Arctique à partir d'une initiative qui commande un investissement gouvernemental de 40,7 millions $.

Cette somme permettra le financement du Brise-glace de recherche canadien pour l'étude de l'Arctique en mutation et la réalisation de sa première mission scientifique internationale: la mission CASES.

L'annonce a été faite à Québec, le 24 avril 2003, par le recteur de l'Université Laval, Michel Pigeon, en présence du ministre de l'Industrie canadien, Allan Rock, du président-directeur général de la Fondation canadienne pour l'innovation (FCI), David W. Strangway, du président du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG), Tom Brzustowski, et de la députée fédérale de Louis-Hébert et représentante du ministre des Pêches et des Océans, Hélène Scherrer.

À partir d'un financement de Pêches et Océans Canada, le brise-glace Sir John Franklin, d'une longueur de 98 mètres, sera tout d'abord remis en service et modernisé par la Garde côtière canadienne au coût de 3 millions $. Grâce à une subvention de 27,7 millions $ de la FCI, il sera ensuite transformé en une plate-forme de recherche unique au Canada. Ainsi, le Sir John Franklin sera, au cours des 10 prochaines années, au coeur de plusieurs projets multidisciplinaires d'envergure internationale visant à faire avancer la compréhension du climat, de la circulation océanique, de la dynamique des glaces, de la biologie, de la biogéochimie, de la sédimentologie, de la paléocéanographie et de la géologie du secteur canadien de l'océan Arctique.

DÉPART DE QUÉBEC EN AOÛT 2003

Le navire quittera le port de Québec, en août 2003, dans le cadre du Canadian Artic Shelf Exchange Survey (CASES), la première mission scientifique du nouveau brise-glace de recherche. Sa mission d'un an visera à étudier les effets de la fonte de la banquise arctique sur l'écosystème du plateau de Mackenzie. Financé par le CRSNG, au montant de 10 millions $, le Réseau de recherche CASES a pour mission de coordonner, sous leadership canadien, les recherches internationales visant à comprendre et à modéliser la réponse des cycles biologiques et biogéochimiques aux variations du couvert de glace induites par les fluctuations de l'atmosphère et de l'océan sur le plateau de Mackenzie dans la mer de Beaufort.

Louis Fortier, professeur à l'Université Laval et directeur de Québec-Océan, agira en tant que leader scientifique de CASES et c'est Martin Fortier qui sera son coordonnateur scientifique. Il est déjà prévu que neuf pays délégueront une trentaine de chercheurs sur le brise-glace: Belgique, Danemark, Espagne, États-Unis, Japon, Pologne, Norvège, Royaume-Uni et Russie.

« L'Université Laval agira comme un catalyseur afin de permettre aux chercheurs impliqués un maximum de rayonnement. Ce n'est pas un hasard. Nos chercheurs canadiens, et plus particulièrement nos chercheurs des universités québécoises, se sont illustrés avec vigueur depuis plusieurs décennies dans la recherche océanographique », explique le recteur Michel Pigeon.

DES CONSÉQUENCES POLITIQUES

Il faut savoir que la fonte des glaces et de la banquise aura aussi des impacts politiques significatifs. Jusqu'à maintenant, le Canada défend sa souveraineté dans le Grand Nord en considérant qu'il y a un couvert de glace et que des populations y vivent. La disparition de ce « territoire habitable » ne sera donc pas sans conséquences politiques et obligera à établir la théorie canadienne sur de nouveaux fondements.

Si la fonte permettait la naissance d'un trafic maritime important, il faut également parler de conséquences économiques majeures, imposant au Canada rien de moins que la gestion d'un troisième océan.


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Commerce Monde #35