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Jour 2 du Sommet mondial de la nordicité


Gérer un commerce à domicile, établir un diagnostic à distance, utiliser le Net pour faire connaître une radio communautaire... Les nouvelles technologies de la communication, adaptées au froid et à l’éloignement, ont dominé cette deuxième journée du sommet de la nordicité.

par Myriam FIMBRY

 

Mettre en réseau la santé dans chaque communauté du Grand Nord: ça coûte cher, mais c’est urgent. Une échographie pourrait ainsi être analysée par un spécialiste situé à des milliers de kilomètres plus loin, via lnternet par satellite (télémédecine). Dans quelques semaines, une enquête de terrain sera réalisée auprès des populations pour connaître leurs besoins réels, annonce Daniel Cloutier, chargé des médias et des télécommunications au ministère de la culture et des communications du Québec.

Le Canada, pays le plus "branché" de la planète, d’ici l’an 2002? C’est l’un des défis lancés au détour d’un atelier de discussion. Michel Carrière, directeur régional (Québec) du Programme d’accès communautaire à la Direction des applications de l’autoroute de l’information, à Industrie Canada, avance l’objectif de 5000 centres d’accès communautaire à Internet en milieu rural, et 5000 en milieu urbain. Ceci, afin de permettre à toute personne de se familiariser avec Internet, d’aider des communautés à construire leur propre site web, de favoriser les transactions commerciales entre le nord et le sud, autrement dit, de "permettre aux pays nordiques de participer à la révolution numérique".

La radio montagnaise se tourne vers l’Internet. La Société de communication Attikamekw-Montagnais (SOCAM), une entreprise amérindienne à but non lucratif, contribue, depuis 1977, à briser l’isolement des communautés du moyen nord et du nord du Québec et du Labrador. Les studios sont situés au village des Hurons Wendate. L’équipe de production, dix personnes, réalise des émissions éducatives et culturelles, en langue traditionnelle innue ou attikamekw, diffusées grâce au satellite Anik D, à raison de près de 20 heures par semaine, pour quelque 19 000 auditeurs. Mais les radios membres restent peu nombreuses à avoir accès à l’Internet (46%). La SOCAM compte y remédier dans les prochaines années, tout en lançant un réseau télévisuel. Socam@oricom.ca

A l’occasion du sommet de la nordicité, l’Université Laval à Québec annonce son adhésion à l’Association des universités du Circumpolaire. C’est la première université francophone à faire partie de ce réseau qui rassemble 50 universités de 13 pays. Leur objectif: favoriser les échanges entre les étudiants des pays nordiques, développer leur mobilité et leurs compétences internationales, inscrire les programmes de recherche et de formation dans des réseaux internationaux. L’association entretient notamment des liens étroits avec le Centre d’études nordiques, la Chaire d’études sur le gel, l’Ecole d’architecture, le Conseil de l’Arctique.


QUELQUES OPPORTUNITÉS EUROPÉENNES

Par Daniel Allard

 

(Centre des congrès de Québec, 3 février 1999) L’atelier-rencontre sur les Occasions d’affaires en Scandinavie et en pays Balte a surtout été l’occasion de mettre en valeur un marché très méconnu au Québec : l’Islande. La représentante du consulat générale du Canada à Reykjavik, madame Kristbjorg Agustdottir, vice-consul, décrit les Islandais comme des gens profitant d’un des plus hauts niveau de vie au monde. Les projections de croissance économique, qui prévoient un taux de 5% pour 1999, tendent d’ailleurs à le confirmer. Les autorités de la Nouvelle-Écosse, province maritime canadienne limitrophe, ont compris l’enjeu et l’aéroport de la ville d’Halifax est maintenant relié par trois vols hebdomadaires à celui de la capitale d’Islande. A Terre-Neuve, on arrive à organiser des vols nolisés qui permettent aux Islandais de venir dépenser facilement 1500$ par jour par voyageur. Une petite mine d’or pour les commerces de la ville de St-John.

Ces initiatives n’ont rien de l’épiphénomène, lorsqu’on découvre aussi que le Canada est en phase finale de négociation d’un accord de libre-échange ( il devrait se signer en 1999) avec les quatre pays de l’AELE, dont l’Islande est membre. Dans ce contexte, il est également intéressant d’apprendre que la Norvège doit au Canada des " off set " de 50 millions de $ en compensation d’achats faits par le Canada.

Restant dans le contexte des questions européennes, plus tard dans la journée, une autre conférence a permis de souligner que la prochaine présidence de l’Union européenne (l’Europe des 15) sera bientôt accordée, et ce pour six mois, à la Finlande. Les autorités finlandaises ont déjà fait savoir qu’ils profiteraient de leur tour à la présidence de l’Union pour prioriser le thème des affaires nordiques. Un nouveau vent de Nordicité risque de souffler aussi sur l’Europe en 1999-2000.


Les enjeux d'une radio montagnaise: entre le Teueikan et l'Internet

par Myriam Fimbry

 

(Centre des Congrès de Québec, 3 février 1999) Le Teueikan, tambour traditionnel autochtone, a vibré jusqu'au Sommet mondial de la nordicité: histoire de montrer qu'Internet, bien que devenu indispensable à une radio amérindienne, ne remplacera pas tout.

Les studios sont situés au village des Hurons Wendake. L'équipe de production, dix personnes, réalise des émissions éducatives et culturelles. Quinze heures par semaine en langue innue et douze heures et demie en langue atikamekw, le plus souvent en direct live. Une force qui vibre chaque jour comme un tambour pour 19 000 auditeurs et auditrices, dans 14 communautés du moyen nord et du nord du Québec et du Labrador. Un immense territoire qui couvre environ le cinquième de la superficie totale de la province.

La radio de la SOCAM (Société de communication Atikamekw-Montagnaise), entreprise amérindienne à but non lucratif, contribue depuis 1977 à briser l'isolement géographique des Innus, Atikamekw et Naskapis. Désormais, s'adapter aux nouvelles technologies de communication, se familiariser avec l'Internet, c'est une question de survie culturelle. Pour contrer la pénétration des médias non-autochtones. "Le seul véritable moyen de se prémunir contre l'envahissement est de se doter des mêmes interfaces et de les adapter à notre mode de pensée", estime Bernard Hervieux, directeur général de la SOCAM. "Il faut donner accès à des productions de chez nous aux membres de nos communautés. Ils doivent se reconnaître à travers ce nouveau teueikan qu'est l'Internet", poursuit-il.

Le but est toujours le même: créer des liens et les maintenir dans la longue durée, peu importe la distance. Mais avec, en plus, un aspect interactif. Un site web, couplé - pourquoi pas - à un réseau télévisuel (Teueikan Television). La diffusion sur le Net permettrait de gagner une audience planétaire, d'animer des forums et conférences à l'échelle mondiale... la radio montagnaise se surprend à rêver.

Mais ce n'est pas si simple, de défendre sur le Net une identité culturelle déjà en perte de vitesse depuis l'arrivée de la télévision dans les foyers atikamekw et innus. Bernard Hervieux se souvient des images de l'assassinat de Kennedy ou du premier pas sur la lune: "La télé, c'était quelque chose d'extraordinaire! Mais au niveau culturel, le père ou la mère de famille a perdu la facilité de communiquer avec les enfants qui, assis devant la télé, se sont américanisés. Les légendes contées après le souper se sont perdues. Internet ne vas pas forcément régler le problème." Malgré tout, la SOCAM a fait son choix: la fuite en avant.

 

E.mail: socam@oricom.ca.
site web: http://www.oricom.ca/socam
site en préparation: http://www.meskino.ca