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Dossier
L'INO: 15 ans de lumière
Le centre de recherche « irradie » par ses ententes internationales

par Julie Turbide

Même Seker, le dieu égyptien de la lumière, ne pourrait que se prosterner devant de si belles perspectives d'avenir. Aucun nuage ne semble assez gros pour obscurcir le ciel de l'Institut National d'Optique (INO), organisme leader du Parc Technologique du Québec Métropolitain, et pour cause: l'INO rayonne un peu partout dans le monde grâce à des ententes internationales sur trois des cinq continents. Le slogan du centre de recherche est juste: « La lumière comme vous ne l'avez jamais vue » !

Déjà très largement ouvert sur le monde, comme nous le montrerons dans ce dossier, l'INO a aussi pris l'initiative de s'ouvrir sur son monde, en organisant, le 15 juin 2003, une « Opération portes ouvertes ». Soulignant cette année son quinzième anniversaire, l'INO voulait inviter le public à visiter ses laboratoires et à découvrir ses innovations. Un événement rare dans l'histoire du centre de recherche, qui ne s'était produit qu'une seule fois, il y a cinq ans!

Des agrandissements supplémentaires

L'INO est le plus important centre d'expertise en optique et en photonique au Canada et se classe parmi les plus importants en Amérique. La photonique tire son appellation du mot photon, qui est l'élément constitutif de la lumière, comme l'électron l'est pour l'électronique.

Au cours des quatre dernières années, l'institut a procédé à deux agrandissements majeurs, pour un ajout de 9000 mètres carrés de superficie et un investissement total de 17,5 millions $, financé en grande partie par les gouvernements du Québec et du Canada. Et avec une superficie totale de 18 000 mètres carrés, l'INO entreprendra un troisième projet d'agrandissement de son siège social d'ici 2006. Mais d'ici-là, les toutes nouvelles installations, résultant de la deuxième phase d'agrandissement, seront officiellement ouvertes en septembre 2003. Cette seconde expansion des locaux avait permis l'ajout d'espaces supplémentaires pour les nouveaux employés et la construction de laboratoires supérieurs de type « salle blanche » : des laboratoires légers et modernes, pratiquement vides de poussières en suspension et servant à la fabrication de divers types de guides d'ondes optiques.

DES AVOIRS À LA HAUSSE

Au cours des cinq dernières années, l'INO a vu son chiffre d'affaires doubler et monter en flèche de façon exponentielle. Durant l'année 2002-2003, une quinzaine de nouveaux brevets ont été retenus par le Comité sur la propriété intellectuelle et seront vérifiés dans le but de les faire approuver. Entre-temps, l'INO a vu dix nouveaux brevets être acceptés cette année, pour porter le nombre de ceux-ci à 50. Ces brevets proviennent des innovations technologiques du personnel scientifique et technique de l'institut. Une soixantaine d'autres brevets sont actuellement à l'étude.

Pour les cinq prochaines années, le vent de croissance de l'INO ne s'essoufflera guère. « La compagnie souhaite doubler à nouveau ses effectifs et ses revenus d'ici cinq ans. C'est là notre prochain défi », racontait Robert J.L. Corriveau, vice-président principal, valorisation et développement des affaires, lors d'une entrevue.

DU CINÉMA SANS pellicule?
L'INO maintient et développe un haut niveau de connaissance et de compétence dans 14 technologies principales, regroupées sous trois grands secteurs: Microoptique et microsystèmes (MOMS), Photonique, fibres et lasers (PFL) et Systèmes optiques appliqués (SOA). L'INO innove dans des domaines variés tels que la biophotonique, l'aérospatiale, la biomédecine, les procédés industriels, l'environnement, le transport, la foresterie, la sécurité-défense, l'aérospatiale et les télécommunications. Ces technologies sont d'autant plus utiles pour le contrôle des qualités et des procédés industriels, la détection et télédétection, la télésurveillance, le dépistage médical, la transmission d'information à distance, la reconnaissance d'objets et de formes, la vision de nuit, l'inspection et l'analyse. Les possibilités de recherches sont vastes et les applications, tout autant. « Concrètement », expliquait monsieur Corriveau, « l'INO veut tenter d'ici cinq à dix ans d'instaurer le cinéma numérique, ce qui est déjà possible avec la télévision numérique par exemple. Nous tentons de reproduire la meilleure résolution possible pour une meilleure qualité d'image. Avec la taille des écrans de cinéma, la tâche est importante ! »

L'INO compte 200 personnes, travailleurs et chercheurs; la présence d'une équipe jeune (la moyenne d'âge y est de 35 ans), multiculturelle (27% des scientifiques viennent de pays étrangers) et multidisciplinaire fait la fierté de l'institut.

Mais tout ceci, 15 ans d'efforts, aura-t-il permis à l'INO de faire sa place sur la scène ultra compétitive de la photonique au niveau mondial? Un monde où se sont encore largement les acteurs du Japon et des États-Unis qui occupent la majorité du terrain. Allons-y voir!

DES ENTENTES AVEC LE MONDE

En 15 ans, l'INO a développé une douzaine d'ententes internationales de partenariat, dont la toute récente avec la société américaine BTG International inc. L'INO et BTG s'associent pour la réalisation conjointe de nouvelles créations dans les domaines des fibres optiques, des lasers et des systèmes optiques, pour ne nommer que ceux-là.

En plus du continent américain, l'institut entretient d'étroites collaborations avec ses distributeurs d'un peu partout dans le monde, notamment la France, l'Allemagne, le Japon et la Chine. (Voir tableau ci-contre.) Les desseins sont nombreux: échange de stagiaires, alliances stratégiques et collaborations scientifiques. Trois ententes avec le Japon et les États-Unis demeurent strictement confidentielles, ce qui laisse supposer des projets de plus grande envergure encore.

Cinquante pour cent des partenaires d'affaires de l'INO sont des centres de Recherche et Développement (R&D); la deuxième moitié comprend des universités et des entreprises privées.

Tableau 1
LISTE DES collaborations internationales de l'INO

PAYS DISTRIBUTEURS COLLABORATIONS
France Institut Saint-Louis Échange de stagiaires
  PopSud (regroupement de compagnie Organisation de rencontres entre les compagnies du groupe PopSud et les compagnies d'optiques au Canada
  Plate-forme d'applications des lasers en Aquitaine (PALA) Projets conjoints du développement d'applications industrielles et commerciales en optique
Allemagne Université de Munster Stagiaires à l'INO
  Laser Zentrum Hanover Projets de recherches conjoints ; Échanges de stagiaires
ÉTATS-UNIS BTG Alliance stratégique pour des développements conjoints et l'évaluation de technologies
  Boston Photonics Center Organisation de rencontre avec les compagnies et échange d'informations techniques
  Rensselaer Polytechnic Institute - Center for Automation Technologies Projets de collaboration scientifique
JAPON Moritex Développement conjoint de composantes pour les communications optiques
CHINE Xi'an Institute of Optics and Precision Mechanics Collaboration sur des projets scientifiques
ET EN PLUS 3 AUTRES ENTENTES, CONFIDENTIELLES, AVEC LE JAPON ET LES ÉTATS-UNIS

(Source: Robert Corriveau, INO, juillet 2003)

À la question sur la possibilité d'implanter des bureaux à l'extérieur du Québec en plus des ententes de partenariat, monsieur Corriveau affirmait que la compagnie « jonglait » avec cette idée mais que la création d'un tel projet n'était pas encore envisagée pour le moment. « En fait, nous tentons avec l'Université de Bordeaux, en France, de fonder un centre du type de l'INO là-bas. Il s'agit, encore là, d'un partenariat et nous souhaitons par le fait même développer de plus en plus nos ententes avec le continent européen, comme nous l'avons fait avec les provinces du Québec et de l'Ontario. »

« Ce dont je suis le plus fier, c'est de l'existence même de l'INO et de sa croissance. Un laboratoire d'optique comme le nôtre n'existe à peu près pas dans le monde actuel, à part peut-être en Allemagne. Les entreprises oeuvrant dans le même domaine que nous à l'extérieur du Québec appartiennent pour la plupart à l'État ou à des universités : elles ne sont pas tout à fait en mesure de grossir et de s'épanouir dans leur environnement immédiat. Somme toute, ce qui fait encore plus notre fierté, c'est de voir l'INO performer dans tous les domaines de l'optique », analyse Robert Corriveau, qui tient aussi à dire un mot sur le plus récent partenariat de l'INO avec une entreprise québécoise: Dõ Networks.

« Dõ Networks, sous la présidence de Louis Dupras, œuvre dans le secteur des télécommunications et établira ses locaux dans la toute nouvelle partie de l'INO. Nous instaurerons un véritable partenariat dès le démarrage de l'entreprise », laissait-il savoir à ce propos.

L'INO ET LA RÉGION AQUITAINE
SIGNENT UN PARTENARIAT

«L'expérience et l'expertise acquises depuis 15 ans maintenant par l'INO profiteront à la région de l'Aquitaine. Il va sans dire que nous sommes particulièrement fiers de cette association qui permettra à cette région de mettre en place une structure dont le modèle sera dédié au développement industriel dans le domaine de l'optique et de la photonique », s'est exprimé le président-directeur général de l'INO, Jean-Guy Paquet, alors qu'il procédait à la signature officielle, le 23 mai 2003, d'une entente entre l'INO et la Plate-forme d'application des lasers en aquitaine (PALA), implantée sur le campus de l'Université de Bordeaux 1, dans la région de l'Aquitaine. M. Paquet était accompagné, à cette occasion, du Président du Conseil Régional Aquitaine, Alain Rousset, en présence des premiers ministres Jean Charest et Jean-Pierre Raffarin.

Comme plus important centre d'expertise en optique et photonique au Canada, l'INO a comme mission d'assister les entreprises en vue d'améliorer leur compétitivité et de contribuer à leur développement. L'entente permettra plusieurs modes de collaboration entre l'INO et la région de l'Aquitaine. Parmi ceux-ci, mentionnons :

  • la collaboration pour la mise en place d'une structure de développement industriel en optique/photonique en Aquitaine;
  • la promotion de l'expertise R-D de l'autre partie sur son territoire premier; ainsi, la PALA accepte, dans des domaines prédéfinis, de faire la promotion sur le territoire européen des services de R-D de l'INO; de son côté, l'INO fera de même en Amérique du Nord;
  • la réalisation de projets de recherche conjoints d'intérêt commun pour les deux organisations.

Parmi les domaines d'intérêt commun identifiés, Messieurs Paquet et Rousset ont tenu à identifier:

  • les lasers;
  • la biophotonique et l'agrophotonique;
  • l'instrumentation et la détection active.
  • L'entente est d'une durée de trois ans et renouvelable.

L'INO
SIGNE UNE ENTENTE DE COLLABORATION AVEC
BTG

Par ailleurs, en novembre 2002, l'INO a annoncé la signature d'une entente de collaboration avec la société américaine BTG (LSE : BGC), de West Conshohocken, une entreprise internationale de commercialisation de propriété intellectuelle. Il s'agit d'une entente stratégique de collaboration dans le développement de nouvelles applications en optique et photonique.

En vertu de cette entente, l'INO agira à titre d'expert-conseil auprès de BTG dans l'évaluation du potentiel des technologies émergentes en optique et photonique. Pour sa part, BTG mettra à la disposition de l'INO son expertise en matière de propriété intellectuelle et de transfert de technologies.

Les deux partenaires travailleront conjointement à la mise au point de prototypes et à la création de solutions en photonique dans plusieurs secteurs d'activités, tels la microoptique et les microsystèmes, les fibres optiques, les lasers et les systèmes optiques. Ils travailleront aussi à leur exploitation dans les domaines touchant la biophotonique, les procédés industriels, le transport, la foresterie, la sécurité-défense, l'aérospatiale et les télécommunications.

« L'INO offrira une expertise clé en matière de photonique, de marchés et de clients potentiels et étendra les utilisations de la photonique. En contrepartie, nous gagnerons un partenaire de haut calibre qui nous permettra d'élargir notre portefeuille de propriété intellectuelle pouvant être offerte à nos clients. Nous envisageons une relation longue et prospère » a indiqué le Président-directeur général de l'INO, Jean-Guy Paquet.

« Cette alliance avec l'INO permettra à BTG d'agir comme partenaire de développement pour ses clients en augmentant la valeur de la technologie, l'amenant plus près du marché plutôt que de se limiter à la concession des licences. Nous bénéficierons désormais de l'expérience de l'INO pour cibler des compagnies qui travaillent sur diverses applications de la photonique » a soutenu le Président et chef des opérations de BTG, Anthony V. Lando.

BTG effectue de la R&D et commercialise des technologies émergentes en sciences de la vie et en sciences physiques. Ses innovations sont appuyées par un solide portefeuille de propriétés intellectuelles que BTG développe et accroît continuellement. BTG exploite ensuite la valeur de ses technologies par la concession de licences et le financement d'activités. Depuis ses débuts en affaires, en 1949, BTG a mis en marché d'importantes innovations comme l'imagerie par résonance magnétique (IRM), la protéine recombinante de coagulation du sang de facteur IX, le Campath® (alemtuzumab) et la cellule mémoire multiniveau. Les actions de BTG sont transigées à la Bourse de Londres, sous le symbole « BGC ». L'entreprise dirige ses activités depuis ses bureaux de Londres et de Philadelphie, avec représentation à Tokyo. BTG agit par le biais de filiales lui appartenant entièrement, BTG International Ltd. et BTG International Inc., au Royaume-Uni et aux États-Unis respectivement. On peut obtenir plus d'information sur la société au www.btgplc.com.

 

ET PARTENAIRE DU NOUVEAU PAVILLON DE 45 M$ À L'UNIVERSITÉ LAVAL

Enfin, l'INO et EXFO (l'entreprise leader de la région de Québec spécialisée en fibre optique) sont les deux plus importants partenaires privés dans le projet de construction du nouveau Centre d'optique photonique et laser (COPL). Ce centre, le seul du genre au Québec et le plus important au Canada, sera situé au nord du Pavillon Vachon sur le campus de l'Université Laval. Au coût total de 45 millions $, cet édifice sera un important laboratoire de recherches, en partenariat avec les entreprises privées. Il permettra de mettre en œuvre plusieurs projets et veillera à la formation des nouveaux chercheurs… et professeurs.

Jean-Guy Paquet a reçu la médaille d'or 2003
du Conseil canadien des ingénieurs,
soit la plus haute distinction
accordée par l'organisme
à un ingénieur canadien
pour ses réalisations exceptionnelles

Encore du bon pour l'avenir de l'INO! Avec tout ça, où sera l'INO dans un autre 15 ans? Risquez toujours d'invoquer les dieux Seker et consorts pour faire vos prédictions, mais gageons déjà que le rêve du PDG et fondateur de la boîte, l'infatigable Jean-Guy Paquet, toujours au poste, sera devenu largement réalité!

www.ino.ca


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Commerce Monde #36