Enfin la ZLEC : 44 pays d’Afrique signent un accord de libre-échange quasi-continental

Il faudra bien surveiller la suite des choses à court terme, car entre des signatures devant la galerie de la presse et la véritable ratification d’un traité, il y a la différence entre une intention et un fait. C’est dans ce test que sont engagés, depuis un peu plus d’un mois maintenant, 44 des 55 pays membres de l’Union africaine. Pour ainsi dire, ils ont historiquement engagé leur pays dans un projet d’accord de libre-échange continental. On espère maintenant qu’il entrera en vigueur d’ici la fin de l’année 2018.

Le jour historique à inscrire sera alors celui du 21 mars 2018 et la ville Kigali, au Rwanda. Moment qui aura vu 80% des leaders politiques nationaux d’Afrique parapher ce qui deviendrait le plus gros accord de libre-échange depuis la création de l’Organisation mondiale du Commerce. C’était alors la grande réforme mondiale qui transforma le GATT en OMC, il y a un peu plus de vingt-cinq ans déjà (l’OMC fut officiellement créée le 1er janvier 1995 des suites de la signature de l’accord à Marrakech le 15 avril 1994).

Dans le présent cas africain, l’entente, issue d’un sommet extraordinaire de cinq jours de l’Union africaine, vise à donner naissance à un marché continental de quelque 1,2 milliard de personnes, actuellement.

Le quotidien Jeune Afrique par le d’ailleurs de « l’accord sur la zone de libre-échange continentale ». En produit intérieur, on parle d’un PIB s’élevant globalement à 3 400 milliards $US (2,5 G en se limitant aux pays concernés).

Mais l’Afrique est aussi le continent qui affiche présentement les plus hauts taux de croissance démographique de la planète.

L’impressionnante Éthiopie affichant 2,46% de taux de croissance démographique vient en 2018 de joindre le « club » des pays de 100 millions d’habitants et plus sur la Terre (ils sont 13 maintenant); et l’Égypte est à l’horizon des années proches, comptant déjà plus de 90 millions de population. Mentionnons également la République démocratique du Congo, qui avait 76 millions de citoyens en 2015, mais 81 millions en 2017, et terminera 2018 autour de 84 millions ; parce qu’avec un 3,28% comme taux de croissance de sa population, il s’en ajoute autour de 2 665 000 annuellement. Bref, il y aura plus de 2 milliards d’Africains bien avant 2050.

OBJECTIFS

Un des principaux objectifs de l’accord signé à Kigali est d’encourager les échanges commerciaux intra-africains. Réduire la dépendance envers la volatilité du cours des matières premières, qui frappe plusieurs exportations africaines, fait aussi partie de la liste.

De fait, trois accords ont alors été signés : un sur la zone de libre-échange continentale (ZLEC) par 44 pays, le protocole de libre circulation des personnes sur le continent par 27 pays, et enfin la « déclaration de Kigali », déclaration solennelle de fin de sommet par 43 pays. Le projet de ZLEC se veut une pierre angulaire de l’agenda 2063 de l’UA; en référence à la création de l’organisation en 1963 à Addis-Abeba. On le discute depuis plusieurs années déjà.

Le tout mis ensemble, certains s’’inquiètent déjà de voir les habitants des pays les plus pauvres se déplacer vers des puissances économiques comme le Nigeria et l’Afrique du Sud, qui devraient être les principales bénéficiaires de cette entente, même s’ils ne l’ont pas signée, ni l’un, ni l’autre. Le président du Nigeria était absent du sommet. Et l’Afrique du Sud ne croit pas réaliste un objectif de mise en vigueur dès janvier 2019.

L’accord a tout de même été signé par des pays dont l’économie est en pleine ascension, comme le Ghana et l’Éthiopie. Même la République arabe sahraouie démocratique (RASD) l’a signé : les représentants marocains quittant alors la salle, en signe de non reconnaissance de ce gouvernement, mais revenant pour signer à leur tour. Si 44 des 55 pays membres de l’Union Africaine sont signataires, les 11 n’ayant pas suivi sont le Bénin, le Botswana, le Burundi, l’Érythrée, la Guinée-Bissau, le Lesotho, la Namibie, le Nigeria, la Sierra Leone, l’Afrique du Sud et la Zambie.

Selon le texte signé à Kigali, pour entrer en vigueur l’accord devra être ratifié par un minimum de 22 pays.

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Daniel Allard
Depuis 1997, Daniel Allard a co-fondé et dirige le cyberjournal CommerceMonde.com. En 2013, il fit de même avec l'Association des sociétés québécoises cotées en Bourse, organisant notamment le Gala annuel des sociétés en Bourse (2008 à 2015). Le développement de l'équipe de LiNNOVarium.com est son actuelle priorité.