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Commerce Monde

PRIX RAYONNEMENT HORS QUÉBEC 2003




C'est dans le cadre de la soirée du Gala des Grands Québécois que le Prix Rayonnement Hors Québec, parrainé par Développement Économique Canada, est remis. Cette distinction, qui existe depuis 1995, salue les gens d'affaires qui, par leurs réalisations et leur dynamisme, contribuent au rayonnement de Québec à l'étranger. La Chambre procède au dévoilement d'un finaliste par mois à l'occasion de son déjeuner-causerie mensuel.

Les 6 finalistes sont choisis selon les critères suivants :
- rayonnement Hors-Québec;
- association du candidat ou de l'entreprise à la région;
- retombées économiques, sociales ou culturelles pour la région et
- reconnaissance dans le secteur d'activité.

 

Les finalistes au Prix Rayonnement Hors Québec 2003-2004 sont:
M. Sylvain Harvey, président, Éditions Sylvain Harvey (SEPTEMBRE)
M. François Guérard, président, Dynagram (OCTOBRE)
M. Marc A. Boutet, pdg, De Marque (NOVEMBRE)
M. Benoit Côte, pdg, Victhom Bionique Humaine (DÉCEMBRE)
M. Guy Brochu, président, Alu-Rex (JANVIER)
et JORANE, (FÉVRIER)

Monsieur Sylvain Harvey
FINALISTE DE SEPTEMBRE

Entrevue avec Sylvain Harvey
Il veut répéter ce succès ailleurs dans le monde

par Daniel Allard

Avec la récente version en chinois mandarin, Histoire de Voir Québec devient le livre sur Québec le plus traduit (165 000 copies) étant aussi déjà disponible en français, anglais, espagnol, portugais, allemand, italien et japonais.

Mais Sylvain Harvey, le fondateur et propriétaire des Éditions Sylvain Harvey, n'entend pas s'arrêter là. « On est en train d'atteindre le plein au niveau des langues. Il reste éventuellement l'arabe, voire le hindi pour l'Inde et son milliard d'habitants... La croissance de l'entreprise, je la conçois maintenant via le développement d'autres produits comparables dans d'autres régions et villes du Québec et d'ailleurs », explique-t-il, sans vouloir confirmer aucun projet précis à cet égard.

Il continuera certes à multiplier les ententes de partenariat avec des organismes stratégiques de Québec. Il a par exemple dans sa cible Le Cercle des Ambassadeurs de congrès et de réunions d'affaires de la région de Québec. Il souhaite également une entente plus globale avec la Ville de Québec, et particulièrement son nouveau Commissariat aux relations internationales. Il veut aussi que beaucoup plus d'entreprises de la région de Québec utilisent son magnifique livre: « Déjà 300 l'ont fait, mais beaucoup ne nous connaissent pas encore. » Il prépare d'ailleurs une importante campagne de marketing, qui utilisera la publicité et des envois directs du livre dans les entreprises.

« Nos clients ne sont pas obligatoirement des entreprises actives à l'international. Le bureau de comptables à Québec de Mallette, qui n'exporte pas ses services, a utilisé notre livre pour se faire connaître au sein même du groupe Mallette ailleurs dans le monde. Autre exemple, les avocats Heenan, Blaikie, Aubut ont fait une opération comparable pour recevoir les autres membres de leur groupe au Canada lors d'une réunion tenue à Québec », raconte Sylvain Harvey.

Bien que son marché principal ne passe pas par là, il continuera aussi de participer à des salons internationaux, comme ceux de Paris, Genève et Frankfort, via le regroupement Québec édition. Et en novembre 2003, Histoire de voir Québec sera au Salon du livre de Guadalajara, l'un des plus importants événements internationaux de ce type avec 425,000 visiteurs « et plus gros salon au monde pour la cession de droits », précise l'homme d'affaires.

La croissance passera également par l'élargissement de sa collection, qui déjà est loin de se limiter aux versions multilingues de Histoire de voir Québec : « Nous éditons également 17 autres publications, dont le guide Mexique et Amérique centrale, et Québec, les images témoignent, un autre magnifique livre-photo lancé fin 2001, plus volumineux avec 150 pages, fait en collaboration avec la Commission de la capitale nationale du Québec, qui compare des photos de Québec aujourd'hui et de Québec il y a un siècle. »


Monsieur François Guérard
FINALISTE D'OCTOBRE

    Jean Falardeau, vice-président Location, Société immobilière Dupont, président du comité Prix Rayonnement Hors Québec, Patrick Simard, président, Chambre de commerce de Québec, Claire Marrier, conseillère, Développement économique Canada (partenaire du Prix Rayonnement Hors-Québec), Raymond Déry, superviseur équipe de Québec, Développement économique Canada (partenaire du Prix Rayonnement Hors-Québec) et François Guérard, président, Dynagram, finaliste au Prix Rayonnement Hors-Québec

Entrevue avec François Guérard
Le pdg de Dynagram n'a pas l'intention de rester que #3 mondial très longtemps

par Daniel Allard

«Le nerf de la guerre, c'est la mise en marché!» Cette petite phrase, lancée en début d'entrevue, montre bien ce qui préoccupe quotidiennement le pdg de Dynagram : vendre, vendre et vendre! Sur tous les fronts à la fois, en plus! Et c'est lorsqu'on demande à François Guérard la stratégie de son entreprise que l'on mesure toute la détermination mise à viser le sommet : « Notre stratégie, c'est d'augmenter nos parts de marché; d'élargir la gamme de produits; de croître par acquisition et aussi à l'interne ».

Et si on lui demande pourquoi pense-t-il pouvoir réussir sur tous ces fronts à la fois, la réponse vient sans hésitation : « Parce que nous sommes soutenus par des partenaires financiers solides: Investissements Desjardins, la Caisse de dépôt et Placements du Québec et Innovatech », lance-t-il avec assurance.

« On maîtrise bien la distribution(...) On contrôle la vente directe et nos revendeurs en Amérique du Nord. On fonctionne avec des distributeurs, ailleurs dans le monde, et on vise maintenant de plus en plus le eManufacturing», ce dernier élément, qui réfère en particulier au concept OEM (Original Equipment Manufacture), étant considéré comme le marché de l'avenir, selon François Guérard.

Pour bien tenir la route, devant une concurrence de niveau mondial, l'entreprise se fait un devoir de participer aux grands rendez-vous que sont les foires Graphics of the Americas (qui regroupe des gens d'une trentaine de pays d'Amérique latine à Miami chaque année et qui se tiendra du 23 au 25 janvier en 2004) et GRAPH EXPO / CONVERTING EXPO (le rendez-vous annuel de Chicago, qui se tiendra du 10 au 13 octobre en 2004 et qui une fois par quatre ans prend le nom de PRINT 01 ).

SEULEMENT 4 OU 5 VÉRITABLES COMPÉTITEURS DANS LE MONDE

Aimeriez-vous travailler dans une industrie qui ne compte qu'une demi douzaine de compétiteurs à peine? C'est le lot de l'équipe d'une quarantaine de personnes qui travaille avec François Guérard. En effet, la concurrence est très restreinte dans le monde de l'imposition (une des étapes dans la chaîne de production de l'impression d'un document) : « Nous avons 4 ou 5 véritables compétiteurs dans le monde… et nous pensons que nous sommes les 3e au monde », affirme-t-il.

Ce 3e rang mondial, pour une entreprise de Québec de moins de cinquante employés, « (...)en croissance, mais qui vient de passer à 45 employés », selon les mots du pdg, a de quoi surprendre tous les néophytes du milieu de l'impression. Mais pas les gens qui connaissent bien François Guérard! Parce que ce travailleur acharné n'a qu'une idée en tête : devenir LE leader mondial. Et les deux premiers leaders, il les connaît très bien; ne rêvant que de prendre leur rang.

« Le #1 est incontestablement ScenicSoft », concède-t-il. Une compagnie des États-Unis qui a été achetée par CREO, une entreprise de Vancouver, à l'automne de 2002. Et l'autre leader, EFI (Electronic For Imaging), il a fait récemment une entente avec ce #2 (une entente de type OEM qui lie - ils disent alors qu'ils font du « bundling » dans le jargon du métier -le produit de Dynagram à la solution globale que vend EFI) qui toucherait « …un chiffre d'affaires potentiel de un milliard $US » laisse-t-il filtrer dans la discussion. (Une autre entreprise du Québec, Ultimate Technographie, est aussi parmi les leaders mondiaux de cette industrie, mais cette compagnie de Montréal traverse actuellement une période très difficile est ce retrouve même en situation de redressement financier.)

Mais pourquoi une telle concentration dans cette industrie de l'imposition? « Parce que la technologie est semblable partout à travers le monde. D'Asie ou d'Europe, encore plus des Amériques, notre industrie vit déjà à la même heure technologique », fait comprendre l'homme d'affaires averti qui résume d'ailleurs en trois mots l'état du marché mondial dans lequel il est en compétition: « Le marché, c'est 1/3 en Amérique du Nord; 1/3 en Europe; 1/3 dans le reste du monde ».

Pour Dynagram, le marché local représente encore 15 à 20% (selon les années) de son chiffre d'affaires. Mais il ne faut pas se surprendre d'entendre François Guérard déclarer aussitôt qu'il vise à avoir le même profil de distribution des parts de marché avec sa compagnie (1/3, 1/3, 1/3), histoire de parfaitement refléter l'état du marché mondial. Et ces derniers bons coups donnent énormément de crédibilité à son plan de croissance. Pour pénétrer l'Asie, il vient par exemple de signer une entente avec le géant japonais Fuji (où Dynagram a, en fait, tassé ScenicSoft, ne cache-t-il même pas). Une entente qui prévoit aussi que FujiFilm Electronic Imaging (sa filiale au Royaume-Uni) distribuera le logiciel Dynastrip en Europe et au Moyen-Orient.

Que réserve le futur? « Nous sommes déjà sur les 5 continents. Nos produits (installés/utilisés) sont déjà dans plus de 100 pays. On a déjà nos propres produits d'imposition (pre-press). Tout cela fait que nous sommes à développer de nouvelles lignes de produits, pour nos mêmes clients actuels ».

Une conclusion pleine de promesses pour l'homme d'affaires qui, en plus de son siège social à Québec, compte aussi sur un bureau permanent à San Diego, en Californie.

(Cette entrevue a été réalisée par téléphone le 5 novembre 2003.)


 Monsieur Marc A. Boutet
FINALISTE DE NOVEMBRE

Jean Falardeau, vice-président Location, Société immobilière Dupont, président du comité Prix Rayonnement Hors Québec, Marc A. Boutet, président directeur-général, De Marque, finaliste au Prix Rayonnement Hors-Québec, Claire Marrier, conseillère, Développement économique Canada, partenaire du Prix Rayonnement Hors-Québec.

Entrevue avec Marc A. Boutet
Le pdg de Groupe De Marque veut étendre ses succès ailleurs dans le monde

par Daniel Allard

Ce qui rend Marc A. Boutet, pdg de Groupe De Marque, le plus fier d'avoir été sélectionné comme finaliste de novembre du Prix Rayonnement hors-Québec de la Chambre de commerce de Québec, c'est le partenariat avec la société française Hachette et celui, signé celui-là en janvier 2003, avec la compagnie américaine Paws. Plus récemment, il a également signé une entente de partenariat avec Mindscape, une société irlandaise qui a son siège social en France et qui possède un réseau à travers le monde entier.

L'association avec Paws - qui est le propriétaire intellectuel du personnage de bande dessinée Garfield - aura permis rien de moins que l'intégration de ce célèbre personnage à la plus récente version de Tap Touche Garfield lancée à l'automne 2003 aux États-Unis, au Canada (francophone et anglophone), en France et en Suisse! Dans le cas de Garfield, monsieur Boutet précise que sa compagnie ne possède évidemment pas la marque de commerce, mais peut utiliser le produit. Merveilleux aboutissement d'une décision stratégique qui découlait de leur analyse du marché des États-Unis.

« Si le client est francophone, nous restons les propres éditeurs et nous nous occupons même des relations de presse. Dans les cas d'autres langues, nous signons des licences d'exploitation. C'est déjà le cas pour l'Allemagne (depuis octobre 2003) et pour le Royaume-Uni (depuis novembre 2003) », explique-t-il en entrevue téléphonique.

Autre très bonne nouvelle pour De Marque, la maison qui édite la collection Les Livre pour les nuls, la maison d'édition Wiley, va éditer un de leur produit aux USA. Cette alliance lui permet d'ailleurs d'envisager d'être partout aux USA avec les deux produits que De Marque offre déjà sur ce marché hautement stratégique. « Avec nos deux produits, nous représentons actuellement 40% des logiciels que Wiley offre », s‘enthousiasme Marc Boutet.

DE LA KIA À LA GOLF JETTA

Mais ce qui enthousiasme encore plus le jeune homme d'affaires, c'est la progression de la qualité du réseau mondial que De Marque réussit à bâtir en peu d'années. « On est réseauté avec les bonnes personnes de façon drastiquement différente, depuis 2002... On fait du mind share avec eux... », se plait à préciser Marc Boutet qui ne se considère pas en Cadillac pour autant : « Disons que maintenant, nous sommes en Golf Jetta. Avant on était en Kia ! »

Pense-t-il à faire de De Marque une compagnie publique? « C'est dans notre stratégie, mais dans un horizon à moyen-long terme. » Pour l'instant, l'entreprise est plutôt en phase de recherche d'investissements pour sa gamme de produits et en commercialisation intense. « À l'échelle du Québec, le nombre de compagnies de publisher comme De Marque se compte sur les doigts de une - au plus deux ! - mains », analyse-t-il.

Ce qui ne veux pas dire que la recherche de financement soit facilité pour autant. Mais pour cette entreprise née en 1990 de l'association entre Guy Larouche et Marc Boutet (qui n'avait alors que 15 ans), la liste des succès est particulièrement imposante. Plus de 200 000 exemplaires du logiciel Tap'Touche (qui possède une version anglaise Typing Pal depuis 2001) ont été vendus à travers le monde, particulièrement en France, Belgique, Pays-Bas, Suisse, Italie, Allemagne, par l'intermédiaire de différents distributeurs dont Hachette Multimédia pour le marché grand public. Budget Express, un des derniers produits de De Marque, a déjà facturé 15 000 copies en moins d'un an. L'entreprise commercialise actuellement une dizaine de produits et fait travailler environ 25 personnes dans ses bureaux de Québec. Elle a des liens d'affaires dans une douzaine de pays. Plus récemment, ex-aequo avec Sarbakan - qui est une autre entreprise de Québec - De Marque, avait remportée le prix SODEC d‘excellence à l'exportation, en novembre dernier. De Marque commercialise des produits sur support cédérom ou sur Internet qui visent à répondre aux besoins des écoles, des familles, du grand public et des entreprises. L'entreprise produit et met en marché des médias, des contenus et des applications pédagogiques pour favoriser l'acquisition de connaissances et la maîtrise des apprentissages grâce aux nouvelles technologies de l'information.

Les produits :

Tap Touche (versions adultes et enfants) est un logiciel d'apprentissage pour apprendre à taper au clavier d'ordinateur et améliorer sa frappe et sa vitesse ainsi que diminuer le nombre d'erreurs tolérées. Conçu en 1994, ce logiciel est destiné au grand public, principalement aux familles, aux écoles et aux entreprises. C'est le seul logiciel au monde qui s'adapte automatiquement à tout type de clavier.

BudgetExpress est un logiciel qui aide ceux qui veulent établir un budget personnel ou familial comme ceux qui veulent suivre régulièrement leur situation financière.

Production de cédéroms : Histoire populaire du Québec, Québec Science, magazine Les Débrouillards, Hebdo Science, Protégez-vous, Cap-aux Diamants.

The company was founded in 1807, during the Jefferson presidency. In the early years, Wiley was best known for the works of Washington Irving, Edgar Allan Poe, Herman Melville, and other 19th century American literary giants. By the turn of the century, Wiley was established as a leading publisher of scientific and technical information.

New York Stock Exchange: JWa and JWb. The company went public in 1962 and was listed on the NYSE in 1995.

Offices in USA
Corporate Headquarters
Hoboken, NJ

Customer Care Center

(Consumer Accounts) Indianapolis, IN
(Trade & Reseller Accounts) Somerset, NJ

Jossey-Bass/Pfeiffer
San Francisco, CA

Wiley Publishing, Inc.
Indianapolis, IN

Canada
John Wiley & Sons Canada Ltd.
Etobicoke, Ontario

Europe
John Wiley & Sons Ltd.
Southern Gate, Chichester, West Sussex, England

Wiley-VCH Verlag GmbH
Weinheim, Germany

Asia/Australia
John Wiley & Sons (Asia) Pte. Ltd.
Singapore

John Wiley & Sons Australia, Ltd.
Milton, Queensland, Australia

www.demarque.com
www.ecolebranchee.com
www.wiley.com


 Monsieur Benoit Côte
FINALISTE DE DÉCEMBRE

Patrick Simard, avocat, Joli-Coeur Lacasse Geoffrion Jetté St-Pierre, président, Chambre de commerce de Québec,  Jean Falardeau, vice-président Location, Société immobilière Dupont, président du comité Prix Rayonnement Hors Québec, Benoit Côte, président et chef de la direction, Victhom Bionique Humaine, finaliste au Prix Rayonnement Hors-Québec et Claire Marrier, conseillère, Développement économique Canada, partenaire du Prix Rayonnement Hors-Québec.

Entrevue avec Benoît Côte
Jambe motorisée en poche, Victhom devient une référence mondiale en bionique humaine

par Daniel Allard

« J'arrive de San Francisco, où j'ai participé à la conférence annuelle J. P. Morgan H&Q, qui est le plus gros événement du genre dans le monde: 700 compagnies présentes, dont seulement 4 étaient canadiennes et Victhom la seule de petite capitalisation (Small Capital Company) », explique en entrevue téléphonique un Benoit Côte encore tout enthousiasmé. Le président et chef de la direction de Victhom Bionique Humaine inc. le dit maintenant à qui veut l'entendre: il se veut de plus en plus une compagnie multi-produits capable de supporter un développement à long terme et prendre avantage de son positionnement unique de référence mondiale dans le secteur de la bionique humaine.

Le 20 janvier 2004, Benoit Côte annonçait d'ailleurs la création de trois divisions opérationnelles au sein de la Société: BioTronix, NeuroBionix et MetoBionix. Cette nouvelle structure permettra d'améliorer l'efficacité du développement technologique des produits et de favoriser une gestion plus ordonnée et mieux ciblée des activités de R&D. La division prothétique de Victhom, déjà bien connue grâce au développement de sa jambe bionique, portera dorénavant le nom de BioTronix. La division NeuroBionix développera des dispositifs bioniques faisant appel à la neuroélectronique en référence aux implants neurosenseurs et neurostimulateurs dédiés respectivement à la mesure et à la stimulation de l'activité électrique du système nerveux périphérique et central. Ces nouveaux dispositifs contribueront à redonner une qualité de vie normale aux gens qui souffrent de dysfonction tels la paralysie partielle, les problèmes d'incontinence et la douleur chronique. Ce groupe d'intervention aura aussi la responsabilité d'intégrer ces technologies au domaine de la prothétique. La division MetoBionix se consacrera au développement et à l'étude de biomatériaux et de matériaux actifs entièrement biocompatibles et présentant des propriétés mécaniques pouvant être modifiées dans le but de simuler adéquatement diverses fonctions du corps humain. Les matériaux à mémoire de forme ainsi que les biomatériaux à propriété poreuse constitueront des cibles de développement prioritaires pour des applications en osséointégration, le remplacement d'os et l'assistance musculaire dans les cas de perte d'autonomie.

ÉVITER LE RISQUE DE LA COMMERCIALISATION

« Actuellement, nous sommes une entreprise qui fait plus de D que de R. On amène le produit à l'absence de risque technologique, pour ensuite l'offrir au partenaire, qui lui prend le risque de la mise en marché et de la commercialisation », explique Benoit Côte.

Grâce à un partenariat avec le géant islandait Össur, la jambe motorisée est d'ailleurs actuellement à l'étape de la production et sera commercialisée à grande échelle à partir d'avril 2004. (L'entente de partenariat conclue entre Victhom et la multinationale Össur en mai 2003 prévoit le développement d'autres produits dans le secteur de la prothétique.) Cette première merveille de neurotechnologie de Vichtom, avec ses senseurs et une batterie de pièces de très haute technologie, se vendra environ 30 000$ pièce. Mais c'est déjà rien par rapport à la prochaine génération de produits bioniques, qui utilisera des implants sous la peau, directement reliés au système nerveux. Des innovations qui occupent déjà l'équipe du fondateur et chef de la direction scientiphique de Vichtom, Stéphane Bédard.

« Avec Össur, une multinationale islandaise présente dans 40 pays, comptant 600 employés et un chiffre d'affaires de 130 millions $US, ça a cliqué tout de suite (...)nous avons en fait une entente pour faire produire et vendre notre jambe avec ce qui était le meilleur partenaire possible pour nous », résume un Benoit Côte manifestement satisfait de ses voyages de négociation en Islande. Et il faut du coup comprendre que l'entreprise numéro 2 de cette industrie, Decode, autant que le numéro 1, l'allemande Ottobock, ont finalement été écartées du processus de sélection comme partenaire potentiel. Mais ce sera peut-être pour plus tard. Vichtom n'a pas fini de grossir: « Nous regardons d'autres possibilités d'ententes au Japon, aux États-Unis et en Allemagne, spécifiquement en bionique humaine(...) Nous devrons également supporter cette croissance par la conclusion d'acquisitions et d'accords de licence...», précise celui qui dirigeait une entreprise qui comptait 30 employés en novembre 2003 et qui en compte 65 en janvier 2004.

SEULE COMPAGNIE AU MONDE À SE POSITIONNER EN BIONIQUE HUMAINE

On évalue que 400 000 personnes âgées de 25 à 55 ans amputées au-dessus du genou, pour qui la jambe bionique de Vichtom apporterait une totale autonomie, vivent actuellement dans les pays développés. C'est dire que la jeune compagnie de Québec a de belles années devant elle! Mais pourra-t-elle maintenir sa volonté de se positionner parmi les références mondiales en bionique humaine - elle serait d'ailleurs actuellement la seule au monde à le faire, selon les dires de Benoit Côte - et maintenir son choix stratégique de se développer en solitaire à Québec, une ville pleine d'avantages pour les entreprises de R&D, mais qui est loin d'être un cluster dans cette branche spécialisée de la santé humaine?

« Bien sûr que notre entreprise peut rester à Québec. Ici, la qualité de vie, le créativité, les mesures fiscales offrent globalement un modèle d'affaires excessivement performant », précise celui qui fut le premier à investir dans cette entreprise, en l'an 2000, et qui est ensuite devenu son pdg, depuis novembre 2002. Parlant des mesures fiscales favorables du Québec, l'homme d'affaires pense-t-il qu'elles seront admissibles assez longtemps pour ses besoins? « Non, mais assez longtemps pour qu'on se fasse un nom à l'international ».

Un nom à l'international que Victhom tentera de bâtir dans des marchés déjà bien en mire. « Les prochaines cibles commerciales seront les marchés de l'incontinence et de l'acuité visuelle, qui offrent beaucoup de potentiel », confirme Benoit Côte.

Depuis janvier 2003, Vichtom est une société à capital ouvert inscrite à la bourse de Toronto (Bourse de croissance TSX : VHB).

Connue pour avoir mis au point la première jambe bionique au monde, l'entreprise Victhom, un chef de file dans le marché des orthèses et des prothèses, ambitionne de devenir un centre d'excellence en bionique humaine.  En janvier 2003, l'entreprise,  installée à Saint-Augustin, a lancé son premier appel public à l'épargne qui lui a permis de récolter la somme de 3 millions de dollars.  M. Côte a aussi conclu un important partenariat au printemps dernier avec la firme islandaise Ossur, le deuxième plus important fabricant de produits prothéiques dans le monde, afin de peaufiner son produit, de tester les marchés étrangers et de commercialiser sa jambe bionique dans plus d'une quarantaine de pays.

Très présente sur le plan international, l'entreprise a fait l'objet de plusieurs reportages élogieux dans des médias aussi réputés que le Business Week, le CBC News Report, et plusieurs autres, elle réalise aussi des travaux en collaboration avec plusieurs centres universitaires de recherche tant au Canada, qu'en France et en Russie. Enfin, après avoir percé le marché des orthèses et des prothèses,  Monsieur Côte souhaiterait bien s'attaquer à celui des biomédicaux et des neurotechnologies.

 


Monsieur Guy Brochu
FINALISTE DE JANVIER

Alu-Rex transforme ses gouttières en or avec Alcoa Home Exteriors

par Daniel Allard

« Le domaine de la construction est toujours en guerre de prix... Les constructeurs coupent dans la qualité », ne cache pas Guy Brochu, le président d'Alu-Rex. En entrevue le jour même de sa nomination comme finaliste de janvier du Prix rayonnement hors-Québec de la Chambre de commerce de Québec, il ne se gêne pas pour autant et donne l'heure juste sur l'industrie qui occupe ses journées depuis un quart de siècle. Dans le domaine des gouttières depuis plus de 25 ans, ce co-propriétaire d'une entreprise prospère a osé proposer des innovations dans un marché conservateur. Il a osé l'aventure du Gutter Clean System™.

« La qualité dans notre industrie est meilleure au Québec qu'en Ontario actuellement. Mais la qualité aux États-Unis est plus grande que celle du Québec », avoue-t-il du même souffle. Pas surprenant, donc, qu'il enchaîne ensuite en rappelant qu'Alcoa, une multinationale très étatsunienne, distribue dorénavant ses produits sur le marché des États-Unis. Réalité qui constitue d'ailleurs ce qu'il qualifie lui-même de « clou » de son succès actuel : « ALCOA HOME EXTERIORS a d'ailleurs un nouveau président depuis 3 ans, avec qui j'ai développé facilement un lien de confiance... et il a fait en sorte qu'ils ont changé leur revêtement », précise un Guy Brochu ravi. Parce que manifestement, Alu-Rex en a profité! Après de nombreuses rencontres à leur siège social de Pittsburg, dont une déterminante avec la haute direction, en mars 2003, la négociation aura finalement permis de finaliser une entente de vente et de distribution exclusive des produits de la série Gutter Clean System™, qu'Alcoa Home Exteriors offre maintenant sur tout le territoire des États-Unis sous le nom de LeafRelief.

Guy Brochu n'avait d'ailleurs pas tellement le choix de penser à une telle entente stratégique avec un partenaire des États-Unis. Si la concurrence est quasi inexistante au Canada, c'est une autre histoire sur les marchés du géant pays de l'Oncle Sam: « Je n'ai pratiquement pas de concurrents au Canada; nous sommes les seule au pays à faire du protège gouttière comme en Europe ». Mais aux États-Unis, il y a plus ou moins 60 produits comparables au sien, estime l'homme d'affaires.

C'est d'ailleurs après avoir tenté de distribuer leur produit par leur propre réseau de représentants que les frères Brochu ont ensuite décidé d'orienter la stratégie de distribution via des compagnies qui vendent des gouttières et accessoires aux quelque 9000 compagnies de gouttière de ce pays. Dans un premier temps, sept distributeurs locaux répartis en plusieurs états américains offraient les produits d'Alu-Rex, qui assurait son rôle support-conseil tout en continuant sa recherche de distributeurs. C'est ainsi qu'un rendez-vous a été fixé avec les représentants de joueurs majeurs de l'industrie: Norandex-Reynolds, Englert, Alcoa, Gibraltar, Ramco... Poursuivant les efforts de R&D, Alu-Rex a finalement présenté trois nouveaux produits à des décideurs de la compagnie Alcoa en octobre 2002 et on connait la suite...

INNOVER OU MOURRIR!

Dans un monde où il y a trente ans tout était en aluminium et où aujourd'hui c'est le vinyle qui a pris la place, il y avait d'une certaine manière place à l'innovation. Pour le duo des frères Brochu, on pourrait dire qu'il y avait obligation d'innover!

Dans le cas des gouttières, l'inventeur de la famille, son frère, Stéphane Brochu, a pensé mettre au point un principe de siphon afin de créer un effet de vacuum à partir d'une suite de petits trous à travers la tôle de la gouttière. Ingénieux, mais surtout efficace! Le résultat donne une force quasi indestructible au produit. Pour la petite histoire, Guy et Stéphane Brochu ont d'abord installé pendant 15 ans les produits de protection de gouttière disponible sur le marché. Mais les nombreuses plaintes des consommateurs concernant le grillage installé sur les gouttières ont amené à l'invention d'un système originale et maintenant très efficace (de 1997 à 2000, le Gutter Clean System™ a été installé sous forme de prototype, s'améliorant au fil des années). Maintenant à point, tous les produits de la série - les Séries M5100, M5300 sont destinées principalement à la rénovation tandis que la Série M5200 ne se destine qu'aux nouvelles installations et la Série M5340 est offerte aux consommateurs qui désirent l'installer eux-mêmes et est donc vendue en quincaillerie - se distinguent de plusieurs façons face aux produits compétitifs: efficacité à 100%, installation facile et rapide, anti-corrosif puisqu'ils sont fabriqués en aluminium, résistant et surtout prix abordable.

Dans un marché où il faut payer de 15 à 20 $US le pied pour une gouttière, le patron d'Alu-Rex regarde la frontière canado-américaine avec des yeux ronds. Selon les chiffres de Guy Brochu, ces années-ci aux États-Unis il s'installe plus de 1,5 milliard de pieds linéaires de gouttière dont 150 millions comportent un système de protection (contre 150 millions au Canada, soit 10%). Et ce n'est pas fini! Puisqu'il prévient qu'Alcoa prévoit en vendre 150 millions de pieds de plus par an d'ici 5 ans. Pour le marché des États-Unis seulement!

L'IMPORTANCE DE NE PAS SE LIMITER QU'AUX ÉTATS-UNIS

«Il est bien difficile, en géographie comme en morale, de connaître le monde sans sortir de chez soi», philosophait d'ailleurs cet homme de terrain qu'est Guy Brochu, ce jour de janvier 2004 où la Chambre de commerce de Québec reconnaissait son travail à l'international. Très affable et de contact très facile, cet homme d'affaires de la rive sud de Québec - l'usine et le siège social sont sur la rue de la Rotonde, dans l'arrondissement Charny de la Ville de Lévis - a vite appris à composer avec les gens et les cultures du monde. Il a vite compris et mis en application ce proverbe français pour unir sa vision d'entreprise à l'esprit inventif de son frère et faire évoluer Alu-Rex d'une base de capacité concurrentielle locale à une envergure de classe internationale. L'année 2003 a aussi marqué l'aboutissement de résultats concrets sur le marché de la France. Guy Brochu avait marqué le point de départ du développement du marché européen en participant, en novembre 2003 à Paris, à l'événement Bâtimat, une exposition internationale tenue aux deux ans. L'intérêt des européens pour ses produits fut tel que la première semaine de janvier 2004 a marqué la livraison de la première cargaison de Gutter Clean System™ en France. L'exportation en Europe est donc bel et bien commencée aussi.

Et la belle histoire de succès des gouttières d'Alu-Rex risque même de se répéter plusieurs fois : « Nous avons présentement 12 brevets en main, et pas seulement dans le domaine de la gouttière, mais pour les corniches et la ventilation par exemple », explique un Guy Brochu confiant.

www.alu-rex.com

 


Jorane
FINALISTE DE
FÉVRIER

 

Où s'arrêtera JORANE : « Avec le violoncelle, tout est à faire »!

par Daniel Allard

« Avec le violoncelle, tout est à faire ». C'est un peu drôle d'entendre ainsi parler celle qui est devenue une virtuose internationalement connue de cet instrument. Mais effectivement, le propre cheminement de Jorane, qui n'a pas encore trente ans, montre que toute la place n'est pas prise pour le violoncelle dans le merveilleux monde des arts de la scène, de la musique et du spectacle.

C'est cependant pour ce qu'elle a fait en 2003 que la Chambre de commerce de Québec vient de choisir Jorane parmi les six finalistes de l'édition 2003 de son Prix rayonnement hors-Québec. Née Johanne Pelletier, dans la banlieusarde ville de Charlesbourg qui est maintenant un arrondissement de la nouvelle ville de Québec, c'est de plus en plus l'auteur-compositeur-interprète et surtout violoncelliste JORANE qui prend le dessus. Et pour cause : Jorane est maintenant une vedette internationalement connue. En 2003, son association avec le 100e anniversaire de l'Orchestre symphonique de Québec aura généré un rayonnement important, surtout via une diffusion à la télévision nationale canadienne, le 28 juillet, à travers le Canada en entier (la SRC nous confirmait que 193 000 personnes étaient devant l'écran pour regarder le spectacle de Jorane avec l'OSQ dans le cadre du Festival d'été de Québec 2003). Mais que dire de son périple international de la dernière année sinon : Wow! Premières tournées en Allemagne en février avec l'artiste Noa; en Espagne en juin (avec spectacle en Belgique) et au Japon (où elle fut consacrée immédiatement « star » en faisant même la page couverture de la revue JAPAN AIRLINES). Après un spectacle à Vancouver en juillet, elle ajoute le même mois une deuxième tournée en Allemagne avec 8 spectacles, dont celui devant 10 000 personnes à Rudolfstaf. Après un début d'automne en Californie pour enregistrer un nouvel album, c'est ensuite encore une première tournée en carrière, mais cette fois au Mexique, en décembre. Elle y profitera d'un spectacle à l'occasion de la 17e Foire internationale du livre de Guadalajara pour conclure une nouvelle entente avec la maison Universal pour la distribution au Mexique de la compilation Jorane, le quatrième disque de l'artiste, qui fut d'ailleurs lancé le lendemain à Mexico. Et on pourrait aussi parler du volet cinématographique qui s'ajoute. Après avoir participé aux trames sonores de deux films: Unfaitful et I am Dina, elle a été invitée à signer toute la musique d'un long métrage (Je n'aime que toi), un film de Claude Fournier, avec Dorothée Berryman et Noémie Godin-Vigneau, dont la sortie en salle est en 2004.

Parcourir la planète, faire découvrir sa musique, susciter des coups de cœurs au quatre coins du monde, répondre à une demande toujours grandissante, voilà le menu qu'avait Jorane en 2003. De beaux succès qui réjouissent parfaitement l'homme qui soutient la carrière de la jeune artiste depuis ses débuts, Sébastien Nasra, le président d'Avalanche Productions, qui se fera un devoir encore une fois d'accompagner Jorane à Istanbul, en avril 2004. Pas beaucoup plus âgé que sa protégé Jorane et lui-aussi originaire de la ville de Québec, Sébastien Nasra se demande d'ailleurs ce que sa ville d'origine a à lui courir après? Outre Jorane, les deux autres artistes sous sa responsabilité son également de la capitale : Les Respectables et Projet Orange. « Un hasard », assure-t-il.

EN ROUTE POUR LONDRES ET ISTANBUL

Prochaine grande sortie internationale: Istanbul, en avril 2004, pour participer au Strictly Mundial, une bourse d'acheteurs de spectacles et de festivals qui est connue pour présenter des artistes qui font dans la « World Music », qui va des diverses formes de jazz à d'autres bizarreries inclassables comme la musique de Jorane.

« Cet événement découle du WOMEX et, merveilleuse nouvelle, se déroulera à Montréal en 2005 », explique un Sébastien Nasra qui sera évidemment du voyage. « Istanbul sera ma première fois à cet événement annuel et je me considère très chanceux d'y être dans ce contexte ou le prochain rendez-vous se tiendra chez-nous l'an prochain », ajoute-il.

Les six pièces sur Évapore, qui vient de sortir, et les prochaines qui sortiront sur un autre album dès l'automne 2004, réservent déjà une belle surprise aux fans de Jorane qui ne cache pas son intérêt actuel pour les influences sonores moyens-orientaux (bien qu'elle y fait même un clin d'oeil au disco et un autre au groupe britannique The Police). C'est d'ailleurs avec des yeux de feu qu'elle parle de son voyage d'avril à Istanbul. Mais ne soyez pas surpris de la voir bientôt se plonger également dans les richesses sonores et musicales de l'Afrique. « Vous n'êtes pas le premier à me poser cette question concernant l'Afrique », répond-elle en confirmant qu'effectivement elle ne refusera pas les occasions de se tremper dans ce continent de cultures artistiques millénaires. Mais en ces premiers mois de 2004, la priorité va à la tournée de spectacles au Québec qu'elle réalise avant de s'envoler jusqu'en Turquie.

Associé à la maison de disque TACCA - une filiale du groupe Donald K. Donald - qui produits les albums de Jorane depuis le début de sa carrière, c'est en 2000 qu'elle décide de confier la distribution hors-Canada à Universal, d'abord pour l'Europe, et depuis décembre 2003 pour le Mexique. C'est d'ailleurs pour mieux se faire connaître des bonzes de l'industrie qu'elle fera un arrêt d'une journée à Londres, lors de son prochain voyage vers la Turquie. « Nous avons réalisé que s'ils ne connaissent pas bien l'artiste, ils ont de la difficulté à la vendre. C'est d'ailleurs ce qui est arrivé en Allemagne. Nous avons donc organisé un case show avec des gens bien choisis, pour qu'ils apprennent à bien connaître qui est Jorane » explique Sébastien Nasra.

UNE ARTISTE LIBRE ET SANS COMPROMI

Vous pourrez être très surpris si vous constatez un jour que Jorane a concédé son art sur l'hôtel de la commercialisation! Même si, en fait, c'est un peu aussi le hasard de son cheminement (sa maison de disque est toujours demeurée une entreprise canadienne qui respecte totalement ses volontés artistiques, alors que la multinationale Universal n'a pas d'autre lien avec l'artiste que celui de distribuer le produit, une fois qu'il est fait) qui lui donne une forme de protection devant les risques d'appropriation de sa liberté créatrice par les intérêts commerciaux du show business international qui l'emportent souvent dans l'industrie de la musique, Jorane semble incorruptible. Plus elle avance dans le show business, trouve-t-elle que l'industrie de la musique - entendons les contraintes de la commercialisation - l'empêche trop de se laisser à ses passions créatives d'artiste? « Pas du tout! Au contraire, j'ai de plus en plus de moyens pour concrétiser mes projets. J'ai mis les cartes sur table dès le départs, autant avec mon producteur, Sébastien, qu'avec Universal (...)Quand je n'aurai plus de plaisir à réaliser mes projets, je passerai à autre chose. »

Avec Universal depuis son album Vent fou en l'an 2000, Jorane s'accommode donc très bien du support d'une multinationale de l'industrie. Sa réponse à la question de savoir où se voit-elle dans 10 ans va d'ailleurs tout à fait dans le même sens : « J'imagine que j'aurai des enfants... encore des albums à mon actif... en vérité je n'ai pas pris le temps d'y penser… et je trouve drôle que cette question m'ait été posé plusieurs fois dans les derniers jours ». Avec son regard passionnée, en face de son interviewer qui l'a rejointe dans un restaurant japonais de la rue Cartier, à Québec, alors qu'en route pour Montréal elle ne s'arrêtait que le temps d'un repas, après trois heures de route pour rentrer de Chicoutimi où elle avait donné son spectacle la veille, Jorane explique même que l'attente n'a pas encore de place dans la vie trépidante qu'elle mène actuellement : « L'attente, je ne vis pas avec çà », lance-t-elle dans la conversation.

Il n'y a donc aucune certitude, aucune manifestation d'une rage de monter à un quelconque sommet chez-elle. Dans ce monde qui fait plus souvent qu'autrement une ode à la consommation, la douce et manifestement encore très idéaliste Jorane fait énormément du bien à écouter! « Oui, je suis beaucoup plus une passionnée qu'une rationnelle. Choisir d'apprendre le violoncelle à l'âge de 19 ans, il fallait être passionnée... »

Bel exemple de cette liberté: 16 mm n'était pas un projet d'album au départ. « J'avais simplement demandé à Sébastien de me donner la possibilité de mettre sur bande mes créations du moment », raconte Jorane. De fil en aiguille, devant l'enthousiasme et les encouragements des collaborateurs et amis, la démarche est finalement devenue un album!

Les fans de la première heure de l'artiste savent que Jorane utilise aussi sa voix comme de la musique. Est-ce un hasard de son côté artistique, ou tenait-elle rationnellement à ce que ses créations soient sans frontières? « C'est un hasard… Et c'est arrivé en découvrant le violoncelle. Je ne pouvais pas mettre des mots sur cette musique. Mais je cherchais un son d'accompagnement. Comment ajouter la voix au son du violoncelle? L'idée m'est alors venue de faire de la musique avec! Je parle, mais avec la musique… la musique de ma voix. Je respecte le langage de la musique.

« J'ai hâte d'aller présenter çà à Mexico, en Espagne et au Japon ». Et pourquoi pas dans de nouvelles contrées, pourquoi dans des pays déjà visités? « Parce que j'ai maintenant là-bas des amis qui m'attendent, qui ont hâte d'entendre mon nouveau matériel. » Jorane montre ici un noble sens de la fidélité. Cette jeune femme a compris que la qualité des rapports humains l'emporte manifestement sur la quantité des gens rencontrés!

Sans renier sa langue inventée, elle utilise cette fois directement le français et l'anglais. « J'avais des choses à exprimer de cette manière-là. Rien de plus » faisant comprendre du coup qu'elle reparlera avec sa langue inventée au rythme ou sa libre création artistique le commandera.

« La musique pour moi c'est vraiment un échange, un partage. Lorsque j'arrive dans une ville étrangère, je demande rapidement aux autres artistes que je croise de me montrer les instruments de musique de chez-eux. » Jorane explore, autant sur le terrain que dans sa tête! Une belle tête. Une tête libre et créatrice à foison.

La section babillard de son site Internet (www.jorane.com) témoignait encore récemment du grand rayonnement international de la carrière de Jorane, particulièrement après le spectacle du 2 décembre 2003 au Mexique. Née le 12 octobre 1975 à Québec, la diplomée en musique du Cégep de Sainte-Foy, qui a aussi fait des études à l'Université Laval pour ensuite s'envoler dans une carrière qui semble aussi imprévisible qu'impressionnante, ne suscite qu'une certitude : de se demander où s'arrêtera Jorane?


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Commerce Monde #39