L'ENJEU DES DEUX CITÉS-MÈRES DU QUÉBEC

La Commission sur la réforme de la fiscalité municipale vient de rendre public son rapport. À travers quatre cents pages d'analyse et de recommandations, le sort des deux plus importantes régions du Québec est jeté: trois villes sur l'île de Montréal et cinq pour toute l'agglomération de la capitale. Bien des raisons sont évoquées pour défendre cette prise de position par la Commission. Mais une seule réalité devrait suffire pour justifier le gouvernement d'aller de l'avant avec cette partie du rapport.

"Nos villes, en restant cloîtrées dans leur petit monde, ridiculisent le rôle que doit jouer la capitale face à Montréal et face au monde entier", opinait à juste titre une avocate fidéenne, Laurence Saint-Hilaire, dans Le Soleil du 21 mars 99.

À l'inverse, en s'unissant, nos villes, à Québec comme à Montréal, maximiseront enfin leurs capacités à se donner des ressources permettant de devenir des acteurs crédibles sur la scène internationale. En un mot: s'unir pour mieux s'ouvrir et assurer un meilleur avenir!

La mise en commun des ressources d'une quinzaine de villes de la rive-sud de Montréal, il y a trois ans, n'a même pas suffi à maintenir plus de deux ans l'ouverture de bureaux étrangers au Chili et en Argentine. Une initiative, par ailleurs, tout à fait inimaginable dans la région de la capitale, actuellement éclatée en 43 municipalités, où individuellement, chacune arrive au mieux à se payer un ou quelques jumelages ou pactes d'amitié avec une ville de France ou d'ailleurs. Et où il n'y a que le maire de Québec qui se permet annuellement quelques incursions dans le milieu international (OVMP, maires francophones, etc...).

Les populations restent la première richesse des nations. Il en est de même d'une région. Et la quantité renforce la qualité. Une autorité supra-municipale d'un million d'habitants signifie concrètement une SPEQM renforcie et encore mieux financée, l'adhésion possible de Québec à plusieurs nouveaux forum internationaux, la capacité de mieux agir pour contrôler nous-même notre avenir. La naissance d'un gouvernement supra-municipal, que propose le Rapport Bédard, ouvrirait enfin la voie à la mise en place d'actions significatives. Combinant les ressources d'une grande agglomération approchant le million d'habitants (Rive-Nord, Rive-Sud et île d'Orléans incluses), l'accès aux ligues majeures des relations municipales internationales et de la diplomatie municipale serait à notre portée.

Il faut savoir que d'ici 2020, seulement 600 villes à travers toute la planète compteront plus d'un million d'habitants. La Capitale mondiale de la nordicité voit-elle avantage à faire partie du "Club des 600"?

Daniel Allard
Rédacteur en chef