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Réplique de Jean Lanoix, auteur du livre INTERNET 2025, à la critique de Jacques Pigeon intitulée : « Les utopies dangereuses ».

 

J'invite les lecteurs de Commerce Monde à lire mon livre INTERNET 2025 pour constater que la critique de Jacques Pigeon est basée sur des faussetés et des commentaires dérisoires.

INTERNET 2025 est publié aux éditions Transcontinental dans la collection du journal Les Affaires, l'hebdomadaire le plus respecté dans le domaine du commerce au Québec. L'éditeur en chef, Jean Paré, s'est personnellement intéressé à mon projet parce que mes scénarios du futur sont supportés par deux années de recherches approfondies sur les tendances dans les différents domaines, dont la santé, le gouvernement en ligne, l'information journalistique, le cinéma, l'éducation, le marketing relationnel et autres.

L'auteur de la critique énonce que Le Citoyen Global est une utopie dangereuse et irréalisable : « Dangereuse, parce que la vérité éclot lorsque les faits et différents points de vue se confrontent... je me méfie comme la peste des sources d'information homogénéisées comme celles que propose l'auteur. » Il faut se demander si Jacques Pigeon a vraiment lu le livre...

En 2025, l'organisation du Citoyen Global décrite dans mon livre est présente dans 22 pays industrialisés et définie ainsi : « Chacun des 22 pays possède sa propre organisation et son propre bureau de direction afin d'éviter que Le Citoyen Global soit le reflet d'une culture prédominante, en particulier les États-Unis. L'objectif des fondateurs a toujours été de permettre aux citoyens de tous les pays d'avoir accès aux reportages et aux points de vue des journalistes des autres pays du monde... Présenter une diversité de points de vue avec objectivité est une nécessité au sein des démocraties. »

Concernant mon chapitre sur le Citoyen Global, Jacques Pigeon poursuit « Pareilles affirmations montrent une méconnaissance grave du fonctionnement des grands médias dans notre société ». Pourtant, INTERNET 2025 stipule bien que : « L'idée de créer le Citoyen Global appartient à un groupe de journalistes américains qui considéraient que les grands conglomérats du monde de l'information n'accordaient pas assez d'importance au rôle social du journalisme à l'intérieur des démocraties. »

Depuis le début des années 80 chez nos voisins du sud, les grandes multinationales de l'information, soumises aux lois du marché, ont sérieusement diminué la qualité de l'information journalistique. Les conditions de travail des journalistes américains n'ont cessé de se détériorer, des syndicats ont été abolis et à part quelques exceptions, les grands journaux américains accordent des budgets ridicules aux nouvelles internationales. De nombreux livres font état de cette situation déplorable, dont Conglomerates and the Media, de Erik Barnouw, qui inclut, entre autres, des chapitres écrits par Gene Roberts, ex-éditeur du New York Times et Richard Cohen, ex-producteur senior du CBS Evening News.

Aux États-Unis, la pression des annonceurs est très présente et vivement dénoncée. Le cas des journalistes Jane Akre and Steve Wilson démontre bien la gravité de la situation. Ils ont été congédiés par le réseau FOX pour avoir produit un reportage sur les dangers du produit Prosilac © de la multinationale Monsanto. (Une excellente source des détails de cette saga se retrouve sur le site www.prwatch.org).

Il ne faudrait pas qu'une telle détérioration de la qualité de l'information se propage à travers le monde, et c'est pourquoi il est important que des organisations journalistiques internationales du futur, comme le Citoyen Global, prennent des mesures pour se protéger contre ces influences négatives.

De toute évidence, l'auteur de la critique a grandement besoin de rafraîchir ses connaissances sur le fonctionnement des grands médias dans le monde, et pas seulement au Québec.

Parmi d'autres faussetés dans la critique de Jacques Pigeon, soulignons celle-ci : « L'objectivité, la vérité absolue que l'auteur recherche comme le SAINT GRAAL ne font pas partie du monde temporel ». Il est pourtant écrit tel quel dans le livre, à la page 112 : « L'objectivité parfaite est utopique. Toute personne qui prétend être capable d'écrire quoi que ce soit sans que le contenu soit affecté par ses sentiments personnels, ses préjugés et sa culture se raconte des histoires. Malgré tout, la recherche honnête de l'objectivité est essentielle pour obtenir le meilleur des connaissances sur un sujet donné. » 

Jacques Pigeon critique également le chapitre du livre qui traite de l'avenir des services de la santé dans lequel les provinces canadiennes se sont partagées le coût de développement d'un système de dossier électronique du patient. Il énonce en toutes lettres : « C'est ce que j'appelle une utopie ». Selon lui, ce système de fichier central canadien est utopique car le gouvernement canadien n'a pas réussi à développer un système d'enregistrement des armes à feu tout en engouffrant plus d'un milliard de dollars dans l'aventure. Autrement dit, le gouvernement canadien ne réussira jamais dans le futur à développer avec succès un projet de communication interactive d'envergure... C'est d'un pessimisme désarmant!

Présentement, une organisation appelée Inforoute Santé du Canada a justement pour mandat de développer les bases d'un système similaire à celui que je décris dans mon livre (www.infoway-inforoute.ca). C'est l'une des priorités du gouvernement fédéral et des provinces canadiennes. Un article du Globe and Mail daté du 3 février 2005 souligne justement l'importance cruciale du projet pour l'avenir des services de la santé au Canada : « Without a doubt, such electronic health care records will improve the timeliness and quality of medical care we receive. » (Accessible sur www.globeandmail.com).

Il est important de noter que dans le projet Inforoute Santé, toutes les provinces canadiennes conservent 100% de leur contrôle sur les services de la santé au sein de leurs provinces respectives. Il n'y a pas de « contrôle central », seulement un partage de l'information et des connaissances qui profite à chaque partenaire. À l'ère de la communication interactive, il est possible de centraliser des systèmes d'information, sans nécessairement centraliser les pouvoirs. C'est l'une des caractéristiques les plus importantes du média Internet.

Dans sa critique de mon oeuvre, Jacques Pigeon énonce ce qui suit : « ...tout au long du livre, l'auteur utilise comme vecteurs les mots mondial, centralisation, milliards. Ainsi, presque toutes les initiatives sont donc mondiales, exigent plus souvent qu'autrement une organisation mondialement centralisée constituée, bien sûr, à coups de milliards. »

Le livre s'intitule INTERNET 2025. Déjà en 2005, les organisations comme eBAY, Amazon, Dell, Travelocity, Expedia, Google, Yahoo et autres sont mondiales, centralisées et ont des revenus annuels  dans les milliards. C'est la réalité de l'Internet d'aujourd'hui, alors il serait surprenant que les services Internet majeurs de l'an 2025 ne le soient pas. Avant de critiquer un livre sur l'avenir de l'Internet, Jacques Pigeon devrait commencer par comprendre les bases de l'Internet d'aujourd'hui!

L'organisation Global Business Network de San Francisco est reconnue mondialement pour ses scénarios du futur (www.gbn.com). Pour un domaine donné, comme la santé ou l'éducation, ils produisent quatre ou cinq scénarios différents, le premier étant plus pessimiste et le dernier plus optimiste, comme ceux de mon livre. Dans son livre The Art of the Long View, le président et fondateur du GBN, Peter Schwartz, affirme que trop de décideurs, tout comme Jacques Pigeon, ne croient pas aux chances de succès des scénarios optimistes: « People call optimistic scenarios unrealistic.» Cela le désole grandement, car monsieur Schwartz et ses collègues ont démontré à maintes reprises que les scénarios du futur sont extrêmement utiles pour apporter des améliorations dans différents domaines de l'activité humaine.

Pour améliorer le monde dans lequel nous vivons, nous devons commencer par imaginer des solutions, puis entreprendre des actions concrètes pour les réaliser! C'est la principale raison pour laquelle j'ai écrit ce livre.

Le 23 novembre 2003, le journal La Presse a accordé près d'une demi-page à la critique du livre INTERNET 2025 en énonçant que « Les scénarios présentés sont plausibles et teintés d'un optimisme contagieux. » C'est l'opinion inverse de celle de Jacques Pigeon.

Je vous invite donc à lire mon livre pour vous forger votre propre opinion et à me faire parvenir vos commentaires par courriel à l'adresse suivante : jlanoix@jeanlanoix.com.

Jean Lanoix
www.jeanlanoix.com
5 mars 2005

 

Post scriptum à la réplique de Jean Lanoix

Dans ma critique, j'ai soigneusement évité l'utilisation de mots outrageants et les condamnations sans appel tels que «faussetés et commentaires dérisoires». C'est trop facile.

J'ai parlé d'utopies, c'est-à-dire de rêves et d'illusions sur le fonctionnement de la société de demain. Une opinion sur les scénarios de l'auteur. Pour défendre son concept du Citoyen global, l'auteur va chercher ses exemples aux USA, le pays du meilleur et du pire. Facile. Il évoque les qualités de son éditeur Jean Paré, longtemps éditeur de L'actualité, et j'en suis. Mais, que je sache, il a pu agir en toute liberté sans l'érection formelle d'un mur infranchissable entre la rédaction et la publicité (p. 90).

Pour ce qui est de la santé, là ou j'ai «tiqué» c'est lorsque l'auteur parle d'un «fichier unique des patients canadiens» (p. 48), d'un «fichier central canadien» (p. 49). Je n'ai pas rêvé! C'est çà l'utopie! Si on parle plutôt d'un gouvernement central qui établit des normes et des standards pour les dossiers médicaux et encourage l'émergence d'initiatives dans les établissements de santé, je rejoins l'auteur.

Quoi qu'il en soit, j'invite l'auteur à prendre un verre et à poursuivre la discussion sur un sujet capital pour le développement de nos sociétés.

Jacques Pigeon
11 mars 2005