Dans son article précédant, Monsieur Denis de Belleval, Délégué Général du Québec à Bruxelles, mettait en relief l’importance stratégique de l’avènement de l’euro, monnaie unique pour l’union économique européenne. Ce second article s’attardera à mettre en lumière les principales caractéristiques d’un des membres fondateur de ce grand marché: le Bénélux.

 

Le Bénélux à l'heure de l'Euro

Par Denis de Belleval,
Délégué Général du Québec à Bruxelles

 

Aujourd’hui, le Bénélux se situe géographiquement au coeur de l’Europe occidentale et se profile de plus en plus comme une plaque tournante économique dans une communauté européenne en quête d’une plus grande force économique.

Tout d'abord, les Pays-Bas et la Belgique offrent une porte d'entrée idéale en Europe grâce a leurs ports considérés comme les plus modernes au monde, notamment Amsterdam, Anvers et Zeebruges. Le trafic maritime est en pleine expansion, environs 400 millions de tonnes par an y sont chargées et déchargées. Les services logistiques mis en œuvre sont énormes, en distribution, en stockage et en packaging. Les ports sont devenus des pôles économiques importants, tous secteurs confondus. Ils sont, de plus, bien reliés à ceux des pays voisins (l'Allemagne, la France et le Danemark) par autoroute, voie fluviale et par train.

La Belgique est l'un des plus petits pays de l'Union Européenne et pourtant elle jouit d'une importance autant commerciale qu'économique. Un pays avec 10 millions d'habitants, de la main-d'œuvre multilingue ainsi que d'excellents services de communication, de financement et de services. Les principaux pôles d’excellences sont: la biotechnologie, la transformation des aliments, l'informatique, les technologies de l’information, la chimie, la pétrochimie et les services.

L'exportation belge sur le plan géographique se dirige plutôt vers les pays limitrophes, avec trois-quart de l'exportation totale des marchandises. Au niveau des importations, la part des pays limitrophes est quasiment identique.

En prenant compte de la bonne santé de l'économie en Belgique avec un taux d'inflation en dessous des 2% et une bonne croissance de l’ordre de 2,5%, les activités économiques sont en pleine croissance. Dès lors, plusieurs entreprises cherchent, par le biais d'alliances stratégiques, à réaliser une croissance plus rapide.

Notons la rapide croissance depuis quelques années du secteur informatique. Ainsi, Microsoft a investi l'année dernière dans la société belge Lernhout & Hauspie Speech Product, spécialisée dans la technologie vocale. Cela a permis à cette société d'accroître ses investissements et de tenir tête aux ténors dans le monde de la technologie vocale. Ce succès d'une petite entreprise belge a connu un engouement sans précédent en Flandre. En 1998, une dizaine d'entreprises se sont établies dans le Flanders Language Valley. Personne ne conteste plus la croissance des hautes technologies en Flandre.

Computer 2000, qui appartient via Klockner au conglomérat allemand Viag, a multiplié son chiffre d'affaires par cinq et est considéré comme le plus grand distributeur d'ordinateurs en Europe avec un chiffre d'affaires de 5 milliards de DEM. Hagemeyer, de son côté, s'est joint à Manudax et au hollandais Computerij Groep de manière à constituer, à l'échelle du Bénélux, un groupe informatique pesant quelques 15 milliards de francs belge. L’entreprise belge Barco excelle dans le monde entier, notamment avec ses divisions Barco diplays, Barco projections systems et Barco Machine. Le groupe Barco possède des usines dans 9 pays et des représentations dans 29 autres. La société emploie près de 4000 personnes, dont 2400 en Belgique.

 

Le secteur pharmaceutique

Tandis que certaines grandes firmes dans le secteur pharmaceutique ont connu un recul, des petites firmes de hightech connaissent une croissance rapide, dont Innogenetics a Gand et SmithKline Beecham Pharma à Rixensart. L'année 1997 fut celle de Innogenetics, en achetant un nouveau laboratoire et une nouvelle usine, en construisant une vallée biotechnologique, en concluant des contrats avec Solvay et en réussissant de nouvelles alliances, Innogenetics montre ses intentions de grandir rapidement dans la biotech. En ce qui concerne Smithkline Beecham, elle fait partie du groupe Claxo et est notamment spécialisée dans la santé animale, dans le pharmaceutique et dans la biotechnologie. En Belgique, la branche pharma de UCB consolide sa place grâce, entre autre, au produit anti-allergicum Zyrtec.

Nous passons de plus en plus d'une société industrielle à un société d'information et de connaissance. Internet a connu une croissance importante chez les entreprises belges en 1998. Pour promouvoir le commerce par voie électronique, le gouvernement wallon a crée WIN, Wallonie Intranet, qui prévoit notamment des primes considérables à chaque entreprise qui se dotera de l’Internet.

L'industrie de la chimie a connu une bonne année 1998. CEFIC - la coupole des fédérations européennes de cette industrie - préconise une croissance en volume de l'ordre de 3% en 1999. Cette amélioration économique ne s'est pas faite sans mal et est à mettre à l'actif d'un long et pénible processus de fermeture d'entreprises et de rationalisation. Mais, désormais, la structure du secteur est plus transparente et les investissements ont dès lors progressé de 5% à 66,6 milliards de F.

Le chiffre d'affaires du secteur pharmaceutique a connu une croissance de l'ordre de 28,4%. Précisément l'année ou plusieurs entreprises faisaient le pas vers la chimie fine, la chimie en vrac (Tessenderlo Chimie et Solvay) connaissait une bonne croissance, surtout dans le pvc, où les prix ont connu une baisse considérable.

 

Le tourisme

En tourisme, le bloc germanophone parvient sans trop de mal à tenir son monopole en Belgique, mais pour la première fois une entreprises anglophone, Airtours, vient de se manifester sur le territoire en rachetant Sun International.

Les Pays-Bas peuvent compter sur une économie forte, une population multilingue de l'ordre de 15,5 millions, résolument portée sur l'Europe et le monde. Alors que l'agriculture et le secteur de transformation industrielle sont les secteurs proéminents dans l'économie des Pays-Bas, l'informatique et la biotechnologie font une entrée spectaculaire dans le haut de la pyramide de l'économie néerlandaise. Il est vrai que les Pays-Bas sont encore méconnus outre atlantique, toutefois le pays regorge d'un amalgame de possibilités en ce qui concerne les alliances stratégiques et les importations.

Tout d'abord, Schiphol est une référence dans le monde de l'aviation et des services aéroportuaires. Ce dernier dispose d'une large gamme de disciplines, allant de la conception à la construction d'aéroports complètement équipés.

Le secteur de la biotechnologie, avec un turn-over de 25 milliard de florins en 1997 et environs 500 000 salariés, est en pleine croissance. Cette croissance n'est pas due au hasard. La politique du gouvernement qui soutient les jeunes firmes high-tech et la transparence du secteur en symbiose avec les organismes de recherches ont fait que les alliances avec de grosses multinationales se faisaient plus facilement et attiraient de jeunes firmes a s'installer aux Pays-Bas. Selon le NIABA, une association industrielle et d'agriculture pour la biotechnologie qui regroupe 40 entreprises aux Pays-Bas, ces performances à la fois technologiques et commerciales ne peuvent toutefois occulter ni les efforts soutenus déployés en matière de recherche et de développement, ni l'ampleur des investissements nécessaires à cet effet.

Dans le domaine de la chimie aux Pays-Bas, l'accent se déplace partiellement des produits chimiques en vrac à des produits à haute valeur ajoutée. Notons néanmoins la position géographique avantageuse des Pays-Bas envers les raffineries portuaires et la bonne liaison avec le bassin industriel du Ruhr, en Allemagne.

Dans le secteur de la bio-pharmaceutique, le groupe chimique néerlandais DSM a conclu un accord avec Gist-brocades, l'année dernière, dans une perspective de mondialisation. Ce groupe connaît une croissance fulgurante aux Pays-Bas. Dernièrement DSM a monté un partenariat mondial avec la Société Générale de financement du Québec pour le développement et la production de produits bio-pharmaceutiques. Cet accord prévoit la création d’une nouvelle entreprise mondiale de développement et de production de produits bio-pharmaceutiques au Québec. La nouvelle entreprise s'appellera DSM Biologics. En dix ans, l'industrie de l'informatique aux Pays-Bas s'est développée pour devenir un secteur à part entière. Le secteur se compose en grande partie de moyennes et petites entreprises, dans une moindre mesure de grandes entreprises, qui jouent un rôle déterminant en Europe (Cap gemini, Origin et Getronics).

Gap Gémini est une multinationale européenne spécialisée dans le computer services et le business consultancy. Cette multinationale a été fondée en 1967, emploie environ 35 000 personnes et réalise un chiffre d'affaires de 3,5 milliards de dollars. Notons, par ailleurs, que Cap Gemini a décroché le contrat Mc Donalds, une grande chaîne de restauration, pour l'Europe en ce qui concerne l'implémentation de leur informatique.

Les fournisseurs de l'industrie pétrolière et gazière et les producteurs d'installations d'énergie éolienne et solaire se partagent le secteur énergétique aux Pays-Bas. D'une manière générale, on constate que l'énergie éolienne se profile de plus en plus comme une nouvelle source non négligeable dans la production d'électricité. Les recherches qui sont effectuées dans ce domaine sont considérables et pleines de promesses à long terme.

L'industrie agro-alimentaire et d’horticulture sont des industries importantes aux Pays-Bas et jouissent d'une réputation internationale. D'une part, ces secteurs sont reconnus pour leur grande capacité et rapidité de production et, d’autre part, ils accordent une importance aux normes d'hygiènes élevées, à la valeur nutritionnelle et au goût.

Somme toute, ce bref survol de l’activité économique et commerciale du Bénélux révèle un fort potentiel d’échanges et d’accords avec des partenaires économiques québécois pour peu que ceux-ci s’intéressent au positionnement stratégique que ces alliances offrent face à l’union économique européenne. L’entrée en vigueur, au premier janvier 1999, d’une monnaie commune, l’euro, ne peut que conforter ces perspectives déjà fort attractives carre.gif (41 bytes)