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Paul Martin consolide la création de Corps Canada
Par Daniel Allard

Le premier ministre du Canada, Paul Martin, a fait beaucoup de choses devant plus de 700 personnes venues l’écouter à Montréal, le lundi 10 mai 2004, à l’invitation du Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM), du Centre d’études et de recherches de l’Université de Montréal (CÉRIUM) et de Montréal International. Et même si l’ambassadeur Raymond Chrétien, ayant l’honneur de le présenter, a osé dévoiler une des deux grandes idées qu’il voulait rendre publique dans cet important discours concernant l’avenir de la politique étrangère du Canada, Paul Martin ne manquait pas de contenu pour nourrir son auditoire.

Allant plus loin que le dernier discours du Trône dans lequel son gouvernement annonçait une intention de créer un nouvel organisme, temporairement nommé Corps Canada, le premier ministre était heureux d’annoncer que l’opération est lancée : « Nous venons de mettre sur pied le secrétariat responsable de Corps Canada… À la tête du secrétariat, comme directeur général intérimaire, nous y avons nommé Madame Marie Gervais-Vidricaire du service extérieur canadien ». Gordon Smith, un ancien sous-ministre des affaires étrangères, ainsi que l’astronaute Julie Payette ont été choisis comme co-présidents de Corp Canada. Le premier ministre Paul Martin n’a cependant pas parlé de budget pour le fonctionnement de cette initiative.

« Corps Canada, c’est mettre à la disposition des pays dans le besoin les talents et les valeurs de Canadiens qui veulent aider ces pays à bâtir leurs institutions et solidifier leurs fibres nationales (…) Dans cet esprit, Corps Canada contribuera à créer des synergies entre les multiples organismes, publics et privés, qui oeuvrent dans le domaine du développement. Il offrira les compétences de spécialistes du renforcement des institutions et de développement des capacités. Il rassemblera des Canadiens de tous âges qui sont prêts à contribuer au développement institutionnel. On compte, bien entendu sur la coopération du secteur privé et de la société civile en plus des institutions fédérales et on compte aussi sur la coopération des provinces et des villes », a-t-il détaillé.

Le premier ministre Martin a aussi élaboré sur deux idées à plus long terme, qu’il avouait avoir abordé lors de sa visite à Washington la semaine précédente, alors qu’il a eu une rencontre avec le président George W. Bush. Deux idées « …qui vont être au cœur de la politique étrangère telle que je la conçois pour le Canada de demain », a-t-il expliqué.

UN G-20 AU NIVEAU DES CHEFS D’ÉTATS

Reconnaissant l’incapacité du pourtant puissant et traditionnel Sommet du G-8 (réunissant les chefs d’États suivants : USA, UK, Japons, Allemagne, France, Italie, Canada et Russie) à imposer des décisions à d’autres pays qui ne sont pas là, à la table, pour les élaborer et les accepter, sa première idée est que le monde d’aujourd’hui a besoin d’un G-20 au niveau des chefs d’États « … non pas pour remplacer le G-8, mais pour le compléter. Je suis convaincu qu’une réunion des dirigeants du G-20 peut apporter une contribution significative en galvanisant nos efforts à l’échelle multilatérale et en donnant l’impulsion et un meilleur sens de direction à nos institutions oeuvrant dans le domaine de la gouvernance mondiale. »

Disant avoir déjà derrière lui des discussions sur la question avec la Commission européenne, les présidents du Brésil, du Mexique et de l’Afrique du Sud, le premier ministre de la Chine et, depuis son tout récent voyage à Washington, avec le président des États-Unis « …qui a exprimé un réel intérêt pour l’idée », rapporte Paul Martin, ce dernier devrait donc aller au bout de son idée et envisager devenir l’hôte d’un 1er Sommet des chefs d’États du G-20 s’il est élu premier ministre lors des élections à venir.

Avec ce qu’il rapporte
Paul Martin devrait donc aller au bout de son idée
et envisager devenir l’hôte
d’un 1er Sommet du G-20

Ce pour des rencontres, comme il l’a expliqué au président Bush : « (…) dans le cadre le plus informel possible afin de faire progresser quelques-uns des dossiers les plus épineux auxquels la communauté internationale doit faire face… » (Comprenons ici le terrorisme, les questions de santé comme le SIDA, la gestion de l’eau, la gestion de l’air, comme l’a laissé entendre l’ambassadeur Raymond Chrétien en présentant Paul Martin).

DONNER AUX ÉTATS VULNÉRABLES LES CAPACITÉS

Citant à dessin les exemples récents d’Haïti et de l’Afghanistan, sa seconde idée est tirée du constat qu’il « n’y aura pas de paix sociale ni de développement économique sans institutions publiques stables, fortes et probes ». Sa proposition : «  Il faut que la communauté internationale mette à la disposition des pays vulnérables la capacité de créer et de gérer leurs propres institutions publiques et privées… »

« …et il n’y a pas un pays mieux placé pour prendre le leadership dans ce domaine que le Canada », a-t-il poursuivi du même souffle. « (…) Il existe au Canada un vaste réservoir de talents pour créer ou renforcer les institutions les plus diverses dans les états qui en ont le plus grand besoin. »

Monsieur Martin a ici donné l’exemple de ce genre de coopération, qui existe déjà entre pays francophones, où le Canada, le Québec et le Nouveau-Brunswick travaillent de concert en faveur du développement des populations et des institutions des pays moins favorisés de la Francophonie.

Paul Martin cite le « bon exemple » des institutions de la Francophonie
sans savoir qu’un feu profond couve actuellement
autour de l’avenir
du Comité international
du Forum francophone des affaires (FFA-I)

Mais Paul Martin a dans ce cas très précis cité le « bon exemple » des institutions de la Francophonie sans savoir qu’un feu profond couve actuellement autour de l’avenir du Comité international du Forum francophone des affaires (FFA-I). Fondée à Québec à la suite du 2e Sommet de la Francophonie, celui de 1987, la structure du FFA compte sur des Comités nationaux (le FFA-Comité national canadien, par exemple) et un Comité international (une corporation distincte des Comités nationaux), dont le siège social avait toujours été à Montréal, jusqu’à ce qu’en 2003 on le déménage à Bruxelles, en Belgique, sous promesses de ce pays de lui assurer un meilleur financement. Depuis lors, une lutte de coulisse pour le contrôle de cette structure parapluie reste à finir, dans un triangle d’acteurs belges, français et québécois, et la conclusion de l’affaire risque finalement de mener à des révélations fracassantes.

100 millions $ à l’OMS
pour la lutte contre le SIDA

Dans son discours de Montréal, retenons enfin que le premier ministre a également annoncé que le Canada contribuera 100 millions $ à une nouvelle initiative de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) qui vise à traiter 3 millions de sidatiques d’ici la fin de 2005. Le Canada devient du coup le plus important donateur pour ce programme international.

Fait à Québec le 15 mai 2004.