LES OMISSIONS D'UNE CAMPAGNE ÉLECTORALE

 

Le Québec doit voter le 30 de ce mois! Comme pour le reste, les votes de la population de sa capitale sont l'objet de convoitise. Les promesses ne tarissent pas. La barre était déjà très haute même avant l'ouverture officielle de la campagne électorale. Rappelons qu'en juin dernier, le dévoilement de la Politique relative à la capitale nationale affirmait noir sur blanc que le gouvernement veut faire de celle-ci rien de moins qu' "un modèle de développement économique"!

Le problème, c'est que ceci n'est que mots! Nos politiciens parlent, mais agir concrètement leur est devenu tellement difficile. Des évaluations savantes prétendent maintenant que la portion du budget de l'État sur laquelle nos députés et ministres ont finalement de l'emprise est quelque chose de l'ordre d'une dizaine de pour cent du total. Rien de plus! Et si cela a surtout pour objet d'être un symbole, un signe de bonne volonté, et bien parlons-en. Au Québec, nos candidats premier ministre ont la fierté et le patriotisme bien pâles.

 

VOTER POUR "PERSONNE"!

Pas un n'a la déscense d'accepter de vivre sa charge publique dans la logique de notre système et de nos institutions politiques. Même en se rabaissant à faire de cette question un enjeu de campagne, pas un n'ose récupérer cette aubaine et promettre tout bonnement et normalement de résider dans la capitale. Et dire qu'il y en a dans la troupe qui veulent faire un pays! C'est drôlement parti. Il faut pas mal plus de sens des responsabilités, de respect des institutions et de conviction, pour bâtir dignement un pays. Et ne parlez pas de l'excuse honteux des restrictions budgétaires. Combien coûtent aux Québécois les nuits du premier ministre à l'hôtel et les aller-retour sans fin entre Québec et Montréal pour lui et tant de ministres et de hauts-fonctionnaires?

On est toujours subjugué par le patriotisme des Américains. Mais la base même d'un patriotisme ne réside-t-il pas dans un ensemble de symboles et de références communes, dont fait très bien partie l'obligation pour le président des États-Unis d'habiter sa capitale. Nos voisins du sud passeront l'éponge sur les frasques sexuelles de leur premier citoyen, mais il n'y aurait jamais de pardon possible s'il s'avisait de quitter sa ''White House'' et Washington!

À Québec,
c'est la toiture d'un hôtel
- très beau par ailleurs -,
pas le dome de ''son Capitole''
ou
la résidence de son premier citoyen,
qui fait acte
de fierté nationale.

Les gens de la capitale devront donc se résoudre à voter pour personne. Pour le ''Personne'' le moins pénalisant pour l'avenir de la région.

 

TGV OU SOUVERAINETÉ?

Voilà pour les symboles. Le reste, maintenant! L'équipe éditoriale de COMMERCE MONDE Québec Capitale a posé neuf questions aux chefs des principaux partis sur l'avenir du Québec - et de sa capitale - dans le monde. Affirmons-le d'abord, les efforts d'ouverture de l'économie de la capitale sur l'économie mondiale doivent dépasser l'enjeu concernant l'avenir politique du Québec. Elles ne doivent même pas en dépendre. De toute manière, la nécessaire internationalisation de l'économie de la capitale ne requiert pas nécessairement un pays souverain.

Les réponses (9 questions...) sont malheureusement aussi pâles que leurs convictions à résider fièrement dans la capitale. Comment peut-on esquisser des visions d'avenir et penser international pour la capitale sans dire un seul mot sur le - ou les - projet(s) TGV? Où est la vision d'avenir pour garder Québec bien branchée sur le reste du continent nord-américain?

 

L'INTERNATIONALISATION DES RÉGIONS DU QUÉBEC

Le gouvernement, dans un important colloque tenu à Hull du 19 au 21 novembre dernier, vient de propulser la réflexion sur l'internationalisation du Québec des régions. Un événement lors duquel le maire de Québec - par son représentant - s'est d'ailleurs posé en leader.

Pour sa part, le ministre des Relations internationales, Sylvain Simard, s'y est, au nom du gouvernement, engagé à accompagner les régions du Québec dans l'élaboration et la réalisation de leurs stratégies en la matière. Face à la mondialisation, le gouvernement du Québec veut voir les 17 régions administratives du territoire (métropole et capitale inclus) se doter de "Plan d'actions", de "Stratégie" et de "Vision" pour "relever le défi du 3e millénaire".

Mais il a aussi avoué que l'internationalisation des régions du Québec restera soumise aux contraintes de l'atteinte du déficit zéro et que les moyens ne seront pas là pour véritablement appuyer à court terme toutes initiatives que prendront villes et régions dans les prochains mois. Un gouvernement qui organise un tel événement, et qui n'a qu'un ''Prix des régions'' à mettre sur la table comme moyen d'action concret, mérite quatre ans aux galères romaines pour se refaire des bras.

Dans l'état actuelle des choses au Québec, la véritable internationalisation des régions passe probablement beaucoup plus par Ottawa que par Québec. Autant de par les moyens déjà existants, que pour ceux à venir à court ou moyen terme.

Encore une fois, il faudra voter pour personne. Pour le ''Personne'' le moins pénalisant pour l'avenir de la région. Bon choix, citoyen. Il vaut finalement mieux regarder ailleurs qu'en matière de fierté et d'international pour choisir. Mais j'irai voter quand même.

 

Daniel Allard
Rédacteur en chef


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