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Québec, Cité éducative ?
« Arrêtons de dire qu'il manque d'immigrants et regardons le potentiel d'immigration de l'Université Laval », lance la chercheure Nicole Lacasse

par Daniel Allard

Le XIIIe forum économique de la Chambre de commerce de Québec, dont le thème se voulait particulièrement rassembleur avec l'idée de faire de Québec une « Cité éducative », aura permis, le 24 février 2004, à une des conférencières au programme de lancer une information percutante concernant un des débats de fonds qui ont présentement cours dans la capitale du Québec. La professeur-chercheure Nicole Lacasse, qui est aussi vice-doyenne à la Faculté des sciences de l'administration de l'Université Laval, a fait part à l'auditoire présent d'un extrait du Rapport de recherche 2004 de la Chaire Stephen-Jarislowsky en gestion des affaires internationales, dont elle est aussi la titulaire de recherche. Ses chiffres avaient de quoi surprendre la majorité des intervenants qui se préoccupent des enjeux de rétention des immigrants dans la région de Québec.

« À la session universitaire de l'hiver 2004, précisément 4 345 étudiants provenant de l'extérieur du Québec sont inscrits à l'Université Laval : 918 Canadiens, 1290 résidents permanents et 2 137 étudiants avec permis de séjour. Pourquoi ont-ils choisi la ville de Québec pour leurs études ? Parce qu'on y parle français (28%), pour l'Université Laval (25%), pour d'autres raisons (16,5%), pour la beauté de la ville (11,8%) ».

« On trouve
qu'il n'y a pas assez d'immigration à Québec…
il y a un potentiel de milliers d'immigrants
juste au bout du boulevard
René-Lévesque ! »

« Ensuite nous leur avons demandé s'ils étaient intéressés à immigrer au Canada? 69% ont répondu oui. Or, sur les 4 345, il y en a 1290 qui ont déjà le statut de résident permanent et n'ont donc même pas besoin de se préoccuper des formalités pour l'immigration. On trouve qu'il n'y a pas assez d'immigration à Québec… il y a un potentiel de milliers d'immigrants juste au bout du boulevard René-Lévesque, à même pas dix kilomètres d'ici », a lancé Nicole Lacasse.

C'est dans la section de l'étude où on demandait des améliorations souhaités et des suggestions aux étudiants étrangers interrogés, que la réalité de la société d'accueille que constitue la région de Québec apparaissait sous son véritable jour. Il subsiste une profonde problématique au niveau de l'ouverture de la culture locale. Ces immigrants potentiels disent sans détour comment ils constatent la difficulté « à ouvrir les frontières des groupes culturels », qu'ils souhaitent qu'il y ait « plus d'ouverture, de communications, d'intégration avec les étudiants québécois ». Ils disent aussi comment il importerait « d'éduquer les gens sur la diversité culturelle ».

Des constats qui se sont pas une surprise pour les spécialistes du domaine. Mais l'étude de Nicole Lacasse révèle sans détour que le travail des recruteurs d'immigrants dans la région de la capitale du Québec restera pénible si un effort parallèle aussi important, sinon plus important, n'est pas également consacré à l'attitude et à l'esprit dans lesquels les citoyens et les employeurs de la région les accueillent.

ENQUÊTE AUPRÈS DES ÉTUDIANTS INTERNATIONAUX DE L'UNIVERSITÉ LAVAL

(Extrait du Rapport de recherche 2004 de la Chaire Stephen-Jarislowsky en gestion des affaires internationales)

À la session d'hiver 2004, 4 345 étudiants provenant de l'extérieur du Québec sont inscrits à l'Université Laval : 918 Canadiens, 1290 résidents permanents et 2 137 étudiants avec permis de séjour.

MOTIVATION DU CHOIX DE VENIR ÉTUDIER

Pourquoi ont-ils choisi la ville de Québec pour leurs études ?

  1. Parce qu'on y parle français 28%
  2. Pour l'Université Laval 25%
  3. Autres raisons 16,5%
  4. Beauté de la ville 11,8%

AMÉLIORATIONS SOUHAITÉES et SUGGESTION

  • OUVERTURE DE LA CULTURE LOCALE : Difficulté à ouvrir les frontières des groupes culturels : souhait de plus d'ouverture, de communications, d'intégration avec les étudiants québécois. Il faut éduquer les gens sur la diversité culturelle.
  • Plus d'aide pour trouver des stages et des emplois, renforcer les liens avec l'environnement (ville, province, etc.)
  • Promouvoir le multiculturalisme : accessibilité à des restaurants et des discothèques d'autres ethnies manque à Québec (surtout africaine et latino), à du théâtre, du cinéma de divers continents (Montréal offre de meilleurs services sur ces plans…)
  • AVENIR

  • Seriez-vous intéressé à immigrer au Canada? 69% oui
  • Obstacles perçus au projet d'immigration :
  • Complexité, durée et coût des démarches administratives
  • Difficulté de trouver des emplois ou des stages
  • Non reconnaissance des diplômes ou acquis professionnel
  • Difficulté de trouver logement et garderie
  • Manque d'initiatives et d'enthousiasme de la part des autorités gouvernementales : pas de traitement préférentiel pour les étudiants
  • Taux d'imposition et coût de la vie trop élevés

  • QUÉBEC DEVIENDRA OFFICIELLEMENT UNE « CITÉ ÉDUCATIVE »

    Pour sa part, le maire de Québec, Jean-Paul L'Allier, à la grande satisfaction des la CCQ, a annoncé aux quelque 250 participants son intention de déposer officiellement la candidature de Québec à l'Association internationale des villes éducatives (AIVE) à la prochaine séance du Conseil municipal. En plus du maire de Québec, l'événement comptait sur la présence de l'adjoint au maire de la ville de Lyon, Yves Fournel, aussi vice-président de l'AIVE.

    Le Forum économique de cette année s'adressait à tous ceux et celles qui croient que le savoir est garant de l'avenir. Ainsi, pendant toute la journée, les participants ont débattu des différents thèmes proposés autour du concept de la Cité éducative, soit le travail et l'économie, la culture et les cultures, l'exercice de la citoyenneté, l'environnement et l'aménagement urbain, de même que la santé et la qualité de vie.

    « Une Cité éducative, c'est une ville qui fonde son développement économique, culturel, social, politique, etc., sur le désir et la capacité d'innover de ses entreprises, de ses citoyens, et des autres organismes qui la composent. Il s'agit d'une ville où les principaux acteurs socio-économiques partagent la conviction que l'éducation et la formation sont à la base du développement régional, non seulement à cause de l'activité économique qu'elles génèrent, mais surtout pour leurs retombées en regard de l'employabilité des personnes, de leur ouverture au changement, de leur capacité de participer à la vie politique et de leur désir de créer de la richesse pour eux et pour leurs concitoyens », avait de son côté rappeler le président de la CCQ, Patrick Simard.


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    Commerce Monde #39