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SOMMAIRE

« L’Ère BRIC » : Brésil, Russie, Inde, Chine
Une menace bien plus qu’une opportunité

Par Daniel Allard

La Chine n’est qu’un début! Attendez voir que l’Inde, le Brésil, la Russie et autres marchés, dits « émergents », atteignent leur plein potentiel sur les marchés mondiaux! La bonne centaine de gens d'affaires de la région Chaudière-Appalaches qui ont répondu à l'invitation du CELCA de consacrer toute une journée, le 10 juin 2004, à la réalité des marchés émergents que sont particulièrement le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine, que les initiés appellent le « BRIC », se sont fait parler d’opportunités, oui, mais aussi beaucoup de menaces! Le bilan de ce séminaire stratégique penche plus vers un contexte inquiétant pour l'économie du Québec, si les gens d'affaires, particulièrement les dirigeants des petites et des moyennes entreprises, ne réagissent pas correctement.

À ce propos, les organisateurs de cette 1ière édition du « Rendez-vous régional des affaires », tenu à La Cache à Maxime de Scott Jonction, ont d’abord eu la bonne idée de questionner en profondeur les participants. L’événement étant né du désir du Conseil économique Lévis Chaudière-Appalaches (CELCA) de soutenir les entreprises dans leurs démarches d’amélioration des processus d’affaires tant au niveau de l’innovation-productivité que du commerce international, les organisateurs avaient donc un thème tout à fait d’actualité : « L’Ère BRIC : conséquences et opportunités », puisque la région Chaudière-Appalaches est particulièrement touchée par les conséquences de l’essor économique des joueurs clé tels que le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine. Le bilan du sondage est déjà très édifiant :

Quelles mesures le gouvernement pourrait-il prendre pour aider les PME menacées par les pays du BRIC?

Les réponses les plus populaires ont été :

  • Donner accès à un maximum d’information, de sensibilisation et de formation;
  • Simplifier et réaménager les programmes d’aide aux PME;
  • Suivre de très près le dumping et agir;
  • Diminuer le temps de traitement des demandes d’aide et la lourdeur administrative;
  • Réduire les taxes;
  • Alléger le fardeau bureaucratique des PME, qui lorsque chiffré en dollars, représente un important pourcentage de la masse salariale … qui ne peut malheureusement pas être utilisé à d’autres fonctions beaucoup plus rentables.

Les autres suggestions sont les suivantes :

  • Faire affaire avec une entreprise canadienne spécialisée dans le commerce avec les pays du BRIC pour mieux soutenir les PME dans leur démarche;
  • Favoriser les exportations (ouvrir les barrières, sollicitation à l’étranger, visibilité, plus value, etc.);
  • Tarif des douanes;
  • Arrêter de tout mettre l’argent sur la santé;
  • Multiplier les événements traitant de ce sujet comme le Rendez-vous régional des affaires;
  • Laisser plus d’argent dans les mains des entreprises et aussi leur laisser plus de pouvoir;
  • Les entreprises doivent prendre le taureau par les cornes et arrêter d’attendre après le gouvernement;
  • Réglementation rigoureuse;
  • Aide à la PVA;
  • Éviter de négocier des traités internationaux ne prenant pas ou peu compte de nos différences et possibilités (nos réalités propres);
  • Identifier les alternatives possibles;
  • Favoriser les échanges avec les pays impliqués par de la formation;
  • Aider les PME à comprendre la culture et la réalité de ces pays;
  • Soutenir le développement par une baisse d’impôts et diminution des subventions;
  • Accentuer l’importance de la formation au sein des employés des PME;
  • Informer massivement la population du contexte mondial afin de susciter une corrélation;
  • Plus d’échanges internationaux;
  • Échange d’information sur les pays où l’on peut exporter;
  • Programmes de développement des marchés;
  • Fournir l’information sur la veille concurrentielle sur les secteurs les plus menacés par les entreprises du BRIC qui vise l’Amérique;
  • Supporter davantage les entreprises par des programmes d’aide à l’export;
  • Être plus vigilent sur les mesures d’entrée de produits étrangers au pays;
  • Réduire les exigences relatives aux normes du travail;
  • Cesser d’augmenter le salaire minimum qui est bien plus élevé au Canada qu’il ne l’est même aux États-Unis;
  • Cesser d’encourager via différentes méthodes de financement les syndicats qui aujourd’hui ne correspondent plus à la réalité de la nouvelle économie;
  • Appuyer les intervenants terrain comme CELCA dans leurs services aux PME;
  • Enlever l’obligation aux employés de payer pour un syndicat;
  • Les risques doivent être assumés principalement par les entreprises. Les gouvernements en font déjà beaucoup, je ne crois donc pas qu’ils pourraient en faire davantage.

Quelles mesures les syndicats pourraient-ils prendre pour aider les PME menacées par les pays du BRIC?

Les réponses à cette question sont les suivantes :

  • Ouverture d’esprit, flexibilité et permettre la polyvalence;
  • Partenariat entre employeurs et employés pour améliorer la flexibilité et la productivité;
  • S’informer, se documenter, ce qui impliquera à terme un changement de culture;
  • Une meilleure compréhension des enjeux permet un meilleur partenariat;
  • Ne plus avoir de syndicats, ou ils doivent changer complètement de philosophie;
  • Informer les travailleurs des enjeux du marché pour faire en sorte que les employés travaillent de pair avec l’entrepreneur;
  • L’un des buts des syndicats est d’aider les entreprises à grandir et d’affronter les menaces avec ceux-ci;
  • Plus grande implication des employés;
  • Plus grande ouverture sur la réalité de la mondialisation;
  • Être plus ouvert à diminuer la production par leurs membres, mais de conserver l’entreprise en vie;
  • Travailler conjointement et en concertation avec les employés en tenant compte du contexte;
  • Sensibiliser leurs membres, engager des discussions avec les patrons sur les façons et positions à prendre dans de telles situations;
  • S’impliquer là-bas;
  • Devenir un réel partenaire des PME en investissant;
  • Moins représenter les faibles pour aider à développer les meilleurs au sein des PME;
  • Devenir un collaborateur dans la qualité de la main-d’oeuvre mis à la disposition des PME;
  • Supporter la formation au sein des PME;
  • Investir avec les entrepreneurs;
  • S’impliquer afin d’être dans la course de la productivité, car ils revendiquent facilement en déresponsabilisant leurs employés face à cette menace;
  • Prendre des risques;
  • Les sensibiliser sur le respect des employés avant tout et ensuite sur la rigueur de haut en bas pour tous!;
  • Accepter la rigueur de façon honnête;
  • Donner moins d’importance au syndicat et plus d’importance au syndicalisme;
  • Favoriser l’information et la polyvalence des employés;
  • Plus de souplesse dans les conventions collectives;
  • Inciter travailleurs et employeurs à suivre des formations;
  • Désyndicalisation ou désaccréditation remplacée par un comité d’employés supporté par la direction;
  • Spécialiser les employés, les former et encourager leur créativité et leur inventivité pour leur assurer une longueur d’avance sur la compétition;
  • Travailler avec et non contre votre boss, faites-lui confiance!;
  • Protéger les meilleurs employés plutôt que les plus anciens;
  • Diminuer le nombre et assouplir les lois. Comparer ces lois avec des pays performants;
  • Changer la mentalité et la philosophie des employés basées sur la performance et sur la responsabilisation.

Brésil - Russie - Inde - Chine

Conséquences et opportunités

 « La Russie rivalise déjà avec l’Arabie Saoudite en exportation de pétrole et de gaz… L’Inde a un retard de 10 ans sur la Chine sur le plan des réformes, le plus gros défi de ce pays est d’adopter le libre-échange… Vous avez un devoir, une obligation, d’engager une réflexion sur tout ça au sein de vos entreprises. Au Canada, nos entreprises ont encore à peu près 5 ans pour se positionner », a lancé Luc Dupont, directeur régional Chine – Inde à Exportation et développement Canada, qui était encore sous le choc de sa discussion du jour d’avant, lors de La Conférence de Montréal, avec le président de la Banque de Chine, qui lui a nié l’existence d’une « classe moyenne » en Chine!

Brésil, Russie, Inde, Chine, etc… Comment choisir le bon marché? L’opportunité? « La seule façon de faire un bon choix, c’est pas d’écouter son instinct, mais de s’appuyer sur des études… Le bon choix du marché devrait d’ailleurs être fait à la fin du processus, après les études. Et 4 marchés cibles = 4 séries d’études… donc quatre fois la facture! Oui! Mais c’est ça », a bien exposé Donald Veilleux, président d’Oxygène Communication. Spécialiste en marketing, le même conférencier a également donné sa vision des choses en matière d’outils à privilégier : « Si vous avez une seule chose à choisir en promotion, c’est le site Web. Ensuite : participer à des foires commerciales. En trois : faire du publi-postage. Quatrièmement : utiliser les médias de votre marché cible en engageant une firme de communication locale. »

Une fois le marché choisi, la bonne gestion du capital intellectuel de son entreprise offre potentiellement un avantage concurrentiel à l'étranger. De plus en plus d'entreprises sont confrontées à la contrefaçon de leurs produits et l'élaboration d'un portefeuille de brevets et de marques de commerce constitue une stratégie importante visant à favoriser la croissance et la rentabilité continues de l’entreprise. Mais il faut savoir que le Canada n’est pas signataire de l’Arrangement de Madrid sur les marques de commerce internationales (une entente que les États-Unis ont pourtant signé depuis environ un an déjà) et qu’il en est de même pour la Classification de Nice. Une fois dépassés ces aspects généraux, il faut aussi maîtriser les coutumes administratives de chaque pays étrangers : « Obtenir un brevet russe sans enveloppe pour l’examinateur est impossible, même pour une invention déjà brevetée ailleurs, et il faut 2-3 ans », a révélé Isabelle Chabot, agent de brevets, chez Ogilvy Renault. Heureusement, toujours concernant la Russie, la fameuse « enveloppe » - tous comprennent qu’il s’agit de payer indûment le fonctionnaire pour faire avancer sa cause - n’est pas nécessaire pour les marques de commerce!

UNE MENACE EN DEUX VAGUES
Les présentations ont aussi montré que la menace arrive en deux vagues. Pour continuer de parler en « BRIC », la 1ère vague c’est le C (Chine), alors que le trio BRI (Brésil-Russie-Inde) constituera la seconde vague. « Si on passe à travers la première vague, peut-être qu’on ne passera pas la deuxième! » Ces mots de Camil Villeneuve, ingénieur vice-président et conseiller stratégique au sien de La Société d'Experts-Conseils ProMainTeck, n’avaient rien pour rassurer l’auditoire. « 75% des Kaizen au Québec n’en sont pas des vrais. Au Japon, Kaizen signifie amélioration quotidienne, au Québec on fait une séance intensive d’amélioration et après on passe à autre chose », observe-t-il aussi. L’avenir du « Made in Québec » est-il donc menacé? Entente de partenariats, sous-traitance, branding, réflexion stratégique… les modèles de stratégies à privilégier pour demeurer compétitifs sur l’échiquier mondial ne manquent pas. Quel modèle d’amélioration continue peut encore aider face à la menace asiatique? « Le Japon est encore le modèle à suivre en la matière », pense André Roy, conseiller à la direction du développement des entreprises du Ministère du Développement économique et Régional et de la Recherche (MDERR) du Québec, qui aime bien donner l’exemple de Toyota.

« Sur les 15 plus grandes entreprises exportatrices de Chine, dix sont américaines, alors ce n’est pas si pire… », exposait André Vézina, le rédacteur en chef du journal LES AFFAIRES, conférencier lors de l’événement La Boule de cristal du CRIM, à Montréal, en février 2004, en relativisant la puissance montante chinoise. « Les Mexicains sont plus dans le trouble avec des Maquiladoras qui quittent le pays pour l’Inde et la Chine, justement, car le Mexique n’a pas la base (industrielle, de main-d’œuvre qualifiée, etc.) que l’on retrouve au Québec », argumentait-il encore. Les Québécois doivent souhaiter que leurs patrons d’entreprises maximisent rapidement l’usage de cette longueur d’avance, effectivement, en savoir faire, dont dispose l’économie du Québec. Car la force du nombre ne les favorisera jamais; il ne reste que le nombre de leurs forces!

DOSSIER À VENIR

Le cyberjournal Commerce Monde réalisera d’ailleurs des dossiers spéciaux, durant l’automne de 2004, sur ce sujet de la nécessaire innovation pour relever les défis de la concurrence étrangère émergente.

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 Fait à Québec le 15 août 2004.