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Vous avez dit "contre-intelligence"!

par Frédéric Turcotte
président de CRC
Conseil Recherche Concurrence inc.
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A l’opposé de l’utilisation de l’intelligence d’affaires par les dirigeants d’entreprise, il y a la "contre-intelligence", ou comment préserver l’information délicate de la société qui pourrait se retrouver entre les mains de compétiteurs. Nous en avons déjà discuté, en affaires, l’information fuit de partout et il est assez facile de s’organiser pour la récolter et c’est encore plus vrai lorsqu’un compétiteur a des intentions malhonnêtes. Bien que le sujet soit vaste, voici quelques aspects clés.

 

Les compagnies publiques

Les dirigeants de sociétés publiques vous le diront, la quantité d’information qu’ils doivent rendre disponible auprès des autorités qui encadrent les valeurs mobilières est importante. A cela s’ajoute tous les aspects de réglementation municipaux, provinciaux, etc... et ce même pour les compagnies privées. S’il est impossible d’opérer une entreprise de manière isolée et que ce principe est à la base de la collecte de l’information en business intelligence, il joue cependant dans les deux sens. C’est la valeur donnée à une information qui détermine l’équilibre entre le partage et la diffusion de cette information.

Le degré de sensibilité de la protection qu’une entreprise accorde à ses secrets corporatifs dépend de certains paramètres:

  • le type d’entreprise;

  • sa taille et sa réussite (rentabilité, positionnement dans le marché, etc...);

  • le degré de compétition dans le marché; et

  • le type d’information et les documents que vos compétiteurs peuvent souhaiter obtenir.

Sans tomber dans la paranoïa, il y a une multitude de sources potentielles pour une société de taille moyenne. Tous les documents écrits sous formes papier ou électronique: fichiers, courrier électronique, site web, etc...; les documents plus formels: devis, plan stratégique, rapport, correspondance; les brouillons, documents de travail, reçus, billets d’avion, correspondance interne, etc...; la liste est longue et à celle-ci s’ajoute tout ce qui est écrit sur la compagnie par les autres (journaux, documents gouvernementaux, reportages de toutes sortes, etc). D’une manière générale, les documents sont donc autant de façon d’exposer des aspects de la société qui, isolément, ne représentent pas de grandes révélations, mais dans un contexte d’ensemble, analysés et interprétés avec une vision d’ensemble du secteur d’activité et de l’industrie, permettent d’en tirer des conclusions surprenantes.

 

Le personnel

Les employés sont, bien sûr, la source la plus fragile et la plus difficilement contrôlable. Tous les cas d’espionnage classiques relevés par la National Security Agency, aux Etats-Unis, présentent les espions corporatifs comme étant des personnes qui portent intérêt dans ce que font les autres, ceux qui sont volontaires pour des tâches supplémentaires, ceux qui travaillent tard et prennent rarement des vacances. Il faut rajouter les employés temporaires, ceux qui sont insatisfaits, ceux qui ont tendance à se vanter, etc... C’est l’aspect illégal de la fuite d’information stratégique, mais un compétiteur n’a pas besoin d’utiliser des procédés illégaux. Il peut miser sur un système efficace de collecte d’information auprès des individus avec lesquels il parle et rencontre, et accumuler des petites pièces d’information sur leur travail et leur compagnie.

La dernière catégorie de personnes, ceux qui aiment bien parler d’eux et de leur travail, est donc assez souvent exploitée. Avec un minimum de connaissance sur les aspects techniques, il est possible de faire parler des employés sur les stocks, les procédés de fabrication, les équipements ou la distribution. Les excuses pour les rencontrer et les faire parler sont nombreuses, et c’est bien là la première porte à refermer lorsque l’on se préoccupe de contre-intelligence.

 

Des pistes de solutions préventives

Une fois la valeur de l’information déterminée, la prévention est le meilleur remède. Revoir ses pratiques, analyser le risque par département, développer des guides et directives de sécurité, procéder à un audit continuel de la sécurité de son entreprise, sensibiliser ses employés et faire affaires avec des spécialistes qui peuvent vous recommander des solutions pratiques. Préparer les expositions auxquelles l’entreprise participe, choisir sa clientèle cible, ne pas remettre systématiquement des documents à tous ceux qui en demande sont autant de procédés simples, qui permettent de contrôler d’avantage l’information. La même préparation est nécessaire, lorsque l’on donne des conférences devant un auditoire.

L’information stratégique a donc une valeur significative pour celui qui peut l’utiliser. En affaires, nous sommes forcément en contact continuel avec le monde extérieur. Il est donc important de s’interroger sur ce que l’on dit et laisse voir de notre compagnie. L’intelligence d’affaires n’est encore qu’à ses débuts au Québec; la contre-intelligence, elle, part encore de plus loin, dans l’esprit des gens d’affaires.