Dossier spécial Québec-Bavière : plus de 25 ans de partenariat qui facilite les affaires (2 de 5)

La relation de partenariat officiel entre le Québec et la Bavière est déjà une histoire d’un gros quart de siècle. C’est précisément en 2014 que le stade du 25 ans fut fêté et salué. Parce que c’est le 18 janvier 1989, par un communiqué conjoint signé à Munich entre le premier ministre du Québec, Robert Bourassa, et le ministre-président de la Bavière, Max Streibl, que les deux États confirmaient la signature de l’accord de coopération liant la Bavière et le Québec. Cela, forts des résultats de quelques années préalables de relations bilatérales déjà constructives.

S’il faudra attendre 1997 pour que le Québec ouvre sa représentation à Munich, alors qu’en 1999 la Bavière faisait de même à Montréal, le Groupe de travail sur la coopération Québec-Bavière se réunit tous les deux ans depuis 1991. Notamment axée sur l’innovation technologique, le développement durable, la création artistique et les échanges éducatifs, la coopération entre les deux sociétés a évolué au fil des années et a produit de nombreux résultats concrets.

Quantitativement, depuis 1989, plus de 650 activités de coopérations sont à mettre au profit du partenariat officiel entre le Québec et la Bavière.

C’est surtout le canal de confiance réciproque et la solidité de la relation qui incombe maintenant. À titre de premier ministre, Jean Charest ira deux fois à Munich en voyage officiel, en 2006 et 2011.

Toutes deux des sociétés parmi les plus développées au monde, le Québec et la Bavière ont beaucoup à partager, à faire ensemble. La Bavière est parmi les terres les plus innovantes de la planète : plus de 25% des demandes de brevet d’Allemagne sont issues de la Bavière. La capitale politique et économique, Munich est la troisième ville du pays avec plus de 5 millions d’habitants dans sa région métropolitaine. Elle est aussi l’une des villes les plus riches de l’Union européenne, grâce à un PIB/habitant dépassant les 53 000 Euros. Et l’aéroport de Munich, parmi les plus efficaces en Europe, a d’ailleurs été sacré six fois le « meilleur d’Europe ». Comme la capitale du Québec pour l’Amérique, Munich a aussi pour particularité d’accueillir de nombreux sièges sociaux de sociétés d’assurances en Allemagne.

Actuellement, les secteurs phares de la coopération Québec-Bavière touchent l’aéronautique, les technologies médicales, l’énergie et le développement des grappes industrielles (clusters). Car la Bavière a fait du développement de clusters un véritable fondement de sa stratégie de développement industriel. Le gouvernement de l’État de Bavière offre depuis longtemps un fort soutien à des secteurs choisis, dont un des principaux véhicules de soutien est l’Alliance bavaroise pour l’innovation, qui a comme pilier la création de clusters ou grappes industrielles dans 19 secteurs clés de son économie.

Les 19 clusters de la Bavière

 
Technique de l’automobile

Génie ferroviaire

Logistique

Aérospatiale

Navigation par satellite

Biotechnologies

Génie médical

Technologies énergétiques

Technologies de l’environnement

Produits forestiers

Industries de transformation des produits alimentaires

Services financiers

Médias

Génie des matériaux

Industries chimiques

Nanotechnologies

Technologies de l’information et de la communication

Électronique à haute performance

Mécatronique et automatisation

 Pour aller plus loin : www.invest-in-bavaria.de/fr/accueil/ ou contacter directement la Représentation.

Chacune de ces grappes est conçue pour favoriser, sur l’ensemble du territoire de la Bavière, le renforcement de réseaux de coopération entre entreprises, établissements d’enseignement supérieur, instituts de recherche et de développement, ainsi que des fournisseurs de services spécialisés et de soutien financier.

Une coopération devenue multidisciplinaire

Portant initialement sur les échanges économiques et technologiques, l’accord de coopération liant la Bavière et le Québec s’est au fil du temps élargi aux échanges scientifiques, culturels, politiques et administratifs, mais aussi dans le domaine de l’éducation.

De nouvelles ententes de collaboration ont d’ailleurs été convenues encore récemment.

  • Avril 2017 a vu le Consortium pour la recherche et l’innovation en aéronautique du Québec (CRIAQ) signer une déclaration d’intentions avec le campus Ludwig-Bölkow de Munich Aerospace GmbH.
    Signée en présence de représentants officiels des gouvernements bavarois et québécois, cette déclaration d’intentions vise à approfondir les activités communes dans tous les domaines de l’aérospatiale, depuis le « green aerospace » jusqu’aux systèmes autonomes, en passant par les systèmes intégrés, la sécurité publique et l’innovation et l’entrepreneuriat. Le Campus Ludwig-Bölkow (LBC) a été créé en mai 2012 avec pour objectif de devenir une plateforme internationale en innovation et en formation axée sur la pratique dans le secteur de l’aéronautique, aérospatiale et sécurité. Sur le campus d’Ottobrunn/Taufkirchen, proche de Munich, activités d’enseignement, industrielles et scientifiques travaillent donc en réseau étroit, en provenance du monde entier, pour créer des synergies, ce depuis l’idéation jusqu’à la fabrication finale d’un produit.

 

  • En mars 2017, une délégation d’enseignants de Munich visitait Québec et Montréal pour en apprendre plus sur les mesures d’intégration des immigrants dans le système d’éducation publique au Québec. Un groupe de 17 personnes : enseignants du primaire et du secondaire, éducateurs en milieu de garde préscolaire, responsables du département d’Éducation et du Sport de la Ville de Munich. Cette visite s’inscrivait dans la suite de celle des parlementaires de la Commission sur l’éducation du Landtag, venus au Québec au printemps 2016 afin de s’informer sur les politiques québécoise en matière d’éducation publique et d’intégration des immigrants et des réfugiés.

 

  • Septembre 2014, à Montréal, une entente de coopération Bavière-Québec en matière de recherche et de technologie fut signée par le Dr. Michael Mihatsch, sous-ministre adjoint au ministère bavarois de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur, des Sciences et de la Culture, ainsi que par Maryse Lassonde, la directrice scientifique du Fonds de recherche du Québec – Nature et Technologies, et le Dr. Renaldo Battista, directeur scientifique du Fonds de recherche du Québec – Santé. Dans le cadre de cette entente, les partenaires s’engagent à intensifier les échanges d’information dans des domaines de recherche d’intérêt commun, à augmenter le nombre d’activités communes ou encore à créer des mécanismes favorisant la participation conjointe des chercheurs du Québec et de la Bavière dans des initiatives et des projets de recherche d’envergure internationale.

Depuis plusieurs années, des scientifiques bavarois sont aussi actifs au sein du programme OURANOS de recherche sur les changements climatiques du Québec.

www.bayfor.org/en/portfolio/international-cooperation/bavaria-quebec.php

Le ministère des Relations internationales et de la Francophonie (MRIF) du Québec offre deux bourses de spécialisation, d’une valeur de 5 000 $ chacune, pour des séjours de courte durée (de 4 à 12 semaines), en Bavière, à des étudiants québécois qui désirent poursuivre des études ou faire de la recherche dans le cadre d’un programme de 2e ou de 3e cycle.

Du côté de la Bavière, le ministre-président offre entre trois et cinq bourses, d’une valeur de 1 500 euros chacune, à des étudiants inscrits dans un établissement d’enseignement supérieur en Bavière et dont le mémoire de fin d’études (baccalauréat, maîtrise, diplôme, etc.) portera sur le Québec. Cette bourse prévoit aussi un séjour de quatre à six semaines au Québec.

Soulignons qu’une autre province du Canada, l’Alberta, soutient des relations actives avec la Bavière. L’Alberta a notamment un bureau de l’Alberta à Munich depuis 1999. Mais c’est de Montréal que la Bavière fait le suivi de ce partenariat qui se concentrent actuellement sur les domaines scientifique et technologique. C’est le Bureau de coordination Bavière/Québec/Alberta/International de l’Alliance bavaroise pour la recherche (Bayerische Forschungsallianz – bayFOR) qui a mandat de soutenir la mobilité des chercheurs bavarois vers leurs homologues albertains.

Montréal et Québec, bien plus allemandes qu’elles ne paraissent

À Montréal, le Goethe Institut Montréal offre déjà depuis plusieurs années des films allemands contemporains en version originale sous-titrée, et avec 2017 l’offre s’étend dorénavant à la ville de Québec (un partenariat avec le Cinéma Cartier, qui présente les dernières tendances du film contemporain allemand).

L’île de Montréal a aussi son école allemande : fondée en 1980, l’école internationale allemande Alexander von Humboldt à Montréal, située dans l’ouest à Baie D’Urfé, est une école privée trilingue et indépendante, membre du réseau mondial de 140 écoles allemandes à l’étranger. Avec 300 élèves, celle de Montréal accueille les enfants de la pré-maternelle à partir de 2 ans et demi, et offre un programme d’immersion jusqu’à la 12e.

www.avh.montreal.qc.ca

Et comment ne pas s’émerveiller devant le Marché de Noël allemand de Québec… Maintenant un incontournable de la capitale du Québec en hiver. La communauté allemande de Québec est un petit groupe, mais lorsqu’elle lance en 2008 l’idée d’un marché de Noël « à l’allemande » (l’événement aura lieu dans un sous-sol d’église un samedi après-midi) elle ne se doute pas qu’en moins de dix ans, son micro-village de chaleureuses maisonnettes de bois faisant découvrir le vin chaud épicé (Glühwein), la gastronomie et l’artisanat s’installe dorénavant pour 10 jours de décembre, à la très centrale place de l’Hôtel de Ville, et fait la joie de plus de 50 000 visiteurs dans la ville de Québec sous la neige.

À Québec, il est même possible, dans son réseautage d’affaires, de croiser par hasard une jeune femme formée au Ph. D. à l’Université Laval, Anna Scheili, qui fut engagée rapidement à titre d’experte-conseil par une entrepreneure d’origine allemande résidente de la ville, madame Sonja Behmel, parce qu’elle maîtrisait totalement l’outil logiciel qui est devenu la force de son entreprise : WaterShed Monitoring. Ayant son siège social sur la Grande-Allée, à Québec, et aussi un bureau à Munich, WaterShed Monitoring est un fournisseur de solutions technologiques innovatrices pour le stockage et l’analyse de données sur la qualité de l’eau. C’est un exemple type des liens concrets d’affaires qui relient le Québec et la Bavière.

WaterShed Monitoring: Strategic Coaching and Cloud Solutions for Water Management Worldwide

WaterShed Monitoring develops and markets innovative solutions for every stage of water quality monitoring. In a global context of increased pressure on water resources, the collection of reliable data on water quality is becoming more and more important, as well as the exploitation and storage of the collected data. WaterShed Monitoring thus offers a multifunctional cloud database called Enki® along with an advanced consulting expertise. Enki® is the first cloud-based software designed to store, organize, contextualize, analyze, publish and share all types of water-related data and geographical information from the watershed to the tap. With Enki®, WaterShed Monitoring seeks to achieve the full potential of water monitoring efforts and water-related data with a view to improving water governance, ensuring a better protection of water resources and enhancing decision-making in water management.

Today, WaterShed Monitoring has an international presence from Canada to Europe, thanks to a branch and R&D collaborations in Germany.

Québec-Bavière : de nombreuses similitudes

De l’Amérique à l’Europe, séparées par plus de 6 000 km, si le Québec comme la Bavière ont décidé de travailler en étroite collaboration, c’est pour beaucoup en raison des nombreuses similitudes de leur société :

  • la Bavière est le plus grand Land de l’Allemagne ; le Québec est la plus grande province du Canada ;
  • la Bavière et le Québec se tiennent au second rang de leur pays en termes de population et d’économie ;
  • les deux régions accordent une importance particulière à la défense de leur identité et de leur culture propre ; elles utilisent cette dernière comme une base de conception de leur identité politique ;
  • la Bavière et le Québec ont un passé rural et catholique relativement proche ;
  • les deux régions ont su profiter de leurs structures économiques, qui favorisent l’éclosion de PME, pour se transformer en hauts-lieux des technologies de pointe ;
  • chacune des deux régions mise sur le développement d’énergies renouvelables – solaire et éolienne en Bavière, hydraulique au Québec;
  • la population et la culture de la Bavière, à l’image de celles du Québec, sont reconnues pour leur chaleur et leur convivialité.

Ensuite, le succès des relations officielles entre la Bavière et le Québec est certes attribuable à une volonté politique commune et à une confiance solidement développée en travaillant ensemble.

Bientôt forte de trois décennies complètes, les gens d’affaires des deux États ont tout intérêt à suivre la route de cette coopération déjà bien tracée.

Pour visitez le site web dédié au 25e jubilé de la coopération : www.quebec-baviere.com

 

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