LE MOT DE ROUTHIER

Bernard Landry, P. E. Trudeau et R. Lévesque
des politiciens, mais aussi des hommes


Les gens ont encore jeté les hauts cris dernièrement en apprenant que Bernard Landry avait laissé échapper quelques jurons et montré son impatience devant l'insistance des médias à lui faire dire ce qu'il ne voulait pas dire ou à interpréter de la mauvaise façon certaines de ses déclarations.
C'est que l'ex-premier ministre du Québec a consenti à ce qu'un cinéaste, Jean-Claude Labrecque, le suive partout durant sa campagne électorale. Un autre genre de « reality show » quoi !

C'est évident que le politicien qui accepte de se donner ainsi en pâture encourt quelques risques. Comme d'être vu sous son vrai jour par la population. Dans ses meilleurs jours et dans ses pires…

Et c'est ce qui arrive avec le film « À hauteur d'homme ». Le politicien Bernard Landry apparaît dans toute son « hommerie », avec ses qualités et ses défauts. Mais ce qui est sorti dans le public au sujet de ce film plusieurs jours avant qu'il ne soit présenté dans une salle de cinéma, notamment au cinéma Cartier, à Québec, c'est les passages où le politicien est de mauvais poil. Les passages où il critique sans mâcher ses mots certains journalistes. Les passages où il laisse échapper quelques sacres.

Puis après ? J'ai tellement hâte qu'on en ait fini avec le « politically correct » ! Il y a des limites à vouloir qu'un politicien, ou autre personnage public, soit toujours « poli, courtois, hospitalier ». Je l'ai déjà écrit, et c'était aussi au sujet de M. Landry, quand un politicien utilise toujours la langue de bois, quand il fait toujours attention à ce qu'il va dire pour ne froisser personne, pour tenter de contenter tout le monde et son père, ce qui est impossible, on l'accuse de se défiler, de cacher la vérité, d'être même une « lavette ». Mais s'il s'échappe parfois, s'il laisse sa mauvaise humeur s'extérioriser comme ont le droit de le faire tous les gens de la terre, on l'accuse encore. On l'accuse d'être impoli, d'utiliser un langage ordurier.

Qui, pour insister sur la vérité qu'il veut dire, n'a jamais appuyé ses dires par un bon juron ? Qui n'a jamais pesté contre une autre personne qui l'a critiqué, mal interprété ?

Veut-on avoir des politiciens ternes, sans odeur, ni couleur ? Moi, je ne veux pas de cette sorte de politiciens. J'aime quand ces gens sont capables de montrer leur caractère. Je les adore quand ils sortent de leurs gonds parce qu'ils en ont assez de se faire, parlons québécois, « écoeurer » !
Pierre Elliott Trudeau se laissait aller lui aussi à des sautes d'humeur… remarquables et à des traits d'humour à tout le moins « politically incorrect ». Que je sois d'accord ou en désaccord avec ses politiques, il n'en reste pas moins que je l'admirais pour cette façon qu'il avait d'être un homme.
Un autre politicien coloré c'est notre ancien premier ministre du Québec, René Lévesque. Lui aussi savait piquer de saintes colères, critiquer les journalistes, bien qu'il en était un lui-même, laisser échapper quelques sacres.

Ces politiciens n'en sont que plus sympathiques, à mon avis en tout cas. Ça me rappelle un autre politicien, grand orateur et personne de classe. Il s'agit d'un autre ex-premier ministre du Québec, M. Jean Lesage. De quelles colères tonitruantes était-il capable cet homme ! Je l'ai déjà vu «engueuler» de belle façon un tout jeune homme qui travaillait dans son cabinet. Ce jeune avait pur nom Raymond Garneau. Un futur ministre, oui. C'était lors d'un voyage aux Iles-de-la-Madeleine. Et il savait bien sacrer ce distingué M. Lesage.
Cessons d'obliger les politiciens à ne pas être eux-mêmes en public. Cela fera une raison de moins pour les traiter d'hypocrites, de lavettes ou d'hommes sans échine.

L'escalier français
Descendons d'un palier. Du « provincial », allons au « municipal ». La population de la ville de Québec s'est émue ( ! ) et jeté les hauts cris devant l'idée qu'a lancée à la volée le maire de la capitale, Jean-Paul L'Allier, que la France pourrait offrir un cadeau de 25 millions $ à Québec à l'occasion de son 400e anniversaire. Moi, je suis content que M. L'Allier ait sorti ce lapin de son chapeau. À mon avis, c'est là un très beau projet qui rehausserait encore d'un cran la réputation de la capitale, reconnue comme l'une des plus belles villes au monde. Un immense escalier élégant, avec une place publique, comme on en trouve de jolis en Europe, ajouterait à la beauté de la ville de Champlain et assurerait un lien formidable entre le bas et le haut du cap.

Si M. L'Allier réussit à convaincre son ami président de la France Jacques Chirac, ex-maire de Paris, à nous offrir un tel cadeau et que la réalisation du projet n'entraîne pas des coûts exorbitants pour les citoyens, bravo ! Une belle ville attire les touristes et stimule l'économie.


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Commerce Monde #37