Tous les articles par Daniel Allard

Depuis 1997, Daniel Allard a co-fondé et dirige le cyberjournal CommerceMonde.com. En 2013, il fit de même avec l'Association des sociétés québécoises cotées en Bourse, organisant notamment le Gala annuel des sociétés en Bourse (2008 à 2015). Le développement de l'équipe de LiNNOVarium.com est son actuelle priorité.

L’Union européenne ouvre une porte directe au Québec

Le Québec vient de réaliser une première, en devenant le premier État infranational à l’extérieur de l’Europe à signer une lettre d’intention avec le président du Comité européen des régions (CdR) de l’Union européenne (UE), M. Vasco Alves Cordeiro, en vertu de laquelle les deux parties développeront un partenariat.

« Ce partenariat prometteur avec le Comité européen des régions de l’Union européenne nous permettra d’agrandir notre champ d’influence en Europe et de nous implanter davantage dans le plus important marché économique du monde. Je suis très fière de cette collaboration stratégique qui s’amorce entre le Québec et l’Europe », a expliqué la cosignataire du document le 17 mars 2024 de Mons en Belgique, Martine Biron, ministre des Relations internationales et de la Francophonie du Québec.

La lettre d’intention permettra, par exemple, au Québec de participer aux événements promus par les commissions du CdR. Il pourra plus facilement établir de nouvelles ententes avec les régions et villes d’Europe et échanger sur la transition énergétique et de l’économie verte, dans lesquels l’Europe est pleinement engagée.

Les 18 et 19 mars 2024, Mons, en Belgique, était justement ville hôtesse d’un SOMMET EUROPÉEN DES RÉGIONS ET DES VILLES.

Le Comité des régions regroupe 658 régions et villes européennes issues des 27 pays de l’UE, qui représentent un des plus intéressants marchés au monde avec plus de 448 millions d’habitants. 

Dans un contexte géopolitique tendu, l’UE cherche à établir de nouvelles collaborations avec des nations amies, pour mieux répondre à ses besoins énergétiques, industriels et commerciaux, analyse le communiqué émis le 18 mars 2024 par le cabinet de la ministre.

« Avec cette signature, le Comité européen des régions et le gouvernement du Québec réaffirment le rôle important joué par les collectivités locales et régionales en tant que piliers de nos démocraties et acteurs fondamentaux pour relever les défis qui, au-delà des frontières, affectent nos communautés. Si les deux signataires s’efforcent de travailler plus étroitement sur les questions environnementales et climatiques, l’engagement civique et la participation, je suis convaincu que cette relation aura des retombées significatives tant pour le Comité que pour le Québec, ses institutions et les citoyens qu’ils servent tous les deux », explique pour sa part M. Vasco Alves Cordeiro, président du Comité européen des régions.

La ministre Martine Biron et le président Vasco Alves Cordeiro.

Faits saillants 

  • Rappelons que le budget de l’UE pour la période de 2021-2027 est de 1 216 milliards d’euros.
  • La somme des économies des États membres de l’UE a représenté en 2022 un PIB de 15 905 milliards d’euros.
  • Le Comité européen des régions (CdR) est l’organe de consultation et de représentation des régions et des villes de l’Union européenne.
  • Le Québec pourra participer aux commissions du CdR et suivre les échanges, notamment sur les appels d’offres qui pourraient fortement intéresser les entreprises québécoises ainsi que sur les échanges entre les membres sur les enjeux environnementaux et climatiques, et les domaines culturel et éducatif.

La « mission diplomatique » du Québec en Israël que souhaitait David Levy se réalise

Le 3 août 2023, le gouvernement du Québec en a fait l’annonce.

DAVID LEVY SOUHAITE UNE MISSION DIPLOMATIQUE DU QUÉBEC EN ISRAËL…

était le titre de notre article d’origine du

À la fois consul général d’Israël en poste à Montréal et représentant permanent de son pays auprès de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) – elle y a son siège social – le diplomate de carrière David Levy a accepté de nous partager le bilan d’un peu plus de trois années comme résident de la métropole du Québec, à titre de membre du corps consulaire et diplomatique, ayant auparavant occupé des postes en Lettonie, en Corée du Sud et au Cameroun. Commerce Monde l’a rencontré le 29 juin 2021, dans un restaurant portugais de Montréal, à quelques semaines d’être rappelé et de rentrer en Israël avec son épouse et ses quatre enfants. Le directeur des affaires culturelles, Jonathan Burnham, ainsi que le directeur des affaires politiques et publiques et aussi représentant suppléant de la Délégation d’Israël auprès de l’OACI, Gabriel Boulianne Gobeil, ont également participé à cette interview.

Trois questions à David Levy

Question 1 : Votre mandat de trois années et demi à Montréal (2018-2021) ne sera pas le dernier de votre carrière diplomatique et n’aura pas été le premier, alors que pensez-vous qu’il aura été, pour vous et votre pays, si vous répondez là, le 29 juin 2021, mais également avec en tête ce que vous serez en 2030?

« Après l’Afrique, l’Europe et l’Asie, il s’agissait de mon premier poste en Amérique du Nord et pour la première fois sur un territoire avec une très grande communauté juive et très active. Montréal aura aussi été mon premier poste à titre de chef de mission. Alors, j’ai pu découvrir ici les liens qui existent entre la diaspora juive et l’État d’Israël. Toutes les universités israéliennes ont des liens avec des familles juives montréalaises, vous savez! Si avec les Québécois et les autres Canadiens mon rôle était ici d’aller vers eux, pour les Juifs de Montréal, c’était le contraire, ce sont eux qui venaient à ma rencontre », témoigne-t-il comme résumé d’une expérience humaine très enrichissante pour lui.

Tout comme le fait d’avoir été impressionné de constater « la similitude entre l’île que constitue le Québec en Amérique du Nord et l’île que constitue Israël au Moyen-Orient », en nous expliquant, à ce propos, comment les deux États ont su notamment s’aider en matière d’apprentissage de la langue auprès des nouveaux arrivants.

(…) « Le Canada est un allié important d’Israël. Plus particulièrement, la collaboration entre le Québec et Israël représente un potentiel immense. Durant mon séjour au Canada, nous avons eu l’occasion d’élargir notre relation dans les domaines de la culture et des affaires, ainsi que dans le monde académique et médiatique.

Même si Israël demeure inconnue pour bien des Québécois et que peu d’Israéliens connaissent le Québec, les Montréalais et les Québécois sont maintenant plus au fait de ce qu’Israël a à offrir, que ce soit des partenariats d’affaires, des collaborations en recherche scientifique ou des échanges culturels.

L’implantation d’une mission diplomatique du Québec en Israël consoliderait notre relation étroite et offrirait une superbe occasion d’élargir nos échanges, notamment dans le commerce, le tourisme, les études académiques et bien plus encore », a proposé un consul général qui, bien que sur son départ, affiche sans nuance la main tendue de son pays envers le Canada, et le Québec en particulier.

Question 2 : Considérant l’extrême importance de la gestion de l’eau dans votre pays, que pensez-vous du projet de canal Aqabamer morte? Comment évaluez-vous les chances de sa réalisation?

À cette question d’une importance économique et géopolitique fondamentale pour son pays, le consul général Levy a répondu avec l’enthousiasme d’une personne qui ne doute pas un instant de sa prochaine réalisation : « C’est un projet actuellement actif, avec notamment une contribution japonaise », nous a-t-il expliqué d’emblée, précisant au passage qu’Israël n’utilisera plus le charbon comme source énergétique d’ici deux à trois ans, et que la désalinisation de l’eau de mer s’y fait actuellement à partir du gaz naturel, une ressource, d’ailleurs, devenue de plus en plus nationale, suite aux récentes importantes découvertes en gaz off shore au large des côtes israéliennes ces dernières années.

Avant de nous préciser ensuite :

« Israël et la Jordanie ont une relation amicale depuis déjà plus de 25 ans. La stabilité et la prospérité de la Jordanie représentent un intérêt stratégique pour Israël. Nous explorons donc plusieurs avenues pour promouvoir la coopération entre nos deux pays voisins, ainsi que dans la région. En ce qui concerne l’eau, les ministres des Affaires étrangères de nos deux pays, Yair Lapid (Israël) et Ayman Safadi (Jordanie) ont récemment eu une rencontre lors de laquelle ils ont conclu qu’Israël vendrait à la Jordanie 50 millions de mètres cubes d’eau potable cette année.

D’autres projets sont présentement en développement afin d’encourager la collaboration et la stabilité dans la région, ce qui inclut notamment le Canal de la mer Morte qui reliera la mer Morte à la mer Rouge, où se trouve la ville jordanienne d’Aqaba. »

Jeux Maccabiah

À deux jours de la cérémonie d’ouverture des JO de Tokyo 2020(2021) il est plus qu’à propos de rappeler le plaisir d’un David Levy de nous signifier que depuis presque un siècle – la première édition se déroula en 1932, alors que la dernière fut celle de 2017 – les Jeux Maccabiah constituent « le 3e plus grand évènement sportif au monde » (le seconde étant le Mundial de soccer); ces jeux impliquant quelque 10 000 participants.

Question 3 : Pourquoi le Gouvernement du Québec devrait-il continuer ou renouveler l’entente triennale de coopération scientifique qui avait été conclue par le premier ministre Philippe Couillard et sa ministre, Dominique Anglade, lors de leur visite officielle en Israël, et dont la troisième et dernière cohorte vient de prendre fin?

« Montréal et Israël sont tous deux considérés comme des pôles d’innovation de premier plan. Chacun possède d’excellentes universités et des communautés de recherche de renommées internationales. Il est donc naturel pour le gouvernement du Québec, notamment le ministère de l’Économie et de l’Innovation, et l’État d’Israël, notamment l’Autorité d’innovation d’Israël, de renouveler leur soutien aux entreprises en démarrage des deux pays souhaitant collaborer et développer ensemble de nouveaux produits et technologies novateurs et révolutionnaires.

Si nous avons appris quelque chose de la pandémie et de la menace que posent les changements climatiques, c’est que nous ne pouvons pas supposer que ce qui a fonctionné dans le passé fonctionnera dans le futur ou qu’il y aura un retour à la normale que nous connaissions avec la pandémie. La direction dans laquelle nous nous dirigeons tous dans l’ère post-COVID en est une qui sera caractérisée par encore plus d’interdépendance et de connectivité en ligne. Notre façon de consommer l’éducation, le divertissement, les services de santé et financiers change sous nos yeux.

Il s’agit donc d’un défi, mais également une occasion pour les esprits les plus brillants de créer des technologies disruptives. Malgré les risques inhérents à la R&D, les investissements publics dans l’innovation et la R&D sont le moyen le plus gratifiant à long terme de créer des emplois et de la richesse, de retenir notre talent et d’attirer des investissements directs étrangers. Le retour sur investissement dans la R&D conjointe est de loin supérieur à tout risque auquel nous pourrions faire face en cours de route.

Le renouvellement de l’entente triennale de coopération scientifique entre le Québec et l’Israël représenterait un tel incitatif.

Israël et le Québec ont déjà des accords universitaires et scientifiques et, en 2018, le Canada et Israël ont signé le nouvel Accord de libre-échange Canada-Israël (ALÉCI), qui offre une infrastructure juridique nous permettant de tirer profit de nos talents. Nous devons maintenant créer des incitatifs favorisant l’innovation ayant des applications commerciales. Le renouvellement de l’entente triennale de coopération scientifique entre le Québec et l’Israël représenterait un tel incitatif.

(Crédit photo: courtoisie du consulat général. VIGNETTE de cette photo:  C’est en avril 2018 que le consul général David Levy signa le Livre d’Or de la Ville de Montréal, trois mois après son arrivée et lors de sa première rencontre avec Valérie Plante, la mairesse de la métropole économique du Québec.)

Lecture complémentaire suggérée:
Un réseau de fibres optiques pourrait relier Israël et l’Arabie Saoudite (siecledigital.fr)

http://embassies.gov.il/montreal

QUI VEUT MIEUX HABILLER SOUS LES GLACES TOUS LES MARIO CYR DE CE MONDE?

Si nécessité est mère d’inventions, l’histoire qui est partagée ici l’illustre dans le pointu du détail qui peut faire la différence entre une mission réussie ou l’échec. Voire, permettre le sauvetage d’une vie humaine ! Mis devant l’opportunité de relever un défi concret exposé par un plongeur de la Marine royale canadienne, un ingénieur-chercheur-entrepreneur québécois se lança, confiant, pour trouver une solution au problème de la compression de la combinaison qui neutralisait l’isolant.

« Je savais que même le néoprène, doté de bulles d’air ou de gaz, s’écrase de 7 à 4 millimètres à seulement 15 mètres sous l’eau », nous explique-t-il, selon un témoignage qu’il a obtenu d’un habitué du domaine.

En clair, lui-même expert de la lutte contre le froid, il décida de s’investir dans la quête d’une solution pour les plongeurs devant affronter des eaux froides extrêmes et ayant besoin d’un équipement plus performant. Rompu au domaine du vêtement spécialisé au fil de plus de deux décennies en entreprise à titre de chef de la R&D, et ayant aussi roulé sa bosse à travers d’autres cheminements d’entrepreneurs similaires, décider de relever ce défi lui semblait réaliste. Mais on ne fabrique pas un vêtement pour des eaux très froides, un équipement de plongée sous-marine dédié aux mers arctiques; un vêtement, donc, dédié à l’enjeu de la protection marine et à celui contre l’hypothermie, comme une grand-mère tricote, de tradition, ses pantoufles en chaude laine vierge, en cadeau, à Noël, pour ses petits-enfants.

RÉGLER LE PROBLÈME DE L’EFFET DE COMPRESSION SOUS L’EAU

La nature est ainsi faite : des lois de la physique imposant que les combinaisons de plongée se compriment, sous la pression d’eau, réduisant l’efficacité de l’isolant. Sous l’angle particulier d’un plongeur, ceci a pour conséquence directe de limiter son temps sous l’eau à cause du froid, voire de rendre une mission impossible à cause des facteurs combinés profondeur et température de l’eau. Cette protection contre le froid dans une combinaison étanche, c’est généralement par un vêtement de polar qu’elle est obtenue. Mais ledit polar reste un matériau compressible. Une matière qui, malheureusement, sous l’effet de la pression de l’eau, voit la couche censée procurer un effet isolant s’affaisser, en réduisant d’autant la protection pour le plongeur.

On l’aura donc compris, jusqu’à maintenant, la protection contre le froid sous la pression de l’eau, jusqu’à 100 mètres, demeurait très limitée par les produits courants à cause de cette fameuse pression. On sait par exemple qu’à pression atmosphérique, un isolant perd facilement 70% de son efficacité à seulement 20 mètres de profondeur d’eau. On sait, également, qu’afin que la perte thermique soit négligeable, lors d’une plongée classique, (environ 1 heure) il faudrait toujours que l’eau soit à une température supérieure à 32°C parce que le corps humain demeure un organisme homéotherme. C’est-à-dire que sa température corporelle naturelle reste quasi constante, à une température interne de 36,5 à 37,5 degré. Il faut le rappeler : les humains ne sont pas faits pour être dans l’eau. Le corps y perd à son contact énormément plus de chaleur que lorsqu’il se trouve à l’air libre et à la même température. Une eau froide agitée devenant d’autant plus préoccupante, alors que pour ne pas s’y noyer un nageur bouge et qu’ainsi il perd encore plus de chaleur. La plongée dite « en eau froide » est d’ailleurs considérée telle dès lors que les fonds atteignent une température inférieure à 10°C.

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Notre journaliste a pu essayer le prototype de la veste.

C’est en mettant au point le principe NAUTISNAUtical Thermal Insulation System – se voulant similaire aux vestes de duvet, dans lesquelles on retrouve des rangées de tubes textiles qui sont là remplis dudit duvet, que l’innovation a pris forme. À la différence que NAUTIS remplit les cavités non plus avec du duvet : le principe, c’est ici d’y introduire ingénieusement des microsphères de verre, dont la résistante à la pression atteint 250 psi. Des microsphères, vides à l’intérieur, qui offrent non seulement un coefficient de protection thermique élevé, mais qui en plus ajoutent l’avantage de la légèreté avec une densité inférieure à 0,2 et dont le mouvement libre à l’intérieur des tubes textiles procure une impressionnante isolation thermique.

Notre inventeur ne s’arrêta pas en si bon chemin ! Un confectionneur de vêtement de protection de la ville de Québec put ensuite développer une veste isolante du type NAUTIS, à porter sous le Dry Suit, permettant au concepteur de débuter la validation en situation concrète de l’invention. Les tests d’isolation faits pour mesurer le clo (clothes en anglais : 1 clo = 0,155 m2 K W-1 ; c’est l’unité d’isolation thermique qu’utilise l’industrie du vêtement) à partir d’une comparaison entre NAUTIS (600g/m2) et deux épaisseurs de Polarfleece (totalisant 754g/m2) démontrent que si sans pression le polar et NAUTIS offrent une protection thermique similaire, dès lors que vous appliquerez une pression de seulement 0,02 psi sur les échantillons, votre polar perdra 10% de sa capacité isolante, alors que NAUTIS en gagne, lui, 10% !

Première notion d’isolation :
l’isolation est ce qui permet à une personne au repos de maintenir l’équilibre thermique de son corps dans une atmosphère à 21 °C (70 °F) ; au-dessus, la personne transpire et en-dessous elle ressent le froid.
(Source : Wikipédia)

« La hausse de l’isolation avec NAUTIS s’explique par la jonction entre les tubes qui s’aplanissent empêchant la déperdition de chaleur au joint des tubes », explique le concepteur, tout à son aise de détailler sa technologie, alors qu’un brevet a déjà été déposé au Canada.

TESTER JUSQU’À 59 MÈTRES… ET PLUS !

Aux portes de l’étape de la commercialisation, la technologie ici en question a donc traversé l’étape de la mise au point et a été qualifiée par des essais et des démonstrations. Si les conditions de test avec la machine ont empêché d’ajouter des fortes pressions comme à 25 m de profond (50 psi), en appliquant une pression de seulement 4,5 psi sur le polar on induit une réduction de l’épaisseur de 75% qui réduira le facteur CLO de plus de 50%. Comme NAUTIS, lui, maintient son épaisseur, donc son facteur isolant initial, même à des pressions de 100 psi – on parle ici d’une profondeur de 59 mètres ! – le facteur isolant initial protègera avec assurance toute personne à la manœuvre dans un enfer de froidure. On vous demande de pousser la machine encore plus ? Une fois remonté à la surface, vous irez lever votre verre au judicieux choix du verre dans votre équipement expert : les microsphères résistant jusqu’à 250 psi, grâce à la combinaison des microsphères de verre et du principe tubulaire – tel qu’on le retrouve traditionnellement dans un vêtement de duvet – la veste NAUTIS procure des propriétés isolantes soutenues même sous une pression d’une plongée à 100 m.

Sous la pression d’eau, les isolants conventionnels perdent plus de 75% de leur efficacité. Mais l’innovation ici proposée maintient à 100% l’isolation originale. Notamment parce que chaque microbulle du principe NAUTIS assure une conductivité thermique de 0,047 W/m, c’est-à-dire un facteur isolant comparable aux meilleurs isolants synthétiques.

L’avantage clé de l’innovation est donc, incontestablement, sa valeur de non compressibilité, constituant une réponse à une lacune universelle des isolants conventionnels pour vêtements.

Dans l’industrie courante, les isolants portés sous un Dry Suit sont habituellement conçus pour un environnement atmosphérique aérien (pression  de 1 atmosphère). Ici, pour la première fois, le plongeur en eaux froides accède à un isolant développé expressément pour des conditions de plusieurs atmosphères.

PROCHAINE ÉTAPE : VALIDER LE MARCHÉ ET TROUVER UN PARTENAIRE

Si n’importe qui peut s’acheter, depuis longtemps, une combinaison de plongée en eaux froides, sur Amazone, pour moins de 100$, il est question ici d’une clientèle beaucoup plus restreinte. Raison pour laquelle notre inventeur recherche des partenaires pour les prochaines étapes de la route de la commercialisation.

Pour produire avec du volume, une méthode industrielle d’introduction des microbilles dans les tubes de la doublure reste à être mise au point. Le procédé implique de travailler avec une cagoule, avec apport d’air, sous une hotte ventilée. La méthode en mode manuelle est cependant déjà développée.

« Nous ne sommes pas encore passés à l’étape d’industrialiser la méthode. Nous attendons de voir l’intérêt du marché d’abord », ajoute-t-il en précisant que bien que l’industrie du vêtement de plongée en eaux froides apparaisse en haut de sa liste, plusieurs autres secteurs économiques pourraient profiter de cette innovation : les matériaux nouveaux et améliorés, la plasturgie, les matériaux composites, ainsi que l’ensemble du monde de l’océanographie.

Non, l’humanité ne sauvera pas l’Arctique, ni l’Antarctique, sans être bien habillée! Ni les touristes aventureux amateurs de safari polaire (ces temps-ci en Antarctique ou en Islande, aussi en Sibérie ou encore en Colombie-Britannique, voire autour de Terre-Neuve et Labrador – encore au Canada – et jusqu’au Groenland aussi). Une clientèle ici déjà considérable, alors que sur son site web, le seul opérateur Abyssworld fait mention que « plus de 2 000 plongeurs » lui font confiance chaque année https://www.abyssworld.com/fr/univers-abyss/). On pense encore à des travailleurs de la mer en contexte périlleux en Mer du Nord, ou à des chercheurs universitaires en expédition sur un navire tel que l’ex brise-glace canadien dédié dorénavant à la science, l’Amundsen, confrontés à des situations imprévues extrêmes, etc.

Tous rêvent déjà de toujours se trouver le mieux habillé possible, protégé, en sécurité.

Vous souhaitez joindre l’équipe qui ira plus loin avec le principe NAUTIS ? Cliquez ici !

(Crédit des deux photos : gracieuseté du chercheur.)

COP26 (3 DE 3): De Glasgow à Dakar… 2022 l’année de l’eau ?

(04-01-2022) Avec le recul du temps, et à l’heure des bilans de fin d’année, impossible d’oublier la dorénavant grand-messe du climat, voire celle des enjeux Économie-Éthique-Écologie, alors que la COP26 tenue à Glasgow, en Écosse, aura gardé le monde entier en haleine pendant deux semaines complètes du 31 octobre au 13 novembre 2021. Mais au bilan de 2021, la place à donner à cet événement change dès que vous prenez une perspective incluant le temps en avant, à advenir. Du 21 au 26 mars 2022, dans sa capitale Dakar, c’est le Sénégal en entier qui accueillera le 9e Forum mondial de l’eau. Un autre des grands rendez-vous de la gouvernance mondiale, en ce cas triennal, qui fut lui aussi reporté d’un an pour cause pandémique. Puis c’est un autre pays d’Afrique, l’Égypte, qui accueillera la COP27 (7-18 nov.) pour faire une nouvelle mise au point du processus de lutte au dérèglement du climat. Sénégal, Égypte… deux pays déjà parmi les très assoiffés du monde. De la COP de Glasgow, au forum de Dakar… jusqu’à la COP de Charm el-Cheikh, se pourrait-il que 2022 s’impose comme une charnière année de l’eau ? Analyse.

VOIR GLASGOW DE HAUT

Les attentes étaient énormes. Quelque 39 500 personnes y composaient la liste officielle des participants, dont 2 800 médias représentés par quelque 3 800 journalistes accrédités. Ce rendez-vous de Glasgow s’invitait « historique » : six ans après l’Accord de Paris sur le climat obtenu à l’arraché en 2015 lors de la COP21 ; presqu’autant d’années de sable dans l’engrenage du retrait-retour (effet Trump/effet Biden) des USA au processus ; puis l’année supplémentaire perdue pour raison pandémique (le rendez-vous qu’avait donné le gouvernement de l’Italie pour 2020 y est malheureusement passé). Oui, une pression énorme s’exerçait sur les diplomates, les gens du politique et tous les politiciens à l’échelle de la planète pour ENFIN s’entendre sur une mise en oeuvre, un effectif passage à l’action. Les objectifs convenus à Paris, en 2015 – faits accord international signé en 2016 – c’était bien… Cette à la fois subtile et costaude cible du 1,5 °C : encore faut-il organiser son atteinte. Car le temps commence à manquer.

Article 2 de l’Accord de Paris (2015)
1. Le présent Accord (…) vise à renforcer la riposte mondiale à la menace (…) dans le contexte du développement durable et de la lutte
contre la pauvreté, notamment en:
a. Contenant l’élévation de la température (…) nettement en dessous de 2 °C (…) et en poursuivant l’action menée pour limiter l’élévation de la température à 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels, étant entendu que cela réduirait sensiblement les risques et les effets des changements climatiques;

De plus en plus d’indicateurs clignotent en rouge foncé.

Les ONG et ONGI sont à bout (quelque 12 000 personnes en représentaient près de 1 800 à Glasgow). La militante Greta Thunberg n’est que la pointe au sommet de l’iceberg des efforts de militantismes en la matière. Les scientifiques aussi : ils se mutent de plus en plus en acteur dramatique/metteur en scène de films-vidéos-documentaires chocs… Eux aussi, de Youtube à Tik Tok, ne sachant plus comment au mieux passer leurs messages. Ce qui devient de plus en plus préoccupant en soi. D’ailleurs, l’avant dernier point de presse pour lequel le cyberjournal COMMERCE MONDE a eu son journaliste sur place, vers la fin de ce qui devait être la dernière journée de la COP26, à 15h15 le vendredi 12 novembre, était organisé par le collectif Scientists Warning Europe. Il fallait voir son porte parole, Ed Gemmell, avocat, Managing Director du groupe, qui au final des présentations du trio au micro se mis debout, se crispa, puis explosa d’une impressionnante charge de paroles et d’émotions ne voulant rien cacher de l’exaspération de beaucoup de scientifiques envers le monde politique.

Victoria Hurth, Ed Gemmell et Paul Behrens au Durdell Press Conference Room, 12 nov. 2021 (15h15-15h55) « We need plan, now to what to do next year, and the year after… 2040 is totally ridiculous! » ont-ils notamment exposé.
MALAISE GRANDISSANT
Le malaise grandissant entre beaucoup de scientifiques et le monde politique fut un échos que nous avons aussi entendu en participant aux activités du Pavillon sur la cryosphère : l’idée de créer une « Section science/Science Corner » lors de la COP27, en 2022, afin de contrebalancer le lobby du « fossile noir » et pouvoir mieux faire entendre celui du « fossile bleu » y fut avancée par cette communauté de scientifiques spécialistes des glaciers, de l’écologie de l’Arctique et de l’Antarctique.

Les médias eux médiatisent, parfois en amplificateurs imparfaits transformant tout de même les populations en masses anxieuses. Avec résultat que le citoyen est en alerte, et en attente : il faut faire quelque chose ! Du même pas allant vite à l’interrogation suivante : nos dirigeants font-ils ce qu’il faut faire ?

Il y aurait pu ne pas y avoir de consensus final. Glasgow en a livré un !

Les premiers dirigeants de la Chine et de la Russie se sont exemptés du déplacement et de la joute des rencontres en tête à tête, mais leurs délégations y étaient bien actives. La lourde machine onusienne a travaillé et elle a fonctionné : l’opération reste une victoire du multilatéralisme, même si l’Inde y a pris un mauvais rôle avec son amendement de dernière minute. Ce pays a quand même joué le jeu, plutôt que de l’ignorer. Il faut écouter les plus de quatre heures de la séance de clôture finale du samedi 13 novembre. Entendre plusieurs délégués parmi les pays qui ne sont pas des grandes puissances tenir à exercer leur droit de parole pour dire qu’ils ne briseront pas, ici, l’opportunité du consensus, tout en faisant bien comprendre qu’ils ravalent, cette fois, et qu’ils sauront s’en souvenir, lors de la prochaine ronde de négociation. Et cela c’est là, déjà maintenant, puis beaucoup encore en Égypte en novembre 2022. Mais aussi bien avant, car les COPConference Of the Parties – sont un processus, une partie d’un processus. Chacune de ces grandes conférences n’est que le moment le plus médiatiquement immergé d’une machine diplomatique perpétuelle, alimentée de négociations continuelles.

Deux exemples parmi plusieurs :

– en attente imminente du Groupe-2 du GIEC

À Glasgow le principal et plus récent document pertinent du GIEC disponible était celui du Groupe-1. Les prochains rapports du Groupe-2 et du Groupe-3 n’arriveront qu’en cours de 2022 (en février pour l’un, en novembre pour l’autre). Ce sont ceux-là qui feront l’objet des plus grandes attentions à la COP27 égyptienne. C’est là que les leaders politiques trouveront leurs matières à faire de la cohérence pour l’ensemble du long chemin encore à parcourir. Ils auraient même pu prétexter officiellement de ce délai – plusieurs l’ont vraisemblablement fait aux tables des négociations en huit clos – bref, attendre ces importants rapports d’étapes à venir pour en faire encore moins. Ils auraient pu ne pas s’entendre du tout.

Il ne faut jamais oublier que le GIEC est une immense machine, notamment répartie en trois groupes de travail : le premier évalue les éléments scientifiques des changements climatiques, alors que le deuxième s’occupe des conséquences, de la vulnérabilité aux changements et de l’adaptation à ceux-ci, et que le troisième évalue les mesures d’atténuation. Si tout l’enjeu des « pertes et dommages », c’est-à-dire toute la question des dégâts irréversibles, actuels et en devenir, que cause et causera le dérèglement climatique (inflation de sécheresses, d’inondations, d’ouragans, etc.) semble avoir été balayée sous le tapis en Écosse, les promesses faites il y a 12 ans de mobiliser 100 milliards $US par année pour aider les pays les plus démunis à s’adapter aux bouleversements du climat restent de mise. Le fruit n’était tout simplement pas à maturité lors de la COP26.

– un énième rapport de la FAO

Un substantiel nouveau rapport de l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) a été publié début décembre, et donc à peine un demi mois après la COP26 de Glasgow. « Des systèmes au bord de la rupture », c’est le titre du rapport, exposant la nécessité d’agir « en urgence » pour appliquer des solutions durables face à une exploitation des ressources « poussées à la limite de leurs capacités de production ». S’alarmant déjà de graves problèmes de subsistance alimentaire mondialement, les travaux des experts de cette agence onusienne rajoutent à l’intense fatigue pandémique actuelle, doublée d’une anxiété climatique croissante, voire bientôt chronique dans les populations. Un tout qui complexifie la donne, mais la FAO le fait tout de même, au risque d’avoir momentanément l’apparence d’un cri dans le désert.

Alors qu’ils sont nombreux à dénoncer les trop petits pas accomplis, que plusieurs accusent la COP26 de Glasgow d’avoir fait trop de surplace, il faut toujours garder en tête qu’il s’agit d’un processus. C’est l’action sur la décennie en cours qui sauvera la mise pour l’Humanité, pas un seul événement annuel.

« Oui, il y a urgence climatique, mais il faut voir ça comme une course à obstacle, un pas à la fois (….) » nous disait l’ingénieur et homme d’affaires québécois Pierre Langlois, dans un de nos articles récents.

« L’essentielle coordination gouvernements-entreprises-instances internationales fait encore très largement défaut », avançait dans son analyse l’éditorialiste Guy Taillefer (Le Devoir, 28 décembre 2021). À la porte du concept, pourquoi ne pas parler franchement de ce dont il faut dorénavant débattre, soit des gouvernances mondiales à améliorer ou à mettre en place ? Il ne faut plus avoir peur des mots; les grands maux sont tous là! Gouvernance pour le climat, pour la paix mondiale, pour tellement de défis…, dont certainement celui de la gouvernance mondiale de l’eau.

L’OBLIGATOIRE LIEN CLIMAT-EAU

Notre première stupéfaction en débutant notre couverture journalistique sur place dans l’immense section des pavillons de la COP26 fut de s’y faire expliquer que la présence du Water Pavilion y était une première. Ils durent même s’y mettre à presque quarante partenaires pour le concrétiser.

Robbert Moree, diplomate des Pays-Bas (important pays contributeur financier dudit pavillon) avec Hasmik Barseghyan, présidente du Parlement Européen de la Jeunesse pour l’Eau et qui représentait aussi son pays, l’Arménie, ainsi que le Secrétariat international de l’eau, une ONGI basée à Montréal, au Canada, devant le Pavillon de l’eau à la COP26 de Glasgow, le 12 nov. 2021.

Il faut dire que les pavillons thématiques y sont une chose toute récente. Se revendiquant premier du genre, sorte de lègue de la COP25 de 2019 voulu par le Chili « qui souhaitait que l’on continue de parler des glaciers », nous a expliqué la docteur en glaciologie Heïdi Christiane Sevestre à nouveau membre de l’équipe sur place, un Pavillon sur la cryosphère avait pu être concrétisé à Madrid, et elle en était aussi. Ce Cryospher Pavilion vivait donc une seconde expérience à Glasgow, encore ici avec des fonds du Chili. Mais aussi, en bonne partie, « beaucoup grâce au financement du gouvernement fédéral suisse », nous a confirmé son représentant sur place, Grégoire Hauser, géographe, conseiller scientifique au Département des Affaires étrangères de la Confédération suisse.

On voit là deux exemples qui témoignent du fait que l’enjeu climat devient de moins en moins pris en compte qu’en vase clos (peut-être il l’était trop?) voire en silo. Il faut voir là une des bonnes nouvelles à rapporter de cette COP26.

Le piège des silos, exactement ce dont a parlé le ministre canadien de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, alors qu’il répondait à notre question à propos de la gouvernance de l’eau dans une perspective mondiale, lors de la conférence de presse qu’il a accordée le vendredi 12 novembre à 16h00. Il avait déjà expliqué qu’il en était, lui personnellement, à sa 19ièm COP sur le climat. Qu’il était même à la 1ère à Berlin en 1995, puis là pour la première fois participant comme ministre et élu représentant un gouvernement: « Il faut comprendre que pendant longtemps, le processus de négociation, ici, a évolué en silo (…) » a dit le ministre, en faisant ensuite entendre que maintenant les choses évoluent pour le mieux, notamment avec les actions du Canada, alors que nous lui demandions pourquoi l’eau semblait un sujet tabou, à Glasgow.

« En route vers le – 0,5 °C lors de la COP27 en Égypte, pour remplacer l’Accord de Paris, et tendre vers le zéro le plus vite possible ? N’est-ce pas ce que j’ai entendu ici ? Ce que vous dites, vous, les scientifiques ? »
Georg Kaser,
professeur autrichien d’Innsbruck tout juste retraité de quelques mois et qui résumait les pensées de plusieurs à la conférence de clôture du Cryosphere Pavilion (12 nov. 2021).

Le ministre Steven Guilbeault savait-il déjà, à Glasgow, que le discours du Trône lu une dizaine de jours plus tard, le 23 novembre, à Ottawa par la gouverneur générale du Canada mentionnerait la création d’une Agence canadienne de l’eau ? Une initiative dont le financement veut notamment soutenir la science et la recherche internationales sur l’eau douce en encourageant les efforts de coopération internationale, y compris ceux avec les Grands Lacs africains

Le regard des experts du climat de l’ONU (GIEC) a déjà partagé au monde qu’il s’exposait, avec la donne démographique prévisible, à un déficit en eau de 40% avant la fin de la présente décennie, soit d’ici 2030. Alors que selon la FAO le niveau de production alimentaire devra augmenter de 50% d’ici 2050 pour combler la demande mondiale. N’oubliant jamais que l’agriculture est de loin la plus grande consommatrice d’eau douce de la planète, y a-t-il ici un problème inextricable, alors que fatigue des sols, disparition des surfaces cultivables pour cause d’urbanisation et augmentation des incertitudes climatiques ajoutent à l’équation ?

« Les changements climatiques diminuant la capacité d’accueil mondiale, des guerres d’agression pourront se produire à propos de la nourriture, de l’eau et de l’énergie. Les nombreux décès engendrés par la guerre, la famine et la maladie réduiront la taille de la population totale. Ce qui, avec le temps, équilibrera le nombre de personnes sur Terre avec la capacité d’accueil de la planète. » Cet extrait d’un rapport secret du Pentagone sur le climat de… 2004 que rapporte Ugo Gilbert Tremblay, dans le no. 84 de la revue québécoise L’Inconvénient du printemps 2021 donne froid dans le dos.

Quel monde voulons-nous bâtir demain, puis ensuite et pour qui? Au final, le premier obstacle risque donc d’être encore le défi d’éveiller l’ignorance du citoyen qui vote. En plus de redonner de l’espoir à ces jeunes qui disent déjà : « Madame, il est maintenant rendu trop tard. » Allez relire ce troublant témoignage de la professeure de science politique au Collège Lionel-Groulx, une Judith Trudeau (Libre opinion, Le Devoir, 2 déc. 2021) qui appelle littéralement à l’aide.

Si l’eau c’est la vie, que l’enjeu climat menace aussi, des suites de la COP de Glasgow en passant par le 9th World Water Forum de Dakar de mars, jusqu’à la suivante COP du climat en Égypte de novembre, il se pourrait bien que 2022 s’invite comme une charnière année pour l’eau.

(Crédit des photos: Daniel Allard)

Lire nos autres articles sur la COP26.



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De LA COP 26 à SOFIAC: le projet d’EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE D’Aéroports de Montréal pave des pistes d’optimisme

Pierre Langlois avait sa place, parmi la délégation officielle du premier ministre du Québec à la COP 26, pour les quelques jours qu’y a consacrés François Legault directement sur le terrain à Glasgow et à Édimbourg, début novembre 2021. M. Langlois, ingénieur et président d’Econoler, n’est finalement pas allé à la COP 26.

« J’étais à Madrid en 2019, à Paris en 2015, en Pologne… » Bref, cet homme d’affaires de Québec, aguerri, ne les compte plus. Dans la longue visio-interview qu’il nous a accordé le 24 novembre, évaluant qu’il avait déjà 6-7 éditions de la conférence des parties de la Convention de l’ONU sur le climat (UNFCCC) à son actif, il n’a pas hésité à nous expliquer que pour la COP 26, il avait finalement décidé de passer son tour.

Et qu’en retient-il d’important, car il l’a tout de même suivie cette COP 26 ?

« Oui, il y a urgence climatique, mais il faut voir ça comme une course à obstacle, un pas à la fois. Glasgow, ce n’est pas un échec, mais pas un succès non plus : ça avance à petits pas », analyse-t-il. Pour lui, c’est « business as usual » et il image le processus des COP climatiques comme un « gros éléphant, qui avance lentement ».

Pierre Langlois avait surtout hâte de nous parler de la Société de financement et d’accompagnement en performance énergétique, la SOFIAC, lancée à l’automne de 2020. Notamment, que l’organisme vient de franchir une étape importante avec la nouvelle annoncée le 29 novembre 2021 impliquant son partenariat avec ADM Aéroports de Montréal dans le développement d’un projet d’envergure.

SOFIAC, Canada
« The Société de financement et d’accompagnement en performance énergétique (SOFIAC) was launched in the fall of 2020 as the first Super ESCO in Canada and likely one of the first in North America. »

« Dans ce domaine-là, on ne travaille pas beaucoup au Canada, mais plutôt dans des pays comme l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni et les États-Unis avec lesquels, pour le secteur privé, c’est plus facile de monter et financer de tels projets et où les besoins en financements adaptés sont déjà avancés », explique un Pierre Langlois ayant quelque quatre décennies d’expérience. Il voit évidemment la nouvelle initiative au Québec d’un très bon oeil: « Avec la SOFIAC, on travaille directement en innovation financière, en éliminant les barrières à la mise en application de mesures en efficacité énergétique ».

C’est lors de la COP 25 à Madrid en 2019 que l’initiative de la SOFIAC fut publiquement annoncée pour la première fois. Pierre Langlois est le 5e à droite, en compagnie du ministre québécois responsable de l’environnement, Benoit Charette à droite, avec aussi Stéphane Morency et l’ancien pdg Léopold Beaulieu de Fondaction, et Johanne Gélinas de Transition Énergétique Québec (crédit photo: Econoler).

UNE PREMIÈRE « SUPER ESE » POUR LE CANADA

La SOFIAC avait d’ailleurs tout récemment annoncé par communiqué, le 11 novembre 2021, les détails du premier projet de son histoire, avec le Collège Jean de la Mennais. Un établissement d’enseignement situé à La Prairie, au Québec, avec lequel on vise la mise en chantier d’infrastructures écoénergétiques modernes au printemps 2022, ici sous la gouverne du partenaire et initiateur du projet, C-Nergie, une entreprise de Sainte-Julie.

Mais avec l’ensemble des infrastructures aéroportuaires des sites de YUL Aéroport international Montréal-Trudeau et de YMX Aérocité internationale de Mirabel, on passe à un tout autre niveau : « Bien que l’aérogare à YUL soit celle qui émet le moins de GES en comparaison avec celles des autres grands aéroports canadiens, nous croyons fermement que l’approche innovante de la SOFIAC nous permettra de réduire davantage ses émissions », indiquait par communiqué Philippe Rainville, qui est le pdg d’ADM Aéroports de Montréal.

La SOFIAC lance là « son premier projet d’envergure » avec la phase d’approvisionnement d’une initiative d’investissement « patiente et structurante ». L’idée forte étant, ici, que le projet sera exclusivement remboursé par une portion des économies d’énergie générées au cours des 15 prochaines années. Alors que la construction du projet s’étalera « sur environ 2 ans » en créant des retombées économiques locales de « quelques dizaines de millions de dollars ».

Efficacité énergétique, réduction des émissions de GES, décarbonation, implantation de solutions énergétiques innovantes, réduction importante de la consommation et des coûts d’énergie sont au cœur de ce projet. Pour lequel le mécanisme d’intermédiation de la SOFIAC élimine l’ensemble des barrières à la mise en œuvre des éléments en efficacité énergétique structurants. Réussissant ainsi à rallier les besoins du client aux forces vives du marché de l’efficacité énergétique : entrepreneurs, équipementiers et consultants. Rendant donc possible immédiatement, des actions qui n’étaient pas évidentes autrement.

« La SOFIAC, c’est une première Super-ESE pour le Canada », se réjouit Pierre Langlois. Mais si les acteurs québécois de cette initiative peuvent bomber le torse, ils ne viennent pas d’inventer le concept. Appuyés sur l’expertise et le savoir que développe Econoler depuis 40 ans, ils créent maintenant une nouvelle force d’action inédite en Amérique.

L’approche dite « innovante » de la SOFIAC en termes de financement et d’intermédiation dans le marché s’inspire du concept du contrat de performance (CPE) utilisé par les entreprises de services d’éco-énergie (ESE), en anglais dites Energy Service Compagny (ESCO), qu’Econoler affiche elle-même en guise d’étude de cas avec un client qu’elle accompagna, au début des années 2010, au Moyen-Orient (voir encadré).


Etihad ESCO Dubai, the United Arab Emirates Etihad ESCO2 is an official Super ESCO established in 2013 as an initiative by the Dubai Electricity and Water Authority (DEWA) under the leadership of the Dubai Supreme Council of Energy to help foster an EPC market in Dubai so that building owners can improve efficiency projects (EE) in their buildings.
https://etihadesco.ae/

Super ESCO concept was developed in the 1990s as a potential solution to address not only the limitations of the Energy Performance Contracting (EPC) scheme, but also the Energy Service Company (ESCO) sector’s lack of capacity, willingness, or interest to get involved in project financing.

Dans le cas des aéroports montréalais, ADM s’est engagée dans une démarche visant l’atteinte d’objectifs précis de durabilité, incluant notamment l’amélioration de l’efficacité énergétique, la réduction significative des émissions de gaz à effet de serre, la réduction de la consommation en eau et l’atteinte de l’objectif ultime zéro déchet.

QUAND C’EST PLUS FACILE D’ACHETER… QUE D’ÉCONOMISER!

Tout ça émane donc du constat qu’il est souvent plus facile pour des entreprises d’acheter de l’énergie que d’en sauver… Au Québec, pour un chef d’entreprise : « Si mes besoins énergétiques augmentent, je passe un coup de fil à Hydro-Québec ou à Énergir, puis le tour est joué. Je n’ai qu’à payer pour ce que je consomme. En revanche, combler ces mêmes besoins en réduisant ma consommation énergétique est beaucoup plus complexe. Je dois financer des technologies, un savoir-faire ainsi qu’une capacité de gestion interne, ce qui ne génère pas souvent un rendement de l’investissement à court ou à moyen terme », explique encore Pierre Langlois. Le résultat étant une évidence : au Canada, et particulièrement au Québec qui demeure un royaume de l’hydro-électricité abordable, il n’y a pas assez d’entreprises qui empruntent cette voie, alors qu’elle demeure vitale au nécessaire processus de transition énergétique et de décarbonisation du fonctionnement de nos sociétés.

La SOFIAC a été officiellement lancée en janvier 2021 à l’initiative d’Econoler et de Fondaction, avec l’appui du ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles du Québec (MERN) et mise sur pied par une filiale commune Écofonds, fruit de plus de deux années de codéveloppement.

Pour Pierre Langlois, c’est une solution complète pour économiser sans dépenser : « Partenaire de la mise en œuvre de la croissance verte des entreprises et la reprise de notre économie, la SOFIAC est un guichet unique qui propose une solution complète qui optimise la performance énergétique sans investissement de la part des bénéficiaires, et ce, pendant que l’entreprise utilise ses ressources techniques et financières pour développer son projet d’affaires. »

Parce que l’énergie la moins coûteuse, c’est celle qu’on ne consomme pas, les firmes expertes impliquées mettront en œuvre des plans de mesurage et vérification des économies (M&V) approuvés par l’ensemble des parties, en s’appuyant sur le Protocole International de Mesure et de Vérification de la Performance énergétique (IPMVP) de projets en efficacité énergétique, protocole le plus connu et utilisé au monde et développé par l’Efficiency Valuation Organisation (EVO).

200 MILLIONS DE $ SUR LA TABLE

À quelques jours de la COP 26 en Écosse, par communiqué de presse du 28 octobre 2021, la Société de financement et d’accompagnement en performance énergétique du Québec s.e.c. (SOFIAC) annonçait évidemment avec fierté avoir « clôturé son montage grâce à des investissements de la Banque de l’infrastructure du Canada (BIC) et de Fiera Dette Privée pouvant aller jusqu’à 200 millions de dollars ». Visant particulièrement la modernisation de bâtiments commerciaux, industriels et multi-résidentiels au Québec, en priorisant la diminution de leurs émissions de gaz à effet de serre (GES).

Ce montage financier prévoit que la BIC consent un prêt jusqu’à 100 M$ et Fiera Dette Privée, un prêt jusqu’à 60 M$. Fondaction investisant, pour sa part, jusqu’à 30 M$ en capital-actions. À cela doit être ajoutée une subvention initiale de 5,5 M$ de la part du MERN. Les propriétaires de bâtiments dont les dépenses énergétiques annuelles globales de leur portefeuille atteignent 1 M$ sont ciblés par cette initiative, et l’objectif de réduction des dépenses énergétiques est de 25% à 40% par projet, espérant générer des réductions d’émissions de GES de l’ordre de 30% à 50%, voire une décarbonisation complète des bâtiments.

Si les projets sont implantés d’ici 5 ans comme espéré, on anticipe une réduction annuelle estimée de l’ordre de 20 000 tonnes de GES. Le déploiement des projets de la SOFIAC s’inscrit donc dans l’atteinte des objectifs de la Politique énergétique 2030 du gouvernement du Québec visant à améliorer de 15% l’efficacité avec laquelle l’énergie est utilisée et à réduire de 40% la consommation de produits pétroliers.

Les économies ainsi générées sont partagées entre la SOFIAC et l’entreprise cliente, qui profite ainsi d’un rendement de l’investissement immédiat, et ce, sans avoir investi un seul sou de sa propre poche. 

« Nous serons le trait d’union entre ces capitaux disponibles et les forces du marché de l’efficacité énergétique. Notre mécanisme de mise en œuvre à coût nul dégagera des liquidités importantes pour nos clients, en plus de tirer avantage de généreux programmes de subventions disponibles. Par l’entremise de notre offre clé en main et de notre solide expertise en implantation de technologies propres, nous abolissons aujourd’hui les barrières et permettrons à nos clients d’acquérir des installations de pointes nécessaires à la décarbonation de notre économie », avait alors déclaré Michel Méthot, directeur général de la SOFIAC.

LE SECTEUR PRIVÉ AU COEUR DE L’ENJEU CLIMATIQUE

Pierre Langlois est-il optimiste face aux enjeux climatiques? « Nous sommes déjà dans la catastrophe. L’enjeu, c’est de mitiger les impacts. Et à mes yeux, oui il y a de l’espoir et c’est du côté du secteur privé qu’il faut le voir. C’est le secteur privé qui va nous sauver, pas les gouvernements! »

« C’est le secteur privé qui va nous sauver, pas les gouvernements! »

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Détails sur les réalisations et stratégies de développement durable d’ADMhttps://developpementdurable.admtl.com/.

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