Internationalisation des régions du Québec
Québec en tête, elles veulent des moyens d'action


par Daniel Allard

Deux semaines avant les élections au Québec le 30 novembre dernier, un momentum avait été créé parmi les quelque 150 représentants de toutes les régions du Québec qui participaient, pendant trois jours, au colloque "Les régions du Québec au rythme du monde", à Hull.

Dans le nouveau gouvernement Bouchard, c'est toujours Jean-Pierre Jolivet qui est le ministre des Régions, mais Louise Beaudoin a remplacé Sylvain Simard à celui des Relations internationales. Celui-ci s'était engagé à accompagner les régions du Québec dans l'élaboration et la réalisation de leurs stratégies en matière d'internationalisation de leur territoire. Mais l'heure n'était pas à l'engagement de ressources financières appropriées, l'objectif de l'atteinte du déficit zéro étant prioritaire.

Face à la mondialisation, le gouvernement du Québec invite tout de même les 17 régions administratives du territoire à se doter de "Plan d'action", de "Stratégie" et de "Vision" pour appuyer le développement économique et "relever le défi du 3e millénaire".

Pendant ce temps, le ministère des Affaires municipales (MAM) est à compléter une enquête qui lui permettra de connaître les attentes de l'ensemble des municipalités du Québec en matière de jumelage et autres activités internationales. Un questionnaire a été envoyé dans toutes les municipalités du Québec durant l'automne et un rapport est en préparation.

 

LA POSITION DES VILLES

De leur côté, les municipalités ont aussi entamé une réflexion sur leur volonté et leur capacité d'action en matière internationale. Lors du colloque de Hull, en novembre, l'intervention du conférencier représentant la Ville de Québec a enthousiasmé les participants.

Se posant en leader face à l'internationalisation des régions du Québec, le directeur du Bureau des relations internationales de la Ville de Québec, Luciano Dorotea, a proposé douze recommandations. Des recommandations que l'Association des régions du Québec, qui organisait l'événement, s'est engagée à retenir dans le cadre des travaux de la Table Québec-Régions.

La plus importante lance l'idée de créer des fonds de développement international dans toutes les régions du Québec n'en disposant pas actuellement (soit 16 sur 17). Nous reproduisons ici intégralement cette recommandation:

RECOMMANDATION EN REGARD DES MOYENS DONT DEVRAIENT DISPOSER LES RÉGIONS

 

6. Qu'un fonds de développement international soit créé dans toutes les régions du Québec.

a) Que, pour les 15 régions suivantes: Bas-Saint-Laurent, Saguenay/Lac Saint-Jean, Mauricie, Estrie, Outaouais, Abitibi/Témiscamingue, Côte-Nord, Nord-du-Québec, Gaspésie/Iles-de-la-Madeleine, Chaudière-Appalaches, Laval, Lanaudière, Laurentide, Montérégie et Centre-du-Québec, le gouvernement du Québec et le gouvernement fédéral y contribuent chacun pour un montant de base de 300 000$. Que pour chaque dollar additionnel investi par une région, les gouvernements du Québec et du Canada y contribuent également chacun pour un montant équivalent.

b) Dans le cas de la région Montréal-Métropole, que les gouvernements du Québec et du Canada poursuivent, dans l'avenir, leur appui financier pour le développement international de Montréal. Dans la politique conjointe du ministère des Relations internationales et du ministère des Régions publiée le 4 juillet 1997, il est précisé que, pour les trois années (1997-2000), le MRI prévoit verser à la Société Montréal International, un montant annuel de 416 666$, dont 250 000$ serviront au Fonds de développement international de Montréal et le reste, au fonctionnement de l'organisme. Ce fonds est essentiellement destiné à attirer à Montréal des sièges d'organisations internationales et à développer l'activité de ces organisations au Québec. Ce fonds est également doté d'une subvention équivalente du gouvernement fédéral. Dans la politique conjointe, il est également précisé que le ministère de la Métropole consacre, pour sa part, un montant de 2 000 000$ à un autre fonds de développement de Montréal International qui s'élève à 10 000 000$ pour les cinq prochaines années, destinés à initier et soutenir des projets de développement international et cela, principalement en vue de retombées économiques. Développement économique Canada (Québec) contribue aussi pour un montant équivalent de 2 000 000$ sur cinq ans à ce deuxième fonds.

c) Dans le cas de la région de Québec-Capitale, que les gouvernements du Québec et du Canada y contribuent chacun pour un montant de base de 1 500 000$, montant échelonné sur trois ans; que, pour chaque dollar investi par la région, les deux gouvernements y contribuent chacun pour un montant équivalent; et que ce fonds soit utilisé pour le développement de la région de la Capitale, en regard des priorités de développement retenues par la région.

Pour l'instant, à l'Association des régions du Québec, on explique que les travaux de la Table Québec-Régions n'ont pas encore repris depuis le colloque de Hull, mais que la nouvelle ministre Louise Beaudoin est déjà sensibilisée au dossier. Les prochains mois diront si l'atteinte du déficit zéro, confirmée lors du discours du budget du 9 mars dernier, combinée à une volonté gouvernementale d'appuyer l'internationalisation des régions du Québec, conduiront rapidement à la mise en place de nouveaux moyens d'action à la hauteur des attentes du milieu.

 

QUÉBEC VEUT SUIVRE L'EXEMPLE DE LYON

"Il n'y a pas de vent favorable pour qui ne connaît pas son port", soutenait Sénèque. La réflexion doit précéder l'action, un réflexe bien mis en évidence à Lyon.

Parmi les éléments porteurs de la stratégie internationale de cette ville française, on compte pas moins de trois démarches de prospective en parallèle. Qu'elles se nomment Lyon 2005, ou Millénaire 3 ou encore Schéma de développement économique, toutes trois mobilisent les acteurs de l'agglomération autour d'une vision concerté du développement de leur région.

Le directeur du Bureau des relations internationales de la Ville de Québec, Luciano Dorotea, écoute la conférence de Pierre-Yves Tesse, directeur de l'Animation économique et de l'Aménagement à la Chambre de commerce et d'industrie de Lyon.L'exemple de Lyon, que Pierre-Yves Tesse, directeur de l'Animation économique et de l'Aménagement à la Chambre de commerce et d'industrie de Lyon, est venu exposer, lors d'un atelier tenu à Québec, la semaine suivant sa participation au colloque de Hull, a d'ailleurs séduit le directeur général du Conseil Régional de Concertation et de Développement de Québec (CRCDQ), Pierre Racicot: "Oui, j'ai comme projet de démarrer prochainement une expérience de prospective pour la région de Québec".