Le Business Intelligence et le commerce électronique (deuxième partie)

Frédéric Turcotte
Directeur, Intelligence d’affaires
KPMG
fturcotte@kpmg.ca

La précédente chronique présentait des changements importants liés au commerce électronique et son incidence sur notre façon de faire des affaires ? Et le business intelligence dans tout ça ? La suite.

Le magazine Business 2.0 a récemment publié les 10 grands principes qui gèrent la  nouvelle économie et qui regroupe bien les changements discutés.  Nous les reproduisons ici, in extenso, compte tenu de leur pertinence et aussi parce qu’ils regroupent bien le contexte dans lequel les entreprises doivent aujourd’hui opérer pour survivre.

  • L'intangible. La force d'une société ne tient plus à ses éléments d'actif; elle vient des employés, de leurs idées, de leur réseau.

  • La distance. Elle n'a plus d'importance pour gagner des clients ou voir arriver de nouveaux compétiteurs. Une chose et son contraire ne peuvent être toutes les deux positives!

  • Le temps réel. Il oblige à réagir de façon instantanée, à revoir ses modèles d'affaires constamment.

  • La gestion du personnel. Le savoir fait la vie d'une entreprise; dans ce contexte, embaucher et garder des employés clés devient un art.

  • La croissance. Internet peut en un rien de temps susciter l'adoption d'un produit ou d'un service.

  •  La gratuité. Donner un produit sur le Net pour établir sa part de marché, voilà une nouvelle façon de faire des affaires.

  • La différence. Les intermédiaires qui se contentaient de distribuer des produits doivent offrir en plus des services, du soutien, de l'aide à l'achat et des environnements propices aux échanges.

  • Le marché à un clic près. Les consommateurs voudront le meilleur prix et pourront aisément trouver qui leur offre.

  • La personnalisation. Plus de produits génériques que l'on tente d'offrir à plus de personnes possible. La logique est inversée; les acheteurs veulent du sur mesure.

  • Commander ici. Une seule touche servira dorénavant à conclure des transactions.

Ces principes de la nouvelle économie sont donc intimement liés à l’ère digitale dans laquelle nous sommes plongée.  Si le réveil ne semble pas être encore arrivé pour certains, d’autres carburent déjà à 100 à l’heure dans de nouvelles pratiques flairant l’urgence d’être en ligne.  Cisco qui fut l’une des premières sociétés à bénéficier de la croissance d’internet demande à ses vendeurs de convaincre les clients à passer leurs commandes directement par internet. L’exemple est trop facile, Cisco est intimement lié au succès d’internet et sa clientèle aussi.  Prenons alors Toys "R" Us dont l’investissement dans le Ecommerce atteint de nouveaux sommets même s’ils ne sont pas encore capable d’occuper sur le net une place de choix.  Vendre des jouets, rien de trop digital dans ça. Toys “R” Us a créé une nouvelle unité distincte c’était associé à un investisseur pour 30 M $ US pour développer sa présence sur internet, et construire un entrepôt de 500 000 pieds carrés dédié aux ventes en ligne.   Le résultat est encore à venir, d’autant plus que les choses se sont compliquées, son association avec les investisseurs ne tenant plus. Mais bien avant cette dernière tuile, amazon.com avait devancé le célèbre magasin de jouet pour développer son propre rayon à partir de leur site très fréquenté. Le premier arrivé a souvent l’avantage en ecommerce.

L’INTELLIGENCE D'AFFAIRES: IMPÉRATIF DANS UNE ERE DE COMMERCE ÉLECTRONIQUE

1. Un premier rôle confirmé, la recherche et le monitoring d’information sur le web et dans les sources secondaires (banques de données et autres)

Si le Business Intelligence repose déjà sur cette première activité, la nouvelle donne du monde des affaires le confirme sans aucun doute. La surveillance des sites web de la compétition, les annonces, les nouvelles alliances, tout ce qui peut avoir un effet direct sur les ventes de la compagnie doit être observé et analysé. L’ère du digital permet de suivre rapidement l’information. Si les meilleures informations ne sont pas gratuites comme le mentionne souvent un expert du BI aux États-Unis, Jan P. Herring (Herring & associates), il faut investir dans des outils de collecte de données et des banques de données spécialisées. L’information sur un sujet donné se mesure maintenant au centimètre (lorsqu’il est imprimé) et au gigaoctet. Faite une requête dans des banques de données sur un nom de compagnie (et ne prenez pas Coca Cola ! ) et vous allez être surpris de la quantité de références.

Le web nous permet cependant un très grand nombre d’opportunités qui n’existaient pas il y a deux ans. Par exemple, la cyber-surveillance est un nouveau service offert aux grandes sociétés qui veulent connaître et empêcher une mauvaise utilisation de leurs marques de commerce sur la toile. Les compagnies qui utilisent ces services veulent rapidement empêcher, ou contrôler des messages qui apparaissent dans un groupe de discussion et qui font chuter le prix des actions par exemple.  On cherche aussi à éliminer l’utilisation de mots clés qui sont facilement repérés par les moteurs de recherche pour vous conduire vers un site autre que ce que vous recherchez vraiment. Dans une ère de vitesse, de distance inexistante et de diminution des joueurs, la recherche et l’analyse de l’information disponible sur des sources secondaires (papier et internet) devient donc une première clé à contrôler.

Une autre réalité dominante du web est la croissance des communautés virtuelles.  Le regroupement de gens partageant les mêmes intérêts, des sports, des loisirs, un secteur des affaires, etc. Il n’en faut pas plus pour que des clients soient ciblés en fonction de leurs goûts après une inscription sur un site web ou au sein d’un groupe d’échange. Voilà un formidable outil pour connaître davantage le client et répondre à ses attentes. Souvenez-vous, le client devient roi ! Ces communautés deviennent des incontournables pour tous ceux qui veulent suivre l’évolution des marchés, découvrir les tendances et être à l’affût du changement. Une veille active permet de s’inscrire dans ces regroupements virtuels sur internet, de recevoir des publications électroniques ultra spécialisées sur des domaines très variés. Toute la dynamique des portails, ces sites qui se veulent des portes d’entrée sur internet, est un premier exemple de ces regroupements.  Si vous produisez des savons et qu’une communauté de fabricants et de distributeurs échangent, publient et annoncent sur internet, ca devient vite un incontournable pour votre compagnie. Internet ne regroupera pas uniquement du texte, le son, le vidéo et les communications bidirectionnelles (tout ça existe déjà mais à une étape encore préhistorique si l’on compare avec ce qui s’en vient). Pour survivre, les sociétés n’auront plus le choix de mettre de l’avant des cellules de veille ou de business intelligence. Un tiers des compagnies auront disparus dans 5 à 6 ans.

Nous continuerons sur ces pistes dans le prochain numéro et discuterons sur comment le BI peut être bidirectionnel ainsi que sur le rôle encore accrue des individus comme source d’information.

À suivre