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SOMMAIRE

AMERICANA 1999

Réseau-Environnement, sous la présidence d'honneur de Pierre-Marc Johnson, lance AMERICANA 1999, les 24, 25 et 26 mars prochains, à Montréal, au Centre des Congrès. Des centaines de conférenciers et exposants. Thèmes: air, eau potable, eaux usées, financement international, gestion des sites contaminés, matières résiduelles, etc.

Information: www.americana.org

 

CHRONIQUE DE RICHARD LEGAULT

rl.gif (59764 bytes)Eh bien, je dirais que oui ça bouge dans le domaine environnemental.. mais plutôt que ça bouge sans dessus dessous !

D'un côté, se trouve le secteur privé, qui dans plusieurs secteurs performe de plus en plus, peut-être est-ce un des bons côtés de la mondialisation des échanges: il développe des expertises, des alliances stratégiques, réalise de bons projets ici et outre-mer, se dote de politique environnementale, accède à la certification ISO, va au-delà des normes (cf services offerts dans le répertoire des entreprises de l'agglomération de Québec). D'ailleurs, un récent sondage auprès des citoyens québécois montraient que ces derniers accordent plus de crédibilité aux gens d'affaires qu'à nos représentants gouvernementaux.

D'un autre côté, on aperçoit le secteur public qui traîne de la patte, en commençant par le "nouveau" ministère de l'environnement, éclopé de la gestion de la faune pour des raisons obscures, réduit encore plus à sa simple expression. Comme si la faune ne faisait pas partie des écosystèmes, qu'il s'agissait seulement d'une gestion de la chasse et de la pêche par les pourvoyeurs... une décision malencontreuse, à mon sens, qui coûtera cher en ré-ré-réorganisation des bureaux régionaux du nouveau ME.

Ça bouge dans le milieu environnemental suite au jugement rendu sur le projet de ligne hydro-électrique Hertel-Des Cantons,base_b.gif (41098 bytes) où une poignée de citoyens ont tenu tête aux pressions conjointes d'Hydro-Québec et du gouvernement québécois. Une grande victoire morale et éthique d'un groupe de citoyens consternés par les moyens utilisés -décrets- pour faire passer une ligne sans étude d'impact et sans consultation publique; une victoire qui a rappellé aux grands mandarins de ce gouvernement qu'il existe d'excellentes règles du jeu au Québec pour débattre d'un projet, quoique celui-ci paraisse urgent aux yeux de certains.

Ça brasse dans le milieu environnemental, dans le secteur agro-forestier. Le récent film "L'erreur boréale" de Richard Desjardins est là pour nous ouvrir les yeux sur une réalité apparaissant lointaine, presque mythique. En bref, ce que Desjardins dit et montre dans son film, c'est que l'industrie forestière, en collusion étroite avec le ministère des Ressources naturelles du Québec, récolte le bois de la forêt boréale à un rythme beaucoup plus grand que celle-ci peut nous le rendre, en dépit de tous les programmes de reboisement mis de l'avant.

Que les méthodes de sylviculture sont inappropriées car elles détériorent les écosystèmes (compaction du sol, drainage, préservation de la faune, usage de pesticides). Qu'il faut abolir la loi 150 sur la forêt publique, cette loi qui donne le droit quasi-perpétuel de coupe -"avec regénération"- aux industries forestières au dépens des autres utilisations possibles de la forêt (voir à ce sujet le document de mise à jour du régime forestier, bilan-enjeux-orientations, MRN, 1998). Des consultations publiques sont prévues à l'automne. Ça risque de bouger.

Le débat est ouvert et c'est tant mieux. Cela permettra d'éclaircir -je l'espère- la question. Suite au visionnement de ce film, je me suis demandé quelle proportion de la forêt est déjà coupée, qu'est-ce qu'il en restera dans 5 ans, 10 ans, 20 ans, quels sont les résultats des plantations faites il y a 30 ou 40 ans (paraît-il minimes), quel coefficient de sécurité on se donne, etc..?

Une autre réflexion me vient également à l'esprit: n'y a-t-il pas d'autres moyens que de couper des arbres pour produire du papier? Ne pourrait-on pas utiliser une partie du territoire de façon intensive, la réserver aux papetières, pour la production d'une matière ligneuse aussi performante? (ex: chanvre, aulne, etc..) Il existe des recherches en ce domaine, mais peu d'interventions concrètes.

Ça va bouger dans le milieu environnemental et municipal, bientôt, avec le rapport Nicolet -dont l'accouchement semble long et ardu- duquel émanera des recommandations fondamentales sur les mesures d'urgence au Québec, tant en secteur industriel, institutionnel que municipal. Restera au gouvernement la tâche de dépoussiérer sa loi -ou en créer une plus performante- pour contraindre les secteurs concernés à se doter de plans d'urgence, en commençant par les industries à risques et les municipalités.

Enfin, on en reparlera à fond bientôt, ça va bouger au Québec, avec le débat public sur la gestion de l'eau, dont les consultations publiques du BAPE, sous la direction d'André Beauchamp, feront ressortir les grands enjeux, notamment sur la question de la privatisation et de l'exportation de l'eau. Malheureusement, le moratoire législatif sur les projets d'exploitation des eaux souterraines et de surface n'a pas été prolongé, ce qui, aux dires du Centre québécois de l'environnement, peut avoir des effets pervers, c'est-à-dire provoquer le dépôt accéléré de projets de pompage de nappes souterraines ou d'harnachement de rivières en raison du caractère moins exigeant des règles actuelles.(Francoeur, Le Devoir, 28.01.99).

Un dossier à suivre de près et auquel chacun peut participer.


LE PROJET DE POLITIQUE DE L'ENVIRONNEMENT DE LA VILLE DE QUÉBEC ET LES MOYENS D'ACTION (voir document de consultation élaborée par le Service de l'environnement de la Ville de Québec)

par Richard Legault
legaulthuot@acica.com

Voici enfin une heureuse initiative de la Ville de Québec, une démarche qui devrait être entreprise par chacune des villes soucieuses de la préservation et de la mise en valeur de son environnement.

Le projet proposé est un bon point de départ et il pourra être bonifié en autant que la participation à la consultation soit vraiment élargie, qu'elle comprenne des représentants des organismes publics, para-publics siégeant sur le territoire, des chefs d'entreprise, des divers milieux institutionnels, manufacturiers qui devraient non seulement donner leur avis, mais également faire leurs propres démarches pour adopter une politique environnementale au sein de leur organisation.

Mes propos porteront plutôt sur l'ensemble de la politique de la ville de Québec, au plan global. Cela touche certains grands éléments de contenu qui m'apparaissent avoir été oubliés comme la conservation de l'énergie et d'autres, au plan du processus, comme le suivi de la politique et au niveau concret, l'arrimage régional, etc.. (certes, il y aurait beaucoup à dire sur les moyens d'action de chacun des thèmes, mais ces éléments reviendront en ateliers de discussions lors du Colloque du 17 avril prochain, au Domaine Maizerets).

Si nous prenons la perspective de la ville vue comme un écosystème, un milieu interactif entre des composantes humaines, bio-physiques, manufacturières, institutionnelles et de transport, cela justifie amplement l'argument que la politique proposée doit intégrer l'ensemble de ces composantes, donc, s'adresser pas seulement aux citoyens, mais aussi et surtout aux institutions, commerces et entreprises dont les activités ont un plus grand impact sur son territoire.

Par exemple, je trouve aberrant que les grands marchés d'alimentation jettent aux rebuts leurs restants comestibles de légumes et de fruits, quand il y a encore des gens qui ne mangent pas à leur faim, que le reste est jeté aux ordures au lieu d'être composté, que des piles de boîtes de cartons soient jetées et non recyclées.

Par ailleurs, il faut comprendre que la politique de l'environnement de la ville est beaucoup plus qu'une politique d'un ou deux services municipaux ou encore l'application plus stricte des champs de compétence de la ville. Elle devrait engager chacun des services municipaux, c'est-à-dire les travaux publics, la voirie, le secteur culturel/vie communautaire, le développement économique et urbain, etc.

 

La Ville n'est-elle pas là pour donner l'exemple?

  • Pour le lavage de rues, les camions-citernes ne pourraient-ils pas puiser leur eau dans le fleuve ou les cours d'eau? Comment peut-on avec les pratiques actuelles inciter les gens à ne pas gaspiller l'eau potable?

  • En pollution de l'air, ne devrait-on pas surveiller l'application du temps maximal alloué au fonctionnement des moteurs d'autos, d'autobus, de camions au ralenti? Ne pourrait-on pas inventer un système pour réchauffer les voitures-taxi en attente?

  • Pour la propreté, ne pourrait-on pas maintenir des poubelles publiques en hiver aux endroits fréquentés par les piétons?

  • Au plan énergétique et esthétique, l'éclairage de rues n'est-il pas trop intense. Il peut même empêcher le sommeil des résidents.

  • Pour une meilleure gestion des matières résiduelles, tant par les citoyens que les commerces, il serait bon de clarifier ce qui est récupérable, recyclable, bien informer les gens pour susciter la participation

Pour devenir viable, susciter l'innovation, la participation, la politique doit dépasser la question de règlementation, de pouvoirs et de Charte. Elle devrait susciter l'adhésion de la majorité des résidents, des industries, des institutions sur son territoire. Il s'agit d'une vision commune à donner, d'UN EFFORT COLLECTIF à faire.

La politique devrait donc dire comment mettre dans le coup les entreprises, les institutions, le gouvernement, les responsables de parcs industriels, etc... pour que ceux-ci fassent aussi leur part au niveau de l'agglomération urbaine de Québec en se dotant de politiques, de chartes, de moyens concrets pour préserver l'environnement?

  • Déplacement individuel vers le centre-ville: beaucoup de fonctionnaires de la ville et du gouvernement viennent travailler au centre-ville seuls dans leur voiture. Cela cause les problèmes que l'on connaît: pollution de l'air, bruits, congestion. Le transport en commun et le covoiturage sont à privilégier dans la politique qui devrait redéfinir les moyens pour diminuer progressivement les subventions au stationnement au centre-ville, encourager les moyens collectifs de transport.

Comment cette politique s'arrimera-t-elle sur le plan régional, avec les instances comme la Communauté urbaine de Québec, les MRC limitrophes, les municipalités ayant chacune leurs propres prérogatives?

Prenons à titre d'exemples les questions d'assainissement de l'air, de transport collectif, de préservation de la foresterie urbaine et de la protection des eaux urbaines, celles des tributaires se déversant dans la rivière Saint-Charles, la gestion intégrée des matières résiduelles...

À l'heure des grandes discussions sur les ressources énergétiques, je ne vois pas cette dimension dans le projet actuel. Pourtant, il y a des liens importants à faire, ie. avec la consommation d'eau, de pétrole ou de gaz pour chauffer, l'isolation des maisons qui est déficiente, la pollution de l'air, les types de transport favorisés, etc... Bien qu'on puisse aborder tous ces aspects par le biais des impacts sur l'environnement, il me semble pertinent de regarder la source des problèmes et elle est, entre autres, dans notre conception nord-américaine que ces ressources énergétiques sont illimitées ou presque, ce qui entraîne les gaspillages actuels.

 

Quelles instances seront chargées de veiller au suivi de la politique, de son application graduelle au cours des années?

Étant donné qu'un comité aviseur a déjà été mis sur pied pour formuler le projet de politique, ne serait-il pas pertinent de mettre en place un comité de suivi et d'évaluation annuelle d'application de la politique (pour en suivre la progression) sous la direction d'un Commissaire de l'environnement (un ombudsman) comme il en existe au gouvernement fédéral, en Ontario.

Ce comité de suivi serait un comité formé de représentants des grands secteurs d'activités sur le territoire (entreprise, environnement, tourisme, transport, etc...). Le comité produirait un rapport public, suggérerait des améliorations, veillerait à l'application des plans d'actions découlant de la politique.

De façon concrète, chacun des grands thèmes de la politique aurait ses supporters: par exemple, pour l'économie d'eau potable, le service de prévention des incendies pourrait proposer -et même installer- des appareils économiseurs d'eau. La ville pourrait y associer un groupe environnemental pour la sensibilisation. La ville donnerait l'exemple en colmatant toutes les fuites sur le réseau (près de 25% de perte).

Comme on peut le voir, chacun peut apporter sa contribution à l'amélioration de la politique. L'ensemble des milieux concernés doit être incité à y prendre part. Le milieu des entreprises, des commerces, des institutions publiques et para-publiques est interpelé pour y faire valoir son point de vue, émettre des suggestions, afin que ce projet devienne réellement un engagement de la collectivité.

Pour renseignements, inscription au colloque du 17 avril (tél. 691-6852), suggestions ou autres, prendre contact avec la ville de Québec, au 691-7423.


INCITATION À ADOPTER UNE POLITIQUE ENVIRONNEMENTALE ET DE DÉVELOPPEMENT DURABLE

par Richard Legault
legaulthuot@acica.com

 

Quoique bien discret de ce temps-ci, le Ministère de l'Environnement du Québec encourage -dans ses documents- les hautes directions d'entreprises, sociétés et organismes initiateurs de projets à adopter leur propre politique environnementale, à mettre en place des programmes volontaires de gestion responsable, à s'engager dans le processus de certification comme ISO-14000, ou à développer tout autre moyen pour intégrer les préoccupations environnementales dans leur gestion quotidienne.

Plus précisément, une politique environnementale et de développement durable peut comprendre, selon la nature de l'entreprise ou de l'organisme initiateur, les principes suivants:

  • le respect de la réglementation environnementale en vigueur;

  • la prévention comme mode de gestion pour minimiser les impacts environnementaux et les risques d'accidents;

  • la nomination de personnes clés en position d'autorité comme responsables de l'application de la politique environnementale;

  • la conservation et l'utilisation rationnelle des ressources (réduction à la source/efficacité d'utilisation, réemploi, recyclage, valorisation par, entre autres, le compostage, etc...);

  • l'analyse du cycle de vie des produits;

  • la vérification environnementale périodique (audit, ISO-14000, etc...);

  • la recherche et le développement continu pour l'amélioration des activités;

  • l'information et la formation des employés relativement à la protection de l'environnement;

  • la transmission des exigences environnemntales aux fournisseurs de biens et services;

  • le support humain et financier de projets venant du milieu en vue de compenser les impacts résiduels inévitables (compensation pour le milieu biotique ou pour les citoyens);

  • l'information des communautés environnantes et la création d'un comité de suivi sur des questions environnementales particulières;

  • la rétroinformation à la haute direction des résultats de l'application de la politique;

  • l'ajout au rapport annuel d'une rubrique faisant état des mesures environnementales appliquées par l'entreprise.

(Cf Guide de réalisation d'une étude d'impact sur l'environnement, MEF, février 1997, mise à jour juillet 1998)


RENCONTRE de la CSN du 15 février, Ramada Inn, Québec-La norme ISO 14000 et les syndicats

par Richard Legault
legaulthuot@acica.com

 

- La CSN et l'environnement

Le 15 février dernier, la CSN organisait une rencontre régionale autour de l'intégration de la gestion environnementale au sein des entreprises. Alain Lampron, président de la Fédération, y a expliqué que la protection de l'environnement poursuit le travail en santé et sécurité au travail. Auparavant, on croyait que la dilution extérieure, par exemple des effluents dans le Saint-Laurent, se perdrait en quelque sorte dans la nature. Puis on s'est aperçu que les dommages environnementaux et les problèmes de santé sont interreliés. Par exemple que les enfants de Beauharnois où il y a eu extraction de silice avaient des poumons de fumeur. De grandes entreprises jetaient, il n'y a pas si longtemps, 40 tonnes par jour d'acide sulfurique dans le fleuve; Tyoxide en jetaient jusqu'à 400 tonnes par jour.

Vu de façon globale et à long terme, l'emploi et l'environnement vont de pair; les pressions sociales et la sensibilisation forcent aux changements, l'entreprise devient proactive, créatrice de ses propres modifications. De façon concrète, cela signifie la réalisation d'un audit environnemental -la réalisation de la problématique environnementale, incluant les cycles de vie- à l'égard des normes. Ainsi, plusieurs entreprises deviendront certifiées ISO 9000, pour passer ensuite à ISO-14001.

Pour les syndicats, il s'agit d'une bonne occasion à saisir pour inciter les employés à participer à la bonne gestion de leur entreprise, pour obtenir la reconnaissance de certains droits de protection, d'information, etc.. Bref, selon Alain Lampron, la démocratie syndicale et la bonne gestion de l'environnement vont dans le même sens; voilà une bonne nouvelle pour tous les acteurs.

Pour plus de renseignements, se référer à l'Énoncé de principes de la CSN en matière de protection de l'environnement (texte adopté au Conseil confédéral le 1er octobre 1993).

 

ISO-9000 et ISO-14000 pour les syndicats
Présentation de Robert Mercier, conseiller en santé, sécurité et environnement (SSE) de la CSN

Un bref historique

L'organisation internationale de normalisation (ISO en anglais) fût fondée en 1947. Elle compte 106 pays membres et a généré depuis sa création plus de 200 comités techniques qui ont mis au point des normes de certification.

En 1991, à l'intérieur d'ISO-9000, un comité consultatif est formé. Ce comité devient technique (TC-207) pour créer ISO-14000. Il est formé de plusieurs représentants ayant des expertises dans le domaine environnemental provenant de 47 pays membres et de 22 ONG.

En 1994, il y a publication des documents de la CSA sur la vérification et la gestion environnementale. La norme ISO-14000 est publiée en 1996 et commence le début des processus de certification à la fin de 1997.

 

Enjeux et éléments précurseurs

Les principaux enjeux pour le comité technique TC 207 sont de réduire les barrières tarifaires, responsabiliser les entreprises, être accepté par les législateurs des pays participants, être applicable aux PME, aux pays en voie de développement et minimiser les coûts de mise en place de la certification, lesquels peuvent être onéreux (50,000$ à 100,000$) pour une grande entreprise.

Certains éléments précurseurs ont favorisé le développement d'ISO-14000. La population apparaît davantage sensibilisée à l'importance de l'environnement, en bonne partie due aux catastrophes comme celle de l'Exxon Valdez et aux campagnes fortement médiatisées de Green Peace. En 1987, le Rapport sur le développement durable "Notre avenir à tous" est publié par la Commission Bruntland. En 1992, se déroule la conférence de Rio.

Les organisations et les entreprises sont à la recherche d'avantages compétitifs. Elles savent que la pollution entraîne du gaspillage, ce qui fait hausser les coûts de production. On cherche à bâtir des entreprises plus solides à tous les niveaux. On explore la possibilité de réaliser des profits sur les produits verts. Et enfin, il faut considérer la pression des actionnaires et des créanciers ainsi que celle des assureurs qui constituent un gros lobby, sans oublier celle des employés eux-mêmes qui tiennent à travailler dans un environnement sain.

 

Les caractéristiques et buts d'ISO-14000

La norme ISO-14000 est une norme de gestion qui explique comment construire et implanter un système de gestion environnementale visant l'amélioration continue. Elle ne vise pas à faire respecter les normes prescrites de l'environnement. Elle n'établit donc pas de normes pour la performance environnementale.

Ses buts sont d'aider les entreprises à créer ou améliorer leur système de gestion environnementale, leur procurer les outils permettant de traiter de questions environnementales spécifiques (problèmes particuliers à régler). Il s'agit d'établir un mécanisme de certification qui est flexible, efficace, non-normatif, le tout basé sur la pratique et la science. En même temps, ce mécanisme procure aux personnes de l'extérieur les outils permettant d'évaluer la performance environnementale de l'entreprise (ex: les papetières, ALCAN,...)

Les normes d'ISO-14000 touchent cinq éléments:

  • le système de gestion environnementale (14001)

  • les audits environnementaux (14010)

  • l'étiquetage environnemental (éco-logo)(14020)

  • le cycle de vie des produits (14040)

  • l'évaluation de la performance environnementale (14030)


Comparaison entre ISO-9000 et ISO-14000

ISO 9000

ISO-14000

gestion de la qualité gestion de l'environnement
basé sur le processus de fabrication et non sur le produit ou la performancecontinue de la performance basé sur un processus d'amélioration  continue de la performance
souvent une condition d'affaires devient de plus en plus une condition d'affaires
certification (enregistrement) est obligatoire certification (enregistrement) est volontaire
prévoit la participation des employés prévoit encore plus la participation des employés.

 

Le Système de gestion (14001)

La norme sur le système de gestion vise à établir un processus d'amélioration de la performance environnementale. Les rôles et les responsabilités sont alors définis et les ressources nécessaires allouées.

Les employés sont formées (une durée de 8 à 16 hres pour une formation spécifique au poste de travail) et l'information pertinente communiquée. Les objectifs et les cibles sont définis et l'on vise la conformité, tant au niveau de la politique environnementale qu'aux lois et règlements gouvernementaux.

 

Liens avec les priorités syndicales

Il existe plusieurs liens entre les éléments d'ISO-14001 et les revendications de la CSN dans le domaine de l'environnement. L'engagement de l'entreprise à protéger l'environnement entraîne l'étude exhaustive des problèmes environnementaux et la prévision des mesures correctives. Les employés et le syndicat deviennent mieux informés. L'employeur met sur pied un programme de formation environnementale, une meilleure définition des tâches et responsabilités se fait, un véritable plan de mesures d'urgence s'établit. La réduction à la source et la prévention de la pollution peut se faire en lien avec la santé-sécurité au travail. Et parallèlement au droit de refus que l'employeur doit respecter et qui sert à protéger la santé et sécurité de l'employé, des procédures normées pour préserver l'environnement sont mises en place, auxquelles l'employé et le superviseur ne peuvent pas déroger.

Avantages Inconvénients
pour les entreprises plus compétitives
meilleure réputation
donne accès à certains marchés
coûts d'implantation
complexité d'implantion
conformité aux lois et règlements
pour les employés implication dans l'organisation du travail
répond à des revendications
survie à moyen et long terme
introduction de nouvelles procédures
possibilité de perte d'emploi lié aux nouvelles technologies

 

Conclusion

Robert Mercier conclut ainsi sa présentation: "L'introduction dans les milieux de travail de la norme de gestion environnementale ISO-14001 est un élément positif pour l'ensemble de l'organisation. Elle doit cependant répondre à des impératifs de préparation, de sensibilisation des employés et de participation de tous les intervenants dans le milieu de travail."


DONOHUE ET L'ENVIRONNEMENT, de bons coups en aval de la forêt

Le 15 février dernier, la CSN organisait un atelier de présentation et de discussions sur la norme de certification ISO-14000. La soirée s'est terminée avec la présentation de Michel Fortin, vice-président de la Fédération du papier CSN et employé de Produits forestiers Donohue à Clermont.

 

Un peu d'histoire

Le moulin à pulpe a été installé en 1909 à proximité des ressources de bois et de transport par la rivière. La production de papier journal qui était de 30,000 tonnes par an dans les années '20, est passée 130 000 tonnes dans les années '60 pour atteindre 333 280 tonnes métriques en 1998. L'exportation du papier journal se fait surtout vers le marché américain (55%). Le marché canadien en capte 10% et le marché outre-mer 35%. Ses effectifs actuels sont de 420 employés.

Avant 1983, la papetière n'appliquait pas beaucoup de moyens pour protéger l'environnement, que ce soit pour le traitement des effluents liquides, les résidus de matières premières ou le traitement des gaz de combustion. En 1984, les changements technologiques ont débuté par l'implantation d'un plan de pâte thermo-mécanique qui allait réduire de 25% la perte de matières premières alors jetées dans la rivière. Elle cessa du coup ses activités de production de pâte Kraft pour produire une pâte de fibre vierge.

D'ailleurs, plusieurs revendications avaient été faites à la compagnie ces 15 dernières années, concernant les rejets, les senteurs, le bruit, la saleté aux alentours de l'usine. En 1987, des pertes de 400 M$, des coupures de dizaines de postes ont amené un état de crise.

Avec l'installation du traitement primaire en 1984 et du traitement secondaire en 1994, la compagnie fait l'installation d'une chaudière à haute température (fluidisée) qui permet de brûler toutes les boues récupérées des bassins secondaires.

La récupération de la vapeur, la réduction de 25% du mazout, l'installation de bacs de récupération des divers produits (tels le bois, le carton, les tubes de graisse, les filtres à l'huile, le papier, la peinture, le métal, etc..), la relocalisation du centre de triage en dehors de la ville, l'élimination des rejets atmosphériques et la diminution drastique de la quantité de déchets déposés au site d'enfouissement (de 150 camions par semaine à 5), voilà quelques-une des mesures ayant permis d'améliorer de façon exceptionnelle la gestion de l'environnement chez Donohue.

 

Qu'est-ce qui a produit de tels changements?

Il faut dire qu'il y a eu au départ une volonté de l'entreprise de s'occuper de l'environnement. En 1992, la compagnie et le syndicat des employés ont décidé d'un commun accord d'implanter la norme ISO-9002, ce qui fut réalisé avec succès. Le syndicat a appuyé la démarche en posant quatre conditions: l'implication de tous les employés, pas de perte d'emplois, l'acceptation en assemblée générale et le respect de la convention collective. C'est ainsi que Donohue devient certifiée ISO-9002 en 1995. En 1997, Donohue annonça qu'elle voulait implanter la norme ISO-14001 et le syndicat l'appuya entièrement.

En décembre 1997, un plan d'action a été monté comprenant:

-une analyse des écarts entre la situation actuelle et les exigences d'ISO-14000;
-un plan de formation des gestionnaires, du comité d'implantation, des employés;
-la préparation de la documentation;
-les préaudits;
-la certification (qui s'est faite en septembre 1998).

 

Un comité d'implantation et de suivi a été formé et des coordonnateurs ont été nommés pour chacun des postes de travail. Leurs rôles sont d'aider l'entreprise à implanter les normes d'ISO en collaboration avec chaque poste de travail. Cela touche la formation, le diagnostic, le plan qualité, la rédaction des procédures, du manuel, l'audit interne, les rectifications, l'audit externe.

Déjà plusieurs actions ont été réalisées sous la norme d'ISO-9002 (800 procédures). Avec la norme ISO-14001, sur le plan environnemental, on peut constater que 850 aspects ont été examinés, normés, touchant l'eau, l'air, les sols, les déchets, la faune, la flore, le bruit, etc..

Voici quelques résultats obtenus depuis 1992: une diminution de la consommation d'eau d'environ 40% -de 52 m.cu d'eau par jour à 31 m.cu.- une diminution des matières en suspension d'environ 85% et de la demande biologique en oxygène (DBO5) de plus de 95%. Depuis 1992, les rejets sont bien en deça des normes gouvernementales.

Conclusion du conférencier

Selon Michel Fortin, l'implantation de ces deux normes a permis aux deux parties d'être gagnantes.

Les avantages pour l'entreprise sont indéniables: contrôle du procédé de production et de l'environnement, respect des exigences des clients, plus de profits et réduction des coûts, satisfaction des investisseurs, paix sociale avec les citoyens et moins d'infractions, amélioration du climat de confiance, de l'image corporative, de la transparence dans la gestion, réponse aux normes internationales, livraison universelle, etc..

Les avantages pour les syndicats sont très intéressants: contrôle du milieu et des postes de travail, consolidation des emplois, meilleure formation, hausse de la motivation, implication des employés, amélioration et respect des relations de travail, participation aux profits, meilleure productivité, qualité, efficience, plus grande crédibilité syndicale, meilleure information et communication. Bref, cela a permis de raffermir la structure syndicale tout en consolidant les postes de travail, les emplois, la santé sécurité.

Selon le conférencier, les deux parties ont intérêt à maintenir les normes ISO-9002 et ISO-14001. En effet, il s'agit de ne pas perdre les acquis, car cela ferait perdre de la crédibilité vis-à-vis les clients; bref, l'entreprise devient en quelque sorte condamnée à l'excellence.

Épilogue

En dépit de l'excellente performance environnementale de Donohue et de plusieurs autres papetières, et de l'enthousiasme que cette démarche collective a suscité, certaines questions lancinantes demeurent, à commencer par la gestion intégrée des ressources, de la matière première, la forêt, laquelle est malmenée depuis des dizaines d'années au Québec(voir à ce sujet le film "L'Erreur boréale" avec Richard Desjardins).

Comment se fait-il qu'une grande industrie peut être certifiée par un système de gestion environnementale (ISO-14001), mais ne pas l'appliquer à la ressource, aux opérations en amont?

En fait, il faut saisir que ISO-14001 n'est qu'une partie de la certification d'ISO-14000. Celle-ci touche cinq éléments:

-le système de gestion environnementale(14001)
-les audits environnementaux(14010)
-l'étiquetage environnemental(éco-logo)(14020)
-le cycle de vie des produits(14040)
-l'évaluation de la performance environnementale (14030)

 

Ce n'est que lorsque les industries de coupe forestière seront certifiées ISO-14040 (sur le cycle de vie) qu'on pourra entrevoir une gestion plus environnementale de la ressource. D'ici là, les papetières comme Donohue pourrait exiger des forestiers qu'ils suivent la certification canadienne sur la gestion des forêts.

Faites-nous part de vos commentaires et suggestions.

Répertoire des entreprises environnementales de l'agglomération de Québec

Le répertoire prend de l'expansion... À la lumière de l'intérêt que représente le nouveau répertoire, CommerceMonde a décidé:

-d'illustrer et d'interconnecter chacune des entreprises désireuses de mieux se faire connaître et faire valoir les services qu'elles offrent;

-d'élargir le répertoire à toutes les catégories d'entreprises de l'agglomération et de la région de Québec;

-de faciliter la recherche à travers le répertoire en créant 10 catégories d'entreprises et en installant un petit moteur de recherche par mots-clés sur les services offerts pour trouver une entreprise.

 

Voici les catégories d'entreprises:

1 .Services d'experts-conseils - grandes entreprises( + de 80 employés sur le territoire)
2 .Services d'experts-conseils - PME (79 employés et moins)
3 .Services d'exécution
4 .Services des entreprises manufacturières et de laboratoire
5 .Services des entreprises technologiques, de récupération et de recyclage
6 .Services de recherche et développement
7 .Services de soutien à l'entreprise
8 .Services de travailleurs autonomes
9 .Services des organismes environnementaux
10.Services de formation en environnement


Courrier de Céline Pérès

J’ai trouvé votre article sur les politiques environnementales du numéro de la semaine dernière fort intéressant. Ayant étudié dans ce domaine, j’ai voulu vous faire part de certains aspects, pouvant même servir de conseils aux entreprises qui voudraient élaborer ou améliorer leur politique environnementale.

Afin d’optimiser l’élaboration d’un tel plan, les responsables devraient:

- S’assurer de l’engagement et de la participation active de la haute direction de l’organisation, qui doit jouer le rôle de leader en participant, par exemple, à des activités environnementales;

- Ensuite, effectuer un examen environnemental initial afin de mieux connaître les impacts des activités de l’entreprise sur l’environnement: cette étape permet de mettre en évidence les points forts et les faiblesses de l’organisation dans ce domaine, mais aussi de déterminer les risques et les occasions favorables. L’analyse de ce bilan des activités constituera une base solide dans l’établissement de la politique environnementale, puisque les points à améliorer auront déjà été identifiés;

- Mais aussi, connaître ce que pense et espère le personnel de l’entreprise dans le domaine de l’environnement. Pour cela, il est intéressant d’identifier entre autres, le degré de sensibilité et de connaissance des salariés en la matière, leur perception sur les groupes écologiques et leurs actions, les opinions à l’interne quand aux problêmes écologiques induits par les activités de l’entreprise, ainsi que leurs attentes personnelles. Ce “ sondage ” permettra de tenir compte de l’opinion générale et d’identifier les préoccupations environnementales à considérer dans la formulation de la politique. Cette étude précisera par la même occasion le besoin en formation du personnel.

Bien évidemment, le contenu de la politique variera selon les entreprises en fonction du domaine d’activité, des valeurs et de la mission de chacune. Mais, tout de même, la plupart des politiques environnementales abordent les questions de conformité, notamment à la législation et à la règlementation touchant l’environnement, la santé et la sécurité.

Il s’agit ensuite d’énoncer des principes d’engagement de la part de l’entreprise de respecter l’environnement et de le prendre en considération dans tout processus de production et de décision.

Il peut s’agir par exemple de réduire au minimum les résidus, d’atteindre le niveau minimum, techniquement et économiquement possible, dans la consommation d’énergie ou de ressources naturelles, de communiquer ouvertement et fréquemment les résultats en matière environnementale aux employés, aux communautés, gouvernements et autres parties intéressées.

Il est bien important que ces engagements soient réalisables et mesurables de façon à être par la suite plus facilement contrôlables.

En effet, comme il a été souligné dans l’article du mois de janvier, il est primordial de faire un suivi. La politique environnementale doit faire l’objet d’une vérification quotidienne, d’amélioration continue et d’ajustement afin de tenir compte de tout changement pouvant s’opérer au sein de l’entreprise, de l’opinion publique ou des règlementations.

Il est important de s’assurer également de l’implication de tout le personnel car la mise en application de la politique environnementale va entraîner des changements de comportement. C’est en effet le personnel qui, par ses gestes “ de tous les jours au travail ”, va permettre l’atteinte des objectifs environnementaux et ainsi le respect de la politique environnementale.

La constitution d’un tel engagement peut prendre plusieurs années, surtout si elle vient remettre en question une partie de la mission de l’entreprise. Mais, il est généralement reconnu qu’une saine gestion de l’environnement se traduit par une hausse des profits pour l’organisation à court ou moyen terme, et sans aucun doute à long terme.

Céline Pérès, MBA.
E-mail: celine_peres@yahoo.com


 


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