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Parmi les trois meilleurs au monde
Claude Pinault raconte comment le Centre des congrès de Québec a gagné ses lauriers

par Daniel Allard

Devancé que par Bilbao, en Espagne, le Centre des congrès de Québec a été reconnu deuxième meilleur au monde, ex equo avec l'autre finaliste, le Palais des congrès de Sofia, en Bulgarie, au début de l'été. L'année 2003 devient donc une année de consécration pour l'équipe que dirige Claude Pinault depuis l'ouverture des nouvelles installations de Québec. Nous avons rencontré monsieur Pinault, afin de bien comprendre les détails de cet accomplissement.

En adoptant le plan d'affaires pour la période 1999-2004, les dirigeants du Centre des congrès de Québec identifiaient aussi une vision d'avenir: se classer de niveau mondial. L'objectif impliquait donc de trouver un tiers parti en mesure de reconnaître un tel accomplissement. On était en 1998 et la question restait ouverte. C'est de Bruxelles, du siège sociale de l'Association internationale des Palais des congrès (AIPC), qu'est finalement venue l'opportunité de prouver la valeur du travail accompli à Québec.

« L'AIPC, dont nous sommes membres, a développé le concours APEX Awards, en association avec l'université allemande Heilbronn, qui le gère. Le concours en était à sa quatrième édition en 2003 et nous avons pris la décision de poser notre candidature », explique Claude Pinault, pdg du Centre des congrès de Québec. Avec ses 130 membres provenant de 49 pays, et bien qu'elle compte peu de membres des États-Unis, l'AIPC peut être considérée comme la véritable association qui compte, au niveau mondial, en matière de centre des congrès. Et le concours créé sur le sujet vise carrément à mesurer la satisfaction des clients internationaux des centres des congrès capables de s'y qualifier. Les gens de Québec avaient donc ce qu'ils cherchaient!

« Pour se qualifier, il fallait avoir entre 20 et 30 clients internationaux et qu'au moins 10 de ceux-ci retournent le questionnaire détaillé du coucours », précise-t-il. Ce qui explique que seulement 17 candidatures se soient qualifiées cette année, dont Québec. Et ce n'est certainement pas le coût d'inscription au concours qui limitait le nombre de concurrent, car il ne fallait verser que 250 euros (un peu plus de 300 $CAN), histoire d'éponger les frais encourus pour l'université allemande gestionnaire de cette initiative.

Pas moins de 65 aspects étaient abordés par le questionnaire. Des informations qui valent évidemment de l'or pour les gestionnaires qui peuvent les analyser par la suite.

FORCES ET FAIBLESSES DE QUÉBEC

Pour la région de Québec, le critère des facilités d'accès à la destination a fait mal : « Québec a probablement perdu la première place à cause de ça... Je le pense », analyse Claude Pinault, cependant content de voir que d'autres voix très crédibles disent la même chose que lui. Le manque de liaisons aériennes internationales reliant directement la ville de Québec est un problème chronique nié par personne. Mais de tels témoignages de l'extérieur donneront du poids à ceux d'ici qui comptent en dollars perdus les conséquences de cette problématique de l'accès à la destination.

Continuant d'analyser les résultats, le pdg pointe une autre défaveur pour Québec qui en surprendra plusieurs: « La section « hôtel » n'est pas aussi forte qu'on le voudrait. D'abord pour la disponibilité, mais même pour le coût. Nous avons des cas où nous arrivons plus cher qu'à Toronto, auriez-vous imaginé ça? », poursuit Claude Pinault.

Faut-il en comprendre que Québec manque de chambres d'hôtel? « Pour nous, ce n'est pas le nombre de chambres disponibles qui compte, mais bien le nombre de chambres que les grands hôtels veulent bien nous accorder », nuance-t-il. Dans une logique purement hôtelière, il n'est pas très avantageux de garantir trois ou quatre ans à l'avance un grand nombre de chambres à un prix de faveur. Ce qui fait que les grandes chaînes hésitent largement à le faire et qu'à Québec, le Centre des congrès se retrouve souvent en pénurie de chambre à prix intéressant pour sa clientèle de congrès.

« L'arrivée du Marriott est un bon plus que je tiens à souligner. Il en faudrait d'autres. Aux États-Unis, il y a des Convention Hotel. Dédiés aux congressistes, ils sont souvent construits par la ville, qui les donne ensuite en gestion à de grandes chaînes privées. Ces dernières sont alors très contentes, car elles n'ont pas à investir pour construire »(...)

Il faudrait un outil
permettant de mesurer la capacité
selon la clientèle

« Ce qu'il faudrait, c'est un outil permettant de mesurer la capacité selon la clientèle. On n'a pas de données en cette matière dans la région de Québec (selon-lui, l'Office du tourisme, ni personne d'autre, n'a jamais fait ce genre d'analyse)... Moi, je suis pour une gestion intégrée de l'offre. Autrement, on n'arrive pas à maximiser notre potentiel... On a donc un beau défi à intégrer toute notre industrie touristique et culturelle en matière de capacité d'accueil », expose ici Claude Pinault, manifestement à la recherche de solutions.

Ce qui soulage sûrement cet homme d'action très respecté à Québec, c'est de constater que les deux aspects ayant affaibli la candidature du CCQ au concours de l'AIPC n'ont pas à voir directement avec la gestion du Centre des congrès en lui-même. Un constat aux odeurs d'excellence pour l'équipe de Claude Pinault. Rappelons que ce sont les réponses des clients internationaux à un sondage qui déterminaient le classement lors dudit concours.

Claude Pinault
visait
le sommet

« Honnêtement, je visais la première place! Sur la base de notre propre expérience client, j'avais toutes les raisons de viser si haut», avoue le pdg. Mais il n'est évidemment pas déçu de la tournure des événements, car cette deuxième position démontre que tout n'est pas parfait et que, par exemple, la question des facilités d'accès est un véritable problème. « Cette fois, ce n'est pas moi qui le dit... » insiste-t-il.

« Sur la nourriture, on est très fort, pas très loin du premier », se plait-il de préciser. Et la qualité de la nourriture, c'est capital dans cette industrie!

« Aux États-Unis, le marché en est d'abord un d'exposition et, après, de congrès. C'est pourquoi ils se permettent de donner leurs salles. Nous, on concurrence cela sans capacité d'exposition comparable. Nous sommes ainsi beaucoup plus proche de la manière européenne de gérer cette industrie. C'est donc très valorisant de se faire dire par les Européens, qui nous ressemblent, que nous sommes bons! », conclut-il sur le sujet.

RENDEZ-VOUS À QUÉBEC EN 2005

La reconnaissance internationale qui vient d'être accordée au Centre des congrès de Québec, au titre d'un des trois meilleurs centres des congrès au monde selon l'Association internationale des Palais des congrès, lors du rendez-vous de Mannheim, en Allemagne, en 2003, n'aura d'ailleurs pas mis de temps à rejaillir positivement sur la ville!

« Effectivement, je ne suis pas peu fier de les recevoir en 2005 », savoure Claude Pinault. Cette fois devant les villes de Rio et Istanbul, qui étaient aussi en lice, c'est Québec et son Centre des congrès qui accueilleront la 47e Assemblé générale annuelle de l'AIPC (après le rendez-vous écossais d'Édimbourg en 2004).

Ce qui démontre déjà comment le Centre des congrès de Québec engrange des arguments de grande qualité pour encore améliorer ses performances dans les prochaines années. Des performances qui sont d'ailleurs d'un ordre de grandeur colossal, car selon la Chambre de commerce de Québec, pour l'année financière 2001-2002, la valeur ajoutée du Centre des congrès dans la région aura été de 49 M$ d'argent neuf provenant des visiteurs et des délégués de l'extérieur de la région et du Québec.

Des performances qui donnent déjà d'autres résultats positifs, puisque l'équipe marketing vient aussi de confirmer que le Congrès mondial des bibliothécaires se tiendra à Québec en 2008. L'Association internationale des bibliothécaires (International Federation of Library Associations & Institutions) ayant favorisé la ville de Québec, devant Rome, Dublin, Kuala Lumpur et Singapour. La dernière fois que le congrès mondial de cette association s'est tenu au Canada, c'était en 1981, à Montréal. Pour toute une semaine, du 9 au 15 août 2008, Québec attend maintenant ces 4000 studieux congressistes.

NAISSANCE D'UNE ASSOCIATION
AU CANADA

Outre l'Association internationale des Palais des congrès, au niveau mondial, il existe aussi une formule canadienne, toute en émergence, de collaboration entre gestionnaires des centres de congrès. Il y a quatre ans débutait la tradition d'une réunion annuelle des dirigeants des centres de congrès à l'échelle canadienne. Et le besoin d'aller plus loin s'est vite fait sentir!

« Maintenant, nous avons un nom: Centres de congrès du Canada, et nous sommes en voie de devenir une association selon les règles. Déjà nous sommes reconnus comme « Club de produit » par la Commission canadienne du tourisme », explique Claude Pinault, pdg du Centre des congrès de Québec.

FAUT-IL AGRANDIR LE CENTRE DE FOIRES?

« Les centres des congrès qui font le plus leurs frais sont ceux qui ont le plus large spectre d'activités complémentaires et ont une masse critique d'événements. Certains gèrent, par exemple, un aréna, un Concert Hall, un centre de foires, un stationnement... À Québec, je ne gère que le centre des congrès. »

(...)« Agrandir le Centre de foires? Je ne suis pas contre. La structure du Centre des congrès vieillit de dix ans d'un coup avec une activité comme les Floralies, par exemple. On ne peut pas tout faire! » Avec son offre globale de 100 000 p2, à côté du Centre de foires de Québec qui en offre actuellement 200 000 et qui souhaite maintenant augmenter cette capacité à 300 000 p2, Claude Pinault se fait bon joueur. « Moi aussi j'aimerais accueillir le Salon de l'auto! Mais que voulez-vous! », poursuit-il.

Là où il est plus cinglant, c'est lorsqu'on le questionne sur le mécanisme de concertation qui avait été promis pour que les équipes de vente des deux infrastructures travaillent main dans la main, lorsque fut prise la décision de construire un centre de foires indépendant du centre des congrès: « Ça n'a jamais véritablement fonctionné. C'est deux philosophies: le Centre de foires relève du palier municipal; moi gouvernemental. Je paye des taxes; pas eux! On ne se parle pas comme c'était supposé... Une dynamique est encore à trouver avec eux », expose sans conviction le gestionnaire d'expérience.

Ce qui le préoccupe davantage, c'est le dossier de l'agrandissement de ses propres infrastructures. Disons plutôt le projet de mise à niveau de la section du vieux centre des congrès. Une affaire de plus en plus urgente!

LE TEMPS PRESSE POUR CONFIRMER LA RÉNOVATION DU VIEUX CENTRE DES CONGRÈS

« Notre vieux centre se meurt. Il a 30 ans. Son plancher a la pyrite. Il gonfle et l'on a même dû couper des portes... 30% de nos revenus proviennent tout de même de cet équipement. »

« Le projet de tour à bureaux avec réfection complète de la galerie marchande et du vieux centre des congrès est présentement sur la glace depuis l'arrivée du nouveau gouvernement, alors que la nécessité de rénover le centre des congrès ne fait pas de doute. Ce qui n'est pas clair, c'est que faire de la tour et de la galerie marchande. »

« Au départ, tous les éléments étaient attachés. On ouvrait les planchers et intégrait carrément les boutiques et toute la galerie marchande dans un immense hall ouvert permettant à nos congressistes de rejoindre l'un ou l'autre de nos équipements en déambulant devant les boutiques. Maintenant, je me tourne sur mon plan B. C'est-à-dire de nous rénover le plus vite possible, indépendamment du reste », explique Claude Pinault, qui trouve que le temps presse.

« Nous avons une fenêtre d'opportunité entre le 21 mai 2005 et le 31 mars 2006. Car il ne faut pas que nous nous retrouvions obligé de déplacer trop de clients d'un équipement à l'autre sans en perdre...

Tout est entre les mains de la Société immobilière du Québec (SIQ) et du gouvernement du Québec. On pense qu'à l'automne, soit dans les prochains mois, le gouvernement doit se commettre, s'il veut cadrer dans ce calendrier », précise-t-il.

La SIQ avait acheté le mail de l'ancien propriétaire, Trizec, il y a quelques années. N'arrivant pas facilement à intéresser des investisseurs du secteur privé, la société d'État planche depuis sur un projet de plusieurs dizaines de millions $ qui ajoute une tour de plus de dix étages à l'angle nord-est du complexe actuel, en proposant d'y loger des fonctionnaires. Mais le nouveau gouvernement élu en avril dernier n'est pas encore convaincu de ce scénario. Et lui, penche-t-il personnellement plus en faveur du plan d'origine ou du plan B? « Mon feeling, c'est le plan B. Il faudrait alors six mois de travaux », avance Claude Pinault.

QUÉBEC: 4e VILLE TOURISTIQUE
EN AMÉRIQUE DU NORD

Après les notes attribuées plus tôt cette année par Conde Nast Traveler, pour qui Québec est au 6e rang des destinations « étrangères » et au 10e rang lorsqu'on inclus les destinations nord-américaines, les lecteurs de Travel and Leisure viennent de classer la capitale québécoise au 4e rang de leurs destinations nord-américaines préférées. Les résultats de ce sondage ont été dévoilés dans l'édition d'août de ce magazine, parmi les plus importantes publications de voyage au monde et tirant à plus d'un million de copies.

Toujours selon Travel and Leisure, la ville de Québec n'est dépassée que par New York, San Francisco et Santa Fe. Et elle a devancé Vancouver (5e), la Nouvelle-Orléans (6e), Chicago (7e), Charleston (8e), Victoria (9e) et Montréal (10e). Les critères d'évaluation étaient: qualité du site, de la vie culturelle, de l'hébergement, des restaurants, du magasinage, de l'accueil de la population et le rapport qualité/prix de la destination.

www.convention.qc.ca

www.aipc.org


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Commerce Monde #37