MAXI-TOUR SE DISTINGUE EN REVOLUTIONNANT LE "STEP-FEEDER"

par Carole Towner

 

Le cheval de bataille de cette PME, le step-feeder (démêleur-alimentateur), lui ouvre bien des portes. Cet appareil "dernier cri", relancé par la compagnie, a été amélioré par l'équipe multidisciplinaire de Maxi-Tour.


"Nous avons développé un système de conception et d'optimisation qui nous permet d'atteindre des vitesses de 80 billes à la minute. Nous misons beaucoup sur ce produit, actuellement breveté, car cela nous permet de contrôler les entrées des usines et par le fait même d'élargir notre clientèle, puisque la machine principale des usines de bois de sciage est alimentée par le démêleur-alimentateur", affirme Guy Chabot, vice-président. L'appareil traditionnel ne dépassait pas la vitesse de 40 billes à la minute. Soixante de ces step-feeders améliorés ont été vendus durant les derniers six mois.

Reste donc la sortie des usines à contrôler, pour que la stratégie opère au maximum. "Actuellement, ajoute M. Chabot, nous développons une machine spéciale qui nous permettrait de contrôler toutes les sorties des usines de sciage. Cette machine pourrait opérer sur des pièces équarries jusqu'à des vitesses de 200 pièces/minute." Un appareil révolutionnaire qui pourrait permettre à Maxi-Tour de s'introduire solidement sur la scène internationale.

Principalement active dans le domaine du bois de sciage, Maxi-Tour usine et livre des systèmes d'équipements de manutention à des entrepreneurs pour des projets de type "clés en main". Également présente dans les secteurs des pâtes et papiers et des panneaux de bois composite tels l'OSB et le MDF, l'entreprise située à Ville-Vanier peut aussi bien moderniser une usine déjà existante qu'installer toute la machinerie sur un terrain vide. Hautement spécialisée et productive, elle peut faire face à la concurrence, non seulement par son expertise en mécanique, automatisme, contrôle et instrumentation, puissance hydraulique et électrique, mais grâce aussi à sa stratégie de marketing.

Fondée en 1985 par Guy Dussault, actuel président-directeur général, la PME regroupe aujourd'hui trois autres actionnaires: Guy Chabot, Fernand Tremblay et Richard Maltais, tous les trois issus du domaine du sciage. C'est à Saint-Emile, sur la Rive Sud de Québec, que la première usine a vu le jour. Guy Dussault était à l'époque contremaître pour la scierie Leduc. Il disposait de 20,000$ quand il a eu l'idée de démarrer sa propre entreprise et d'acheter une tour à fer et de l'équipement pour fabriquer toutes les composantes dont les usines de sciage ont besoin pour la maintenance. L'usine comptait à l'époque une vingtaine d'employés. Depuis 1991, année où se sont ajoutés les trois partenaires financiers, Maxi-Tour a déménagé à Portneuf, puis à St-Jérôme dans le Nord de Montréal, avant de venir s'installer définitivement à Vanier où elle opère présentement, avec le Groupe Cogexco, qui loge à la même enseigne. Ce dernier est responsable de l'ingénierie et de l'administration de Maxi-Tour. L'usine de 60 000 pieds carrés compte aujourd'hui 200 employés et son chiffre d'affaires annuel se situe autour de 20 millions$.

Photo: Maxi-TourMaxi-Tour a manufacturé, depuis 1991: 20 chargeurs à bois, 40 démêloirs à planches, 10 systèmes de manutention de copeaux, 10 systèmes de manutention d'écorce, 6 bennes à copeaux, 4 bennes à écorces, 2 tronçonneuses optimisées à billes, 3 systèmes de chute Crazy wheels, 4 ébouteurs à scies multiples et 4 classeurs automatiques. L'usine, dont la clientèle se situe présentement dans la région de Québec, en Ontario, dans les Maritimes et dans le Maine, compte des clients importants dont Forex, Donohue, Domtar, Daishowa et aussi Hydro-Québec.

La matière première, l'acier, est transformée ici à l'usine de Vanier où l'on procède au soudage, au montage, au découpage et à l'assemblage, répondant aux normes de soudure de l'ACNOR. Maxi-Tour, qui n'est pas assujettie à d'autres normes de qualité, offre une garantie d'un an à ses clients et se prépare à répondre aux normes ISO 9000. Trois personnes sont responsables de la vérification concernant les dimensions, les pièces, les soudures, les équipements et les dessins avant la fabrication. " Dans le domaine du sciage, qui est très spécifique, explique Guy Chabot, il y a peu de fabricants. Le contrôle de la qualité se fait dans le même sens que la publicité, soit le bouche-à-oreille. C'est une relation de confiance que nous avons avec nos clients et un client insatisfait aurait vite fait chuter celle des autres".

SAVOIR S'ADAPTER AUX NOUVEAUX MARCHES

Maxi-Tour, qui a investi plus de 800 000$ en R&D l'an dernier, a développé une nouvelle expertise dans le domaine du bois composite: au Québec, la matière première en résineux se fait plus rare et des essences de moins bonne qualité, telles le bouleau et le tremble, autrefois utilisées comme bois de chauffage, sont aujourd'hui récupérées pour fabriquer ces panneaux. Un contrat de 9M$ a d'ailleurs été réalisé avec Forex Maniwaki, en 1997. La demande risque d'être plus forte dans ce secteur au cours des prochaines années.

Le recyclage (2% de la production actuelle chez Maxi-Tour) est aussi un créneau qui risque de se développer, du côté des industries des pâtes et papiers et de celles de la construction.

Sur la scène internationale (environ 10% du chiffre d'affaires), Maxi-Tour avance progressivement. Un contrat de 1,5M$ avec la Moose River Lumber Co. inc., dans le Maine, et un autre de 4M$ avec la Sawyer mill Lumber Co. Ltd., au Michigan, ont été réalisés en 1997. Au Japon, la compagnie a participé à une ligne de sciage et d'écorçage.

"L'avenir, d'ici dix ans, va nous amener vers les marchés d'exportation", de dire Guy Chabot, qui arrive justement de Russie, où il effectuait un voyage de dix jours visant à examiner les possibilités d'expansion de ce côté-là (60% de la réserve mondiale de bois se trouve en Russie). Le Chili en détient également une bonne part. Présentement, les gouvernements fédéral et provinciaux sont prêts à subventionner les entreprises ayant des projets en Russie et les entrepreneurs russes sont ouverts à des partenariats avec les Québécois, fait aussi remarquer l'homme d'affaires.

Quoi qu'il arrive, Maxi-Tour peut faire face à la musique, même si elle se concentre actuellement sur sa clientèle locale. Mais il ne serait pas étonnant que d'ici quelques années, l'usine de Vanier devienne une importante entreprise internationale, défiant la concurrence de par le monde comme d'autres entreprises québécoises de son secteur tel, Les Ateliers Benoît Allard à Chicoutimi, Cannemec à La Baie et l'entreprise de Québec S. Huot