Archives de catégorie : Économie

taxcoop2020: Trois questions à Brigitte Alepin

À moins de 24 heures du début de TaxCOOP2020, qui se veut devenir le Sommet mondial de la fiscalité, voici ce que l’une des fondatrices du mouvement, Brigitte Alepin, nous a partagé. Fiscaliste et professeure à l’Université du Québec en Outaouais, madame Alepin est également réalisatrice du documentaire, « Rapide et dangereuse, une course fiscale vers l’abîme », un nouveau moyen-métrage, réalisé en pleine pandémie de la COVID-19, qui fait comprendre l’enjeu de l’évolution des politiques fiscales, dans le monde complexe d’aujourd’hui, face aux trois dernières décennies de mondialisation. Un documentaire qui sera d’ailleurs lancé, en première mondiale, sur la chaîne publique canadienne RDI, le 14 octobre 2020. (1)

Q1L’initiative des conférences TaxCoop que vous avez pues organiser et tenir à travers le monde depuis 2015 arrivent, cette année, à un certain aboutissement. Que pensez-vous que sera le chemin de plus accompli une fois TaxCOOP2020 terminée?

Tout d’abord, avec plus de 2 300 inscrits et 134 conférenciers, nous sommes très fières et à l’aise face à nos objectifs et à nos partenaires (…) Réalisez-vous: nos pricipaux partenaires sont Revenu Québec et l’Agence du revenu du Canada (…)

Après cinq éditions de TaxCoop sous le principe de l’approche collaborative, l’étape suivante est très claire pour nous. Notre objectif est de devenir un événement comparable aux COP pour l’environnement. C’est justement pour cela que nous étions avec la COP25, au Chili, pour notre événement l’an dernier. On veut donc passer à un niveau plus politique (…)

La fiscalité, ce n’est pas comme l’environnement qui en est rendu effectivement à 25 COP. Mais c’est peut-être plus facile de s’entendre en matière de fiscalité internationale que pour l’environnement (…) En peu de temps, on a fait avancer l’enjeu du secret bancaire…

Je peux vous dire que de faire, dès 2021, de TaxCoop une COP de la fiscalité internationale est officiellement un sujet qui sera discuté jeudi prochain, et que nous sommes très fiers d’avoir les quatre grandes organisations internationales ensemble à la même table pour en discuter (Banque mondiale, FMI, OCDE et ONU).

Q2 Ce sera un long chemin encore avant d’avoir une entente internationale, un traité, un accord politique… Qui sont, présentement, à cet égard, vos premiers alliés?

Effectivement, nous ne pouvons pas encore compter sur un grand nombre de représentants politiques, mais comme vous le constaterez dans le documentaire, la ministre des Finances de la Suède, tout comme le ministre de l’Économie et des Finances de la France, Bruno Le Maire, se sont clairement engagés et ce denier nous a autorisé à diffuser en entier l’interview ayant servi au montage du documentaire durant TaxCOOP2020. Le ministre des Finances du Québec, Éric Girard, sera par ailleurs un de nos conférenciers.

Q3Si on pense précisément aux presque 200 États membres de l’ONU face à l’enjeu de la concurrence fiscale: en êtes-vous, personnellement, arrivée à la conclusion qu’il existerait un trop grand nombre d’États sur notre planète, ou il s’agit d’une mauvaise question?

Le mieux, ici, serait que je vous réfère à ma collègue Louise Otis, qui aurait certainement une réflexion plus experte (…) Ce que je peux certainement vous dire, c’est qu’à l’exemple de ce que l’on a pu vivre avec l’Accord de Paris pour l’environnement jusqu’à maintenant, une réforme fiscale globale verte pourrait être, à mes yeux, une solution.

Brigitte Alepin est une Québécoise née à Laval, ville voisine juste au nord de Montréal. Elle est devenue l’une des fiscalistes les plus influents de la planète. Avec ses trois collègues, elle a fait de la série de conférences internationales annuelles pour une plus grande équité dans la fiscalité mondiale, un événement mondial incontournable. But: comment s’attaquer à l’évasion fiscale? Résultat de la concurrence entre les pays pour attirer les multinationales, grâce à des avantages fiscaux nuisant indiscutablement aux recettes des États. Tout comme les paradis fiscaux. C’est avec Louise Otis, Allison Christians et Line Latulipe, trois autres sommités québécoises du domaine, qu’elle a lancé à Montréal, en 2015, TaxCOOP , la première grande conférence internationale sur la coopération fiscale entre les pays. L’année suivante, ce fut à Washington, grâce à l’appui de la Banque mondiale. En 2017, c’est l’Organisation des Nations unies (ONU) qui fut hôtesse de la conférence dans ses bureaux à Genève. Puis l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) à Paris. En 2019, avant le grand retour à Montréal, elle pu être organisée à Madrid, en Espagne, durant la COP25, le grand rassemblement annuel sur le climat.
Jeudi le 15 octobre 2020,
une séance exceptionnelle sur le thème
Miser sur la coopération
sera l’un des moments forts de la conférence réunissant dans un même forum les directeurs en charge de la fiscalité des quatre institutions économiques les plus reconnues dans le monde
Pascal Saint-Amans, directeur du Centre de politique et d’administration fiscale de l’OCDE;
Vitor Gaspar, directeur du Département des affaires fiscales du Fonds Monétaire International;
Navid Hanif, directeur du bureau pour le financement du développement durable, Département des affaires sociales et économiques de l’ONU;
Marcello Estevão, directeur du groupe mondial Macroeconomics, Trade and Investment (MTI) de la Banque mondiale.

(1) Première francophone (Canada) le 14 oct. 2020 à 20 h « Les grands reportages » sur ICI RDI ; Première anglophone (Canada) le 15 oct. 2020 à 11 h 15.

LIRE AUSSI:

taxcoop.org

https://www.lepoint.fr/high-tech-internet/une-experte-en-fiscalite-de-11-ans-veut-taxer-les-robots-07-10-2018-2261029_47.php

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COGECO: Pourquoi Louis Audet a dit « non merci » ?

Les plaques tectoniques du monde des télécommunications sont passées bien proche de bouger, en Amérique du Nord, en cette fin de l’été de 2020, avec un effet majeur particulier au Québec. L’offre d’achat non sollicitée venue tenter les principaux actionnaires du Groupe COGECO aura finalement fait long feu. Affaire classée… pour l’instant!

L’histoire, telle qu’elle pourrait être écrite aujourd’hui, aurait donc comme résumé quelque chose comme ceci: quand la famille et son terroir dit non au grand capital désincarné ne se dédiant qu’au profit.

Famille: comme entreprise familiale, sens de la famille.
Terroir: comme racines régionales, sens de l’intérêt communautaire et de la population locale.

Deux nouvelles vieilles que de deux ans nous aident déjà à mieux comprendre pourquoi Louis Audet est de cette trempe d’hommes d’affaires.

C’était une nouvelle du 14 juin 2018: Cogeco et Québecor s’unissent pour offrir un don de 100 000 $ au fonds Jean-Lapierre.

La Fondation Madeli-Aide pour l’éducation était alors bien heureuse d’annoncer que deux géant québécois du milieu des affaires et des médias, Cogeco Média et Québecor, s’unissaient pour offrir une contribution financière de 100 000 $ sur 5 ans au Fonds dédié Jean Lapierre de la Fondation Madeli-Aide pour l’éducation. Le don voulant assurer la pérennité de la « Bourse d’excellence Jean-Lapierre ». Celle-ci avait été créée en 2017 à la mémoire de l’homme politique, commentateur et analyste politique pour TVA et LCN ainsi qu’à l’antenne pendant plusieurs années des stations de Cogeco Média, le 98,5 à Montréal, le FM 93 à Québec et le 106,9 à Trois-Rivières, décédé dans un dramatique écrasement d’avion.

À quelques jours près, une autre nouvelle nous apprenait, le 15 mai 2018, que Louis Audet cédait sa place à la tête de Cogeco ainsi:

« Pour la première fois de son histoire, à compter du mois de septembre, Cogeco ne sera pas dirigée par un membre de la famille Audet, mais cette dernière compte bien garder le contrôle de l’entreprise malgré le départ imminent de Louis Audet comme président et chef de la direction », écrivaient deux journalistes de LA PRESSE CANADIENNE.

«La famille Audet est engagée à continuer de contrôler cette entreprise et à la laisser croître comme nous l’avons fait dans les 60 dernières années», y avait déclaré en anglais Louis Audet, lors d’une conférence de presse. Jugeant toutefois qu’il était temps d’infuser du «sang neuf» au sein de la direction, et expliquant alors qu’il quitterait ses fonctions à la tête de Cogeco et de sa filiale Cogeco Communications le 1er septembre 2018.

PARTIR POUR MIEUX RESTER

M. Audet quittait ses fonctions d’alors, « mais il demeurera bien présent, au moins pour les trois prochaines années, puisqu’il deviendra président exécutif du conseil d’administration des deux entreprises. Au terme de cette période de transition, M. Audet deviendra un président «normal» du conseil d’administration, mais sans pouvoir exécutif« , expliquaient aussi les journalistes de la PC.

C’est ce même Louis Audet qui en a fait une magistrale démonstration, ces dernières semaines de 2020, en refusant d’empocher quelque 800 000 000 $ pour lui et sa famille, s’il avait dit oui à l’offre d’achat non sollicitée de l’empire Cogeco par un plus gros joueur mondial des technologies de l’information et de la communication (TIC) que lui. Disant, et pouvant imposer, un « Non merci!« . Car bien en contrôle de la majorité des actions votantes de cette entreprise ayant son siège social au Québec et des racines québécoises depuis sa fondation.

Il faut ici comprendre que la famille Audet, qui a fondé l’entreprise, voulait déjà – et veut toujours – continuer d’avoir son mot à dire dans les orientations de l’entreprise (en 2018 elle contrôlait toujours 70 % des votes de Cogeco inc., qui elle contrôlait 80 % de Cogeco Communications).

Expliquant qu’il avait déjà un très bon et confortable lit pour lui permettre de bien dormir ses nuits et laissant comprendre qu’il ne saurait que faire avec 800 millions de $ de liquidités de plus s’il passait à la caisse en vendant, Louis Audet a été sans compromis: il préfère continuer de s’investir à développer l’entreprise familiale, avec sa propre vision des affaires et ses valeurs de respect des gens, des femmes et des hommes, clients ou employés, qui font confiance en cette entreprise bien enracinée au Québec, tout en étant un joueur crédible mondialement dans ses secteurs d’affaires.

Sous la gouverne de Louis Audet, le groupe COGECO a notamment effectué en 2012 l’acquisition du câblodistributeur indépendant américain Atlantic Broadband. Une affaire de plus d’un milliard de dollars. Il réalisa notamment la plus importante transaction de l’histoire de la société lorsque Cogeco Communications avait consacré 1,4 milliard $ US, avec l’aide de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), pour réaliser l’achat de MetroCast aux États-Unis. Mais le dénouement de la tentative d’incursion de Cogeco au Portugal, en 2006, pour 650 millions $ avait, lui, été bien différent: l’investissement se terminant à perte, six ans plus tard, quand la société se délesta de Cabovisao pour seulement quelque 60 millions $. Rappelons, par ailleurs, que la pression des géants du secteur tel Amazon, Microsoft ou Google avait forcé COGECO à comptabiliser une perte de valeur de 450 millions $ de sa division des services de technologies d’information et de communication (TIC) en 2016.

Donc affaire classée… pour l’instant.

Mais bien des fins analystes du milieu des TIC, de la haute finance, ou de la Bourse particulièrement, vont soutenir d’instinct, ce pour les prochaines années au moins, qu’il y a ici une partie de poker qui ne fait que commencer!

Mais monsieur Audet et famille, comme les autres membres de son conseil d’administration, auront tout intérêt à s’inspirer des réflexions de personnes telles que Wendy Lynn Bernfeld, cette consultante dans le secteur numérique fondatrice de Rights Stuff – une société internationale de conseil en matière de contenus et de licences – qui vient d’alimenter une très pertinente série d’articles spécialisées face aux défis de l’heure en matière de TIC: Au-delà des cinq géants: les «mainstreamers».

Finalement, il faudra compter sur le fait que d’importants actionnaires minoritaires au capital du groupe COGECO ne sont pas des investisseurs du secteur privé. Leur analyse n’est pas similaire à celles des petits investisseurs et en tant qu’actionnaire collectif, la CDPQ pourrait, elle, questionner le renoncement du rendement qu’aurait apporté une acceptation de l’offre d’achat non sollicitée. Le but d’une entreprise n’est-il pas d’abord de maximiser la richesse des actionnaires, alors qu’au surplus l’actionnaire majoritaire de contrôle a le devoir légal de voir aux intérêts des autres actionnaires… Et le but de la CDPQ, à prime abord, reste de maximiser ses rendements de sorte que les cotisations collectives des Québécois en tant que contribuables notamment aux fonds de pensions des fonctionnaires et à la Régie des rentes du Québec soient au minimum.

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Le Duo Franco-Allemand sauvera-t-il l’Union européenne?

Les plus pessimistes des analystes, voire ceux qui aiment alimenter les nouvelles sensationnelles, se pressent pour grand nombre de prévoir la poursuite de la dislocation et l’effondrement, jusqu’à sa disparition, de l’Union européenne. Cette exceptionnelle aventure politique, devenu l’UE que l’on connait présentement, déjà sonnée par le départ récent du Royaume uni, et actuellement en pleine gestion de crise avec la pandémie de la COVID-19. Rappelons pourtant tout de suite que cette insulaire Angleterre et autres territoires du royaume des Anglais n’était pas, elle même, parmi les États fondateurs aux Traités de Rome des années 1950 lors de la naissance des Communautés européennes (CEE). Si l’UE existe aujourd’hui, c’est bel et bien à cause de la bonne entente entre Paris et Berlin (Bonn à l’époque). C’est fondamentalement le ciment franco-allemand qui fait dépendre tout, ici. Or c’est justement ledit duo qui vient de répondre à l’appel. Sauvegardera-t-il l’Europe unie, qui évolue et progresse depuis plus d’un demi siècle de paix et de coopération sur ce continent compliqué?

« L’Allemagne et la France ont fait le bon choix en présentant une proposition commune pour réagir à la crise du Covid-19 au niveau de l’Union européenne. La création d’un fonds européen ayant pour but de stimuler la reprise économique est un signal fort de la capacité de l’Europe à se mobiliser et de la solidarité entre Européens », a expliqué, de Munich, par communiqué le 19 mai 2020, le président de l’Institut ifo, Clemens Fuest.

L’observateur et analyste spécialisé allemand souligne notamment que: «L’élément important réside dans le fait que les dépenses financées grâce à ce fonds offrent une plus-value par rapport aux programmes lancés individuellement par les pays-membres ». Une plus-value qui pourra notamment se concrétiser à travers un effet d’assurance et de stabilisation.

Il est de toute évidence de l’intérêt de l’Europe entière de soutenir les pays européens les plus gravement atteints par la pandémie. Et on peut aussi rappeler qu’il existe un besoin considérable d’investissements dans des infrastructures transfrontalières dans plusieurs régions de l’Europe communautaire.

Mais Clemens Fuest insiste surtout sur un fait spécifique du fonds annoncé :

« Il est très important que le financement du fonds au moyen de nouvelles dettes reste une exception et qu’il soit assorti d’un plan de remboursement. Ce remboursement ne devrait commencer qu’après l’arrivée d’une reprise économique. L’augmentation des dettes publiques rendue indispensable par la crise du Covid-19 devra être suivie de l’établissement d’une perspective crédible de réduction des taux d’endettement en Europe ».

On le constate donc bien, il y a une vision allemande de la gestion européenne. Et il faudra voir maintenant comment Paris d’abord, mais les autres piliers que sont Madrid, Rome et le Benelux également, agiront et alimenteront le fonds annoncé.

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www.leibniz-gemeinschaft.de

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Trump et son G7 de 2020: annuler… inviter poutine… Chine, Corée du Nord?

Lors de notre couverture du Sommet du G7 de 2018, tenu sous la présidence du premier ministre du Canada, Justin Trudeau, dans la région de Charlevoix, au Québec, le Cyberjournal avait analysé LA question concernant le Sommet de 2020: « BIENVENUE AU « G8 » DE 2020″. Eh bien nous y sommes. Une pandémie plus tard.

Rien n’est anodin dans un ballet diplomatique de haut niveau tel qu’un Sommet du G7. Ainsi, la déclaration du président Donald Trump à l’égard de l’absence de la Russie à la table des participants de 2018 avec son souhait de revoir ce pays au sein du Groupe était et reste encore, en pleine pandémie de la COVID-19 d’une importante fondamentale en politique étrangère. En ces jours qui voient plusieurs analystes se laissant influencer par le vent qui souffle… et qui mélangent mondialisation, globalisation, relations internationales, coopération internationale, nationalisme, souveraineté des États-nations, autarcie, croissance/décroissance économique, commerce international, création de la richesse pour l’amélioration du niveau de vie des populations, partage équitable de la richesse, survie planétaire et/ou celle de l’humanité. Dans ce contexte actuel de crise sanitaire historique, c’est possiblement la manière Trump de faire savoir à ses collègues ce qu’il entend faire pour l’été 2020 qui déterminera beaucoup de choses pour la paix ou plus de guerres, à court terme, sur la planète.

TRUMP INVITERA-T-IL POUTINE? IL LE POURRAIT

Il importe notamment de noter que, alors qu’il est à la dernière année de son actuel mandat présidentiel de quatre ans, Donald Trump pourra très bien prendre l’initiative d’accueillir à « son » G7 à titre d’invité le président russe Vladimir Poutine.

« Oui, la marge de manœuvre du président qui organise un Sommet le permettrait », nous avait confirmé le professeur John J. Kirton, directeur et fondateur du G7 Research Group de l’Université de Toronto, rencontré au Centre des médias le 8 juin 2018.

Si le consensus des 7 serait requis pour revoir participer la Russie comme membre du Groupe, et donc revenir du G7 à un G8, l’hôte Trump pourra, seul et devant lui-même, faire de la Russie SON invité et l’imposer à l’entourage des six autres participants. Un peu comme Justin Trudeau avait fait à sa manière, en invitant 12 pays pour un sujet unique bien ciblé (la lutte aux déchets plastiques dans les océans), le président Trump aura aussi une marge d’initiative pour donner SA touche à son sommet, en 2020.

Le président Poutine ne pourrait ainsi probablement pas participer à toutes les séances de travail du G7 de 2020, mais il y pèserait certainement de sa seule présence et du fait de l’importance des discussions informelles en marge de la procédure et du déroulement de la réunion. On pourrait donc parler d’un « G8 » entre guillemet! Et reste aussi à voir que seront les thèmes et priorités que le président Trump, président hôte, voudra donner au Sommet de 2020.

S’il n’est pas physiquement annulé, le rendez-vous de 2020 pourrait, par ailleurs, très bien se transformer en un espèce de G-Trump avec ce politicien hors norme qui est bien capable d’inviter, en plus du grand chef de la Russie, le grand chef de la Chine, voire son « ami  » de la Corée du Nord, dans une grand’Messe trumpienne évidemment électoraliste.

« Ils ont expulsé la Russie, ils devraient réintégrer la Russie. Parce que nous devrions avoir la Russie à la table de négociations », avait dit le président Trump avant de quitter Washington le 8 juin 2018.

La Russie, expulsée des Sommets en 2014 après avoir annexé la Crimée et avoir vu depuis les leaders du G7 lui imposer des sanctions à ce propos et rappelé, par ailleurs, à l’ordre Vladimir Poutine pour son soutien au régime de Bachar Al-Assad en Syrie, en a cependant beaucoup, voire énormément encore, à se faire pardonner.

Mais nous sommes en plein contexte exceptionnel de crise sanitaire mondiale.

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Suggestion de lecture pour approfondir le sujet:

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1689161/coronavirus-environnement-deforestation-animaux-biodiversite-braconage?fbclid=IwAR1foB6p5sRvHdlCEsvcfid9uWIbRkKS9KOCvCEgqWZnksnfTCoi0bbT-zQ



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Donner mieux, donner plus : deux idées pour changer le monde

Il y a cinq ans Alexandre Mars fondait Epic, une ONG se donnant mission de changer le monde en offrant de nouveaux moyens à tous de faire plus de dons, avec l’assurance de leur bonne utilisation. Donner mieux pour donner plus; donner plus se sachant donner mieux! Une ONG en amont des ONG de terrain. De 2014 à 2019, il a accumulé des bouts de routes qu’il vient de partager dans un petit livre de 200 pages, très facile à lire avec ses 43 mini-chapitres. Facile à dévorer… Générateur d’enthousiasme, de bonnes idées et d’émulation.

Dans son « DONNER – La révolution du partage », il nous raconte qu’après quelque trois années à poser des questions, à fignoler son étude de marché, il aura compris que 9 personnes sur 10 qui font des dons en argent à des causes diverses lui avaient avouées qu‘elles trouvaient qu’elles ne donnaient pas assez, et qu’elles en donneraient davantage si elles connaissaient plus les organismes et mieux l’usage des dons engagés. Conclusion : il lui fallait faciliter les manières de donner, tout en améliorant la communication entre celui qui fait un don et celui qui en profite. Double défi, mais qui à l’heure d’Internet est de plus en plus facile à relever.

Cet entrepreneur avait quoi faire. Né en 1974, Alexandre Mars a traversé l’arrivée de la révolution numérique en accumulant les succès à travers de plus d’une start-up : d’abord A2X, l’une des premières agences Web de France; puis Phonevalley, une agence de marketing mobile vendu à Publicis en 2007; finalement ScrOOn, sa plateforme spécialisée dans les médias sociaux vendu à Blackberry en 2013. À 39 ans, il avait réussi son pari de devenir assez riche pour pouvoir redonner à l’aise… C’est en fondant Epic officiellement l’année suivante, que depuis 2014, il réalise pleinement son rêve de changer le monde d’une manière durable en cherchant notamment à changer les mentalités.

Et son objectif n’est pas banal :

« Mon ambition est de changer le système. D’avoir un impact réel sur la vie des autres, ceux qui n’ont pas eu la même chance que vous, que moi. Cette ambition m’a interdit de construire dix écoles en Afrique; j’aurais changé la vie de dix villages, mais cela ne me suffisait pas », écrit-il dans son chapitre sur l’utopie.

« C’est cette même ambition qui m’a poussé à imaginer les moyens d’aider, à mieux donner et à plus donner; à inventer Epic et à poser comme indéniable le fait que, grâce à ce mouvement, d’ici quelques années, 50% des entreprises des pays développés proposeront l’« arrondi en caisse » à leurs clients, et l’« arrondi sur salaire » à leurs salariés. Et que 50% de ces derniers verseront une partie, même minuscule (…) de leur salaire pour assurer une meilleure justice sociale. Et que les entreprises en feront autant, qu’un nombre croissant d’entrepreneurs feront don d’un pourcentage, même très faible, de leurs bénéfices ou de leurs actions », poursuit Mars.

Nous y sommes : l’« arrondi sur salaire » et l’« arrondi en caisse ». Voilà les deux idées phares de son mouvement. Favoriser dans la société le mini-don, mais répétitif et de masse. Et pourquoi ça fonctionne le don sur salaire? Essentiellement parce que c’est à la fois : INDOLORE, SYSTÉMATIQUE et OPTIONNEL.

En effet, de décider de voir notre talon de paie hebdomadaire nous laisser 500$ tout rond, plutôt que le 500,09$ ou 500,77$ du calcul initial, est bien sans douleur, mais tout de même efficace car le geste devient répétitif (systématique), et autant plus légitime qu’il reste toujours non-obligatoire (optionnel) pour le salarié. Reste qu’à la fin de l’année, il aura cumulé – et donc offert – un don indolore pouvant atteindre jusqu’à presque 52$. Une entreprise qui compte 100 employés s’engageant de la sorte dans une telle initiative pèserait donc jusqu’à 5 200$ à la fin d’un cycle annuel. Au dit beau montant, s’ajoute aussi le fait de devoir collectivement décider de son bon usage. Voilà que se crée de la fierté qui rayonnent pour tous.

Quant à l’idée de l’« arrondi en caisse », qui ici voit un client à la caisse se faire offrir d’ajouter quelques sous pour arrondir au dollar supérieur sa facture, elle offre le même cadre triplement vertueux du sans douleur, du systématique et du sans contrainte. Mais avec l’imposant effet multiplicateur de la masse de toute la clientèle d’une entreprise. Combien de centaines de personnes passent aux caisses d’un seul supermarché chaque jour ? Combien de centaines de personnes passent à la caisse d’une station d’essence chaque jour ?

On comprend donc vite que la généralisation de l’application de ces deux idées à l’échelle d’une ville, ou d’une région, voire d’un pays entier, devient un formidable levier générateur de sommes colossales à dédier au mieux-être des gens les plus démunis de la société.

Indéniable qu’Alexandre Mars pousse ici des moyens de changer significativement le monde.

Et à ceux qui préfèrent ne pas donner, plutôt que de mal donner, il donne des solutions. Car la seconde mission d’Epic est de découvrir des entreprises sociales d’exceptions pour les offrir aux donateurs. Par un rigoureux processus, elle en sélectionne ainsi 10 annuellement, qu’elle garde à son porte-feuille pour au moins trois ans (3 600 dossiers analysés en 2017).

Et il faut encore savoir qu’Epic accompagne ainsi les donateurs exclusivement en pro bono, de façon que 100% du don ainsi reçu est reversé aux organisations sociales du portefeuille Epic.

L’INDE À L’AVANT-GARDE DE LA RSE

Dans son livre, Alexandre Mars nous apprend aussi que c’est l’Inde qui est le premier pays ayant inscrit la responsabilité sociale des entreprises (RSE) dans la loi. En Inde, depuis 2014, toutes les entreprises dont le chiffre d’affaires dépasse 160 millions $, ou dont le bénéfice net est supérieur à 830 000 $, sont tenues de reverser 2% de ce bénéfice à des œuvres de leur choix, ONG ou associations caritatives.

Comme l’exemple d’Alexandre Mars, souhaitons que l’exemple de l’Inde fasse aussi école!

www.epic.foundation

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