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Analyse
La Terre en folie
Chaque vache laitière de l'UE est mieux soutenue par l'Europe que chaque habitant de l'Afrique noire

par Daniel Allard

L'image de la solidarité internationale vient de manger une méchante claque! Une statistique d'un récent rapport du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) démontre que chaque vache laitière de l'Union européenne reçoit un soutien plus important que le montant offert par l'Europe à chaque habitant de l'Afrique sub-saharienne.

Que sommes nous lorsqu'on aide mieux des vaches que ses semblables? Je vous laisse réfléchir trois secondes... (1... 2... 3...)

L'OMC ne promet pas le paradis sur Terre, mais au terme de huit cycles de négociations en un demi-siècle d'évolution de cette mécanique diplomatico-économique, le tarif industriel moyen est passé de 40% à moins de 4%. Un énorme plus pour la liberté de commerce, à laquelle il faut maintenant travailler à ajouter l'équité. Encore plus que jamais il faut souhaiter une organisation équitable du commerce.

Car il ne faut pas penser que cette histoire de vaches européennes bien portantes est une exception. L'Amérique n'agit pas plus noblement. Le même récent rapport du PNUD souligne que les subventions accordées aux producteurs de coton aux États-Unis sont trois fois plus importantes que l'aide du pays à l'Afrique sub-saharienne.

Dans un récent texte d'opinion («De la mondialisation à la communauté mondiale», Le Soleil, 2 août 2003, p. D5) le président de Droits et Démocratie, Jean-Louis Roy, soutient l'idée qu'à la récente conférence de l'OMC à Montréal: «Le désordre économique global a été exposé dans une lumière crue. » Pour un organisme international comme l'OMC qui ne vise qu'à mieux réglementer le commerce international, ce constat de « désordre économique global » sent l'échec cuisant!

Les mots de cet ex-directeur général de la Francophonie ne sont pas tendres. Parlant des comportements commerciaux de la « zone développée du monde » (Amérique du Nord, Japon et Union européenne), en matière d'agriculture et d'accès aux médicaments, il affirme que cette « (...)machine à produire de la pauvreté doit être démantelée. Les politiques protectionnistes des pays riches mises à la casse. »

Et qu'importe si cette mini-conférence d'une vingtaine de ministres des pays membres de l'OMC n'a rien décidé, elle a, selon-lui, « (...)clairement identifié l'ensemble des composantes d'une situation explosive produite par des règles inéquitables aux conséquences dramatiques ». Encore un vibrant appel à l'indispensable équité!

LE PASSAGE DE LA MONDIALISATION À LA COMMUNAUTÉ MONDIALE

Le vocabulaire de Jean-Louis Roy est encore plus rafraîchissant lorsqu'il parle de ce passage à peine amorcé de la mondialisation à « la communauté mondiale » qui s'exercerait progressivement. Observant que les tâches communes que révèle la mondialisation ne cessent de s'étendre, il invite à bâtir des politiques pour satisfaire « les besoins sociaux de base de la communauté mondiale ». Par exemple, il faut, croit-il, soutenir « une politique qui place la sécurité alimentaire avant la simple croissance du commerce ». Même genre de constat du côté des médicaments: ce « scandale colossal », auquel il faut « un autre système de production et de distribution... à l'échelle globale du monde ».

« Faire cohabiter l'économie de marché et un régime de reconnaissance des droits sociaux au sein d'une politique mondiale commune constitue le premier défi de ce temps », lance un Jean-Louis Roy qui voit ici un antidote à l'incivilité, aux conflits, à la violence et au terrorisme.

L'incivilité! Beau mot recherché... pour des maux qui appellent donc à un devoir de civisme.

Que sommes nous lorsqu'on aide mieux des vaches que ses semblables? Je vous laisse le reste de vos jours pour réagir!


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Commerce Monde #37