Archives de catégorie : Économie des Amériques

Un indice excluant les énergies fossiles et le charbon permet à Fondaction de réduire l’empreinte carbone de ses placements

Entre 2015 et 2018, grâce à l’adoption d’un indice excluant les énergies fossiles et le charbon, Fondaction, une institution financière québécoise innovante, a réduit l’empreinte carbone de ses placements sur les marchés boursiers de 51 %.

L’indice en question est le MSCI ex-fossile, ex-charbon, qui exclut les titres d’entreprises détenant des réserves d’énergie fossile, telles le gaz, le pétrole et le charbon.

Cet indice, novateur, est disponible pour tous les investisseurs qui souhaitent soutenir un développement économique plus juste, plus équitable et surtout plus vert.

Il est important de remarquer que la mise en place de cet indice a permis à Fondaction de maintenir ses rendements sur les marchés financiers au bénéfice de ses actionnaires tout en réduisant les risques face aux changements climatiques. Les placements en actions mondiales de Fondaction sont de près de 330 millions $ et représentent environ 35 % de tous ses placements.

C’est en 2015 que Fondaction décida de s’éloigner des obligations d’entreprises détenant des réserves en énergie fossiles. Devant la ratification de l’Accord de Paris sur le climat par presque tous les pays du monde, fort de son histoire, Fondaction a donc été, la même année, le premier acteur financier à être nommé comme partenaire de choix en soutien au gouvernement du Québec dans la lutte contre les changements climatiques en vue de l’atteinte des objectifs ciblés par le Québec.

« C’est dans cette optique qu’en collaboration avec nos gestionnaires de portefeuilles de placement sur les marchés, nous avons sollicité MSCI, une entreprise de services financiers publiant notamment les indices boursiers, afin de créer de toutes pièces un indice qui répondrait à ces préoccupations environnementales grandissantes », explique le pdg de Fondaction, Léopold Beaulieu.

Innover pour transformer le monde de la finance

« Nous avons le souci que nos choix de placements soient cohérents avec la mission de Fondaction. Nous avons donc demandé à nos collaborateurs qui ont créé un indice qui répond à d’exigeants critères soit ceux du développement durable et de la lutte contre les changements climatiques qui sont au cœur de la vision de Fondaction depuis ses débuts en 1996 », explique aussi Luc Verville, chef des placements.

« En plus de permettre à Fondaction de réduire son empreinte carbone, le nouvel indice  joue un rôle structurant dans le monde de la finance et permet de participer à la transition énergétique », ajoute encore Luc Verville.

« La cocréation de cet indice a été l’occasion pour nos équipes de mieux cerner les risques liés aux changements climatiques à l’intérieur de notre univers mondial d’investissement. Les balises qui ont été établies permettent aux gestionnaires de portefeuille de réaliser qu’ils peuvent jouer un rôle dans la lutte aux changements climatiques tout en maintenant une gestion active », de précise Robert Brunelle, premier vice-président chez Hexavest.

Fondaction investit auprès des PME québécoises afin de contribuer au maintien et à la création d’emplois au Québec, dans une perspective de développement durable. Il gère un actif de plus de 1,9 milliard $ provenant de l’épargne-retraite recueillie auprès de plus de 160 000 actionnaires.

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31e Entretiens Jacques Cartier : l’entrepreneuriat féminin en débat

Tenu chaque année alternativement en Auvergne-Rhône-Alpes et à Montréal, l’événement est devenu un rassemblement incontournable de la Francophonie. En 2018, c’était au tour de Lyon de se faire ville hôtesse, du 12 au 14 novembre, pour la 31édition des Entretiens Jacques Cartier, rendez-vous annuel des acteurs académiques, scientifiques, culturels, économiques et institutionnels du Québec et de la France qui se rassemblent pour renforcer l’écosystème franco-québécois autour d’un programme de conférences, événements et rencontres de réseautage.

Pour cette 31édition, plus de 3 000 acteurs et décideurs, dont plus de 200 Canadiens, ont échangé autour des huit grands thèmes d’un programme enrichi de la participation de 440 conférenciers qui animaient quelque 35 événements de la programmation :

• Santé/sciences de la vie

• Énergie et développement durable

• Mobilité/territoires et villes intelligentes

• Enjeux sociaux et économiques

• Finances et affaires juridiques

• Numérique et technologies

• Entrepreneuriat

• Culture, art et performance

LES 48 H DE L’ENTREPRENEURIAT

Grande nouveauté de l’édition 2018, le Centre Jacques Cartier aura dédié deux jours complets de la programmation aux questions liées à l’entrepreneuriat : «Les 48 heures de l’entrepreneuriat France-Québec». Initiative qui n’est pas étrangère à la récente entrée en application du nouveau traité commercial de libre-échange entre le Canada et l’Europe (AECG) dans un contexte économique de plus en plus mondialisé.

Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, qui participe aux Entretiens Jacques Cartier depuis plus de 15 ans, est d’ailleurs intervenu sur l’intérêt de ces rencontres : « L’internationalisation et l’exploration de nouveaux marchés constituent une étape incontournable pour les entreprises qui souhaitent accélérer leur croissance. La Chambre et ses experts Acclr en commerce international sont ainsi heureux d’accompagner une délégation d’entreprises dans le cadre de la mission en Auvergne-Rhône-Alpes et de les appuyer dans le renforcement de leurs liens commerciaux avec l’Europe. Les Entretiens Jacques Cartier représentent l’occasion d’établir une relation durable avec de futurs partenaires et de tirer profit de la récente entrée en vigueur provisoire de l’Accord économique et commercial global ».

BAROMÈTRE EJC : REGARDS CROISÉS SUR L’ENTREPRENEURIAT

Pour la deuxième année consécutive, un baromètre a ainsi été proposé à 50 participants triés sur le volet et représentant des institutions et organismes du Québec et de la France. Les répondants ont donc pu partager et comparer leurs visions de l’entrepreneuriat.

« Nous sommes heureux de présenter la deuxième édition de notre baromètre de l’entrepreneuriat Lyon-Montréal. C’est un outil utile et disponible pour toutes les organisations intéressées (universités, chambres de commerces…) proposant des axes de réflexion et des tendances qui nourrissent les activités des Entretiens Jacques Cartier, et notamment notre forum des Entrepreneurs France-Québec », a expliqué Frédéric Bove, d-g du Centre Jacques Cartier.

Pour la deuxième année consécutive,
le Centre Jacques Cartier, organisateurs des Entretiens Jacques Cartier : le rendez-vous francophone France x Québec x Canada, publie son
baromètre de l’entrepreneuriat France x Québec, en collaboration avec l’agence presse Villemarie.

Objectifs : connaître les besoins des entrepreneurs pour adapter les initiatives d’accompagnement à l’entrepreneuriat, comprendre les attentes des entrepreneurs Français, Québécois et Canadiens et favoriser les échanges d’affaires entre les deux territoires.

Fruit dudit baromètre, on peut sans trop de surprise d’abord noter qu’à l’unanimité chez les répondants français et québécois, « posséder un bon réseau est une condition essentielle à la réussite d’un entrepreneur ». Une unanimité qui n’est cependant plus de mise dès la deuxième caractéristique essentielle au succès d’une entreprise : qui est la créativité et l’innovation, à 66% chez les répondants du Québec, mais qu’à 50% chez les répondants de France.

De plus, le climat entourant le choix de l’aventure entrepreneuriale semble diviser les avis des deux côtés de l’Atlantique, puisque 40% de répondants français, contre seulement 6% des répondants québécois, révèlent un manque important de soutien de la part de l’entourage et des proches lorsque vient le moment de se lancer en affaires.

À la question « laquelle de ces affirmations vous semble la plus juste concernant la place des femmes dans l’entrepreneuriat? », 44% des répondants français, mais seulement 29% des répondants québécois, affirment que « les femmes n’ont pas encore la place qu’elles méritent dans le champ entrepreneurial ».

Cette divergence de point de vue entre la France et le Québec, qui demeure depuis 2017, démonte donc encore que les répondants français considèrent que la femme ne possède pas la place méritée dans le monde de l’entrepreneuriat. Solution : autant pour les répondants français que québécois, l’outil le plus pertinent et utile pour favoriser l’entrepreneuriat féminin serait « d’éveiller le désir d’apprendre en intégrant un volet de sensibilisation sur le rôle des femmes en entreprise dans les programmes scolaires ».

MONTRÉAL EN FORCE

La Chambre de commerce du Montréal métropolitain était par ailleurs satisfaite du succès de sa mission commerciale à Lyon qui s’est déroulée du 12 au 14 novembre 2018 dans le cadre des 31e Entretiens Jacques Cartier. Cette mission a réuni 25 participants québécois, qui ont bénéficié d’une formation de haut niveau et de rencontres ciblées avec des acteurs clés de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

« Lyon se distingue en Europe pour l’importance des investissements étrangers qui y affluent et son environnement d’affaires des plus avantageux. Chaque année, depuis 30 ans, la Chambre participe aux Entretiens Jacques Cartier pour établir une relation durable avec les principaux acteurs de la région afin d’accélérer la croissance des entreprises participantes. La présence aux Entretiens d’organisations phares de la métropole telles que Montréal international, Tourisme Montréal et le Conseil des arts de Montréal témoigne de l’importance de l’événement et de l’intérêt mutuel qui existe entre Montréal et Lyon », a aussi déclaré Michel Leblanc, pdg de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

« Les discussions de cette année ont permis d’aborder des thèmes très actuels du milieu des affaires, comme les industries créatives et l’entrepreneuriat féminin. La culture et les industries créatives sont des éléments centraux de l’identité de la métropole. Elles constituent d’importants leviers de développement économique et de rayonnement, chez nous comme à l’international. Par ailleurs, la métropole se démarque par la progression constante de femmes entrepreneures ou de femmes ayant l’intention de lancer une entreprise. Les Entretiens de cette année ont fourni l’occasion à une quinzaine de femmes entrepreneures du Québec et de la France d’illustrer avec éloquence les défis de la croissance et leur vision du leadership », d’ajouter Michel Leblanc.

Les entreprises québécoises suivantes ont participé à la mission commerciale :

· 4elements

· Benedetta Covanti

· Cas Public

· Conseil des arts de Montréal

· Elektra

· Ensemble Paramirabo

· Entremise

· Festival BD de Montréal

· Génome Québec

· Hauben inc.

· Jeune Chambre de commerce de Montréal

· Le Moulin à Musique

· Les Boréades de Montréal

· Orange Noyée

· Pédales à paroles

· Quatuor Bozzini

· Sommelier Nordiq

· Zone Franche

La délégation montréalaise a notamment pu visiter le laboratoire de création Subsistances, ainsi que l’usine lyonnaise d’Alstom.

À PROPOS DU CENTRE JACQUES CARTIER

Créé en 1984, le Centre Jacques Cartier (CJC) est un acteur majeur de la coopération entre le Québec, le Canada, Auvergne-Rhône-Alpes, la France et de leurs métropoles : Montréal, Lyon, Saint-Étienne et Clermont-Ferrand.

Avec plus de soixante partenaires publics et privés des deux côtés de l’Atlantique, la mission du CJC est de fédérer ses partenaires, d’optimiser une dynamique de réseau liée à l’innovation et d’accélérer les opportunités économiques.

 

POUR TROUVEZ LES RÉSULTATS COMPLETS DU BAROMÈTRE :

WWW.CENTREJACQUESCARTIER.COM

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L’île de Vancouver devient une nouvelle zone franche du Canada

La confirmation de cette désignation a été publicisée fin septembre 2018. Ce statut de zone franche aidera les entreprises à faciliter les exportations et à créer des emplois. Les petites et moyennes entreprises de Port Hardy à Victoria, sur l’île de Vancouver, bénéficieront donc de nouveaux emplois et de nouvelles occasions d’affaires grâce à cette désignation officielle en tant que zone franche. Une démarche appuyée par la Vancouver Island Economic Alliance (VIEA).

Géographiquement excentré et insulaire, le territoire de l’île de Vancouver, tout à l’ouest du pays, est au Canada particulièrement redevable des apports du commerce international. Grâce à la nouvelle désignation de zone franche, la VIEA mettra en valeur le réseau de centres de commerce de la région et exploitera son emplacement propice offrant de nombreux ports en eau profonde et aéroports. Surtout que lesdits ports ont la capacité de prendre en charge des volumes dix fois plus élevés qu’actuellement.

Cette désignation est assurément un élément important pour ce qui est de renforcer les industries traditionnelles des îles sur la scène mondiale tout en créant de nouvelles possibilités dans le secteur de la fabrication.

La désignation de l’île de Vancouver en tant que centre de zone franche cadre aussi avec les priorités du gouvernement du Canada visant à aider les entreprises à accroître leur capacité concurrentielle sur les marchés internationaux et dans les chaînes de valeur mondiales. Grâce au climat d’investissement créé, au régime tarifaire accordant la franchise à l’égard des intrants de fabrication et aux faibles impôts des sociétés du Canada, l’île de Vancouver continuera donc de jouer un rôle essentiel en raison de son emplacement stratégique pour le commerce international.

« L’île de Vancouver est stratégiquement située pour le commerce d’exportation avec l’Asie et les Amériques. L’île compte une importante quantité de terrains industriels sous-utilisés dotés d’infrastructures de transport possédant une capacité suffisante pour gérer un volume d’exportation plus élevé et attirer des investissements. La VIEA est ravie de recevoir cette désignation pour l’ensemble de l’île de Vancouver »
– George Hanson, pdg, Vancouver Island Economic Alliance


Renseignements sur les zones franches (ministère des Finances Canada)

Vancouver Island Economic Alliance

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Sommet Trump-Poutine : les non-dits d’Helsinki

La poussière est encore à retomber suite à l’historique premier sommet politique entre les présidents des États-Unis et de la Russie, Donald Trump et Vladimir Poutine. Toute la journée de ce Sommet Trump-Poutine, tenu à Helsinki le 16 juillet 2018, l’expectative des résultats alimentait les discussions. Mais dans ce genre de rendez-vous, c’est beaucoup dans les non-dits qu’il faut aussi rechercher les meilleures analyses et les legs possibles. Ce cas-ci ne fait pas exception.

Réglons immédiatement ce qui malheureusement monopolise la majorité des médias : l’accusation d’ingérence russe dans la dernière campagne électorale présidentielle des USA. En réalité, les services de renseignement étatsuniens faisaient un beau cadeau à leur président en dévoilant quelques jours avant son rendez-vous les fruits de leur enquête sur la question. Ils lui donnaient une carte à jouer face à son adversaire. Et le timing excluait toute occultation du sujet; on se devait de confronter la question.

Le président Trump a décidé d’en faire un cadeau à son vis-à-vis. Il lui a fait savoir que sa décision était de vouloir le croire alors qu’il dit et redit « qu’il n’y a pas eu d’ingérence russe ». Message envoyé: fin de l’histoire, passons à autre chose.

Ce que le président Trump a fait, ou tenté de faire, c’est de passer l’éponge. Il a décidé de ne pas crisper la Russie avec cette bien triste affaire. Une polémique qui traîne depuis presque deux ans maintenant. Et c’était diplomatiquement parlant la meilleure décision à prendre. Toutes les autres options contribuaient à empoisonner l’avenir de la relation WashingtonMoscou. Or les deux hommes se rencontraient justement pour tenter de l’assainir.

Et connaissant le personnage, c’est un beau cadeau que M. Trump a fait à M. Poutine. Son style laissait plutôt supposer qu’il s’amuserait à encore instrumentaliser la polémique et à jouer de boutades pour la faire rebondir et perdurer dans le flou. Trump a plutôt tenté de mettre tout son poids pour libérer Poutine d’une grave hypothèque d’image. Il espère maintenant en retirer un retour. Ce n’est certes pas ce qu’il a dit. C’est pourtant ce qu’il faut entendre… et attendre. Même 24 heures plus tard!

Et en très bon politique qu’il est, c’est sans doute ce que Vladimir Poutine attendait, lui. Message reçu! Il en doit une à Trump… ainsi va la diplomatie internationale.

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On l’a vu, ce ne sont pas les sujets internationaux lourds qui manquent pour alimenter la négociation entre les deux hommes d’États. Le contenu de leur rencontre d’Helsinki témoigne à lui seul de l’évidence que ce n’est pas qu’avec le bilan immédiat de cette journée de rencontres qu’il faut savoir juger de l’utilité de l’événement. Ce n’est que la pointe de l’iceberg d’un complexe et long processus.

Et c’est ici que le jeu de lire les non-dits s’impose particulièrement devant le devoir d’analyse.

Enjeux nucléaires civil et militaire en Iran, état de guerre en Syrie, lutte globale au terrorisme, Ukraine incluant la Crimée, IsraëlPalestine… sont tous des sujets dits.

DEUX NON-DITS

Donald Trump fut un homme d’affaires avant de passer à la politique. Et il a toujours le réflexe de vouloir brasser des affaires. Avec la Russie, il savait qu’il avait devant lui un joueur majeur en matière énergétique.

Le premier non-dit de substance de ce sommet concerne ce sujet. Non pas dans son aspect européen de la chose – l’Allemagne fut bien sermonnée à Bruxelles quelques jours avant – mais dans la perspective de Tokyo.

Avec les riches gisements de gaz et de pétrole de Kovytka, au nord-ouest du lac Baïkal en Sibérie, et leur sortie par la baie de Kozmino, sur la côte russe de la mer du Japon (ville de Nakhodka, à l’est de Vladivostok), grâce à la construction de l’oléoduc Sibérie-Pacifique*, Moscou a tenté sans succès de régler son différend frontalier avec le Japon concernant les îles Kouriles. Il ne faut jamais oublier qu’aucun traité de paix n’a encore été conclu entre le Japon et l’URSS – la Russie – suite au conflit mondial de 1939-45. Intraitable, Tokyo demande le retour complet des quatre îles de son extrême nord (c’est par le Traité de Shinoda de 1855 que la frontière passe au-dessus de Eterofu (ou Iturup), Kurashiri, Skikotan et du petit archipel des îlots Habomaïs) occupées opportunément parce que Staline ordonna à l’Armée Rouge, après la capitulation du Japon, de s’y rendre.

Dès la planification du projet de l’oléoduc Sibérie-Pacifique, devant la situation demanderesse du Japon en matière énergétique, Moscou tenta en même temps d’amadouer Tokyo, mais sans succès. Si le Japon a fait exception à sa position globale de négociation, parce qu’il a finalement accepté de participer au financement de l’oléoduc pour pouvoir s’alimenter en énergie**, il refusa autant tout compromis sur la question d’un éventuel traité de paix et demeure tiède à Moscou pour le reste de ses relations.

Tokyo refuse de mêler les deux sujets.

Mais si Moscou n’arrive pas à faire fléchir Tokyo, Washington le peut davantage.

Or, Donald Trump vient de tenter un grand coup avec la carte de la paix en Asie via la Corée du Nord. Il pourrait très bien rêver de jouer le doublé : en plus du souhaité et de plus en plus probable traité de paix Corée du Sud Corée du Nord, encourager le depuis longtemps aussi souhaité traité de paix JaponRussie. Et ainsi dégager complètement l’Asie de l’Est des stigmates de la seconde GGM en matière de frontières internationales.

La Corée du Nord est d’ailleurs le second non-dit de substance que nous souhaitons ici relever.

Dans sa quête de redonner à son pays le lustre de puissance que son passé impérial permettait, le président Poutine regarde stratégiquement vers l’Asie depuis certainement 2004. Et une partie de la politique coréenne de Vladimir Poutine apporte une pièce surprenante à l’équation. Parce que pendant plusieurs années il s’est obstiné à porter un projet (pourtant jugé « désespéré ») parce qu’il donnait un contenu à la prétention russe de jouer le rôle de pont entre Europe et Asie.

Ledit projet ? C’était de relier les deux grands réseaux ferroviaires transsibérien et transcoréen, en passant non pas par la Chine, mais par l’Extrême-Orient russe pour aboutir au port de Pusan, tout au sud de la péninsule coréenne. Tout un programme !

Or, il lui fallait, pour espérer réussir ce grand coup, en plus de la collaboration directe des deux Corée, l’apport financier du Japon (soient les deux facteurs qui consacrèrent alors le jugement « désespéré » de ce projet… et pour cause!)

Mais cette lecture juste du projet, le condamnant à une utopie, jusqu’à tout récemment, d’un appelons-le train TransEuroAsie de la Paix, l’est-elle encore tout autant en juillet 2018 ?

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« (…) le business de la Russie, c’est le business! En contraste radical avec le passé soviétique, la Russie post-impériale figure parmi les pays les moins idéologiques du monde », analysait déjà en 2007 Dimitri Trenin, un des meilleurs connaisseurs occidentaux de la Russie contemporaine aux yeux d’Hélène Carrère d’Encausse.

Dès sa première arrivée au pouvoir – initialement à titre de premier ministre choisi par Boris Eltsine fin 1999 et comme président avec l’élection de mars 2000 – Vladimir Poutine exposa clairement ce que devait être son pays : puissant, parce que respecté et tenu pour un égal par les autres grands États et participant à toutes les décisions internationales; indépendant, parce que libre de ses décisions fondées sur sa tradition et ses valeurs propres.

Littéralement en faillite en 1992-93 puis à genoux devant le FMI, le chemin de la Russie vers la prospérité fut long. Eh que oui, elle dit merci à ses salvatrices richesses en gaz et pétrole. Long chemin donc, tout comme sa reconquête de puissance.

La Russie, humiliée à bout dans l’affaire de la reconnaissance du Kosovo, ira même jusqu’à instrumentaliser une courte guerre avec la minuscule Georgie, du 7 au 12 août 2008, pour se faire comprendre et respecter, particulièrement par l’OTAN. Président tournant de l’Union Européenne, ce fut alors le français Nicolas Sarkozy qui dut s’activer pour négocier le cessez-le-feu et écouter Medvedev lui expliquer le fond des choses, vue de Moscou.

Avant que l’OTAN ne revienne encore la hanter, cette fois via l’Ukraine, ce pays-frère par ailleurs pour lequel Poutine a très mal jouer ses cartes contrairement à la Georgie, la Russie cependant n’a pas attendu les extrêmes (rappelons ici que le contrat de location de 20 ans de sa stratégique base navale de Sevastopol y tombait à échéance avec 2017) et a « récupéré » en 2014 la Crimée. Ce cadeau de Khrouchtchev fait en son contexte en 1954 qui était devenu intolérable avec les années 2010… Occupation, référendum, annexion et même connexion terrestre, car le président Poutine y a fait travailler des milliers d’ouvriers, sans aucune interruption, pendant plus de 800 jours, pour construire un double pont (route-chemin de fer) de presque vingt kilomètres pour mieux relier la Crimée avec toute la Russie. Il l’a inauguré le 15 mai 2018 et c’est devenu le plus long pont en Europe.

Certes, il est très mal vu en société de reprendre un cadeau donné, mais la Russie se sent maintenant puissante et indépendante. Puis on n’efface pas quelque cinq siècles de réflexe impérial comme ça! Parce que toute l’histoire de la grande Russie c’est bien plus que les sept décennies de l’Union soviétique (1917-1991).

La Russie de Poutine assume incidemment des sanctions de l’Occident depuis son coup en Crimée. Les sommets du G8 repassèrent à G7 l’année même; une année 2014 lors de laquelle la Russie devait même être l’hôtesse du sommet (qui se tint finalement à Bruxelles au beau profit de l’UE).

M. Poutine peut maintenant dire merci à Donald Trump juste pour l’avoir mis ainsi au sommet à Helsinki le 16 juillet 2018. Par ailleurs, le geste témoigne pareillement du non-dit que la vision de Trump de la gouvernance mondiale n’est pas unipolaire, ce qui est une bonne nouvelle pour l’humanité.

Un témoignage aussi que si l’actuel président des États-Unis d’Amérique dit haut et fort America first!, il ne dit pas America alone… Et ça, bien qu’il veuille rebrasser les cartes partout sur son parcours depuis son élection.

Finalement, c’est seulement le temps qui dira sur tous les non-dits d’Helsinki.

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* Le premier tronçon de l’oléoduc Sibérie-Pacifique, long de 2 694 km et inauguré en décembre 2009 (relié opérationnellement début 2011 par un branchement de 930 kilomètres aux raffineries de la ville de Daqing, dans le nord-est de la Chine) compte maintenant un second tronçon de plus de 2 000 km entre Skovorodino et la baie de Kozmino sur la côte russe de la mer du Japon, en service depuis fin 2012. En anglais : ESPO pour Eastern Siberia – Pacific Ocean pipeline system.

** Les exportations russes (crude oil) du terminal Kozmino pour 2016 furent de 31,8 millions de tonnes, en hausse de 4.6%. Pour 2016 toujours, ce pétrole fut exporté ainsi : Chine (69.8%), Japon (12.3%), Corée du Sud (7.5%), Malaysia (5%), Singapore (1.9%), Thailand (1.3%), USA (1%), Philippines et Nouvelle Zélande (0.6%).

Lire notre autre article sur le possible, voire probable G8 de 2020.

Lire aussi :

www.bepax.org/files/files/2011-analyse-dernier-heritage-de-la-guerre-froide-le-conflit-irredentiste-sur-l-archipel-des-iles-kouriles.pdf

http://geopolis.francetvinfo.fr/conflit-des-iles-kouriles-la-russie-et-le-japon-trouvent-une-issue-economique

www.lejournalinternational.fr/Iles-Kouriles-a-l-est-aussi-la-Russie-montre-les-crocs

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Techno : l’initiative 5G ENCQOR dote le Québec de deux nouveaux sites d’innovation dès 2018

C’est dans le cadre de l’initiative 5G ENCQOR que deux sites d’innovation 5G verront avant la fin de 2018 le jour au Québec. ENCQOR est un partenariat transformateur de 400 millions $ qui réunit cinq chefs de file mondiaux privés du domaine des technologies numériques.

La double initiative prévoit que dès l’automne 2018 des ressources et infrastructures 5G seront mises en disponibilité à Montréal, au Centech de l’École de technologie supérieure (ÉTS), et à Québec, au centre de Recherche et Technologies de Thales, hébergeant l’Unité mixte de recherche en sciences urbaines (UMRsu), situés dans le Parc technologique du Québec métropolitain, permettant ainsi d’établir les bases de la première plateforme pré-commerciale de réseaux de 5e génération de technologie sans fil au Canada.

Au cours des quatre prochaines années, ENCQOR veut ainsi établir le premier corridor pré-commercial de télécommunication sans fil 5G au Canada. Ce qui constitue en fait la prochaine génération de communication numérique et la clé pour déverrouiller l’important potentiel, entre autres, des villes intelligentes, des réseaux électriques intelligents, de la santé en ligne, de l’éducation en ligne, des véhicules autonomes et connectés, du divertissement et des médias sur demande, ou encore, de l’Internet des objets (IdO).

ENCQOR, qui signifie Évolution des services en nuage dans le corridor Québec-Ontario, réunit Ericsson, Ciena Canada Inc., Thales Canada, IBM Canada et CGI avec l’appui au Québec du CEFRIO et Prompt, et en Ontario des Centres d’excellence de l’Ontario. Le partenariat est donc aussi rendu possible grâce à un financement public du gouvernement du Canada et des gouvernements du Québec et de l’Ontario.

« (…) Nous sommes maintenant dans une course mondiale à l’innovation. Afin de préparer l’avenir, nous devons être audacieux, visionnaires et décisifs. Voilà pourquoi notre gouvernement investit dans la technologie 5G », a d’ailleurs précisé par communiqué le ministre de l’Innovation, des Sciences et du Développement économique du Canada, Navdeep Bains.

Les deux sites d’innovation, à Montréal et à Québec, fourniront du matériel et des ressources exclusives liées à la 5G voulant soutenir des PME, organisations ou chercheurs, permettant ainsi, dans un cadre pré-commercial, le développement, l’expérimentation et la démonstration de produits et de services relatifs aux technologies de communication à très haute bande passante, dans le contexte d’un environnement collaboratif et innovant.

Des ressources financières seront également mises à disposition à l’attention des PME, par le biais des programmes d’innovation et d’adoption de ENCQOR, rendus publics récemment, qui seront chapeautés par Prompt et le CEFRIO.

Les sites d’innovation ENCQOR seront ouverts à toutes les communautés innovantes issues de l’ensemble des écosystèmes liés à l’entreprise ou à la R&D au Québec. L’expertise et les ressources rendues disponibles dans ces deux sites permettront d’accompagner les entreprises dans leur projet, ainsi que d’en maximiser les résultats.

En amont du lancement officiel des sites d’innovation et des programmes de financement, les PME et organisations québécoises intéressées par la 5G sont invitées à se manifester par le biais du site Web d’ENCQOR – volet Québec, au quebec.encqor.ca.

Cette initiative vise le développement d’une plateforme collaborative de classe mondiale pour accélérer la transition vers la technologie 5G au Canada. Elle réunira un vaste réseau de petites et moyennes entreprises (PME), d’acteurs de l’industrie et du gouvernement, de chercheurs et d’universités dans les deux provinces initiatrices (Québec et Ontario) pour collaborer à la création et à la commercialisation de nouveaux produits, processus et services de rupture.

« Ce partenariat reflète l’engagement continu de Thales envers l’innovation à travers quatre secteurs clés – connectivité, données massives, intelligence artificielle et cybersécurité, soutenant ainsi la création de nouvelles solutions canadiennes pour la 5G, rendant notre vie à la fois meilleure et plus sûre », expose notamment à ce sujet Mark Halinaty, le pdg de Thales au Canada.

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CEFRIO

Organisme de recherche et d’innovation, le CEFRIO accompagne les entreprises et les organisations dans la transformation de leurs processus et pratiques d’affaires par l’appropriation du numérique. Membre de QuébecInnove, le CEFRIO est mandaté par le gouvernement du Québec afin d’agir comme accélérateur de la culture numérique dans les organisations. Il recherche, expérimente, enquête et fait connaître les usages des technologies de l’information et des communications dans tous les volets de la société. Son action s’appuie sur une équipe expérimentée, un réseau de plus de 90 chercheurs associés ainsi que l’engagement de plus de 280 membres. Son principal partenaire financier est le ministère de l’Économie, de la Science et de l’Innovation du Québec.

PROMT

Prompt est une société sans but lucratif qui appuie la création de partenariats et le montage de projets de R&D entre les entreprises et le milieu institutionnel de recherche. Les projets financés couvrent l’ensemble des sous-secteurs des TIC et portent autant sur le développement logiciel que matériel ainsi que sur le développement de composantes, de réseaux et d’applications. Prompt permet le financement par subventions d’un projet de recherche en partenariat jusqu’à 40 % de sa valeur totale.

Lire aussi notre article : www.commercemonde.com/2018/03/5g/

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