GESPRO TECHNOLOGIES
Avec l’homologation canadienne de son TDD, tout est possible, dans un marché de 3 milliards $, seulement en Amérique du Nord

par Denis St-Gelais

 

gespro.gif (4006 bytes)Conçu en partenariat avec l’entreprise suisse Digi-sens, le milieu universitaire et des scientifiques réputés dans le secteur de l’environnement, le nouveau système de traitement des déchets domestiques (TDD) mis au point par l’entreprise québécoise Gespro Technologies va bientôt modifier nos habitudes environnementales, encourageant ainsi les 3RV (réduction, réemploi, recyclage et valorisation). Le système TDD est une balance électronique qui permettra aux collecteurs de déchets de connaître le poids exact des rebuts domestiques éliminés par les résidences, commerces et entreprises d’une municipalité pour ensuite en facturer le coût à l’utilisateur. Avec une marge d’erreur de seulement 0,4%, le TDD est le seul système répondant aux nouvelles normes établies par Mesures Canada.

Selon Mario Girard, président de Gespro et son directeur de la Division Environnement, John Izzi, l’entreprise est la seule à être en cours d’homologation à Mesures Canada. Pour le moment, aucune autre entreprise n’a initié le processus. Ce qui place Gespro dans une position plus que confortable dans un marché qui représente une valeur potentielle de 3 milliards $. "Nous avons une avance d’environ 18 mois sur tout concurrent éventuel, expliquent-ils. Bien qu’en affaire être le premier ne soit pas toujours bon, il faut avouer que cette fois, le timing est parfait."

 

GESTION DES DÉCHETS DOMESTIQUES: DEUX POIDS, DEUX FACTURES!

C’est à la demande de Recyc-Québec que Gespro Technologies s’est penchée sur le problème du poids des rebuts domestiques. "Avec notre expertise des balances électroniques développées pour le secteur forestier, après deux ans et demi d’efforts et de recherches et un investissement de 2.5 millions $, le TDD est maintenant au point. Déjà, de nombreuses municipalités du Québec se sont montrées intéressées à implanter le système chez eux", confie M. Girard. 

En effet, le nouveau plan d’action gouvernemental sur la gestion des matières résiduelles obligera les municipalités à augmenter les habitudes de recyclages de leurs résidents. "La mise en place de ce plan d’action provoque un engouement certain pour le système TDD qui arrive juste au bon moment", nous dit Mario Girard. Selon lui, il est essentiel de régler maintenant le problème de l’accumulation des déchets: "Les gens ne veulent plus des sites d’enfouissement sur leur territoire. Et il est impératif de laisser un monde plus propre aux générations futures. Notre système est une solution parfaite pour régler au moins une partie du problème."

Ce que permet le Système TDD, c’est de peser les quantités de déchets jetés par les résidents et d’emmagasiner ces données dans un ordinateur installé dans les camions de ramassage. Sur chacun des bacs à ordures se trouvera une puce informatique permettant d’en identifier le propriétaire et de facturer à celui-ci le poids des rebuts dont il veut se débarrasser. Cela signifie que, périodiquement, chaque résident recevra un compte pour l’enlèvement de ses déchets. "Selon des études, la tarification des déchets domestiques augmente d’environ 30% les habitudes de recyclage, explique Mario Girard. Bientôt, les gens seront facturés pour ce qu’ils vont jeter et ils recycleront davantage. En fait, le principe est simple: plus tu jettes, plus tu payes! D’ailleurs, dans un sondage effectué en Suisse, 80% des répondants se sont montrés favorables au système de l’utilisateur/payeur."

Pour John Izzi, le problème des sites d’enfouissement est particulièrement épineux: "Chaque année au Québec, 6 millions et demi de tonnes de déchets sont enfouies. Le système de tarification permet de diminuer du tiers cette quantité. Dans ce sens, une augmentation de 30 à 40% du recyclage contribue fortement à rétablir la situation. La durée de vie d’un site d’enfouissement se trouve ainsi augmentée, permettant des économies substantielles pour les municipalités". Pour améliorer la gestion des rebuts, les intervenants auront besoin d’informations nouvelles. "Qui pollue, qui recycle? Les municipalités ont le mandat de mettre sur pied des programmes d’éducation incitant leurs résidents à recycler davantage. Ces programmes devront prendre en considération la question des clientèles, car il semble que ce soit la portion la plus aisée de la population qui recycle le moins", poursuit John Izzi.

 

PARTENAIRE SUISSE

Un des principaux problèmes à régler lors de la mise au point du système fût celui de la pesée en mouvement. "Comme unDEC.gif (41498 bytes) collecteur d’ordures visite en moyenne 1000 foyers par jour, il était primordial que la pesée se fasse sans ralentir le travail. Pour cette raison, Gespro s’est associée à une entreprise suisse qui avait déjà mis au point et breveté un système de pesée par lames vibrantes permettant de réaliser cette opération", précise Mario Girard. Lors de la collecte des déchets, le camion soulève le bac et, sans qu’aucun arrêt soit nécessaire, le TDD effectue l’opération. Les informations contenues sur la puce sont transmises directement à l’ordinateur de bord qui emmagasine les données. Une fois de retour au site de déchargement, à 1000 pieds de l’ordinateur central, les données sont automatiquement teléchargées par un système sans fil. La manoeuvre ne provoque ainsi aucun retard dans les opérations.

Cette innovation rend le système particulièrement attrayant pour les marchés nord-américains. Utilisable tant dans le chargement frontal que latéral, il est conçu aussi pour les industries. "Aux États-Unis, les réactions sont très favorables et le produit intéresse les gestionnaires. Bien que les normes y soient moins rigides, la précision et la très faible marge d’erreur qu’offre leTDD représente un atout majeur pour l’industrie parce qu’il permet un excellent retour sur l’investissement et une gestion plus efficace. Et c’est un marché gigantesque", poursuit M. Girard.

 

VISER RAPIDEMENT TOUT LE MARCHÉ NORD-AMÉRICAIN

Sur tout le continent nord-américain, on dénombre environ 168 000 camions ramasseurs de déchets. Comme l’installation du système TDD coûte entre 25 000 et 30 000$ par camion, le montant total du marché potentiel s’élève à trois milliards $. "Aux États-Unis et au Canada le ratio des camions est de 10 pour un. En proportion, les Américains ne génèrent pas plus de déchets que nous. Mais ils sont aux prises avec les mêmes problèmes de gestion", précise M. Izzi.

Firme de service-conseil en informatique fondée en 1984, Gespro Technologie a, au fil des ans, élargi son champ d’action en créant des unités de recherche indépendantes spécialisées dans divers champs d’activités. Pour mener le projet à terme, Gespro les a toutes mises à contribution, profitant ainsi de l’expertise developpée par chacune d’elle dans quatre domaines précis: environnement, foresterie, transport et gestion de la connaissance. Ces divisions ont un champs d’action bien défini mais la philosophie de l’entreprise est basée sur la coopération. "On joue au blocs lego avec nos divisions. Chaque division est une unité d’affaire et doit rendre compte à la direction de la pertinence de son travail. Mais quand on a un projet de développement comme celui de TDD, tout le monde apporte sa contribution. C’est comme ça qu’on fonctionne", explique le président.

Gespro est aussi une coopérative de travailleurs actionnaires. "Les 185 employés possèdent 25% du capital action. Ce système a été mis en place en 1994 d’abord sur une base volontaire mais, aujourd’hui, tous doivent y adhérer. Cela provoque un sentiment d’appartenance et une atmosphère de travail conviviale et stimulante. Tout le monde profite des succès de Gespro et ici, tout est ouvert. On peut parler à tous, n’importe quand, aucune porte n’est jamais fermée. Ça fait perdre un peu de temps mais les relations personnelles sont plus harmonieuses", ajoute Mario Girard.

En effet, la philosophie de Gespro est basée sur trois idées maîtresses: qualité, harmonie et progression. Mario Girard précise que la qualité de vie est fondamentale dans son entreprise. On y respecte les valeurs familiales, le travail supplémentaire n’est pas obligatoire, bien que rémunéré en conséquence, et le taux de roulement des employés est très faible.

Des quatre actionnaires fondateurs de l’entreprise mise sur pied en 1984, Mario Girard est le seul qui reste. Il en est maintenant le principal actionnaire mais gère son entreprise avec de nouveaux partenaires financiers et un conseil d’administration. Avec un DEC en informatique du cégep de Jonquière en poche, il arrive à Québec au début des années 80 pour faire un stage à la compagnie d’assurance La Mutuelle. Il est aujourd’hui à la tête d’une entreprise qui, avec des innovations comme celle du système TDD, avec ses partenaires de l’Amérique, de l’Europe et de l’Afrique, est en voie de devenir plus que florissante.