La capitale du Québec affine sa recette : mieux mettre à profit le savoir scientifique

La grande région de Québec n’a pas vu l’ombre d’une récession économique depuis les années 1980. Sa stratégie de diversification économique, lancée alors que l’État s’imposa un régime minceur dans les mêmes dites années 1980, aura perduré et tellement réussi que la ville n’en finit plus d’amasser les bonnes nouvelles. Les leaders régionaux ne s’assoient pas pour autant sur tant de lauriers.

« La grande région de Québec se caractérise par une concentration d’expertise en recherche et en innovation absolument remarquable », analysent une demi-douzaine de cosignataires dans une récente lettre d’opinion en vue de l’événement connexion2017 qui aura mobilisé quelque 150 personnes à l’Université Laval, toute la journée du 23 février 2017. Non pas pour une journée de conférences et de discours. Commerce Monde avait rarement été témoin d’une activité aussi participative pour ses participants. Inspirés des démarches d’open innovation, tous auront été très actifs et souvent en petits groupes, debouts, devant des grandes feuilles de papier, pour cogiter et s’exprimer.

Objectifs ?

  • Identifier les causes des obstacles à la bonne collaboration entre les milieux de la recherche et des affaires.
  • Proposer des pistes de solution à de meilleurs arrimages.
  • Engagement à poursuivre le processus plus tard.
  • Prochain RDV dans une année pour un connexion2018.com.

Québec peut en effet compter sur plusieurs universités, centres de recherche publics et privés, de cégeps et de laboratoires de pointe, mais « malgré cette capacité de recherche, le partenariat entre les chercheurs et les entreprises demande à être stimulé. Il faut rapprocher le milieu de la recherche et celui de l’entreprise pour favoriser davantage l’innovation sous toutes ses formes, voire la commercialiser », souhaitent les organisateurs.

QUIRION ET QUIRION

C’est à l’initiative du Parc technologique du Québec métropolitain et des Fonds de recherche du Québec que le processus du Forum Connexion 2017 aura pris forme. Pour l’anecdote, une affaire entre Quirion : Natalie, la pdg du Parc, et Rémi, le scientifique en chef du Québec (1). Ce dernier est à la tête de l’équipe qui gère les trois grands Fonds de recherche publique québécois.

L’un comme l’autre attendent beaucoup du prochain dévoilement de la Stratégie québécoise de la recherche et de l’innovation (SQRI) de la ministre Dominique Anglade, qui est annoncé pour mai 2017.

Mais d’ici là, le processus de Connexion 2017 aura produit ses premiers fruits… Avec la collaboration de l’Université Laval, du Réseau des centres collégiaux de transfert technologique (réseau Trans-Tech) et surtout de l’Institut de gouvernance numérique, autres partenaires de l’événement, la plateforme internet du processus accouchera de synthèses et de propositions permettant d’identifier les facteurs facilitant la collaboration et les moyens pour les mettre en place. Avec comme but essentiel de renforcer l’économie.

Renforcer l’économie ? Faire fondre les obstacles aux partenariats entre chercheurs et entreprises ?

Des questions au cœur du quotidien de Christian Dubé, premier vice-président Québec de la Caisse de dépôt et placement du Québec, qui a expliqué au participant comment la CDPQ est active face à leur problématique. Il a notamment tenu à démontrer que ce n’est plus vrai que la Caisse s’intéresse seulement aux très grosses entreprises.

« La CDPQ est actuellement partenaire de 550 PME au Québec. »

Il a donné l’exemple de FixAuto, une dynamique entreprise aidée dans son positionnement à l’étranger : « Une entreprise qui a le potentiel de devenir un autre Couche-Tard dans dix ans », s’est enthousiasmé Christian Dubé.

Le logiciel hopper, la technologie AddÉnergie, l’électrification des Autobus scolaires Lion, l’aide au Groupe Marcel pour acheter Lise Watier et devenir le plus grand joueur canadien en cosmétique… Il a expliqué comment il croyait au « Low $ ; Big impact ».

« Pour la Caisse, investir 8 M$ dans AddÉnergie c’est presque rien ; pour l’entreprise c’est toute la différence », de témoigner le premier vice-président Québec de la Caisse de dépôt et placement du Québec.

Vous avez votre propre vision face aux partenariats entre chercheurs et entreprises ? Plusieurs contraintes étaient déjà identifiées par la conversation en ligne post événement, et qui se poursuit…

  • les limites imposées par les modes de financement de la recherche;
  • le manque de culture de collaboration chercheurs-entreprises;
  • le manque d’arrimage entre les besoins des uns et des autres ;
  • le manque de concertation entre les organismes qui interviennent en soutien à l’innovation.

L’effort ne prendra pas fin avec le Forum. Tout au long de l’année 2017, les organisateurs souhaitent que des projets de collaboration se mettent en place et mènent à des solutions concrètes, répondant aux besoins des entreprises.

« Devant la portée de la quatrième révolution industrielle qui transforme profondément les modèles de création de richesse, les organisateurs croient que c’est plus que jamais le moment de transformer nos façons de faire. C’est par plus de collaborations que nous pourrons capitaliser sur le savoir et par la mise à profit de l’intelligence collective que nous relèverons les défis du développement économique », signaient dans leur lettre d’opinion Natalie Quirion, présidente-directrice générale du PTQM, Louis Roy, président du groupe Optel, société mère d’Optel Vision et membre de la Coalition Force 4.0, Daniel Coderre, pdg de Génome Québec, Mathieu Vigneault, pdg du réseau Trans-Tech, Angelo Tremblay, vice-recteur à la recherche et à la création de l’Université Laval, Yves Bégin, vice-recteur à recherche et aux affaires académiques de l’INRS, Jean-François Gauthier, pdg de l’Institut de gouvernance numérique.

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Le Fonds de solidarité FTQ et Inno-centre encouragent l’innovation au sein de 30 PME québécoises

Concrètement, chaque entreprise déjà identifiée bénéficiera de 300 heures, d’une valeur de 100 000 $, de services professionnels d’accompagnement sur mesure pour les aider dans leurs démarches liées à l’innovation.

Cette initiative est financée en partie par une contribution du Programme canadien des accélérateurs et des incubateurs (PCAI) administré par le Conseil national de recherche du Canada.

Grâce aux professionnels du Fonds, d’Inno-centre et de firmes spécialisées, ces PME seront sensibilisées à l’importance d’innover et accompagnées dans la mise en œuvre de solutions pratiques.

« Avec ce partenariat, le Fonds de solidarité FTQ et Inno-centre souhaitent provoquer un déclic au sein des entreprises québécoises. En matière d’innovation, les entreprises québécoises doivent rattraper rapidement le terrain perdu au cours des années. Il y a urgence d’agir. Cette initiative permettra aux entrepreneurs de prendre conscience de l’importance d’innover, ainsi que de lancer les projets nécessaires pour mieux affronter les défis de l’économie mondiale de demain. »
Alain Denis, vice-président principal, Innovation, Fonds de solidarité FTQ.

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(1) C’est depuis le 1er septembre 2011 que Rémi Quirion occupe le poste de scientifique en chef du Québec, un poste nouvellement créé. À ce titre, il préside les conseils d’administration des trois Fonds de recherche du Québec et conseille la ministre de l’Économie, de la Science et de l’Innovation du Québec en matière de développement de la recherche et de la science.

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Tendance : quand Maple Leaf s’intéresse aux protéines végétales

Parce qu’il faut le savoir : quand 10 000 litres d’eau sont nécessaires pour produire un kilo de bœuf et 4 000 pour un kg de volaille, il en faut 1 000 pour le kilo de blé et 400 pour un kg de maïs. Cette suite statistique n’était certes pas à la base de la décision de l’entreprise canadienne, mais le récent choix stratégique de Maple Leaf de consacrer 140 millions $US (avec les coûts associés) pour mettre la main sur une entreprise au Massachusetts spécialisée dans les protéines végétales annonce aussi une tendance du marché.

Maple Leaf a de fait signé une entente définitive en vue du rachat de Lightlife Foods qui, depuis 1979, se spécialise dans les produits comme des charcuteries végétariennes, les hot-dogs et les burgers de source végétale : « Made directly from plants, and not the animals that eat them. »

Manifestement écologiste, cette firme remet même 5% de ses profits à sa communauté : notamment The Greenfield Lightlife Triathlon et Wholesome Wave’s.

« For over 35 years we have
contributed 5% of our profits to organizations
that support the earth
on which we live
and healthy lifestyles for people like you. »

 

L’acheteur canadien ne précise pas ses intentions à cet égard. Mais il comprend que le marché des protéines alternatives est en expansion.

«  Les consommateurs sont à la recherche de sources de protéines alternatives et ce marché en expansion est l’une des plateformes de croissance stratégique de Maple Leaf. L’équipe de direction de Lightlife continuera à exploiter l’entreprise de Turners Falls, au Massachusetts, qui sera dorénavant une filiale de Maple Leaf », d’expliquer Michael McCain, le président et chef de la direction de Maple Leaf.

La transaction est actuellement assujettie à un examen réglementaire aux États-Unis et elle devrait être conclue en mars.

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Photo: Siège de Maple Leaf au Canada.

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Exceptionnelle photo de la planète habitable

Exceptionnelle photo de la planète habitable!

Non elle n’est pas ronde, car sans son océan planétaire elle a des ressemblances avec un drôle de raisin sec. Mais elle comporte en fait énormément d’eau. Plus du deux tiers de sa surface. Mais essentiellement de l’eau salée. Des milliards de kilomètre 3. Mais la vie y existe bel et bien…

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Oui, l’ironie de s’exciter avec la dernière découverte des chercheurs de nouvelles planètes – si possible habitables – c’est que nous en savons encore trop peu sur cette Terre que nous habitons déjà comme espèce. Principale ineptie: l’Humanité ne connaît pas son océan planétaire.

Si les terres émergées de la Terre sont en moyenne à 800 mètres de hauteurs, la même statistique pour les fonds marins est une moyenne de 4 800 mètres de profondeur. La fosse des Mariannes est plus profonde que le mont Everest est haut.

Nous vivons sur une planète eau largement méconnue. Et très peu de moyens techniques nous permettent d’en explorer les bas-fonds. Une dizaines de sous-marins tout au plus dans le monde sont capables de descendre sous les 6 000 mètres des océans.

Alors avant d’investir des milliards en $ pour explorer l’extraterrestre, si on regardait dans notre cour ?

La Terre ? Une sphère ?
Si la Terre était une boule parfaitement ronde
et homogène, la gravité serait strictement égale en tout point
de la Terre.
Mais ce n’est pas le cas :
les montagnes très massives augmentent la gravité,
et certaines zones terrestres ou océaniques sont plus denses que d’autres.

(Source de cette animation: failblog.fr/22979-La-Terre-sans-eau.html )

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Ouvrir l’ALÉNA : eau là, là!

La récente rencontre TrumpTrudeau, à Washington, aura plutôt rassuré la galerie pour les gens qui s’inquiétaient de voir arriver la présidence Trump avec sa requête de rouvrir le traité de l’ALÉNA. On parle maintenant de petits ajustements accessoires dans le cas du Canada; les gros yeux seraient davantage dans la relation USAMexique. Est-ce aussi sûr que ça ?

Le traité de l’ALÉNA, comme plusieurs du type, fonctionne avec une liste d’exclusions. C’est-à-dire que les négociateurs pouvaient inclure à la liste d’exceptions les sujets non couverts. Ce qui implique comme corollaire qu’en principe tout ce qui n’est pas exclus est inclus. C’est ainsi que le Mexique refusa stratégiquement de mettre le pétrole sur la table et que le pétrole mexicain n’est pas partie à l’ALÉNA (incidemment, par l’ALÉNA, le Canada doit fournir 65% de son pétrole au marché états-unien). Le Canada aurait pu faire de même pour l’eau. Il ne l’a pas fait.

Ce qui ne veut pas dire automatiquement que l’eau fait partie de l’ALÉNA. Des lois fédérales et provinciales canadiennes sont venues encadrer, voire interdire, les exportations massives de la ressources eau. Au Québec, l’eau est par exemple traitée comme une chose, et non pas un produit. C’est aussi un bien public protégé comme tel.

Le sujet est complexe et très sensible.

Mais la réouverture de l’ALÉNA pourrait très bien ramener le débat de l’exportation massive de l’eau du Canada sur la table des négociations.

Rien ne l’exclu à prime abord.

L’ouest des États-Unis d’Amérique a très soif. Sa séculaire stratégie de développement économique par l’offre est devenue une catastrophe écologique.

Alors que ceux qui entrevoient calmement l’enjeu ALÉNA se préparent à d’éventuelles grosses vagues. Le bois d’œuvre prendra certes une bonne place dans le débat, mais possiblement aussi la ressource eau douce.

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Vision : parlons donc déjà de la 5e révolution industrielle

Les grandes entreprises de l’économie mondiale se sont faites dire, en janvier, à Davos, selon un rapport diffusé par le World Economic Forum, que la quatrième révolution industrielle – celle de la numérisation et de l’impression 3D – entraînera « 5 millions de pertes d’emplois en cinq ans » dans les principales économies mondiales. Belle révolution… On verra bien! Mais dans cinq ans, nous serons aussi probablement bien entrés dans la 5e révolution industrielle. De quoi est-il ici question?

Depuis disons 1850 et les débuts de la première révolution (avènement de la machine à vapeur), la deuxième (électricité, chaîne de montage) et la troisième (électronique, robotique), nous voilà rendu en 2017 de plein pied dans la quatrième révolution industrielle, celle qui combine plusieurs facteurs comme l’internet des objets et les mégadonnées (big data) pour une énième transformation structurelle de nos économies.

L’accélération de l’innovation donnera encore une plus courte vie à cette phase de développement que les précédentes. Alors vaut mieux déjà se préparer à la phase suivante. Le web est étrangement peu bavard sur le thème de la 5e révolution industrielle.

Nous avons pourtant remarqué un maire d’une municipalité du Québec ayant bien en tête ce qui l‘attend :

« Pour ma part, j’en suis déjà à la 5e révolution, celle des technologies axées sur les énergies renouvelables, la chimie verte et les technologies de recyclage et de réutilisation », disait avec une pointe d’humour le maire de Bécancour, Jean-Guy Dubois, dans un cahier spécial du groupe de presse Groupe Capitales Médias, publié papier le 11 février 2017, en collaboration avec l’Union des municipalités du Québec, à travers les six quotidiens de l’entreprise.

En 2017, Bécancour est une ville de 13 000 habitants bien située sur la rive sud du fleuve St-Laurent, juste en face de Trois-Rivières, née d’une fusion de six villages en 1965 et que le gouvernement du Québec de la fin des années 1960 destinait à accueillir une imposante usine de sidérurgie. Sans suite, c’est plutôt le nucléaire qui lui fera un nom, avec les centrales Gentilly I et II, pourtant fermées en 2012.

La vision du maire Dubois repose donc sur des réflexions et planifications conséquentes à de durs revers en développement économique. Et il a aussi des acquis! C’est à Bécancour que se trouve une des trois usines de l’entreprise PureSphera spécialisée dans la récupération des réfrigérateurs et autres appareils frigorifiques. Gérée toute proche de la ville de Sherbrooke, l’entreprise opère aussi des usines à Regina et à Winnipeg dans l’ouest du Canada. Elle est le premier centre de gestion intégrée des halocarbures en Amérique.

Que sa vision de la 5e révolution industrielle soit exacte ou non, le maire Dubois avance certainement dans la bonne direction. Parce que ce n’est pas d’hier que la pensée verte figure aux palmarès des prospectivistes. Le spécialiste de prospective économique et scientifique Jeremy Rifkin avait déjà annoncé la Troisième Révolution Industrielle comme « le fruit de la synergie entre les énergies renouvelables et les technologies d’Internet. » Sa vision reposait sur les cinq piliers suivants : passer aux énergies renouvelables, développer les bâtiments producteurs d’énergie, se doter des capacités de stockage de l’énergie, développer l’Internet de l’énergie et réinventer la mobilité des personnes et des biens.

À cette époque pas lointaine du tout, des avant-gardistes comme la région Nord – Pas de Calais, en France, y ajoutaient aussi trois précisons pour orienter leurs travaux, soit l’efficacité énergétique, l’économie de la fonctionnalité et l’économie circulaire.

Alors sans trop vous emmêler entre le vocabulaire de Révolution Industrielle 3, 4 ou 5, pensez vert et numériquement, socialement acceptable et efficace… vous serez dans le coup!

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Source de l’image: alloprof.qc.ca.

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