Avec son pedestal, Neogenix Technologies entre du bon pied dans le marché américain de l'orthèse-prothèse

par Carole Towner

Pas moins de 1300 pedestals seront livrés aux Etats-Unis d'ici les 30 prochains mois par Neogenix Technologies. L'entreprise de Sainte-Foy termine présentement les dernières modifications pour satisfaire la clientèle américaine qui recevra les premiers prototypes d'ici la fin du printemps 1998. Ces premières ventes du nouveau produit rapporteront 6 M$ US. Et ce n'est que la pointe de l'iceberg, puisque le marché nord-américain compte 20,000 podiatres, un marché potentiel que la jeune firme en ingénierie estime aux environs de 100 M$.

Le pedestal, un appareil composé d'un support tubulaire, d'une caméra 3D, et de plusieurs logiciels (traitement d'image, fusion d'images, application, extraction de profil 3D), a été conçu pour prendre l'empreinte du pied. "Cette toute nouvelle technique de mesure anthropomorphique remplace les traditionnelles bandes plâtrées ou autres méthodes manuelles présentement utilisées par les cliniciens", explique Pascal Simon Houle, pdg et fondateur de Neogenix Technologies.

La caméra, par un processus de triangulation active, mesure le relief de l'objet. A partir du graphique obtenu, le pied sera reproduit en trois dimensions par une machine-outil pour fabriquer soit l'orthèse plantaire, l'orthèse de cheville ou le soulier orthopédique.

"L'appareil a été entièrement construit avec l'assistance de podiatres et d'orthopédistes-prothésistes, précise le président. Il est le seul à "standardiser" le positionnement du pied, répondant à la position neutre telle que décrite dans tous les ouvrages spécialisés."

Premier au Canada à commercialiser le produit - seulement deux compagnies américaines Benefoot et Sharp Shape, ont déjà manufacturé des prototypes du genre - la PME entend s'implanter dans le secteur biomédical. "Neogenix n'est pas seulement une entreprise qui a un produit, elle a aussi des produits à venir, spécifie M. Houle. Nous avons mis au point deux types de systèmes de numérisation distinctes qui peuvent être utilisés à d'autres fins, dépendant de l'objet que l'on veut numériser".

En effet, la précision obtenue par ce nouveau procédé de mesure anthropomorphique, de même que les avantages reliés à son coût et à sa rapidité permettent tous les espoirs. D'autres appareils pouvant s'adapter à la configuration du genou ou à celle du thorax sont à l'étude présentement. On pourra ainsi fabriquer des orthèses de genou et des corsets orthopédiques en utilisant cette nouvelle technologie.

Le système de numérisation 3D peut tout aussi bien s'appliquer aux domaines de la chirurgie plastique, de la dentisterie et de l'ophtalmologie, autant de champs d'activité envisagés par l'équipe de Neogenix. Il ne serait donc pas étonnant que la compagnie conçoive un prototype qui révolutionne la chirurgie plastique ou encore un autre qui permette de fabriquer une couronne parfaite à partir de la numérisation d'une dent. À plus long terme, la PME entrevoit s'attaquer aux secteurs de l'inspection industrielle, du contrôle de la qualité, de la CAO inversée, de même qu'au multimédia.

 

CINQ ANNÉES DÉCISIVES

C'est en 1993 que Pascal Simon Houle et Eric Beaulieu, tous deux diplômés en génie électrique de l'Université Laval, se sont associés pour fonder leur entreprise. Avec un peu d'argent dans les poches et des idées en tête, il n'en fallait pas plus pour que Néogénix Technologies voit le jour... dans le salon de M. Houle. Bruneau Lemay, C.A. et bachelier en administration des affaires de la même université, s'ajoute à l'équipe initiale l'année suivante.

De consultante, l'entreprise passe à la firme d'ingénierie que l'on connait aujourd'hui. Divers prototypes non commercialisés ont été réalisés par les deux ingénieurs, dont un système d'acquisition de mouvement pour le Centre neurobiologique de l'Université Laval, ainsi qu'un système permettant d'extraire une information pour la détection de missiles pour le compte de la Défense Nationale. Les ingénieurs ont aussi travaillé pour Hydro-Québec et l'IREQ afin de mettre au point un système de détection de proximité de fils électriques à haute tension.

Le projet de la vision numérique appliquée à l'anatomie du pied mobilise la PME depuis janvier 1996. Le CNRC et la Société Innovatech Québec, Chaudières-Appalaches ont financé en majeure partie les 1,7 M$ qui ont été investis dans la recherche et dans la commercialisation du "pedestal". Du coup, l'embauche de personnel qualifié a commencé. En 1994, la compagnie a engagé son premier employé, un stagiaire de l'Université Laval. Elle en compte aujourd'hui une quinzaine, pour la plupart des ingénieurs et des techniciens en informatique auxquels s'ajoutent des consultants externes pour la mécanique et l'assemblage.

La stratégie de marketing est aussi simple qu'efficace. Elle consiste à intéresser un laboratoire qui lui ouvre son réseau de distribution. C'est ainsi que M. Houle a approché la PAL Health Technologies, le plus gros manufacturier américain en matière d'orthèses plantaires. Au Québec, l'entreprise fait affaire avec le laboratoire Pouliot à Sainte-Foy et le fabricant d'orthèses plantaires Bi-Op de Joliette. "D'ici la fin de l'été, nous serons en mesure de livrer les premiers appareils à nos partenaires québécois", assure Pascal-Simon Houle.

Mentionnons que Neogenix Technologies, qui peut aussi se traduire par "Technologies d'une Nouvelle Génération", a figuré parmi les finalistes aux Fidéides 1997 avec Anapharm, le Centre de recherche du Chul et DiagnoCure. Actuellement en période d'embauche, pour porter à 25 le nombre de ses employés d'ici l'été 1998, l'entreprise prévoit s'attaquer au marché européen d'ici deux ans