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PVA ou Six Sigma ?
Innover sans se tromper de route

Par Daniel Allard


Chine, Inde, etc. La concurrence arrive de partout et les entreprises québécoises doivent réagir. Innover ou mourir ! Il reste trois ans ! Il reste cinq ans ! Le message vise particulièrement les PME. La solution : généraliser la PVA, la Production à Valeur Ajoutée.

Aux rubriques PVA, voilà que les programmes de formation se gonflent d'une nouvelle génération d'appellations : à l'approche Kaizen s'ajoutent la méthode Taguchi, Six Sigma, etc !


Patrick Sirois, président fondateur de I.D.O. Conseils inc

Pas simple d'investir dans l'innovation sans se tromper de route. Si en Europe vous entendez parler de « production agile », la discussion porte sur le même thème. L'entreprise « au plus juste », « lean enterprise », « lean manufacturing » sont encore des expressions qu'on utilise. C'est cependant du Japon des années 1950 qu'origine les fondements de ces stratégies en matière d'innovation et d'amélioration des procédés de production. Plus précisément d'un des patrons de Toyota : « C'est M. Onho qui y développa la culture de reconnaître le gaspillage », raconte Patrick Sirois.

Le principe à la base de la PVA, c'est d'éliminer le gaspillage. Le message étant de continuer à s'améliorer continuellement. Si en cinquante ans les Japonais ont très bien intégré cette culture de l'innovation permanente, c'est loin d'être le cas au Québec. « Non, le message n'est pas encore passé... Je sens trop le réflexe de sauvegarder nos acquis, alors qu'il faudrait innover, se mettre à risquer », ajoute cet ingénieur en mécanique qui dirige I.D.O. Conseils, une entreprise qu'il a fondée lorsqu'il est revenu dans la région de Québec, il y a deux ans, après six ans dans la région de Montréal à l'emploi de Bombardier. Lui ne fait pas partie des gros noms du domaine au Québec, qu'il résume à trois : Groupe Créatech, ProMain Tech et Toptech Groupe Conseil. Mais le nom de son entreprise, qui signifie « Ingénierie, développement, optimisation », le positionne dans ce monde d'experts et de consultants qui veulent accompagner les entreprises manufacturières investissant dans l'innovation.

« Le consultant est juste là pour mettre la main à la roue, la volonté doit véritablement venir de l'intérieur de l'entreprise », explique encore Patrick Sirois. Mais encore faut-il emprunter la bonne route ! Qui doit faire quoi ? Se lance-t-on dans une démarche Six Sigma comme on le fait pour une démarche de PVA ?

Six Sigma est un concept bien connu des ingénieurs qui signifie la perfection : « Un procédé de production à trois sigma fait 3,4 défauts/million d'unité, alors que six sigma signifie pour nous la perfection (plus ou moins 0,4 défaut/million) », explique l'ingénieur en mécanique. On l'utilise maintenant pour signifier un type de formation spécialisée visant l'atteinte de très hauts objectifs d'amélioration des procédés.

« (...)Six Sigma, c'est la deuxième phase, après avoir complété le ramassage des fruits mûrs grâce à une démarche initiale de PVA », poursuit-il.

« En PVA, en dedans de quatre à cinq jours, on peut aller chercher des gains ; mais pas en Six Sigma, qui représente un processus plus lent(...) Je ne suis pas certain que les PME ont un gain appréciable à aller chercher avec Six Sigma. Il faut y penser à deux fois avant de se lancer là-dedans. Faites de la PVA d'abord », conseille finalement Patrick Sirois, en pensant aux dirigeants de PME québécoises.

« Aujourd'hui, ce n'est plus juste répondre à la demande. Il faut respecter des normes ». Une démarche qui est souvent très complexe, surtout lorsque les marchés internationaux sont dans la mire de l'entreprise. Un cas qu'il connaît lui vient ici à l'esprit : « Vanaction adapte des autobus pour handicapés. Comme la compagnie s'intéresse au marché européen, elle a décidé de viser le pays avec les normes les plus élevées, dans ce cas la Suède. C'est une bonne stratégie. »

Au fil de l'entrevue, Patrick Sirois explique aussi qu'actuellement son travail de consultant mise beaucoup sur l'aspect de la « mise en service » d'un produit, car il n'y aurait pas beaucoup de gens qui le font au Québec. Autre signe du chemin à parcourir pour que l'économie québécoise se développe pleinement grâce à l'intégration d'une culture de l'innovation permanente.

Une culture qui a son propre jargon et ne soyez pas surpris si on vous propose prochainement une formule « Lean Sigma » ! Comme pour montrer qu'il faut peut-être que le Québec prenne les bouchées doubles, des consultants y offrent même cette approche qui couple le Six Sigma et la PVA ! 

www.leaninstitute.org
www.idoconseils.com