Histoire de Voir Québec
Un rayonnement international insoupçonné pour les Éditions Sylvain Harvey

 

par Daniel Allard

DEC.gif (41498 bytes) C'est un film qui a beaucoup fait pour mettre la ville de Philadelphie sur la carte, ces dernières années. La culture est aussi un "business" qui peut peser lourd comme outil de promotion international d'une ville ou d'une région et Québec a aussi un bon exemple à ce titre: le livre Histoire de Voir Québec. Probablement un des "best seller" dont on a le moins parlé dans le monde québécois de l'édition. Peut-être parce que c'est une histoire bien particulière qui a permis à la région de Québec, depuis 1994, de se laisser raconter, en six langues à travers le monde, pas moins de 100 000 fois.

"Je visais 25 000 copies vendues par année. Après quatre ans, je dépasse les 100 000. Je considère que c'est un extrême grand succès. Dans le monde de l'édition au Québec, on dit que 3 000 à 5 000 copies c'est un succès, alors...", raconte fièrement Sylvain Harvey.

L'entrepreneur à l'origine de ce succès a eu l'intuition de faire des forces de la région, les forces de son produit: "Je voulais doter Québec d'un outil promotionnel différent. Il y en avait plein des livres sur Québec, mais pas avec cette vision. L'intention ne priorisait pas l'idée de permettre à un seul artiste de s'exprimer. Ce genre de livre, fréquent, a trop souvent un petit côté narcissique que je n'approuve pas. J'ai plutôt utilisé ce que révèle la synthèse des études de marché de l'Office du tourisme sur les avantages de la région pour bâtir le contenu du livre. Ce n'est donc pas la vision d'un seul artiste, d'un seul photographe. C'est un ouvrage bâti à partir de l'idée de faire vivre une expérience, celle de témoigner des beautés d'une région. Ce n'est pas un guide touristique."

 

HISTOIRE D'AUDACE

Il y a beaucoup d'audace dans cette aventure d'un homme qui, après une longue carrière de consultant en ressources humaines, cherchait à éveiller le côté artistique de sa personnalité. Photographe amateur, il avoue qu'il ne connaissait rien au monde de l'édition. En 1994, il pense cependant que le contexte de la candidature de Québec pour les Jeux Olympiques de 2002 est favorable. Cette candidature a même été une des justifications de son projet. Inspiré aussi d'une série de livres qui porte sur les parcs nationaux qu'il avait vue aux États-Unis, il se donne pour objectif de lancer son produit à lui en juin, à temps pour la saison touristique.

Sans promotion, il se retrouve donc un bon matin avec 7 500 copies françaises sur les bras et le même nombre en langue anglaise. "Je n'avais pas le choix, je devais les vendre, maintenant", se souvient-il.

 

QUAND UN MARCHÉ INSOUPCONNÉ PREND LA VEDETTE

Mais ce qui visait au début deux marchés: celui des outils de promotion pour les intervenants touristiques et celui de la vente en kiosque, est rapidement devenu un succès encore plus grand du côté d'un troisième marché, insoupçonné au départ.

"Au début, on ne sollicitait pas les entreprises. Ce n'était pas un marché identifié. Mais lorsque des entreprises se sont mises à nous en demander pour leur propre besoin de promotion, j'ai réalisé qu'il y avait là quelque chose pour nous", explique Sylvain Harvey.

4profilb.gif (67137 bytes)Depuis que SOPREMA, son premier client en entreprise, l'a mis sur cette piste dès 1994, plus de 200 entreprises ont utilisé ce moyen de promotion original, qui permet au client de s'identifier avec distinction sur la couverture du livre et de personnaliser le cadeau qu'il offre.

En mai 1995, moins d'un an après avoir lancé ses versions en français et en anglais, il ajoute l'espagnol et l'allemand; ensuite viendra l'italien, puis le japonais.

"Maintenant, notre volume de ventes institutionnelles est plus important que celui fait en kiosques", explique l'homme d'affaires, à temps plein pour son entreprise depuis avril 1998.

Son meilleur client en entreprise, la firme beauceronne MAAX, n'est même pas une compagnie de la région immédiate de Québec. "Maintenant, on fait même des ventes jusqu'à Montréal. La plus belle anecdote que je peux raconter concerne ce coup de téléphone d'un gars de Montréal qui rentrait d'un voyage d'affaires, pour Atrion International. Il avait vu notre livre chez un client en Corée du Sud. Il en a commandées 50 copies pour lui", continue-t-il.

Les magnifiques photos, appuyées de textes intelligents, n'expliquent pas à elles seules les 100 000 copies vendues. Une des raisons du succès de l'entreprise, c'est aussi d'offrir un livre à un prix revue (à 10.95 $). Récemment, des versions en boîtier rigide noir très distingué ou en coffret de luxe sont venues élargir la gamme.

 

CONTINUER EN DIVERSIFIANT

S'appuyant sur ce premier succès, l'éditeur n'a pas tardé à ajouter à sa collection Histoire de Voir un deuxième volume: Le Québec amérindien et inuit. Lancé à 25 000 copies, en avril 1997, il est lui aussi en voie de devenir un succès de ventes.

Plus récemment, une série de quatre affiches géantes sur le Québec fait également partie des nouveautés de la PME, qui génère deux emplois et demi. Et fort de tous ces acquis, Sylvain Harvey va maintenant lancer une deuxième collection: Aux yeux du monde, en partenariat avec Les productions de l'Oeil, une maison de production de Montréal.

 

DE L'OEIL DU GOLFE A L'OEIL DE LA CAPITALE

C'est une démarche très percutante qui est à la base de ce nouveau projet. Le concept réunit et fait travailler ensemble 20 vedettes de la presse internationale, sur des thèmes journalistiques, afin qu'ils dressent un portrait inédit d'une région méconnue, loin des feux de l'actualité. Tenté pour la première fois a l'été 98, l'événement L'Oeil du golfe fut un des moments forts de l'année pour la population de la Minganie, le territoire choisi. Le résultat: La MINGANIE vue par 20 grands reporters, un ouvrage de 116 pages comptant 150 photographies couleurs, va être lancé au Salon du livre de Paris, le 18 mars prochain.

En février, l'expérience sera rééditée, mais cette fois dans le cadre magique de la ville de Québec en pleine période de son 45e Carnaval d'hiver. Encore une fois, vingt grands-reporters photo du monde, basés à l'Hôtel Hilton, du 4 au 6 février, disposeront de 60 heures pour exploiter à leur façon un thème propre assigné à chacun. Dans le cadre de L'Oeil de la capitale, l'un d'eux devra, par exemple, suivre le Bonhomme Carnaval pendant tout ce temps. Le 8 février, il y aura une exposition à Québec. Les Éditions Sylvain Harvey éditeront un nouveau livre par la suite.