L'importance de l'innovation dans les entreprises d'une région est une donnée capitale. L'innovation, ou son absence, demeure toujours un facteur déterminant de la capacité des entreprises à se positionner de manière concurrentielle sur la scène mondiale. A la demande du GATIQ Technorégion Québec/Chaudière-Appalaches, une étude, sans précédent au Canada, a été réalisée par les professeurs Réjean Landry et Pierre Fréchette, deux spécialistes de l'Observatoire de la Technorégion Québec/Chaudière-Appalaches et du Centre de recherche en aménagement et en développement (CRAD).

Parmi l'univers des 2 300 entreprises manufacturières que compte la région, environ 1 600 ont constitué l'échantillon à être enquêté et 802 ont participé aux entrevues. Ce qui donne une énorme crédibilité à cette démarche.

COMMERCE MONDE Québec Capitale a obtenue la version intégrale de l'étude, qu'elle met sans attendre à la disposition de ses cyberlecteurs.

 

L’innovation dans les entreprises manufacturières
de la région de Québec—Chaudière–Appalaches, de 1995 à 1997

par

Réjean Landry et Pierre Fréchette
(rejean.landry@pol.ulaval.capierre.frechette@crad.ulaval.ca)

Étude réalisée pour le compte du
GATIQ Technorégion Québec—Chaudière-Appalaches

Janvier 1999

Observatoire de la Technorégion Québec—Chaudière-Appalaches
Centre de recherche en aménagement et en développement (CRAD)

 

 

Table des matières

Auteurs, organismes et remerciements
Résumé et pistes d’action

1- Introduction
2- La problématique des enquêtes sur l’innovation
3- La méthodologie de l’enquête
4- L’innovation de produits et de procédés de fabrication
5- La recherche-développement
6- L’utilisation des technologies avancées
7- Le capital socio-institutionnel soutenant l’innovation
8- Le profil économique des entreprises manufacturières

Annexe 1: Questionnaire

Notes:

1- Le questionnaire de l’enquête et ce rapport sont disponibles en s’adressant au:

GATIQ Technorégion Québec—Chaudière-Appalaches
Parc technologique
2750, rue Einstein, bureau 300
Sainte-Foy, Québec, G1P 4R1
(418) 650-0902
gatiq@parctechno.com

2- Le générique masculin utilisé dans le texte représente aussi bien les hommes que les femmes.

 

Les auteurs

Réjean Landry est politologue, responsable du Réseau du Québec sur les systèmes d’innovation (RQSI) et professeur au Département de science politique de l’Université Laval. Pierre Fréchette est économiste, chercheur au Centre de recherche en aménagement et en développement (CRAD), responsable de l’Observatoire de la Technorégion Québec—Chaudière-Appalaches et professeur au Département d'aménagement de l'Université Laval.

L’Observatoire de la Technorégion Québec—Chaudière-Appalaches

L’Observatoire de la Technorégion Québec—Chaudière-Appalaches a été fondé à la suite du Sommet technologique de la région de Québec—Chaudière-Appalaches, en juin 1997. Il est rattaché au CRAD (Centre de recherche en aménagement et en développement) de l'Université Laval, qui est actif en recherche depuis 25 ans dans la région de Québec—Chaudière-Appalaches. Il est chapeauté par un Comité conseil qui définit les questions auxquelles devra répondre l'Observatoire et d’un Comité scientifique qui propose et valide les méthodes de recherche choisies. Le mandat de l’Observatoire est d’étudier l’innovation, la recherche-développement et l’utilisation des technologies avancées des entreprises de la région de Québec—Chaudière-Appalaches, pour le compte du GATIQ.

Le GATIQ Technorégion Québec—Chaudière-Appalaches

En tant que porteur officiel du projet de Technorégion, le GATIQ Technorégion rassemble et mobilise les entreprises innovantes et les acteurs économiques pour assurer un développement cohérent et adapté aux besoins de la région de Québec—Chaudière-Appalaches et pour créer une synergie favorable au développement de l’économie régionale. Le GATIQ Technorégion croit que la création d’entreprises et d’emplois devra miser sur les transferts technologiques. Aussi, afin de bâtir une technorégion de classe mondiale et accomplir sa mission, le GATIQ Technorégion favorise la création et le développement d’entreprises à forte valeur ajoutée, en lien avec les forces du milieu de la recherche et du développement scientifique et technologique.

Remerciements

Les auteurs désirent remercier les dirigeants des 802 entreprises manufacturières de la région de Québec—Chaudière-Appalaches qui ont répondu au sondage téléphonique. Ils remercient René Boudreau et François Trudel, étudiants au Département d’aménagement de l’Université Laval, le premier pour sa contribution à la confection des tableaux statistiques et le second pour la confection des listes d’entreprises, ainsi que Hélène Crépeault, consultante au Service de consultation statistique de l’Université Laval, qui a également construit une partie des tableaux statistiques. Les auteurs désirent aussi remercier les membres de l’Observatoire de la Technorégion qui ont collaboré à la fabrication du questionnaire ainsi que le personnel du GATIQ Technorégion pour son appui constant. Enfin, ils désirent remercier la firme de sondage SOM qui a réalisé le sondage téléphonique ainsi que M. Jacques Joly qui a rédigé le rapport de SOM sur lequel une partie de ce rapport est basé.

Résumé et pistes d’action

- Titre : L’innovation dans les entreprises manufacturières de la région de Québec—Chaudière–Appalaches, de 1995 à 1997

- Auteurs : Réjean Landry et Pierre Fréchette

- Commanditaire : GATIQ Technorégion Québec—Chaudière-Appalaches

- Date de réalisation de l’étude : janvier 1999

- Objectif de l’étude : dresser l’état de l’innovation dans les entreprises manufacturières de la région de Québec—Chaudière-Appalaches et proposer des pistes d’action pour l’avenir

 

2. La problématique des enquêtes sur l’innovation

Définition : innovation signifie amélioration ou développement de produits ou procédés de fabrication.

Déterminants de l’innovation : l’innovation dépend de quatre facteurs : le capital intellectuel (indicateurs de R&D), le capital technologique (indicateurs de technologies avancées), le capital institutionnel (variété des institutions de soutien à l’innovation) et le capital social (intensité des liens avec les institutions de soutien à l’innovation) auxquels les entreprises ont accès.

Vision : l’innovation ne dépend pas d’agents isolés, mais de la façon dont les agents interagissent avec d’autres en tant qu’éléments d’un système, qu’on peut nommer le système régional d’innovation. Les entreprises peuvent accroître leur capital intellectuel et technologique en utilisant le capital institutionnel et le capital social qui se trouvent dans leur environnement.

 

3- La méthodologie de l’enquête

Les concepts sous-jacents au questionnaire d’enquête sont fondés sur ceux du Manuel d’Oslo, énoncés en 1997 par l’OCDE ; ce manuel présente des principes directeurs pour la cueillette et l’interprétation des données sur l’innovation technologique. De plus, le questionnaire s’inspire en partie de huit autres questionnaires et études. Ce faisant, les auteurs s’appuient sur des questions qui ont déjà été éprouvées lors d’enquêtes semblables. Le questionnaire a été élaboré par Réjean Landry et Pierre Fréchette, avec la collaboration de René Boudreau, pendant les mois de mars à juin 1998. Il a fallu onze versions différentes avant de parvenir au questionnaire final. Pendant son élaboration, le questionnaire a été soumis aux commentaires du personnel et des membres du Conseil d’administration du GATIQ, ainsi que des membres des Comités conseil et scientifique de l’Observatoire de la Technorégion.

La version écrite du questionnaire a ensuite été transformée en version téléphonique par la maison de sondage SOM qui a été retenue pour administrer l’enquête. Le questionnaire a été légèrement modifié suite au pré-test téléphonique qui a eu lieu au début de juin 1998. Il fallait environ 20 minutes pour répondre au questionnaire.

La méthode d’enquête préférée par la plupart des enquêteurs actuellement est l’enquête téléphonique. Les maisons de sondage ont maintenant une si vaste expérience et disposent de moyens si sophistiqués que cette méthode garantit des résultats de grande qualité à des coûts raisonnables. À titre d’exemple, mentionnons que le questionnaire de notre enquête est entièrement informatisé, que l’entrevue téléphonique est assistée par ordinateur, que les réponses deviennent automatiquement partie d’une base de données, et que jusqu’à huit appels ont été faits pour tenter de rejoindre les dirigeants des établissements sélectionnés.

La population cible visée par l’enquête est constituée de l'ensemble des établissements manufacturiers œuvrant dans la région de Québec—Chaudière-Appalaches. Parmi l’univers des 2300 entreprises manufacturières de la région de Québec—Chaudière-Appalaches, environ 1600 ont constitué l’échantillon à être enquêté.

L’administration du questionnaire a donné les résultats suivants :

- période de collecte : du 23 juin au 13 juillet 1998
- nombre d'entrevues réalisées : 802
- taux de non-réponse estimé : 22,3 %
- taux de refus : 15,8 %
- taux de réponse estimé : 61,8 %
- la marge d’erreur (au niveau de confiance de 95 %), pour une variable exprimée sous forme de pourcentage est de 3,27 % sur les résultats d'ensemble de 793 répondants.

 

4- L’innovation de produits et de procédés de fabrication

En résumé, les deux tiers des entreprises de la région de Québec—Chaudière-Appalaches ont réalisé des innovations de produits et procédés de 1995 à 1997. La propension à innover augmente avec la taille des entreprises. Les entreprises de la région qui réalisent le moins fréquemment d’innovations de produits et procédés se retrouvent dans les secteurs de la première transformation des métaux où 38 % seulement des établissements ont innové, des produits métalliques (56 %), de l’imprimerie, édition et produits connexes (57 %), des produits minéraux non métalliques (59 %), du matériel de transport (60 %) et du bois (61 %). Quant aux entreprises les plus innovatrices on les retrouve dans les secteurs des produits électriques et électroniques (87 %), papier et produits connexes (87 %), cuir et produits connexes (85 %), produits en matière plastiques (80 %) et aliments (80 %). Au total, il convient cependant de souligner avec force qu’il n’y a pas lieu de parler de secteurs traditionnels ou de secteurs mous qui ne mériteraient pas l’attention des décideurs.

Les trois quarts des innovations de produits et 85 % des innovations de procédés ont nécessité moins d’un an à se concrétiser. Plus les entreprises sont petites, moins elles prennent de temps à développer leurs innovations. Quant aux entreprises de plus grande taille, elles ne réalisent pas fréquemment de projets d’innovation dont le développement requiert plus de deux ans.

Dans l’ensemble, le développement de nouveaux produits requiert 6,1 mois alors que le développement d’innovations de procédés exige 7,8 mois. La mise au point d’innovations de produits requiert plus de temps dans le secteur des textiles, des produits chimiques, des produits en matières plastiques et des produits minéraux non métalliques, tandis que c’est dans le secteur des textiles de première transformation, des meubles, articles d’ameublement et de l’imprimerie, édition et produits connexes que le temps de développement d’innovations de produits est le plus court. De la même manière, l’innovation de procédés de fabrication exige plus de temps dans le secteur du cuir et produits connexes, produits minéraux non métalliques, textiles de première transformation et produits textiles, alors que l’innovation requiert des périodes plus courtes dans les secteurs de l’habillement, des produits électriques et électroniques ainsi que dans le secteur des produits métalliques (sauf transport).

Ces observations permettent de conclure que la plupart des entreprises de la région développent des innovations incrémentales plutôt que des innovations radicales. Par ailleurs, ces observations signifient également que les entreprises de la région sont très flexibles et capables de répondre très rapidement aux signaux du marché en matière d’innovation de produits et procédés.

Près de 10 % des établissements ont innové un seul produit ou un seul procédé de fabrication au cours de la période 1995 à 1997, alors que de 20 à 25 % ont innové de deux à cinq procédés ou produits. Il y a nettement plus d'établissements (17,1 %) qui ont innové plus de six produits qu'il y en a qui ont innové plus de six procédés de fabrication. Dans l’ensemble, les secteurs manufacturiers où l’on observe, en moyenne, l’introduction la plus fréquente d’innovations de produits et de procédés sont celui du cuir et produits connexes ainsi que celui des produits textiles.

Nous avons également observé que 29,6 % des entreprises qui ont innové ont consacré moins de 3 % de leur chiffre d'affaires à l'innovation en 1997, alors que 26,0 % y ont consacré de 3 à 5 %. Au total, près de 45 % des établissements qui ont innové ont consacré 6 % ou plus de leur chiffre d'affaires à l'innovation en 1997. La proportion du chiffre d’affaires que les entreprises consacrent à l’innovation tend à être plus élevée dans les petites que dans les plus grandes entreprises.

Par ailleurs, les sources externes d’information les plus fréquemment utilisées pour le développement d’innovations de produits et procédés sont, par ordre décroissant d’importance : les clients (73,1 %), les foires et expositions (45,2 %), les fournisseurs (39,6 %), les concurrents (31,6 %), les congrès, réunions professionnelles et publications spécialisées (25,7 %).

Les sources externes qui jouent le rôle le plus important au moment de l’innovation sont, selon leur moyenne sur une échelle sur 5 : les clients (3,48), les experts-conseils (3,17), les foires/expositions industrielles (3,11), les fournisseurs (3,1), les concurrents (2,98), les congrès/réunions professionnelles (2,98), les universités (2,93), la documentation de brevets (2.91).

En ce qui concerne la provenance géographique des sources d'influence sur le développement de l'innovation, nous avons remarqué que :

1) les clients, les fournisseurs, les concurrents et les joint-ventures sont des sources qui proviennent autant de la région que d'ailleurs ;

2) les autres établissements, les foires/expositions et les congrès/réunions de professionnels proviennent davantage de l'extérieur ;

3) les experts-conseils, les réunions sociales, les laboratoires gouvernementaux ainsi que les maisons d'enseignement proviennent plus de la région. Ces résultats tendent à démontrer que les établissements puisent leurs influences à la fois de sources variées, mais aussi de provenances diverses.

Finalement, nous avons observé que la majorité des établissements considèrent que les freins possibles à l’innovation sont pas du tout importants ou peu importants. Les deux freins les plus importants (avec des moyennes de 2,21) sont les coûts élevés de l'innovation et le manque de fonds propres.

Dans l’ensemble, les innovations tendent à revêtir un caractère incrémental plutôt que radical mais, par contre, l’innovation constitue généralement un événement régulier plutôt qu’un événement exceptionnellement rare. Également, nous avons observé que, dans l’ensemble, les obstacles que rencontrent les entreprises lors de l’amélioration ou du développement de produits et de procédés de fabrication sont relativement peu importants. Il convient de les atténuer. Cependant, étant donné que les entreprises ne tendent pas à augmenter autant qu’elles le pourraient leur capital intellectuel et leur capital technologique en recourant au capital social et au capital institutionnel qui se trouvent dans leur environnement, il convient donner priorité au développement de mesures d’intervention les encourageant à miser davantage sur ce capital externe à leurs murs, si l’on vise à stimuler de façon significative l’innovation de produits et procédés dans la région de Québec—Chaudière-Appalaches. Ces observations nous permettent de suggérer les pistes d’action suivantes pour augmenter la propension des entreprises à innover :

Piste d’action #1 : donner aux organismes publics et privés de développement économique régional le mandat de développer des mesures d’encouragement à l’innovation pour inciter les petites entreprises à devenir plus sensibles à l’importance de l’innovation de produits et de procédés.

Piste d’action #2 : donner aux organismes publics et privés de développement économique régional le mandat de développer des mesures d’encouragement à l’innovation, pour inciter les entreprises des secteurs industriels les moins innovants à devenir plus sensibles à l’importance de l’innovation de produits et de procédés.

Piste d’action #3 : donner aux organismes publics et privés de développement économique régional le mandat de valoriser davantage les informations disponibles à travers les diverses sources de marché.

Piste d’action #4 : donner aux organismes publics et privés de développement économique régional le mandat valoriser davantage les informations disponibles à travers les établissements d’enseignement et de recherche.

Piste d’action #5 : donner aux organismes publics et privés de développement économique régional le mandat de sensibiliser davantage les petites entreprises de l’importance des sources externes d’information disponibles pour faciliter l’innovation de produits et procédés de fabrication.

Piste d’action #6 : donner aux organismes publics et privés de développement économique régional le mandat de développer des mesures d’encouragement au réseautage "informel" pour inciter les petites entreprises à développer des attitudes plus extraverties en matière de sources externes d’information utiles pour l’innovation de produits et de procédés de fabrication.

Piste d’action #7 : organiser des ateliers de travail régionaux où des cas exemplaires de succès d’utilisation des diverses sources d’information seraient présentés et discutés de façon à valoriser davantage l’importance des sources externes aux entreprises comme sources génératrices d’idées d’innovation de produits et de procédés de fabrication.

Piste d’action #8 : développer des mesures facilitant le financement de projets d’innovation de produits et procédés ciblant spécifiquement les entreprises de moins de 50 employés.

Piste d’action #9 : développer des mesures visant à améliorer les qualifications de la main-d’œuvre en ciblant d’une façon particulière les besoins des entreprises de plus de 100 employés.

 

5- La recherche-développement

En résumé, un peu plus de deux entreprises sur cinq a réalisé des activités de R&D au cours des trois dernières années. Nous avons observé que 45 % des établissements qui ont fait de la R&D y ont consacré l'équivalent d'un employé à plein temps alors que 42,9 % y ont consacré l'équivalent de deux à cinq employés. La propension à s’engager dans des activités de R&D augmente avec la taille des entreprises, passant de 20,1 % pour les entreprises de 1 à 4 employés, à 49,3 % pour les entreprises de 5 à 20 employés, pour atteindre 77,8 % pour les entreprises de plus de 100 employés. Il en va de même pour le nombre d’employés affectés à la R&D qui, quant à lui, passe de 1,25 personnes pour les plus petites entreprises pour atteindre 6,68 personnes pour les entreprises de plus de 100 employés. En outre, la propension à réaliser des activités de R&D en collaboration avec d’autres organisations augmente elle aussi avec la taille des entreprises.

La propension des firmes à s’engager dans des activités de R&D varie également en fonction des secteurs industriels. Ainsi, la tendance à s’engager dans des activités de R&D est plus élevée dans les secteurs des produits en matières plastiques, les produits électriques et électroniques et les produits chimiques. Inversement, les secteurs où les entreprises sont susceptibles de réaliser le moins souvent des activités de R&D se retrouvent dans les secteurs des meubles et articles d’ameublement, de l’imprimerie, édition et produits connexes et des aliments. Quant à la proportion d’employés qui œuvrent en R&D, elle tend à être plus élevée dans les secteurs des produits chimiques, des produits électriques et électroniques et des produits en matières plastiques alors qu’elle atteint ses niveaux les plus faibles dans les secteurs du papier et produits connexes, de l’imprimerie, édition et produits connexes et des meubles et articles d’ameublement.

En ce qui concerne les activités de R&D réalisées avec d’autres organisations, nous avons observé que : plus d'entreprises ont fait des activités de R&D avec des clients (50,0 %), des fournisseurs (39,5 %) ou des experts-conseils (35,9 %) ; les concurrents (4,7 %), les cégeps (8,7 %), les autres établissements de la même entreprise (7,7 %) et les joint-ventures (9,4 %) sont les partenaires les moins fréquents.

Dans l’ensemble, les liens de collaboration qui revêtent la plus grande importance pour les activités des entreprises sont tissés avec des organisations de marché plutôt qu’avec des organisations du secteur public. On note alors que : seulement quelques entreprises considèrent la participation des partenaires comme étant pas du tout importante ; les moyennes nous indiquent que les participations des cégeps (2,88), des universités (3,05) et des laboratoires gouvernementaux (3,16) sont jugées un peu moins importantes ; celles des autres établissements (3,82), des clients (3,62) et des fournisseurs (3,54) sont jugées les plus importantes.

Finalement, nous avons également observé que, de façon générale, l’importance des liens de collaboration en R&D tend à augmenter avec la taille des entreprises. Ainsi, plus les entreprises ont un nombre élevé d’employés, plus l’importance des liens de collaboration qu’elles développent en matière de R&D avec leurs clients, fournisseurs et laboratoires gouvernementaux tend à être élevée ; plus les entreprises ont un nombre élevé d’employés, plus l’importance des liens de collaboration qu’elles développent dans des joint-ventures de R&D tend à diminuer ; les liens de collaboration en R&D que les entreprises de 1 à 4 employés tissent avec leurs fournisseurs, concurrents, universités et cégeps tendent à revêtir une beaucoup plus grande importance que pour les autres catégories de firmes.

En ce qui concerne la localisation géographique de ces liens de collaboration, nous observons que : lorsque les activités de R&D sont faites avec des clients, 25,0 % des établissements le font avec seulement des clients de la région de Québec—Chaudière-Appalaches ; les établissements sont toutefois assez partagés dans ce cas puisque 30,1 % le font avec des clients majoritairement d'ailleurs et 29,3 % avec des clients surtout d'ailleurs ; la situation est similaire lorsque ces activités sont faites avec des fournisseurs ; par contre, plus d'établissements font des activités de R&D avec des concurrents seulement de la région de Québec—Chaudière-Appalaches (47,0 %). C'est aussi le cas des experts-conseils (49,6 %), des laboratoires gouvernementaux (48,9 %), des universités (55,7 %) et des cégeps (68,9 %) ; dans ces derniers cas, c'est surtout des laboratoires, universités ou cégeps surtout d'ailleurs qui constituent la deuxième situation la plus fréquente.

Ces observations nous permettent de suggérer les pistes d’action suivantes pour augmenter les capacités intellectuelles des entreprises à innover :

Piste d’action #10 : développer des mesures d’incitations visant à augmenter le niveau des activités de R&D des petites entreprises.

Piste d’action #11 : développer des mesures d’incitations visant à augmenter le niveau des activités de R&D des entreprises appartenant aux secteurs les moins actifs en R&D.

Piste d’action #12 : développer des mesures d’incitations encourageant les entreprises, particulièrement les plus petites, à forger davantage de liens en R&D dans le but de réduire les coûts des activités de R&D.

Piste d’action #13 : développer des mesures d’incitations encourageant les entreprises à forger davantage de liens en R&D avec les organisations situées dans la région de Québec—Chaudière-Appalaches.

 

6- L’utilisation des technologies avancées

En tout, 60,7 % des établissements manufacturiers de la région de Québec—Chaudière-Appalaches utilisent au moins une technologie avancée. Nous avons aussi remarqué que les technologies avancées les plus fréquemment utilisées sont : conception assistée par ordinateur (CAO) (39,0 %) ; réseau informatique reliant fournisseurs ou clients (22,8 %) ; machines à commandes numériques (20,2 %) ; dispositifs de commandes programmables (18,8 %). Les moins utilisées sont : systèmes de véhicules à guidage automatique (2,4 %) ; bras-transferts (3,6 %) ; usinage au laser (4,0 %).

Au sein du groupe des entreprises qui disposent de technologies de conception assistée par ordinateur et de réseaux informatiques reliant sous-traitants aux fournisseurs ou aux clients, on retrouve une plus grande proportion d’entreprises des catégories de 1 à 4 employés et de 5 à 20 employés que d’entreprises des autres catégories. Dans le groupe des entreprises qui utilisent des technologies de machines à commande numérique, on retrouve une plus grande proportion d’entreprises qui ont entre 5 et 50 employés que d’autres catégories.

L‘utilisation des technologies avancées varie également beaucoup d’un secteur industriel à l’autre. Ainsi, le pourcentage d’établissements qui utilisent au moins une technologie avancée est plus faible dans le secteur des produits chimiques (45,0 % des entreprises du secteur). Les 4 secteurs où le pourcentage d’utilisation des technologies avancées est le plus élevé sont : produits électriques, électroniques (97,6 %) ; autres groupes (81,9 %) ; machinerie (sauf électrique) (79,1 %) ; imprimerie, édition, produits connexes (71,7 %).

Nous avons ensuite créé un indice d'utilisation des technologies avancées. Nous avons alors observé que : 39,2 % des établissements en utilisent aucune ; 15,5 % en utilisent une ; 13,4 % en utilisent deux ; 21,9 % en utilisent plus de deux. Le nombre moyen de technologies différentes utilisées augmente aussi en fonction du nombre d'employés.

Finalement, nous avons examiné de quelle manière le nombre moyen de technologies utilisées varie d’un secteur industriel à l’autre. Nous avons alors observé que le nombre moyen de technologies avancées utilisées par entreprise est plus élevé dans les secteurs suivants : papier et produits connexes (6,5) ; textile de première transformation (5,6) ; cuir et produits connexes (4,9) ; matériel de transport (4.4) ; produits métalliques, sauf transport (4,0).

Ces observations nous permettent de suggérer les pistes d’action suivantes pour augmenter les capacités techniques des entreprises à innover :

Piste d’action #14 : développer des mesures visant à augmenter la proportion des firmes qui utilisent au moins une technologie avancée.

Piste d’action #15 : développer des mesures visant à augmenter la variété des technologies avancées utilisées dans les entreprises.

Piste d’action #16 : développer des mesures visant à augmenter la proportion des firmes qui utilisent au moins une technologie avancée dans les secteurs industriels de la région qui utilisent le moins de technologies avancées.

 

7- Le capital socio-institutionnel soutenant l’innovation

Dans la dernière partie de l’enquête, nous avons examiné la distribution des établissements en fonction de leurs opinions sur la facilité à collaborer dans un climat de confiance avec divers partenaires. En ce qui a trait aux établissements qui affirment ne pas collaborer avec les divers partenaires, on remarque que : peu d'établissements ne collaborent pas avec les gens d'affaires de la région (3,4 %) ; par contre, 55,7 % ne collaborent pas (ou ne peuvent se prononcer sur la collaboration) avec des chercheurs et 44,5 % ne coopèrent pas avec des gens d'affaires d'autres pays.

Les données de l’enquête suggèrent qu'il est plus facile de travailler avec : les employés des établissements (4,18 sur 5) ; les gens d'affaires de la région (3,72) ; les dirigeants des organismes de promotion économique (3,67). Il est moins facile de travailler avec : les gens d'affaires des autres pays (2,97) ; les fonctionnaires (3,00) ; les gens d'affaires des autres provinces (3,19). Les établissements qui ont davantage d’employés considèrent qu'il est plus facile de travailler avec les divers partenaires.

Par ailleurs, nous avons également observé que : près de 50 % des établissements ne participent jamais (33,5 %) ou rarement (21,8 %) à des rencontres organisées par des organismes de la région de Québec—Chaudière-Appalaches ; ce pourcentage passe à plus de 80 % pour les rencontres organisées par des organismes des autres régions du Québec ; il atteint plus de 90 % des établissements pour les rencontres à l'extérieur de la province ou du pays. La participation des firmes à des associations ou à des rencontres organisées par des gens d’affaires et des organismes de promotion économique augmente avec l’augmentation de la taille des entreprises.

Ces observations nous permettent de suggérer les pistes d’action suivantes pour augmenter les capacités sociales des entreprises à innover :

Piste d’action #17 : les associations de gens d’affaires et les syndicats de la région devraient s’engager à œuvrer à augmenter davantage le climat de confiance qui règnent entre toutes les catégories de partenaires impliqués dans la promotion de l’innovation et de l’économie.

Piste d’action #18 : créer des occasions d’échanges d’information entre les gens d’affaires de la région pour les sensibiliser davantage à l’importance du réseautage comme façon de saisir les occasions d’innovation qui se présentent au travers des transactions habituelles de marché et des réseaux de gens d’affaires.

Au total, les gens d’affaires de la région de Québec—Chaudière-Appalaches pourraient profiter davantage qu’actuellement des liens de collaboration qu’ils forgent avec d’autres organisations situées en Québec—Chaudière-Appalaches, en améliorant encore davantage le climat de confiance qui règne dans la région. Ainsi, on pourrait stimuler davantage l’innovation de produits et de procédés en rehaussant encore plus le climat de confiance entre les organisations de la région de Québec—Chaudière-Appalaches qui sont impliquées dans la promotion du développement économique de la région. Plus les acteurs considéreront qu’il est facile de travailler dans un climat de grande confiance, plus ils forgeront des liens productifs de collaboration et plus ils bénéficieront des avantages que procurent les sources externes d’innovation et la proximité géographique.

 

8- Le profil économique des entreprises manufacturières

En résumé, le secteur manufacturier de la région de Québec—Chaudière-Appalaches comptait un peu plus de 2300 établissements en 1997 et créait 78516 emplois, soit 16,7 % de l’emploi total de la région. La plupart sont de petite taille, 56,9 % d’entre eux ayant des ventes de moins d’un million $ en 1997, ou encore 68,8 % d’entre eux ayant 20 employés et moins. D’après l’enquête, l’emploi manufacturier devrait augmenter de 39,0 % entre 1997 et 2003, ce qui est un témoigne éloquent de la confiance dans l’avenir des dirigeants d’entreprises.

Nous avons observé que 68,8 % des établissements manufacturiers de la région vendent une partie de leur production à l’extérieur de la région. Pour 38,9 % d’entre eux, c’est plus de 50 % de leur production qui est exportée. En tout, le secteur manufacturier de la région vend seulement 22,9 % de sa production dans la région de Québec—Chaudière-Appalaches et exporte le reste, soit 77,1 %, ce qui est considérable. Il exporte 29,8 % de sa production dans les autres pays du monde, surtout les États-Unis, ce qui est comparable aux autres régions du Québec. Ces proportions peuvent se traduire en termes d’emplois. Parmi les 78500 emplois générés par les établissements manufacturiers de la région, 18000 seulement dépendent des ventes effectuées dans la région et le reste, soit 60500, dépend des exportations.

Les dirigeants des établissements manufacturiers de la région perçoivent leur entreprise comme étant assez concurrentielle avec leurs concurrents, autant ceux de la région de Québec—Chaudière-Appalaches que des autres régions du monde. De même, la compétitivité des entreprises manufacturières apparaît assez bonne, surtout en ce qui a trait à la qualité des produits et services aux clients qui est classée comme "plutôt supérieure" ou "supérieure" par 67,4 % des répondants. Elle apparaît un peu moins bonne pour le marketing et les réseaux de distribution où le résultat est "plutôt inférieur" ou "inférieur" pour 41,0 % et 31,7 % respectivement des répondants.

Près de 20 % des établissements manufacturiers de la région de Québec—Chaudière-Appalaches se partagent environ 1400 postes vacants (12,9 % en ont un ou deux et 6,7 % en ont 3 ou plus). Les compétences qui créent le plus de difficultés de recrutement sont la capacité d’utiliser des techniques propres au métier, de parler une langue seconde et d’utiliser des technologies avancées.

Ces observations nous permettent de suggérer la piste d’action suivante pour augmenter la capacité concurrentielle des entreprises.

Piste d’action #19: renforcer les liens des entreprises manufacturières et des organismes de promotion économique avec le secteur de l’enseignement, notamment celui de la formation professionnelle, afin d’améliorer les compétences des travailleurs au niveau de l’utilisation des techniques propres au métier, de l’usage de la langue seconde et de l’utilisation des technologies avancées.

 

1- Introduction

L’innovation de produits et de procédés de fabrication, la recherche-développement et l’utilisation des technologies avancées sont d’importants facteurs de croissance des entreprises manufacturières et, par voie de conséquence, de développement économique régional.

L’innovation se situe au coeur du processus de croissance des entreprises. Une innovation consiste en l'application pratique d'une invention pour produire de nouveaux biens ou services, ou pour améliorer ceux qui existent déjà, ou encore pour mieux les produire ou les distribuer. Cette définition permet de distinguer entre l’innovation de produits et l’innovation de procédés de fabrication.

Cependant, une entreprise peut innover sans nécessairement faire de la recherche-développement (surtout de la R&D vérifiée qui donne droit à des crédits d’impôt) ou encore sans nécessairement utiliser des technologies avancées. En effet, la recherche-développement reflète plutôt le niveau de professionnalisation de l’activité d’innovation au sein des entreprises. Tandis que l’utilisation des technologies avancées représente le niveau d’intensité technologique des procédés de fabrication qui soutiennent l’innovation au sein des entreprises.

L’objectif de cette étude est de faire l’état de la situation de l’innovation dans les entreprises manufacturières de la région de Québec—Chaudière-Appalaches, afin de pouvoir mesurer le chemin parcouru dans quelques années, et de proposer des pistes d’action pour l’avenir. L’étude est la première à être réalisée par des membres de l’Observatoire de la Technorégion Québec—Chaudière-Appalaches, qui est rattaché à la fois au Centre de recherche en aménagement et en développement (CRAD) de l’Université Laval et au GATIQ Technorégion Québec—Chaudière-Appalaches, pour lequel l’Observatoire effectue des recherches. Cette étude s’appuie sur une enquête téléphonique préparée par les auteurs et effectuée par la maison de sondage SOM auprès de 802 dirigeants d’établissements manufacturiers de la région de Québec—Chaudière-Appalaches.

La région de Québec—Chaudière-Appalaches comprend celles de Québec et de Chaudière-Appalaches. La région de Québec (03) s'étend de Baie-Sainte-Catherine à l'est jusqu'à Grondines à l'ouest et aux limites de la Réserve faunique des Laurentides au nord. La région de Chaudière-Appalaches (12) s'étend de Saint-Roch-des-Aulnaies à l'est jusqu'à Leclercville à l'ouest et aux frontières américaines au sud. La région comprend 1,05 million d’habitants en 1997, vivant sur un territoire de 34448 km2.

Après avoir examiné la problématique des enquêtes sur l’innovation (chapitre 2) et la méthodologie de l’enquête (chapitre 3), nous présentons les résultats. Dans un premier temps, nous mettons l’accent sur l’innovation de produits et de procédés de fabrication (chapitre 4), pour regarder ensuite la recherche-développement (chapitre 5), l’utilisation des technologies avancées (chapitre 6) et, enfin, le capital socio-institutionnel soutenant l’innovation (chapitre 7). Le rapport se termine par l’examen du profil économique des entreprises manufacturières (chapitre 8).

 

2- La problématique des enquêtes sur l’innovation

Bien que considérées comme l’un des principaux moteurs du changement et du développement économique, la description et l’explication de l’innovation posent de nombreux défis tant au plan empirique que théorique. Les façons de mesurer l’innovation dans les entreprises manufacturières et les explications de l’innovation ont évolué de manière très significative au cours des dernières années. Il importe donc de rappeler brièvement les principaux traits de cette évolution en mettant l’accent sur deux éléments :

- les explications théoriques de l’innovation
- les façons de mesurer l’innovation

 

2.1- Les explications théoriques de l’innovation

Les efforts de théorisation sur l’innovation placent l’utilisation de la recherche et, plus généralement, l’utilisation de la maîtrise de l’information et de la connaissance, au cœur de la démarche. Les écrits scientifiques distinguent essentiellement quatre modèles explicatifs principaux : "science push", "demand pull", dissémination et interaction. Le modèle "science push" met l’accent sur la qualité de la recherche comme déterminant de son utilisation par les entreprises. Dans le modèle "demand pull", l’initiative se déplace des chercheurs aux entreprises. En effet, suivant cette perspective, les entreprises définissent les mandats que les chercheurs accomplissent pour répondre aux besoins des entreprises. Le modèle de dissémination des connaissances met l’accent sur la création de mécanismes de dissémination susceptibles d’accroître le transfert d’information vers les entreprises. Ce modèle s’est développé en réaction au fait que, bien qu’on observe des cas exemplaires de succès de transferts non planifiés de connaissances, le transfert de connaissances n’est pas automatique.

En réaction aux limites du modèle de dissémination, les experts ont développé un autre modèle, le modèle d’interaction. Le postulat fondamental de ce modèle est que l’innovation ne dépend pas d’agents isolés mais de la façon dont les agents interagissent avec d’autres en tant qu’éléments d’un système. À l’instar des tenants de l’approche des systèmes d’innovation, la présente étude postule que l’innovation dépend des flux (interactions, transactions, échanges de marché et hors marché) d’information qui circulent entre les personnes et les institutions (Tableau 2.1).

 

Tableau 2.1
Évolution des facteurs explicatifs
de l’innovation en fonction de divers modèles

Facteurs explicatifs de l’innovation

Modèle Science push

Modèle Demand pull

Modèle de Dissémination

Modèle d’Interaction

Qualité et quantité des résultats de recherche

+

+

+

+

Besoins des entreprises

 

+

+

+

Efforts de dissémination des résultats de recherche

   

+

+

Liens d’échange entre diverses catégories d’acteurs

     

+

Les transactions multilatérales entre des acteurs variés des milieux innovateurs engendrent la création de réseaux régionaux et de réseaux sectoriels (par industrie). En plus d’être régis par le mécanisme des prix, ces réseaux sont également régis par des normes sociales qui reposent sur une connaissance et une confiance mutuelles ainsi que par des institutions d’intermédiation économique créées et animées par des acteurs du milieu. La nature de ces réseaux d’échange permet de distinguer les régions et les secteurs industriels en fonction du niveau d’interaction entre leurs acteurs (Tableau 2.2).

Tableau 2.2
De l’innovateur isolé au système régional d’innovation

Période

Sources de l’innovation

Liens entre les acteurs qui innovent

Importance des facteurs régionaux

1950-1960

Science fondamentale

Firmes isolées (internalisation)

Faible : régions passives

1970-1980

Science + technologies avancées

Firmes isolées qui interagissent avec fournisseurs et clients

Faible : régions passives

1990-+

Sciences + technologies 

avancées+ liens entre acteurs

Firmes en état d’interdépendance avec de multiples catégories d’acteurs (externalités positives)

Élevée : régions actives

La variété des institutions qui soutiennent les activités d’innovation avec lesquelles les entreprises entretiennent des liens renvoie au capital institutionnel. Le capital institutionnel définit les possibilités institutionnelles d’innovation en indiquant le soutien qui peut être fourni aux entreprises par diverses catégories d’institutions qui se trouvent dans leur environnement.

L’intensité des relations possibles que les entreprises entretiennent avec les acteurs d’autres organisations renvoie pour sa part au capital social. Le capital social définit les possibilités sociales d’innovation dans les entreprises en indiquant l’intensité des relations possibles des entreprises avec leur environnement.

Le capital social renvoie également à deux autres éléments : les normes qui régissent les liens de collaboration et la confiance qui prévaut au moment de forger des liens avec d’autres. En bref, le capital social comprend les liens de collaboration, les normes qui prévalent lors de la collaboration et la confiance qui règne entre les acteurs au moment de la collaboration. Ces liens, normes et confiance, qu’on associe au capital social, sont importants parce qu’ils permettent aux entreprises de se coordonner plus facilement et à des coûts inférieurs aux coûts du marché lors des activités d’innovation de produits et procédés. En liant les entreprises les unes aux autres au moyen de normes de confiance, le capital social réduit les coûts de coopération et de coordination que les firmes devraient autrement supporter au moment de l’amélioration ou du développement de produits et procédés.

Au moment de leurs décisions de s’engager dans le développement ou l’amélioration de produits ou de procédés les entreprises doivent nécessairement décider dans quelle mesure leurs activités d’innovation reposeront sur leurs ressources propres en capital intellectuel et technologique ou sur les ressources en capital social et institutionnel auxquelles elles peuvent avoir accès. Du point de vue des entreprises, le recours au capital social et au capital institutionnel qui se trouvent dans leur environnement ne contribue pas seulement à réduire les coûts de coordination et de coopération inhérents au développement d’innovations. Il comporte également plusieurs autres avantages potentiels :

Les firmes peuvent donc augmenter leur capital intellectuel et technologique propres en utilisant le capital institutionnel et le capital social de soutien à l’innovation. Cette possibilité dépend du niveau de capital institutionnel et de capital social dont dispose une région.

 

2.2- Les différentes façons de mesurer l’innovation et les interactions entre les entreprises

La mesure de l’innovation a longtemps été l’objet de débats au sein de la communauté des experts en raison de la présence de nombreuses explications théoriques concurrentes. Il est possible de résumer les façons de mesurer l’innovation en distinguant trois périodes principales (Tableau 2.3) :

Tableau 2.3
Trois façons de mesurer l’innovation

Période

Mesure de l’innovation

1950-1960

Activités de R&D

1970-1980

Adoption de technologies avancées

1990 à aujourd’hui

Innovations de produits et de procédés

Ces différentes façons de mesurer l’innovation sont étroitement associées à l’évolution des explications relatives aux facteurs déterminants de l’innovation. Dans les années 1950, l’innovation était mesurée par les activités de R&D parce que les experts estimaient que les activités de R&D constituaient le facteur le plus déterminant de l’innovation. Plus tard, à partir des années 1970, les experts en vinrent à penser que le principal moteur de l’innovation ne résidait pas dans les activités de R&D, mais plutôt dans l’adoption de technologies avancées. Plus récemment, depuis le début des années 1990, les experts estiment qu’il convient de mesurer directement plutôt qu’indirectement l’innovation. Ils ont donc commencé progressivement à prendre des mesures concernant les innovations de produits et de procédés survenant dans les entreprises. Au fil du temps, les activités de R&D en sont venues à être considérées comme un indicateur du niveau de professionnalisation des activités d’innovation au sein des entreprises, tandis que l’utilisation des technologies avancées en est venue à être considérée comme un indicateur de l’intensité technologique des procédés de fabrication qui soutiennent les activités d’innovation. Le niveau de professionnalisation et le niveau d’intensité technologique des entreprises définissent les possibilités intellectuelles et technologiques de l’innovation.

Quant aux interactions entre les acteurs et les institutions qui influencent l’innovation dans les entreprises manufacturières, elles peuvent être mesurées en recourant à cinq techniques  principales :

1) L’étude des alliances de R&D à partir de l’examen de la presse spécialisée ou d’enquêtes sur le terrain. Le principal point faible de cette technique est de focaliser l’attention sur les liens qui se déroulent au moment des activités de R&D au détriment des liens qui se développent au moment d’autres activités d’innovation.

2) L’étude des publications conjointes et des brevets conjoints. Le principal inconvénient de cette technique est de retenir deux catégories de liens au détriment des autres catégories de liens qui expliquent les activités d’innovation des entreprises.

3) Les analyses de citations visant à déterminer dans quelle mesure les entreprises utilisent les brevets et les publications scientifiques développés par des acteurs extérieurs aux entreprises. La limite principale de ces analyses est d’expliquer l’innovation pour les entreprises qui publient et prennent des brevets sans pouvoir tenir compte des entreprises qui ne publient pas et qui ne prennent pas de brevets.

4) Les études de cas qualitatives des systèmes d’innovation. Il s’agit d’une façon de travailler fiable et valide pour saisir la richesse et la diversité des interactions et des institutions qui existent au niveau des régions. Les résultats de ces études sont toutefois difficiles à généraliser.

5) Les enquêtes sur l’innovation au niveau des firmes manufacturières. Cette technique permet elle aussi de saisir une grande variété des flux d’interactions au cours des différentes étapes des activités d’innovation. Les résultats de ces études sont également facilement généralisables. Cette technique a été retenue pour réaliser la présente étude.

 

3- La méthodologie de l’enquête

La qualité des résultats d’une enquête dépend de la qualité du questionnaire et du sondage. D’où l’importance d’expliciter en détails le déroulement de l’enquête selon les thèmes suivants :

 

3.1- Les fondements du questionnaire

Les concepts sous-jacents au questionnaire d’enquête sont fondés sur ceux du Manuel d’Oslo, énoncés en 1997 par l’OCDE ; ce manuel présente des principes directeurs pour la cueillette et l’interprétation des données sur l’innovation technologique. En s’appuyant sur ces principes, les auteurs de l’enquête sont certains que leurs résultats pourront se comparer à ceux d’autres enquêtes similaires à travers le monde.

De plus, le questionnaire s’inspire en partie des questionnaires et études présentés au Tableau 3.1. Ce faisant, les auteurs s’appuient sur des questions qui ont déjà été éprouvées lors d’enquêtes semblables.

 

Tableau 3.1

Questionnaires utilisés dans la préparation
de l’enquête sur l’innovation
dans la région de Québec—Chaudière-Appalaches

 

1- Enquête sur l'innovation,

Projet de remaniement des sciences et de la technologie,
Statistique Canada, Ottawa, 1996, 17 pages.

2- Questionnaire ayant servi au rapport :

Enquête sur les entreprises innovantes de la région de Chaudière-Appalaches, sur leurs besoins et leurs capacités technologiques,
par Réjean Landry, Groupe de recherche sur les interventions gouvernementales (GRIG), Université Laval, Sainte-Foy, 1996, 13 pages.

3- Enquête sur les innovations et les technologies de pointe,
par John Baldwin, David Sabourin, Mohammed Rafiquzzaman, Statistique Canada, Ottawa, 1993, 95 pages.

4- Enquête sur les caractéristiques de la demande de main-d'œuvre,
Rapport méthodologique, Bureau de la statistique du Québec, Québec, 1996, 77 pages.

5- Innovation Survey,
par J. A. D. Holbrook, L.P. Hughes, Centre for Policy Research on Science and Technology (CPROST) - Centre for Policy Studies in Education (CPSE) , Simon Fraser University - The University of British Columbia, Vancouver, 1997, 13 pages.

6- Potentiel de développement et d'innovation de l'industrie alsacienne,
par Emmanuel Muller, Bureau d'Économie Théorique et Appliquée (BETA), Université Louis Pasteur, Strasbourg, 1995, 6 pages.

7- Questionnaire ayant servi au rapport :

Les retombées économiques du Parc technologique du Québec métropolitain,

par Pierre Fréchette, Centre de recherche en aménagement et en développement (CRAD), Université Laval, Sainte-Foy, 1992, 16 pages.

8- Questionnaire ayant servi au rapport :

L'impact économique de l'industrie maritime de la région de Québec et Chaudière-Appalaches, par Pierre Fréchette, Centre de recherche en aménagement et en développement (CRAD), Université Laval, Sainte-Foy, 1996, 11 pages.

Le questionnaire a été élaboré par Réjean Landry et Pierre Fréchette, avec la collaboration de René Boudreau, pendant les mois de mars à juin 1998. Il a fallu onze versions différentes avant de parvenir au questionnaire final. Pendant son élaboration, le questionnaire a été soumis aux commentaires du personnel et des membres du Conseil d’administration du GATIQ, ainsi que des membres des Comités conseil et scientifique de l’Observatoire de la Technorégion.

Le questionnaire vise à mesurer la réalité et non pas à obtenir des opinions. C’est pourquoi la plupart des questions sont de nature objective, comme on peut le voir à l’Annexe 1 qui présente la version écrite du questionnaire. À titre d’exemple, pour mesurer l’innovation, le terme lui-même n’est pas employé ; la question est plutôt formulée de la manière suivante : "De 1995 à 1997, votre établissement a-t-il fabriqué des produits nouveaux ou améliorés ?"

La version écrite du questionnaire a ensuite été transformée en version téléphonique par la maison de sondage SOM qui a été retenue pour administrer l’enquête. Le questionnaire a été légèrement modifié suite au pré-test téléphonique qui a eu lieu au début de juin 1998. Il fallait environ 20 minutes pour répondre au questionnaire.

 

3.2- Le choix de l’enquête téléphonique

Le choix de l’enquête téléphonique s’est imposé de lui-même. Premièrement, l’équipe de recherche désirait obtenir l’échantillon le plus grand possible (environ 800 entreprises), à l’intérieur de coûts raisonnables, afin de pouvoir faire des analyses statistiques sur des sous-groupes de l’échantillon. Or, un questionnaire envoyé par la poste aurait généré un très faible taux de réponse, étant donné le peu de disposition des dirigeants d’entreprises à répondre à ce genre de questionnaire. Même si on l’avait envoyé à toutes les entreprises manufacturières de la région de Québec—Chaudière-Appalaches, le nombre de réponses aurait été insuffisant. Par contre, un questionnaire administré par des enquêteurs aurait eu un fort taux de réponse, mais à des coûts prohibitifs. En effet, un enquêteur peut rencontrer seulement quelques dirigeants d’entreprises quotidiennement, en plus des coûts de transport occasionnés par la dimension de la région étudiée.

Deuxièmement, la méthode d’enquête préférée par la plupart des enquêteurs actuellement est l’enquête téléphonique. Il y a belle lurette que l’enquête téléphonique sert à beaucoup plus que les sondages électoraux. Les maisons de sondage ont maintenant une si vaste expérience et disposent de moyens si sophistiqués que cette méthode garantit des résultats de grande qualité à des coûts raisonnables. À titre d’exemple, mentionnons que le questionnaire de notre enquête est entièrement informatisé, que l’entrevue téléphonique est assistée par ordinateur, que les réponses deviennent automatiquement partie d’une base de données, et que jusqu’à huit appels ont été faits pour tenter de rejoindre les dirigeants des établissements sélectionnés.

 

3.3- L’administration de l’enquête

La population cible visée par l’enquête est constituée de l'ensemble des établissements manufacturiers œuvrant dans la région de Québec—Chaudière-Appalaches. La base de sondage a été construite par l’équipe de recherche de l'Observatoire de la Technorégion Québec—Chaudière-Appalaches, à partir de listes provenant du Répertoire Scott’s des fabricants du Québec et d’autres listes fournies par le GATIQ. Parmi l’univers des 2300 entreprises manufacturières de la région de Québec—Chaudière-Appalaches, environ 1600 ont constitué l’échantillon à être enquêté.

L’échantillon a été stratifié en deux groupes. Dans le premier groupe constitué des établissements de haute technologie ou de 100 employés et plus, il s’agissait d’obtenir le maximum d’entrevues. Dans le second groupe constitué des autres établissements manufacturiers, il s’agissait de réaliser des entrevues pour combler la différence entre l’objectif de 800 entrevues et le nombre d’entrevues réalisé dans le premier groupe. Les entreprises du deuxième groupe ont été identifiées par un tirage aléatoire simple des établissements.

 

3.4- Les résultats des appels téléphoniques

 

Données administratives
A. Échantillon de départ

1595

B. Non-rejoints au cours de la période

22

C. Numéros inexistants et/ou discontinués

89

D. Numéros industriels

2

E. Lignes en trouble

0

F. Non-éligibles

115

G. Hors strate

14

H. Incapacités/ Autres langues

6

1. Absents

310

J. Incomplets

7

K. Refus de l'entreprise

45

L. Refus de la personne sélectionnée

183

M. Entrevues complétées

802

Principaux indices
N. Numéros non rejoints (B+E)

22

0. Numéros rejoints (A-(N+G))

1559

P. Numéros rejoints inutilisables (C+D+H)

97

0. Numéros rejoints utilisables (0-P)

1462

R. Estimation du nombre de non-rejoints utilisables (NQ/0)

21

S. Estimé du nombre total de numéros utilisables (Q+R)

1483

Non-réponse estimée ((R+I)/S)

22,3 %

Refus (J+K+L)/S

15,8 %

Taux de réponse estimé ((M+F)/S)

61,8 %

 

3.5- La pondération des résultats

Afin de vérifier si une pondération était requise, la distribution des établissements sondés par tranche d’employés et par groupe d’industries a été comparée aux statistiques de l’ensemble des établissements fournis dans le Répertoire Scott’s des fabricants du Québec pour 1997.

Après étude des écarts entre la distribution des nombres d’employés dans les établissements sondés et la distribution de la population du Répertoire Scott’s, les catégories d’employés retenues pour la pondération ont été les suivantes : 0 à 4 employés, 5 à 99 employés, 100 employés et plus.

La distribution de l’échantillon par groupe d’industries a été également comparée à celle de la population. Les groupes d’industries où les écarts les plus importants sont observés ont été retenus pour la pondération.

La distribution de la population utilisée pour la pondération est présentée au Tableau 3.2. Le Tableau 3.3 montre la distribution d’établissements ayant participé à l’enquête avant et après pondération. Finalement, le Tableau 3.4 rapporte les coefficients de pondération.

Enfin, la marge d’erreur (au niveau de confiance de 95 %), pour une variable exprimée sous forme de pourcentage est de 3,27 % sur les résultats d'ensemble de 793 répondants. L’effet de plan pour le groupe principal (n = 793) est de 1,34.

Pour les établissements, la marge d’erreur est de :

 

3.6- Les répondants au questionnaire

Comme on peut le voir au Tableau 3.5, les répondants au questionnaire ont toujours été des personnes qui avaient une excellente connaissance de leur entreprise. En effet, 70,2 % des répondants étaient le propriétaire ou le président de l’entreprise, un directeur (10,5 %), un contremaître (5,1 %) ou encore un actionnaire ou un vice-président (4,9 %).

 

Tableau 3.5

Postes occupés par les dirigeants manufacturiers

ayant répondu au questionnaire téléphonique

(Région de Québec—Chaudière-Appalaches, juin-juillet 1998)

(en % des établissements)

Propriétaire, président

70,2

Directeur

10,5

Contremaître

5,1

Actionnaire, vice-président

4,9

Responsable du bureau

3,4

Gestionnaire de projet

2,5

Secrétaire

2,7

NSP/NRP

0,7

Total

100,0

Source : Enquête Landry-Fréchette sur l'innovation dans les entreprises manufacturières de la région de Québec—Chaudière-Appalaches, Observatoire de la Technorégion Québec—Chaudière-Appalaches, Centre de recherche en aménagement et en développement (CRAD),Université Laval, novembre 1998.

 

4- L’innovation de produits et de procédés de fabrication

L’état de la situation en matière d’innovation dans les entreprises manufacturières de la région de Québec—Chaudière-Appalaches sera présenté en mettant l’accent sur les six traits suivants des établissements interrogés :

Dans le cadre de cette étude, l’innovation a été définie de la même manière que dans les enquêtes réalisées dans les pays de l’OCDE suivant en cela les nouvelles pratiques élaborées dans le Manuel d’Oslo. Ainsi :

Un produit renvoie à des biens et services.

Une innovation renvoie à l'application pratique d'une invention pour produire de nouveaux biens ou services ou pour améliorer ceux qui existent déjà ou pour mieux les produire ou les distribuer. Sont exclus de cette définition les changements étant purement esthétiques ou qui consistent à différencier les produits (par exemple les changements mineurs de dessin ou de présentation qui rendent les produits distincts et en même temps retiennent leur construction technique ou leur rendement).

Une innovation de produits est la commercialisation d'un produit plus performant dans le but de fournir au consommateur des services objectivement nouveaux ou améliorés.

Une innovation de procédés de fabrication est l'adoption de méthodes de production ou de distribution nouvelles ou notablement améliorées.

Un nouveau produit est un produit dont les caractéristiques technologiques ou son utilisation prévue diffèrent de manière significative des produits antérieurs. Ces innovations peuvent impliquer de nouvelles technologies, peuvent être basées sur des nouvelles utilisations de technologies existantes ou peuvent provenir de l'utilisation de nouvelles connaissances.

Un produit amélioré est un produit déjà existant mais dont le rendement a été amélioré de façon significative. Un produit simple peut être amélioré (en terme de performance ou coût de production plus bas) en utilisant des pièces ou matériaux de haute performance ; un produit complexe comprenant un nombre de systèmes techniques intégrés peut être amélioré en faisant des changements partiels à un des systèmes.

Utilisant ces définitions, l’enquête auprès des entreprises manufacturières de la région de Québec—Chaudière-Appalaches distingue les innovations suivant trois catégories :

 

4.1- La proportion de firmes innovantes

Dans l’ensemble, 65,2 % des entreprises de la région ont déclaré avoir réalisé des innovations de produits, des innovations de procédés ou des innovations de produits et de produits simultanément au cours de la période de trois ans allant de 1995 à 1997. Une enquête sur l’innovation qui vient d’être réalisée en Estrie nous apprend que 88 % des firmes de cette région ont réalisé des innovations de produits ou procédés au cours de la période 1995-1997. Des échanges d’information que nous avons avec des chercheurs européens qui sont en train d’analyser des enquêtes régionales en France et en Allemagne nous apprennent que la propension des firmes à lancer des innovations de produits ou procédés varie de 60 % dans la région du Haut-Rhin, à 61 % dans la région Alsace, à 62 % dans la région Bas-Rhin, pour atteindre 71 % dans la région Pays de Bade. Les premières enquêtes nationales sur l’innovation réalisées en Europe et au Canada sur la période 1989-1991 nous apprennent que le pourcentage de firmes innovatrices variaient alors entre 30 et 45 %. Les enquêtes récentes suggèrent que la propension à innover a beaucoup augmenté dans le secteur manufacturier au cours de la dernière décennie. Au total, la région de Québec se situe donc dans la moyenne de ce qui a été observé dans d’autres régions industrialisées au cours des deux dernières années.

Par ailleurs, nous avons observé que la moitié des entreprises de moins de 4 employés, les trois quarts des entreprises de 5 à 100 employés, et 90 % des entreprises de plus de 100 employés ont réalisé des innovations (Tableau 4.1). En outre, comme l’indique le tableau, les entreprises de plus de 20 employés qui innovent réalisent le plus souvent des innovations qui touchent simultanément les produits et les procédés.

On peut également noter au Tableau 4.2 que :

Dans tous les secteurs industriels, sauf celui de la première transformation des métaux, plus de 50 % des entreprises innovent en produits ou en procédés (Tableau 4.3). Les entreprises de la région qui réalisent le moins fréquemment d’innovations se retrouvent dans les secteurs de la première transformation des métaux (où 38 % des établissements ont innové), des produits métalliques (56 %), de l’imprimerie, édition et produits connexes (57 %), des produits minéraux non métalliques (59 %), du matériel de transport (60 %) et du bois (61 %).

Quant aux entreprises les plus innovatrices, on les retrouve dans les secteurs des produits électriques et électroniques (où 87 % des établissements ont innové), papier et produits connexes (87 %), cuir et produits connexes (85 %), produits en matière plastiques (80 %) et aliments (80 %) (Tableau 4.3). Ces chiffres doivent toutefois être interprétés avec réserve puisque le nombre d’entreprises qui composent certains secteurs est si petit qu’il est plus prudent de parler de cas particuliers que de tendances générales. Au total, il convient cependant de souligner avec force qu’il n’y a pas lieu de parler de secteurs traditionnels ou de secteurs mous qui ne mériteraient pas l’attention des décideurs.

Les secteurs d’excellence de la région de Québec—Chaudière-Appalaches se retrouvent un peu partout parmi les secteurs traditionnellement définis par Statistique Canada. Voici les secteurs où ces entreprises se retrouvent majoritairement :

 

Tableau 4.3

 

4.2- L’importance de l’innovation

Les innovations réalisées par les entreprises de la région constituent-elles des innovations majeures (radicales) ou des innovations mineures (incrémentales) ? Au lieu de demander aux entreprises d’évaluer subjectivement l’importance des changements qu’elles ont apportés à leurs produits et procédés, nous avons préféré mesurer l’importance de ces changements avec une information factuelle : le nombre de mois écoulé entre le moment où une entreprise a commencé à consacrer des ressources à son plus important projet de développement d’innovations de produits ou de procédés et son introduction sur le marché. L’hypothèse derrière cette question factuelle est que plus le temps requis pour réaliser une innovation est long, plus l’innovation est majeure et inversement, moins le temps requis pour réaliser une innovation est long, plus l’innovation est mineure.

Au total, l’écart entre le lancement des projets et leur commercialisation se situe à moins de six mois pour la moitié des innovations de produits et les deux tiers des innovations de procédés de fabrication. Les trois quarts des innovations de produits et 85 % des innovations de procédés ont nécessité moins d’un an à se concrétiser (Tableau 4.4). Plus les entreprises sont petites, moins elles prennent

de temps à développer leurs innovations. Quant aux entreprises de plus grande taille, elles ne réalisent pas fréquemment de projets d’innovation dont le développement requiert plus de deux ans. Dans l’ensemble, le développement de nouveaux produits requiert 6,1 mois alors que le développement d’innovations de procédés exige 7,8 mois (Tableau 4.5).

Le Tableau 4.5 suggère que la mise au point d’innovations de produits requiert plus de temps dans le secteur des textiles, des produits chimiques, des produits en matières plastiques et des produits minéraux non métalliques, tandis que c’est dans le secteur des textiles de première transformation, des meubles, articles d’ameublement et de l’imprimerie, édition et produits connexes que le développement d’innovations de produits est le plus court. De la même manière, l’innovation de procédés de fabrication exige plus de temps dans le secteur du cuir et produits connexes, produits minéraux non métalliques, textiles de première transformation et produits textiles, alors que l’innovation requiert des périodes plus courtes dans les secteurs de l’habillement, des produits électriques et électroniques ainsi que dans le secteur des produits métalliques (sauf transport).

Ces observations permettent de conclure que la plupart des entreprises de la région développent des innovations incrémentales plutôt que des innovations radicales. Par ailleurs, ces observations signifient également que les entreprises de la région sont très flexibles et capables de répondre très rapidement aux signaux du marché en matière d’innovation de produits et procédés.

 

4.3- La fréquence de l’innovation

Dans le but de déterminer si l’innovation est un événement exceptionnel très rare ou un événement régulier qui survient dans les entreprises de la région, nous avons demandé aux répondants d’indiquer la fréquence avec laquelle leur établissement introduit des innovations de produits ou de procédés. En revenant au Tableau 4.2, on constate que près de 10 % des établissements ont innové un seul produit ou un seul

procédé de fabrication au cours de la période 1995 à 1997, alors que de 20 à 25 % ont innové de deux à cinq procédés ou produits. Il y a nettement plus d'établissements (17,1 %) qui ont innové plus de six produits qu'il y en a qui ont innové plus de six procédés de fabrication.

Dans l’ensemble, les secteurs manufacturiers où l’on observe, en moyenne, l’introduction la plus fréquente d’innovations de produits et de procédés sont celui du cuir et produits connexes ainsi que celui des produits textiles (Tableau 4.6). On constate également que les établissement manufacturiers de la région ont réalisé 5 fois plus de d’innovation de produits (15395) que de procédés (2947).

Finalement, toujours dans le but d’évaluer l’importance des activités d’innovation dans les entreprises, nous avons demandé aux répondants d’indiquer, pour la période des trois années précédant l’enquête, quel a été approximativement le pourcentage de leur chiffre d’affaires consacré au développement de produits et à l’adoption de nouveaux procédés de fabrication. En revenant au Tableau 4.2, on constate que 29,6 % des entreprises qui ont innové ont consacré moins de 3 % de leur chiffre d'affaires à l'innovation en 1997, alors que 26,0 % y ont consacré de 3 à 5 %. Au total, près de 45 % des établissements qui ont innové ont consacré 6 % ou plus de leur chiffre d'affaires à l'innovation en 1997.

Le Tableau 4.7 indique que la proportion du chiffre d’affaires que les entreprises consacrent à l’innovation tend à être plus élevée dans les petites que dans les plus grandes entreprises.

 

4.4- Les sources externes de l’innovation

Nous avons précédemment noté que l’innovation constitue une activité régulière à laquelle les entreprises allouent une fraction importance de leur chiffre d’affaires. Les capacités d’innovation des entreprises dépendent de sources internes aux entreprises, notamment les capacités en R&D, l’utilisation de technologies avancées, ainsi que de sources externes qu’on qualifie de plus en plus couramment de capital social et de capital institutionnel. L’ampleur des activités de R&D dans les entreprises constitue, comme nous l’avons déjà souligné, un indicateur du niveau de professionnalisation des activités d’innovation au sein des entreprises, alors que la variété des technologies avancées dont disposent les entreprises constitue un indicateur du niveau d’intensité technologique des procédés de fabrication qui soutiennent les activités d’innovation. Le niveau de professionnalisation et le niveau d’intensité technologique des activités d’innovation définissent les possibilités intellectuelles et technologiques de l’innovation.

La variété des institutions qui soutiennent les activités d’innovation avec lesquelles les entreprises entretiennent des liens renvoie au capital institutionnel. Le capital institutionnel définit les possibilités institutionnelles d’innovation en indiquant le soutien qui peut être fourni aux entreprises par diverses catégories d’institutions qui se trouvent dans leur environnement. Le capital social renvoie pour sa part à l’intensité des relations possibles que les entreprises entretiennent avec les acteurs d’autres organisations. Le capital social définit les possibilités sociales d’innovation dans les entreprises en indiquant l’intensité des relations possibles des entreprises avec leur environnement.

Au moment de leurs décisions de s’engager dans le développement ou l’amélioration de produits ou de procédés, les entreprises doivent nécessairement décider dans quelle mesure leurs activités d’innovation reposeront sur leurs ressources propres en capital intellectuel et technologique ou sur les ressources en capital social et institutionnel auxquelles elles peuvent avoir accès.

Le capital social et le capital institutionnel qui se trouvent dans l’environnement des firmes constituent des sources très importantes d’innovation. Dans le but de mesurer l’utilisation de ce genre de capital, nous avons demandé aux dirigeants des entreprises manufacturières de la région de Québec—Chaudière-Appalaches d’indiquer quelles sources externes d’information avaient influencé le développement ou l’amélioration de produits et procédés dans leur entreprise. Le Tableau 4.8 relate la fréquence moyenne d’utilisation de 17 sources d’information.

Les diverses sources externes ont été regroupées en trois catégories générales : les sources de marché, l’information généralement disponible et les établissements d’enseignement et de recherche. Les résultats de l’enquête indiquent que les sources de marché représentent les sources externes d’information les plus importantes des entreprises de la région au moment de leurs activités d’innovation, suivi des sources externes d’information généralement disponible, puis, loin derrière en termes de degré d’importance, des établissements d’enseignement et de recherche. De façon plus précise, les données rapportées dans le Tableau 4.8 indiquent que les sources externes d’information les plus fréquemment utilisées pour le développement d’innovations de produits et procédés sont, par ordre décroissant d’importance :

1) les clients : 73,1 %

2) les foires et expositions : 45,2 %

3) les fournisseurs : 39,6 %

4) les concurrents : 31,6 %

5) les congrès, réunions de professionnels et publications spécialisées : 25,7 %

Rappelons à nouveau que les sources externes d’information influençant l’innovation renvoient à l’infrastructure institutionnelle de soutien à l’innovation. Bien que notre enquête ne visait pas à mesurer l’ampleur de cette infrastructure, nous savons que la région de Québec—Chaudière-Appalaches est assez bien pourvue à cet égard. Les entreprises de la région qui innovent utilisent leurs clients comme source d’information les trois quarts du temps. Cela confirme que les entreprises sont sensibles aux besoins et attentes de leurs clients. Nous pourrions toutefois penser que cette source absolument gratuite d’innovation pourrait être utilisée encore davantage. Toutes les autres sources externes sont largement sous-utilisées, particulièrement les sources institutionnelles offrant de l’information généralement disponible et les établissements d’enseignement et de recherche. Le capital institutionnel de la région de Québec—Chaudière-Appalaches est donc largement sous-utilisé par les entreprises de la région.

Des sources utilisées fréquemment peuvent revêtir une importance mineure pour l’innovation ou inversement, des sources peu fréquemment utilisées peuvent prendre une grande importance pour le développement d’innovation. C’est pourquoi, il importe de distinguer la fréquence d’utilisation des sources externes, que nous avons qualifié de capital institutionnel, de l’importance que les sources prennent au moment de l’innovation, que nous avons qualifié de capital social. Nous avons mesuré l’importance prise par les sources d’innovation sur une échelle ordinale à cinq paliers où :

1 = source pas du tout importante

2 = source un peu importante

3 = source importante

4 = source très importante

5 = source extrêmement importante

 

Au Tableau 4.9 apparaissent les sources externes qui jouent le rôle le plus important au moment de l’innovation. Les plus importantes sont, selon leur moyenne sur une échelle de 5 :

L’importance des sources d’information varie selon la taille des établissements (Tableau 4.10). Les entreprises de plus de 100 employés utilisent mieux que les autres entreprises toutes les sources d’information, internes ou externes. L’intensité d’utilisation des sources externes renvoie au capital social. À nouveau, nous pouvons observer que les institutions de marché constituent les sources les plus importantes utilisées lors du développement d’innovation de produits et procédés. Par contre, il importe de souligner que si les sources d’information généralement disponible et les établissements d’enseignement et de recherche constituent des sources qui, si elles sont peu fréquemment utilisées, constituent des sources externes d’innovation beaucoup plus importantes pour les entreprises que ne le laissent supposer les données sur la fréquence d’utilisation. Les sources d’information généralement disponibles et les établissements d’enseignement et de recherche sont donc utilisés par une petite proportion d’entreprises mais elles revêtent beaucoup d’importance pour les entreprises qui y recourent. Le portrait qui se dégage est donc assez complexe. Toutefois, de façon générale, il est possible de conclure que le capital social de la région est largement sous-utilisé.

 

4.5- La provenance des sources d’innovation

La provenance des sources d'influence sur le développement de l'innovation a aussi fait l'objet d'une série de questions. Les résultats sont détaillés au Tableau 4.11, où on remarque que :

Ces résultats tendent à démontrer que les établissements puisent leurs influences à la fois de sources variées, mais aussi de provenances diverses.

 

4.6- Freins à l’innovation

Sous l’angle positif, le développement d’innovations de produits et procédés dépend de la propension des firmes à accroître leur capital intellectuel et leur capital technologique en recourant au capital institutionnel et au capital social qui se trouvent dans leur environnement. Sous l’angle négatif, l’amélioration et le développement de produits et procédés peuvent être entravés par des obstacles qui empêchent les entreprises de tirer profit de leurs actifs en capital intellectuel, technologique et institutionnel.

Le Tableau 4.12 relate l’importance moyenne de six obstacles mesurée sur une échelle ordinale à cinq paliers où :

1 = obstacle pas du tout important

2 = obstacle un peu important

3 = obstacle important

4 = obstacle très important

5 = obstacle extrêmement important

 

Les données du Tableau 4.12 indiquent que :

L’obstacle à l’innovation le plus important que rencontrent les entreprises de la région de Québec—Chaudière-Appalaches a donc trait au manque de fonds propres pour le développement de nouveaux produits et procédés. Le manque de fonds propres pour le développement d’innovations de produits et procédés est un obstacle dont l’importance est plus élevée pour les petites que pour les grandes entreprises (Tableau 4.13). À l’inverse, le manque de personnel qualifié et le coût élevé de développement de l’innovation sont des obstacles qui entravent davantage l’innovation dans les entreprises de 50 employés et plus que dans les entreprises de moins de 50 employés. Il importe toutefois de souligner que l’importance moyenne de ces obstacles, qui se situe entre 1,9 et 2,2, signifie qu’en moyenne, les entreprises considèrent qu’il s’agit d’obstacles dont l’importance se situe à mi-chemin entre l’obstacle un peu important et l’obstacle important.

 

4.7- Conclusion et pistes d’action 

En résumé, les deux tiers des entreprises de la région de Québec—Chaudière-Appalaches ont réalisé des innovations de produits et procédés de 1995 à 1997. La propension à innover augmente avec la taille des entreprises. Les entreprises de la région qui réalisent le moins fréquemment d’innovations de produits et procédés se retrouvent dans les secteurs de la première transformation des métaux où 38 % seulement des établissements ont innové, des produits métalliques (56 %), de l’imprimerie, édition et produits connexes (57 %), des produits minéraux non métalliques (59 %), du matériel de transport (60 %) et du bois (61 %). Quant aux entreprises les plus innovatrices on les retrouve dans les secteurs des produits électriques et électroniques (87 %), papier et produits connexes (87 %), cuir et produits connexes (85 %), produits en matière plastiques (80 %) et aliments (80 %). Au total, il convient cependant de souligner avec force qu’il n’y a pas lieu de parler de secteurs traditionnels ou de secteurs mous qui ne mériteraient pas l’attention des décideurs.

Les trois quarts des innovations de produits et 85 % des innovations de procédés ont nécessité moins d’un an à se concrétiser. Plus les entreprises sont petites, moins elles prennent de temps à développer leurs innovations. Quant aux entreprises de plus grande taille, elles ne réalisent pas fréquemment de projets d’innovation dont le développement requiert plus de deux ans. Dans l’ensemble, le développement de nouveaux produits requiert 6,1 mois alors que le développement d’innovations de procédés exige 7,8 mois. La mise au point d’innovations de produits requiert plus de temps dans le secteur des textiles, des produits chimiques, des produits en matières plastiques et des produits minéraux non métalliques, tandis que c’est dans le secteur des textiles de première transformation, des meubles, articles d’ameublement et de l’imprimerie, édition et produits connexes que le temps de développement d’innovations de produits est le plus court. De la même manière, l’innovation de procédés de fabrication exige plus de temps dans le secteur du cuir et produits connexes, produits minéraux non métalliques, textiles de première transformation et produits textiles, alors que l’innovation requiert des périodes plus courtes dans les secteurs de l’habillement, des produits électriques et électroniques ainsi que dans le secteur des produits métalliques (sauf transport).

Ces observations permettent de conclure que la plupart des entreprises de la région développent des innovations incrémentales plutôt que des innovations radicales. Par ailleurs, ces observations signifient également que les entreprises de la région sont très flexibles et capables de répondre très rapidement aux signaux du marché en matière d’innovation de produits et procédés.

Près de 10 % des établissements ont innové un seul produit ou un seul procédé de fabrication au cours de la période 1995 à 1997, alors que de 20 à 25 % ont innové de deux à cinq procédés ou produits. Il y a nettement plus d'établissements (17,1 %) qui ont innové plus de six produits qu'il y en a qui ont innové plus de six procédés de fabrication. Dans l’ensemble, les secteurs manufacturiers où l’on observe, en moyenne, l’introduction la plus fréquente d’innovations de produits et de procédés sont celui du cuir et produits connexes ainsi que celui des produits textiles.

Nous avons également observé que 29,6 % des entreprises qui ont innové ont consacré moins de 3 % de leur chiffre d'affaires à l'innovation en 1997, alors que 26,0 % y ont consacré de 3 à 5 %. Au total, près de 45 % des établissements qui ont innové ont consacré 6 % ou plus de leur chiffre d'affaires à l'innovation en 1997. La proportion du chiffre d’affaires que les entreprises consacrent à l’innovation tend à être plus élevée dans les petites que dans les plus grandes entreprises.

Par ailleurs, les sources externes d’information les plus fréquemment utilisées pour le développement d’innovations de produits et procédés sont, par ordre décroissant d’importance : les clients (73,1 %), les foires et expositions (45,2 %), les fournisseurs (39,6 %), les concurrents (31,6 %), les congrès, réunions professionnelles et publications spécialisées (25,7 %).

Les sources externes qui jouent le rôle le plus important au moment de l’innovation sont, selon leur moyenne sur une échelle sur 5 : les clients (3,48), les experts-conseils (3,17), les foires/expositions industrielles (3,11), les fournisseurs (3,1), les concurrents (2,98), les congrès/réunions professionnelles (2,98), les universités (2,93), la documentation de brevets (2.91).

En ce qui concerne la provenance géographique des sources d'influence sur le développement de l'innovation, nous avons remarqué que :

1) les clients, les fournisseurs, les concurrents et les joint-ventures sont des sources qui proviennent autant de la région que d'ailleurs ;

2) les autres établissements, les foires/expositions et les congrès/réunions de professionnels proviennent davantage de l'extérieur ;

3) les experts-conseils, les réunions sociales, les laboratoires gouvernementaux ainsi que les maisons d'enseignement proviennent plus de la région. Ces résultats tendent à démontrer que les établissements puisent leurs influences à la fois de sources variées, mais aussi de provenances diverses.

Finalement, nous avons observé que la majorité des établissements considèrent que les freins possibles à l’innovation sont pas du tout importants ou peu importants. Les deux freins les plus importants (avec des moyennes de 2,21) sont les coûts élevés de l'innovation et le manque de fonds propres.

Dans l’ensemble, les innovations tendent à revêtir un caractère incrémental plutôt que radical mais, par contre, l’innovation constitue généralement un événement régulier plutôt qu’un événement exceptionnellement rare. Également, nous avons observé que, dans l’ensemble, les obstacles que rencontrent les entreprises lors de l’amélioration ou du développement de produits et de procédés de fabrication sont relativement peu importants. Il convient de les atténuer. Cependant, étant donné que les entreprises ne tendent pas à augmenter autant qu’elles le pourraient leur capital intellectuel et leur capital technologique en recourant au capital social et au capital institutionnel qui se trouvent dans leur environnement, il convient donner priorité au développement de mesures d’intervention les encourageant à miser davantage sur ce capital externe à leurs murs, si l’on vise à stimuler de façon significative l’innovation de produits et procédés dans la région de Québec—Chaudière-Appalaches. Ces observations nous permettent de suggérer les pistes d’action suivantes pour augmenter la propension des entreprises à innover :

Piste d’action #1 : donner aux organismes publics et privés de développement économique régional le mandat de développer des mesures d’encouragement à l’innovation pour inciter les petites entreprises à devenir plus sensibles à l’importance de l’innovation de produits et de procédés.

Piste d’action #2 : donner aux organismes publics et privés de développement économique régional le mandat de développer des mesures d’encouragement à l’innovation, pour inciter les entreprises des secteurs industriels les moins innovants à devenir plus sensibles à l’importance de l’innovation de produits et de procédés.

Piste d’action #3 : donner aux organismes publics et privés de développement économique régional le mandat de valoriser davantage les informations disponibles à travers les diverses sources de marché.

Piste d’action #4 : donner aux organismes publics et privés de développement économique régional le mandat valoriser davantage les informations disponibles à travers les établissements d’enseignement et de recherche.

Piste d’action #5 : donner aux organismes publics et privés de développement économique régional le mandat de sensibiliser davantage les petites entreprises de l’importance des sources externes d’information disponibles pour faciliter l’innovation de produits et procédés de fabrication.

Piste d’action #6 : donner aux organismes publics et privés de développement économique régional le mandat de développer des mesures d’encouragement au réseautage "informel" pour inciter les petites entreprises à développer des attitudes plus extraverties en matière de sources externes d’information utiles pour l’innovation de produits et de procédés de fabrication.

Piste d’action #7 : organiser des ateliers de travail régionaux où des cas exemplaires de succès d’utilisation des diverses sources d’information seraient présentés et discutés de façon à valoriser davantage l’importance des sources externes aux entreprises comme sources génératrices d’idées d’innovation de produits et de procédés de fabrication.

Piste d’action #8 : développer des mesures facilitant le financement de projets d’innovation de produits et procédés ciblant spécifiquement les entreprises de moins de 50 employés.

Piste d’action #9 : développer des mesures visant à améliorer les qualifications de la main-d’œuvre en ciblant d’une façon particulière les besoins des entreprises de plus de 100 employés.

 

5- La recherche-développement

La R&D a longtemps été considérée comme une mesure de l’innovation. Les avancées des travaux sur l’innovation et les technologies ont fini par démontrer que la R&D ne constitue pas une mesure valide de l’innovation. La R&D est aujourd’hui considérée comme un facteur explicatif de l’innovation qui mesure le niveau de professionnalisation de l’activité d’innovation.

Adoptant la perspective du manuel d’Oslo, nous dirons que la recherche-développement (R&D) consiste en une investigation systématique dans le domaine du génie, des sciences naturelles et de la santé effectuée à l'aide d'expériences ou d'analyses en vue de l'avancement des connaissances scientifiques ou techniques. La recherche est l'investigation initiale entreprise sur une base systématique pour acquérir de nouvelles connaissances. Le développement est l'activité entreprise pour appliquer les résultats des recherches ou d'autres connaissances scientifiques à la création de produits ou procédés nouveaux ou nettement améliorés. S'il réussit, le développement se traduira généralement en produit ou procédés qui représentent une amélioration à "l'état de l'art" et pourront être brevetés.

Dans cette étude, la R&D est considérée comme un indicateur du niveau de professionnalisation des activités d’innovation des entreprises. Nous avons mesuré le niveau de professionnalisation des activités d’innovation des entreprises en recourant à quatre indicateurs :

 

Nous allons maintenant examiner ces indicateurs en deux temps :

 

5.1- Ampleur de la R&D dans la région

Le Tableau 5.1 permet d'aborder ce thème en rapportant le pourcentage d'établissements qui affirment avoir effectué de telles activités de 1995 à 1997, sur l'ensemble des établissements et en fonction de quelques-unes de leurs caractéristiques. Ainsi, on apprend que :

Si l’on désirait comparer la performance de la région de Québec—Chaudière-Appalaches à d’autres régions, il faudrait tenir compte du pourcentage de firmes qui font de la R&D vérifiée, c’est-à-dire les activités de R&D qui ont généré l’obtention de crédits d’impôts à la R&D. La proportion de firmes qui font de la R&D vérifiée serait alors vraisemblablement inférieure de moitié, c’est-à-dire autour de 22 %, au lieu de 44,4 %. Quelle que soit la méthode utilisée pour mesurer l’ampleur de la R&D dans la région, il importe ici de souligner qu’une mesure de l’activité d’innovation par les activités de R&D vérifiée sous-estime grandement l’innovation : en effet, les deux tiers des entreprises de la région ont réalisé des innovations de produits ou de procédés alors qu’autour du cinquième d’entre elles ont accompli des activités de R&D vérifié. Il y a donc trois fois plus de firmes qui ont innové qu’il y en a qui ont fait de la R&D vérifiée. Selon le Tableau 5.1, 45,0 % des établissements qui ont fait de la R&D y ont consacré l'équivalent d'un employé à plein temps alors que 42,9 % y ont consacré l'équivalent de deux à cinq employés.

La propension à s’engager dans des activités de R&D augmente avec la taille des entreprises, passant de 20,1 % pour les entreprises de 1 à 4 employés, à 49,3 % pour les entreprises de 5 à 20 employés, pour atteindre 77,8 % pour les entreprises de plus de 100 employés (Tableau 5.2). Il en va de même pour le nombre d’employés affectés à la R&D qui, quant à lui, passe de 1,25 personnes pour les plus petites entreprises pour atteindre 6,68 personnes pour les entreprises de plus de 100 employés. En outre, comme l’indique le tableau, la propension à réaliser des activités de R&D en collaboration avec d’autres organisations augmente elle aussi avec la taille des entreprises; au total, 38,2 % des entreprises ont réalisé des activités de R&D en collaboration avec d’autres organisations.

La propension des firmes à s’engager dans des activités de R&D varie également en fonction des secteurs industriels (Tableau 5.3). Ainsi, la tendance à s’engager dans des activités de R&D est plus élevée dans les secteurs des produits en matières plastiques, les produits électriques et électroniques et les produits chimiques. Inversement, les secteurs où les entreprises sont susceptibles de réaliser le moins souvent des activités de R&D se retrouvent dans les secteurs des meubles et articles d’ameublement, de l’imprimerie, édition et produits connexes et des aliments.

Quant à la proportion d’employés qui œuvrent en R&D, elle tend à être plus élevée dans les secteurs des produits chimiques, des produits électriques et électroniques et des produits en matières plastiques alors qu’elle atteint ses niveaux les plus faibles dans les secteurs du papier et produits connexes, de l’imprimerie, édition et produits connexes et des meubles et articles d’ameublement (Tableau 5.4).

En résumé, les données présentées plus haut indiquent que le niveau de professionnalisation des activités de R&D varie d’une industrie à l’autre mais qu’il tend à augmenter de façon importante à mesure que la taille des entreprises grandit.

 

5.2- Les liens de collaboration en R&D

Nous venons d’observer que 38,2 % des entreprises de la région ont réalisé des activités de R&D en collaboration avec d’autres organisations. Nous allons maintenant considérer la fréquence et le degré d’importance de ces liens de collaboration en considérant 9 types d’organisations avec lesquelles les entreprises ont forgé des liens. Le Tableau 5.5 rapporte le pourcentage d'établissements qui ont fait des activités de R&D avec les divers partenaires possibles. On y remarque que :

Par la suite, nous avons demandé aux établissements qui ont fait des activités de R&D avec les divers partenaires, l'importance qu'ils accordent à la participation de ces partenaires. Si la fréquence des liens de collaboration ne varie pas beaucoup suivant les catégories d’organisations considérées, il en va autrement en ce qui concerne le degré d’importance des liens que les entreprises développent avec ces organisations. Le Tableau 5.6 rapporte l’importance moyenne que les liens de collaboration forgés avec d’autres organisations prennent pour les activités de R&D des entreprises de Québec—Chaudière-Appalaches. Le degré d’importance de ces liens est mesuré sur une échelle ordinale à cinq paliers où :

1 = lien de collaboration pas du tout important pour les activités de R&D de l’entreprise

2 = un peu important

3 = important

4 = très important

5 = extrêmement important

Dans l’ensemble, les liens jugés les plus importants pour les activités de R&D des entreprises sont ceux forgés avec les clients, puis ensuite les fournisseurs. Les liens de collaboration qui revêtent la plus grande importance pour les activités des entreprises sont donc tissés avec des organisations de marché plutôt qu’avec des organisations du secteur public. Les liens de collaboration développés avec les centres de recherche publics comme le CRIQ et le CNRC correspondent aux liens les plus importants que les entreprises tissent avec des organisations du secteur public. Le Tableau 5.6 rapporte les données en pourcentage, mais aussi les moyennes calculées sur une échelle allant de 1 (pas du tout important) à 5 (très important). On note alors que :

Finalement, nous avons également observé que, de façon générale, l’importance des liens de collaboration en R&D tend à augmenter avec la taille des entreprises (Tableau 5.7) :

Le fait que l’importance moyenne des liens de collaboration augmente avec la taille des entreprises, quelles que soient les catégories d’organisations considérées, n’est pas complètement étonnant puisque le niveau de professionnalisation plus faible des activités de R&D des entreprises de petite taille tend vraisemblablement à limiter leurs capacités à forger des liens productifs de collaboration en R&D avec d’autres organisations.

Nous avons observé dans le Tableau 5.2 que le tiers des entreprises de la région de Québec—Chaudière-Appalaches a réalisé des activités de R&D en collaboration avec d’autres organisations situées dans la région. Nous allons maintenant considérer la fréquence de ces liens de collaboration en considérant neuf types d’organisations avec lesquelles les entreprises ont forgé des liens (Tableau 5.8). Ainsi, nous observons que :

 

5.3- Conclusion et pistes d’action

En résumé, un peu plus de deux entreprises sur cinq a réalisé des activités de R&D au cours des trois dernières années. Nous avons observé que 45 % des établissements qui ont fait de la R&D y ont consacré l'équivalent d'un employé à plein temps alors que 42,9 % y ont consacré l'équivalent de deux à cinq employés. La propension à s’engager dans des activités de R&D augmente avec la taille des entreprises, passant de 20,1 % pour les entreprises de 1 à 4 employés, à 49,3 % pour les entreprises de 5 à 20 employés, pour atteindre 77,8 % pour les entreprises de plus de 100 employés. Il en va de même pour le nombre d’employés affectés à la R&D qui, quant à lui, passe de 1,25 personnes pour les plus petites entreprises pour atteindre 6,68 personnes pour les entreprises de plus de 100 employés. En outre, la propension à réaliser des activités de R&D en collaboration avec d’autres organisations augmente elle aussi avec la taille des entreprises.

La propension des firmes à s’engager dans des activités de R&D varie également en fonction des secteurs industriels. Ainsi, la tendance à s’engager dans des activités de R&D est plus élevée dans les secteurs des produits en matières plastiques, les produits électriques et électroniques et les produits chimiques. Inversement, les secteurs où les entreprises sont susceptibles de réaliser le moins souvent des activités de R&D se retrouvent dans les secteurs des meubles et articles d’ameublement, de l’imprimerie, édition et produits connexes et des aliments. Quant à la proportion d’employés qui œuvrent en R&D, elle tend à être plus élevée dans les secteurs des produits chimiques, des produits électriques et électroniques et des produits en matières plastiques alors qu’elle atteint ses niveaux les plus faibles dans les secteurs du papier et produits connexes, de l’imprimerie, édition et produits connexes et des meubles et articles d’ameublement.

En ce qui concerne les activités de R&D réalisées avec d’autres organisations, nous avons observé que : plus d'entreprises ont fait des activités de R&D avec des clients (50,0 %), des fournisseurs (39,5 %) ou des experts-conseils (35,9 %) ; les concurrents (4,7 %), les cégeps (8,7 %), les autres établissements de la même entreprise (7,7 %) et les joint-ventures (9,4 %) sont les partenaires les moins fréquents.

Dans l’ensemble, les liens de collaboration qui revêtent la plus grande importance pour les activités des entreprises sont tissés avec des organisations de marché plutôt qu’avec des organisations du secteur public. On note alors que : seulement quelques entreprises considèrent la participation des partenaires comme étant pas du tout importante ; les moyennes nous indiquent que les participations des cégeps (2,88), des universités (3,05) et des laboratoires gouvernementaux (3,16) sont jugées un peu moins importantes ; celles des autres établissements (3,82), des clients (3,62) et des fournisseurs (3,54) sont jugées les plus importantes.

Finalement, nous avons également observé que, de façon générale, l’importance des liens de collaboration en R&D tend à augmenter avec la taille des entreprises. Ainsi, plus les entreprises ont un nombre élevé d’employés, plus l’importance des liens de collaboration qu’elles développent en matière de R&D avec leurs clients, fournisseurs et laboratoires gouvernementaux tend à être élevée ; plus les entreprises ont un nombre élevé d’employés, plus l’importance des liens de collaboration qu’elles développent dans des joint-ventures de R&D tend à diminuer ; les liens de collaboration en R&D que les entreprises de 1 à 4 employés tissent avec leurs fournisseurs, concurrents, universités et cégeps tendent à revêtir une beaucoup plus grande importance que pour les autres catégories de firmes.

En ce qui concerne la localisation géographique de ces liens de collaboration, nous observons que : lorsque les activités de R&D sont faites avec des clients, 25,0 % des établissements le font avec seulement des clients de la région de Québec—Chaudière-Appalaches ; les établissements sont toutefois assez partagés dans ce cas puisque 30,1 % le font avec des clients majoritairement d'ailleurs et 29,3 % avec des clients surtout d'ailleurs ; la situation est similaire lorsque ces activités sont faites avec des fournisseurs ; par contre, plus d'établissements font des activités de R&D avec des concurrents seulement de la région de Québec—Chaudière-Appalaches (47,0 %). C'est aussi le cas des experts-conseils (49,6 %), des laboratoires gouvernementaux (48,9 %), des universités (55,7 %) et des cégeps (68,9 %) ; dans ces derniers cas, c'est surtout des laboratoires, universités ou cégeps surtout d'ailleurs qui constituent la deuxième situation la plus fréquente.

Ces observations nous permettent de suggérer les pistes d’action suivantes pour augmenter les capacités intellectuelles des entreprises à innover :

Piste d’action #10 : développer des mesures d’incitations visant à augmenter le niveau des activités de R&D des petites entreprises.

Piste d’action #11 : développer des mesures d’incitations visant à augmenter le niveau des activités de R&D des entreprises appartenant aux secteurs les moins actifs en R&D.

Piste d’action #12 : développer des mesures d’incitations encourageant les entreprises, particulièrement les plus petites, à forger davantage de liens en R&D dans le but de réduire les coûts des activités de R&D.

Piste d’action #13 : développer des mesures d’incitations encourageant les entreprises à forger davantage de liens en R&D avec les organisations situées dans la région de Québec—Chaudière-Appalaches.

 

6- L’utilisation des technologies avancées

Dans la section précédente, nous avons vu que la R&D ne mesure pas l’innovation mais le niveau de professionnalisation de l’activité d’innovation au sein des entreprises. En ce sens, les indicateurs de R&D constituent une mesure des possibilités intellectuelles d’innovation des entreprises. L’utilisation de technologies avancées ne constitue pas elle non plus une mesure de l’innovation. L’utilisation des technologies avancées représente plutôt un indicateur du niveau d’intensité technologique des procédés de fabrication manufacturière qui soutiennent l’activité d’innovation au sein des entreprises. Le niveau d’intensité technologique des activités d’innovation définit les possibilités technologiques d’innovation des entreprises.

Nous examinerons cette question en deux étapes :

 

6.1- Ampleur de l’utilisation des technologies avancées

Dans le cadre de cette étude, les technologies avancées considérées renvoient aux 15 technologies suivantes utilisées dans les procédés de fabrication :

Conception assistée par ordinateur (CAO) et/ou Ingénierie assistée par ordinateur (IAO) - Utilisation d'ordinateurs pour dessiner et concevoir des pièces ou des produits pour l'analyse et l'essai de pièces ou de produits conçus.

Conception assistée par ordinateur (CAO) et fabrication assistée par ordinateur (FAO) - Utilisation des données de la CAO pour contrôler les machines servant à la fabrication.

Représentation numérique des données - Utilisation de la représentation numérique des données de la CAO pour contrôler les machines servant à fabriquer la pièce ou le produit.

Cellules de fabrication flexibles (CFF) - Machines pouvant manutentionner les matériaux de façon entièrement intégrée, contrôlées par ordinateur ou par des dispositifs de commande programmables, offrant une voie de passage aux matériaux bruts et pouvant livrer un produit fini.

Systèmes de fabrication flexibles - Deux ou plusieurs machines pouvant manutentionner les matériaux de façon entièrement intégrée, contrôlées par ordinateur ou par des dispositifs de commande programmables, offrant une voie de passage aux matériaux bruts et pouvant livrer un produit fini sur plusieurs voies de passage.

Machines à commande numérique et à commande numérique pilotée par ordinateur - Machine unique pouvant ou non manutentionner les matériaux. Les premières sont programmées par des commandes numériques poinçonnées sur du ruban de papier ou de mylar tandis que les deuxièmes sont programmées électroniquement par un ordinateur intégré à la machine.

Système d'usinage laser - Technologie laser utilisée pour la soudure, le coupage, le traitement, le traçage et le marquage.

Robots - Manipulateur reprogrammable et multifonctionnel conçu pour déplacer les matériaux, les pièces, les outils ou des dispositifs spécialisés par l'entremise de mouvements programmes variables pour l'exécution d'une diversité de tâches.

Bras-Transfert - Robot simple, pouvant se déplacer sur un, deux ou trois degrés, qui transfère des objets d'un endroit à un autre au moyen de mouvements de point à point. Il est presque ou complètement impossible de contrôler la trajectoire.

Système de stockage et de récupération automatique - Équipement contrôlé par ordinateur pour la manutention et le stockage automatique de matériaux, pièces, sous-ensembles ou produits finis.

Système de véhicules à guidage automatique - Véhicules équipés d'un dispositif de guidage automatique programmés pour suivre une trajectoire, qui sont reliés à des postes de travail pour le chargement et le déchargement automatiques ou manuels de matériaux, d'outils, de pièces ou de produits.

Réseau de données techniques - Utilisation de la technologie de réseau local pour échanger des données techniques avec les services de conception et d'ingénierie.

Réseau de l'usine - Utilisation de la technologie du réseau local pour échanger de l'information entre différents points de l'usine.

Dispositifs de commande programmable - Appareil industriel de commande à semi-conducteurs, doté d'une mémoire programmable pour le stockage d'instructions, qui remplit des fonctions équivalentes à celle d'un panneau de relais ou d'un système de commande transistorisé à logique câblée.

Ordinateurs industriels de commande - Comprennent les ordinateurs industriels de commande spécialisés qui peuvent néanmoins être reprogrammés pour d'autres fonctions. Ne comprennent pas les ordinateurs intégrés aux machines ni les ordinateurs servant uniquement à l'acquisition et au contrôle des données.

Nous présenterons d'abord le taux d'utilisation de différentes technologies avancées et, ensuite, nous comparons les établissements suivant la taille, les secteurs industriels, puis finalement sur un indice d'utilisation en fonction de leurs caractéristiques.

Le Tableau 6.1 rapporte d'abord les pourcentages d'établissements qui utilisent chacune des technologies. On remarque que les technologies les plus utilisées sont :

Les moins utilisées sont :

Au sein du groupe des entreprises qui disposent de technologies de conception assistée par ordinateur et de réseaux informatiques reliant sous-traitants aux fournisseurs ou aux clients, on retrouve une plus grande proportion d’entreprises des catégories de 1 à 4 employés et de 5 à 20 employés que d’entreprises des autres catégories. Dans le groupe des entreprises qui utilisent des technologies de machines à commande numérique, on retrouve une plus grande proportion d’entreprises qui ont entre 5 et 50 employés que d’autres catégories (Tableau 6.2).

En tout, 60,7 % des établissements manufacturiers de la région de Québec—Chaudière-Appalaches utilisent au moins une technologie avancée (Tableau 6.3). Cependant l’utilisation des technologies avancées varie beaucoup d’un secteur industriel à l’autre. Le pourcentage d’établissements qui utilisent au moins une technologie avancée est plus faible dans le secteur des produits chimiques (45,0 % des entreprises du secteur). Les 4 secteurs où le pourcentage d’utilisation des technologies avancées est le plus élevé sont :

 

6.2- La variété des technologies avancées

Nous avons ensuite créé un indice d'utilisation des technologies avancées. Cet indice est la somme de technologies différentes où le répondant a répondu "oui" à la question sur l'utilisation des technologies avancées par son établissement. L'indice varie de 0 (aucune) à 15 (toutes celles proposées). La distribution de cet indice est la suivante :

Après avoir créé l'indice, nous avons comparé les moyennes obtenues en fonction des caractéristiques des établissements. Le Tableau 6.4 démontre clairement qu'il y a des différences significatives en fonction de toutes les caractéristiques. Par exemple, les établissements qui appartiennent à des entreprises qui ont plusieurs établissements utilisent en moyenne 3,75 technologies différentes (parmi les 15 mentionnées) alors que les autres établissements en utilisent 1,74.

On remarque aussi que :

Finalement, nous avons examiné de quelle manière le nombre moyen de technologies avancées utilisées varie d’un secteur industriel à l’autre (Tableau 6.5). Nous pouvons observer que le nombre moyen de technologies avancées utilisées par entreprise est plus élevé dans les secteurs suivants :

 

6.3- Conclusion et pistes d’action

En tout, 60,7 % des établissements manufacturiers de la région de Québec—Chaudière-Appalaches utilisent au moins une technologie avancée. Nous avons aussi remarqué que les technologies avancées les plus fréquemment utilisées sont : conception assistée par ordinateur (CAO) (39,0 %) ; réseau informatique reliant fournisseurs ou clients (22,8 %) ; machines à commandes numériques (20,2 %) ; dispositifs de commandes programmables (18,8 %). Les moins utilisées sont : systèmes de véhicules à guidage automatique (2,4 %) ; bras-transferts (3,6 %) ; usinage au laser (4,0 %).

Au sein du groupe des entreprises qui disposent de technologies de conception assistée par ordinateur et de réseaux informatiques reliant sous-traitants aux fournisseurs ou aux clients, on retrouve une plus grande proportion d’entreprises des catégories de 1 à 4 employés et de 5 à 20 employés que d’entreprises des autres catégories. Dans le groupe des entreprises qui utilisent des technologies de machines à commande numérique, on retrouve une plus grande proportion d’entreprises qui ont entre 5 et 50 employés que d’autres catégories.

L‘utilisation des technologies avancées varie également beaucoup d’un secteur industriel à l’autre. Ainsi, le pourcentage d’établissements qui utilisent au moins une technologie avancée est plus faible dans le secteur des produits chimiques (45,0 % des entreprises du secteur). Les 4 secteurs où le pourcentage d’utilisation des technologies avancées est le plus élevé sont : produits électriques, électroniques (97,6 %) ; autres groupes (81,9 %) ; machinerie (sauf électrique) (79,1 %) ; imprimerie, édition, produits connexes (71,7 %).

Nous avons ensuite créé un indice d'utilisation des technologies avancées. Nous avons alors observé que : 39,2 % des établissements en utilisent aucune ; 15,5 % en utilisent une ; 13,4 % en utilisent deux ; 21,9 % en utilisent plus de deux. Le nombre moyen de technologies différentes utilisées augmente aussi en fonction du nombre d'employés.

Finalement, nous avons examiné de quelle manière le nombre moyen de technologies utilisées varie d’un secteur industriel à l’autre. Nous avons alors observé que le nombre moyen de technologies avancées utilisées par entreprise est plus élevé dans les secteurs suivants : papier et produits connexes (6,5) ; textile de première transformation (5,6) ; cuir et produits connexes (4,9) ; matériel de transport (4.4) ; produits métalliques, sauf transport (4,0).

Ces observations nous permettent de suggérer les pistes d’action suivantes pour augmenter les capacités techniques des entreprises à innover :

Piste d’action #14 : développer des mesures visant à augmenter la proportion des firmes qui utilisent au moins une technologie avancée.

Piste d’action #15 : développer des mesures visant à augmenter la variété des technologies avancées utilisées dans les entreprises.

Piste d’action #16 : développer des mesures visant à augmenter la proportion des firmes qui utilisent au moins une technologie avancée dans les secteurs industriels de la région qui utilisent le moins de technologies avancées.

 

7- Le capital socio-institutionnel soutenant l’innovation

Les capacités d’innovation des entreprises dépendent de leurs possibilités intellectuelles et technologiques d’innovation. Nous avons examiné cette question en évaluant les possibilités intellectuelles par le niveau de professionnalisation des activités d’innovation en recourant à cinq indicateurs concernant les ressources que les entreprises ont consacrées à la R&D au cours des trois dernières années. Quant aux possibilités technologiques, nous venons de les évaluer par le niveau d’intensité technologique des procédés de fabrication qui soutiennent l’innovation en recourant à des indicateurs concernant la fréquence et la variété des technologies avancées que les firmes utilisent.

De plus, nous avons souligné que les possibilités intellectuelles et technologiques, que nous pouvons aussi qualifier de capital intellectuel et technologique internes aux firmes, peuvent être augmentées en forgeant des liens de collaboration avec d’autres organisations tant au moment des activités de développement ou d’amélioration des produits ou procédés que lors des activités de R&D. Nous avons alors considéré uniquement les organisations avec lesquelles les entreprises ont forgé des liens de collaboration au moment de leurs activités d’innovation et de R&D, en convenant que la variété des organisations avec lesquelles elles forgent des liens de collaboration renvoie au capital institutionnel et que l’intensité des liens forgés avec ces organisations renvoie au capital social. Nous allons maintenant considérer le capital institutionnel et le capital social dans une perspective plus large pour inclure les organisations et les catégories d’intervenants qui se vouent à la promotion du développement économique en général.

Nous avons jusqu’à maintenant examiné un seul élément du capital social : les liens de collaboration que les entreprises forgent avec d’autres organisations. L’ensemble de ces liens crée des réseaux. Le capital social renvoie également à deux autres éléments : les normes qui régissent les liens de collaboration et la confiance qui prévaut au moment de forger des liens avec d’autres. En bref, le capital social comprend les liens de collaboration, les normes qui prévalent lors de la collaboration et la confiance qui règne entre les acteurs au moment de la collaboration. Ces liens, normes et confiance qu’on associe au capital social sont importants parce qu’ils permettent aux entreprises de se coordonner plus facilement et à des coûts inférieurs aux coûts du marché lors des activités d’innovation de produits et procédés.

En liant les entreprises les unes aux autres au moyen de normes de confiance, le capital social réduits les coûts de coopération et de coordination que les firmes devraient autrement supporter au moment de l’amélioration ou du développement de produits et procédés. Une des hypothèses de la théorie du capital social est que plus nous forgeons de liens de collaboration avec d’autres, plus nous avons confiance en eux, et vice-versa. Examinons donc maintenant le climat de confiance qui règne dans la région de Québec—Chaudière-Appalaches du point de vue des gens d’affaires de cette région.

 

7.1- Le climat de confiance qui règne dans la région de Québec—Chaudière-Appalaches.

Pour traiter cet aspect du capital social nous avons posé la question suivante aux dirigeants d’entreprises :

"Généralement, considérez-vous qu’il est facile de travailler dans un climat de confiance avec :

 

Le degré d’accord des répondants est mesuré sur une échelle ordinale à cinq paliers où :

1 = très difficile de travailler dans un climat de confiance

2 = difficile

3 = plus ou moins facile

4 = facile

5 = très facile

Les données rapportées au Tableau 7.1 présentent la distribution des établissements en fonction de l’opinion de leurs dirigeants sur la facilité à collaborer avec divers partenaires. Le tableau rapporte aussi le pourcentage d'établissements qui ont indiqué que la question ne s'applique pas à leur cas et la moyenne sur l'échelle de 1 (très difficile) à 5 (très facile).

En ce qui a trait aux établissements qui affirment ne pas collaborer (d'où le non applicable) avec les divers partenaires, on remarque que :

 

Les moyennes affichées au Tableau 7.1 suggèrent qu'il est plus facile de travailler avec :

 

Il est moins facile de travailler avec :

De plus, les établissements qui ont davantage d’employés considèrent qu'il est plus facile de travailler avec les divers partenaires (Tableau 7.2).

 

7.2- La participation à des associations et rencontres de gens d’affaires

La participation à des associations de gens d’affaires et à des rencontres informelles avec des gens d’affaires constitue une autre composante du capital social. Ces activités de réseautage permettent aux gens d’affaires d’échanger et d’aller chercher à peu de frais des informations utiles pour l’amélioration et le développement de produits et procédés. Nous avons donc demandé aux répondants d’indiquer la fréquence de leur participation à des associations et rencontres de gens d’affaires à l’aide de l’échelle de mesure suivante où :

1 = jamais

2 = rarement

3 = quelquefois

4 = fréquemment

5 = très fréquemment

 

Les résultats rapportés aux Tableaux 7.3 et 7.4 indiquent que :

 

7.3- Conclusion et pistes d’action

Dans la dernière partie de l’enquête, nous avons examiné la distribution des établissements en fonction de leurs opinions sur la facilité à collaborer dans un climat de confiance avec divers partenaires. En ce qui a trait aux établissements qui affirment ne pas collaborer avec les divers partenaires, on remarque que : peu d'établissements ne collaborent pas avec les gens d'affaires de la région (3,4 %) ; par contre, 55,7 % ne collaborent pas (ou ne peuvent se prononcer sur la collaboration) avec des chercheurs et 44,5 % ne coopèrent pas avec des gens d'affaires d'autres pays.

Les données de l’enquête suggèrent qu'il est plus facile de travailler avec : les employés des établissements (4,18 sur 5) ; les gens d'affaires de la région (3,72) ; les dirigeants des organismes de promotion économique (3,67). Il est moins facile de travailler avec : les gens d'affaires des autres pays (2,97) ; les fonctionnaires (3,00) ; les gens d'affaires des autres provinces (3,19). Les établissements qui ont davantage d’employés considèrent qu'il est plus facile de travailler avec les divers partenaires.

Par ailleurs, nous avons également observé que : près de 50 % des établissements ne participent jamais (33,5 %) ou rarement (21,8 %) à des rencontres organisées par des organismes de la région de Québec—Chaudière-Appalaches ; ce pourcentage passe à plus de 80 % pour les rencontres organisées par des organismes des autres régions du Québec ; il atteint plus de 90 % des établissements pour les rencontres à l'extérieur de la province ou du pays. La participation des firmes à des associations ou à des rencontres organisées par des gens d’affaires et des organismes de promotion économique augmente avec l’augmentation de la taille des entreprises.

Ces observations nous permettent de suggérer les pistes d’action suivantes pour augmenter les capacités sociales des entreprises à innover :

Piste d’action #17 : les associations de gens d’affaires et les syndicats de la région devraient s’engager à œuvrer à augmenter davantage le climat de confiance qui règnent entre toutes les catégories de partenaires impliqués dans la promotion de l’innovation et de l’économie.

Piste d’action #18 : créer des occasions d’échanges d’information entre les gens d’affaires de la région pour les sensibiliser davantage à l’importance du réseautage comme façon de saisir les occasions d’innovation qui se présentent au travers des transactions habituelles de marché et des réseaux de gens d’affaires.

Au total, les gens d’affaires de la région de Québec—Chaudière-Appalaches pourraient profiter davantage qu’actuellement des liens de collaboration qu’ils forgent avec d’autres organisations situées en Québec—Chaudière-Appalaches, en améliorant encore davantage le climat de confiance qui règne dans la région. Ainsi, on pourrait stimuler davantage l’innovation de produits et de procédés en rehaussant encore plus le climat de confiance entre les organisations de la région de Québec—Chaudière-Appalaches qui sont impliquées dans la promotion du développement économique de la région. Plus les acteurs considéreront qu’il est facile de travailler dans un climat de grande confiance, plus ils forgeront des liens productifs de collaboration et plus ils bénéficieront des avantages que procurent les sources externes d’innovation et la proximité géographique.

 

8- Le profil économique des entreprises manufacturières

Le questionnaire d’enquête nous a également permis de mieux connaître les principales caractéristiques du secteur manufacturier de la région de Québec—Chaudière-Appalaches. Ces caractéristiques seront détaillées selon :

 

8.1- Taille et emploi des établissements

Comme dans les autres régions du Québec, la plupart des établissements manufacturiers sont plutôt de petite taille, 56,9 % d’entre eux ayant des ventes de moins d’un million $ en 1997, ou encore 68,8 % d’entre eux ayant 20 employés et moins (Tableau 8.1).

Le secteur manufacturier de la région de Québec—Chaudière-Appalaches comptait un peu plus de 2300 établissements en 1997, d’après le Répertoire Scott’s des fabricants du Québec. D’après l’enquête, ces établissements comptaient 78516 emplois, soit 16,7 % de l’emploi total de la région.

Le Tableau 8.2 présente ces établissements répartis selon les groupes d’industries manufacturières. Les principaux employeurs régionaux sont l’industrie du bois (10691 emplois, 13,6 % du secteur manufacturier), des produits métalliques (9207 emplois, 11,7 % du secteur manufacturier) et des aliments (8112 emplois, 10,3 % du secteur manufacturier). On retrouve un bon nombre d’entreprises et d’emplois dans tous les groupes d’industries manufacturières, ce qui signifie que le secteur manufacturier de la région est bien diversifié.

Les dirigeants des entreprises manufacturières de la région semblent fort confiants dans l’avenir (Tableau 8.3). En effet, quand on leur demande quel sera le nombre d’employés de leurs entreprises dans l’avenir, 57,0 % des dirigeants pensent que l’emploi de leur établissement va augmenter, contre seulement 6,9 % qui pensent qu’il va diminuer. En tout, la croissance moyenne devrait être de 39,0 % entre 1997 et 2003. Il s’agit d’une prévision de croissance considérable qui témoigne de la confiance dans l’avenir des dirigeants d’entreprises.

 

8.2- Les ventes selon les régions

Pour se développer, la plupart des entreprises manufacturières ne peuvent se contenter du seul marché de la région de Québec—Chaudière-Appalaches. C’est pourquoi 68,8 % des établissements manufacturiers de la région vendent une partie de leur production à l’extérieur de la région. Pour 38,9 % d’entre eux, c’est plus de 50 % de leur production qui est exportée. (Tableau 8.4)

Le Tableau 8.5 présente la proportion des ventes des industries manufacturières effectuées dans la région de Québec—Chaudière-Appalaches et dans les autres régions du Québec, du Canada et du monde. Toutes les industries manufacturières vendent plus de 50 % de leur production à l’extérieur de la région. Pour certaines industries, le taux d’exportation est considérable: 95,7 % des ventes de l’industrie du papier sont faites à l’extérieur de la région ; ce taux est de 95,4 % dans le textile de première transformation, 94,6 % dans le cuir et 92,7 % dans les produits textiles.

Les industries qui exportent le plus dans les autres régions du Québec sont l’habillement (62,4 % des ventes), les produits chimiques (60,4 %) et le cuir et produits connexes (58,8 %). Celles qui exportent le plus dans les autres provinces canadiennes sont le textile de première transformation (44,5 %), le cuir (27,3 %), l’habillement (21,6) et les produits électriques et électroniques (21,1 %). Enfin, celles qui exportent le plus dans les autres pays sont le papier et produits connexes (79,9 %), les produits textiles (64,5 %) et le cuir et produits connexes (47,0 %). En tout, le secteur manufacturier de la région vend seulement 22,9 % de sa production dans la région de Québec—Chaudière-Appalaches et exporte le reste, soit 77,1 %, ce qui est considérable. Il exporte 29,8 % de sa production dans les autres pays du monde, surtout les États-Unis, ce qui est comparable aux autres régions du Québec.

Ces proportions peuvent se traduire en termes d’emplois (Tableau 8.6). Parmi les 78500 emplois générés par les établissements manufacturiers de la région, 18000 seulement dépendent des ventes effectuées dans la région et le reste, soit 60500, dépend des exportations.

 

8.3- La concurrence des établissements selon les régions

Les dirigeants des établissements manufacturiers de la région perçoivent leur entreprise comme étant assez concurrentielle avec leurs concurrents, autant ceux de la région de Québec—Chaudière-Appalaches que des autres régions du monde (Tableau 8.7). En effet, quand on demande aux dirigeants d’évaluer la concurrence régionale sur une échelle allant de "pas du tout importante" à "extrêmement importante", la vaste majorité penchent du côté "peu important", comme en témoigne la faible moyenne allant de 1,71 à 2,43 sur une échelle de 5.

Cela se vérifie aussi quand on examine les résultats de l’enquête selon la taille des entreprises (Tableau 8.8). Les petits établissements, qui exportent moins, perçoivent la concurrence de la région de Québec—Chaudière-Appalaches comme plus importante ; et c’est l’inverse chez les plus gros établissements, qui exportent plus, pour lesquels la concurrence des autres pays est plus importante. Mais, même là, toutes les moyennes sont inférieures à 3 sur 5, indiquant ainsi une perception que la concurrence des autres entreprises est perçue comme plutôt faible.

En définitive, on peut donc conclure que la perception des dirigeants manufacturiers est que leur entreprise est concurrentielle.

 

8.4- La compétitivité des établissements

La compétitivité des entreprises manufacturières dépend de plusieurs facteurs, notamment le prix, la qualité des produits et des services aux clients, le marketing, les réseaux de distribution, l’utilisation de technologies avancées et la fréquence d’introduction de nouveaux produits.

D’après les dirigeants qui ont répondu au questionnaire, la compétitivité des entreprises manufacturières de la région de Québec—Chaudière-Appalaches apparaît assez bonne par rapport à tous ces critères, surtout en ce qui a trait à la qualité des produits et services aux clients ; en effet, elle est classée comme "plutôt supérieure" ou "supérieure" par 67,4 % des répondants. (Tableau 8.9)

Elle apparaît un peu moins bonne pour le marketing et les réseaux de distribution où le résultat est "plutôt inférieur" ou "inférieur" pour 41,0 % et 31,7 % respectivement des répondants.

Comme on peut le voir au Tableau 8.10, la compétitivité s’accroît avec la taille des établissements, les plus petits établissements ayant, pour chacun des facteurs, une moyenne inférieure à ceux de taille plus importante.

 

8.5- Postes vacants et difficultés de recrutement

Près de 20 % des établissements manufacturiers de la région de Québec—Chaudière-Appalaches se partagent environ 1400 postes vacants (Tableau 8.11). L’industrie manufacturière où se trouve le plus grand nombre de postes vacants est les "autres groupes" ; c’est dans cette industrie que sont classées quelques-unes des entreprises des secteurs d’excellence (ou de pointe) de la région, notamment celles des technologies de l’information. Il n’est pas surprenant de constater que ce sont ces entreprises qui ont le plus grand nombre de postes vacants (182). Les autres industries où l’on manque le plus de personnel sont les produits métalliques (164), les aliments (140), le bois (133) et la machinerie (126).

Parmi les 20 % d’établissements qui ont des postes vacants, 12,9 % en ont un ou deux et 6,7 % en ont 3 ou plus (Tableau 8.12) Les salaires annuels offerts augmentent avec la qualification du poste vacant. Plus celui-ci est élevé, plus la scolarité minimum exigée est élevée.

Les compétences qui créent le plus de difficultés de recrutement apparaissent clairement. Il s’agit tout d’abord de la capacité d’utiliser des techniques propres au métier, cette compétence qui est transmise dans l’enseignement professionnel ; cette difficulté rejoint 47,6 % des établissements pour le poste vacant le moins élevé, 75,9 % pour le poste moyen et 59,9 % pour le poste le plus élevé. Les autres principales difficultés de recrutement sont la capacité de parler une langue seconde et la capacité d’utiliser des technologies avancées.

 

8.6- Conclusion et pistes d’action

En résumé, le secteur manufacturier de la région de Québec—Chaudière-Appalaches comptait un peu plus de 2300 établissements en 1997 et créait 78516 emplois, soit 16,7 % de l’emploi total de la région. La plupart sont de petite taille, 56,9 % d’entre eux ayant des ventes de moins d’un million $ en 1997, ou encore 68,8 % d’entre eux ayant 20 employés et moins. D’après l’enquête, l’emploi manufacturier devrait augmenter de 39,0 % entre 1997 et 2003, ce qui est un témoigne éloquent de la confiance dans l’avenir des dirigeants d’entreprises.

Nous avons observé que 68,8 % des établissements manufacturiers de la région vendent une partie de leur production à l’extérieur de la région. Pour 38,9 % d’entre eux, c’est plus de 50 % de leur production qui est exportée. En tout, le secteur manufacturier de la région vend seulement 22,9 % de sa production dans la région de Québec—

Chaudière-Appalaches et exporte le reste, soit 77,1 %, ce qui est considérable. Il exporte 29,8 % de sa production dans les autres pays du monde, surtout les États-Unis, ce qui est comparable aux autres régions du Québec. Ces proportions peuvent se traduire en termes d’emplois. Parmi les 78500 emplois générés par les établissements manufacturiers de la région, 18000 seulement dépendent des ventes effectuées dans la région et le reste, soit 60500, dépend des exportations.

Les dirigeants des établissements manufacturiers de la région perçoivent leur entreprise comme étant assez concurrentielle avec leurs concurrents, autant ceux de la région de Québec—Chaudière-Appalaches que des autres régions du monde. De même, la compétitivité des entreprises manufacturières apparaît assez bonne, surtout en ce qui a trait à la qualité des produits et services aux clients qui est classée comme "plutôt supérieure" ou "supérieure" par 67,4 % des répondants. Elle apparaît un peu moins bonne pour le marketing et les réseaux de distribution où le résultat est "plutôt inférieur" ou "inférieur" pour 41,0 % et 31,7 % respectivement des répondants.

Près de 20 % des établissements manufacturiers de la région de Québec—Chaudière-Appalaches se partagent environ 1400 postes vacants (12,9 % en ont un ou deux et 6,7 % en ont 3 ou plus). Les compétences qui créent le plus de difficultés de recrutement sont la capacité d’utiliser des techniques propres au métier, de parler une langue seconde et d’utiliser des technologies avancées.

Ces observations nous permettent de suggérer la piste d’action suivante pour augmenter la capacité concurrentielle des entreprises.

Piste d’action #19: renforcer les liens des entreprises manufacturières et des organismes de promotion économique avec le secteur de l’enseignement, notamment celui de la formation professionnelle, afin d’améliorer les compétences des travailleurs au niveau de l’utilisation des techniques propres au métier, de l’usage de la langue seconde et de l’utilisation des technologies avancées.


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