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Plate-forme d’économie circulaire : le milieu sherbrookois se fait exemplaire au Québec

Il sera fier, l’invité de France, de son passage de trois jours au Québec. La prise de parole de Vincent Aurez, économiste, consultant et expert de l’économie circulaire, a gonflé et confirmé l’enthousiasme sur place : « Le Québec n’est pas en retard. Il y a plusieurs exemples depuis des années. Je vais pouvoir parler dans mes conférences de ce que j’ai vu ici à Sherbrooke»

C’était vers 11 h 30, mercredi le 12 avril 2017, dans le cadre d’une conférence de presse qui s’est tenue chez Défi Polyteck. Plusieurs partenaires du milieu sherbrookois et estrien y confirmaient la mise en place d’une plate-forme d’économie circulaire en Estrie. Une initiative qui devrait vite devenir un exemple de bonne gouvernance au Québec.

« Le fondement de notre modèle économique actuel est basé sur un mode de croissance à l’infini et notre monde se heurte aujourd’hui aux limites des ressources naturelles de notre planète », a alors expliqué Pierre Morency, le directeur, développement stratégie en environnement chez Défi Polyteck et un des principaux leaders de la plate-forme. Et pour qui la mise en œuvre des Plans de gestion des matières résiduelles (PGMR) sur le territoire estrien représente une opportunité pour l’ensemble des acteurs d’élaborer conjointement des projets et une stratégie territoriale vers une économie plus durable et une meilleure gestion.

Ainsi donc: « Défi Polyteck vise à développer avec ses partenaires régionaux une stratégie d’implantation de l’économie circulaire basée sur la création de nouvelles filières de mise en valeur de matières vouées actuellement à l’exportation ou à l’enfouissement. »

Rappelons que l’économie circulaire tend notamment à maximiser l’utilisation des ressources sur un territoire, afin de tendre vers le zéro déchet.

« Un des éléments fondamentaux pour que l’économie circulaire s’implante et se développe est l’organisation de sa gouvernance (…) La plate-forme constituera l’ADN de l’économie circulaire estrienne où chacun des acteurs est indispensable… C’est encourageant de voir en si peu de temps le nombre et la représentativité des partenaires associés à cette démarche. Le moins que l’on puisse dire c’est que l’Estrie connait un excellent point de départ », a exposé Pierre Racicot, PDG de VRIC – Villes et régions innovantes, réseau de l’économie circulaire, avant de laisser la parole à Vincent Aurez.

M. Aurez avait présenté une conférence « L’économie circulaire, un désir ardent des territoires » devant les membres du Club économique de Québec, en collaboration avec le Réseau de l’économie circulaire (VRIc), le jour précédent, à Québec. Au Québec, il était l’invité du VRIC et du Club, après une semaine passée à New-York à l’invitation de Columbia University.

Outre Défi Polyteck comme catalyseur, ce projet régional de plate-forme d’économie circulaire rallie un grand nombre d’acteurs sociaux, économiques et institutionnels qui s’engagent à collaborer vers la mise en place de ce nouveau modèle économique en Estrie: la Ville de Sherbrooke, le Centre d’excellence en valorisation des matières résiduelles (CEVMR), Sherbrooke Innopole, l’Université de Sherbrooke, le Conseil régional de l’environnement de l’Estrie (CREE), la Chambre de commerce de Sherbrooke, le Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS) et plusieurs autres.

Ensemble vers une économie circulaire en Estrie !

« En 35 ans d’expérience dans le domaine de l’environnement, jamais le contexte n’a été plus favorable à une telle initiative. L’ensemble des parties prenantes nécessaires à la mise en place de la plate-forme sont présentes et mobilisées, sans compter les nombreux joueurs qui ne demandent qu’à y prendre part. Le Québec en entier a les yeux tournés vers « l’Estrie Zone verte » en tant que leader du développement durable. »

Pierre Morency ne cache pas son enthousiasme. L’économie circulaire est un mode de développement qui offre aussi l’avantage de contribuer à la création d’emplois innovateurs intimement liés à un territoire et à son tissu d’entreprises, donc plus difficilement délocalisables.

Avec Défi Polyteck, Sherbrooke est déjà plus forte de 200 emplois grâce à cette OBNL développant un modèle d’entreprise adapté dans le secteur de l’économie sociale innovante spécialisée dans la sous-traitance, la fabrication, la transformation et la commercialisation d’une vaste gamme de produits, souvent recyclés, tels que papiers, cartons, bois ou céramiques et transformés par des employés ayant des limitations intellectuelles et physiques.

L’économie circulaire, ça peut aussi être cela.

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Photo: M. Vincent Aurez.

www.lapresse.ca/la-tribune/affaires/une-plate-forme-deconomie-circulaire-se-met-en-place

remolino.qc.ca/2017/04/11/leconomie-circulaire

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Climat : Nuages versus CO2, c’est du 40 contre 1

Depuis l’historique Accord de Paris sur les changements climatiques, l’humanité n’en a que pour la lutte au CO2 ou autres gaz à effet de serre (GES). Mais la maîtrise du climat est tellement plus complexe. Et la méconnaissance humaine envers autant le rôle des nuages, que celui de l’océan mondial, reste surprenante. Saviez-vous que l’abondance et les caractéristiques des nuages sont 40 fois plus importantes que les variations des gaz à effet de serre en matière climatique ? Et nous ne maîtrisons encore presque rien en la matière.

Prédire, voire gérer le climat, c’est évidemment commencer par bien comprendre le cycle de l’eau et la formation des nuages. Or, cette connaissance est encore très nébuleuse… Certes, le rôle des nuages est important dans le maintien de l’équilibre thermique de la planète et une modification, même faible, de leurs caractéristiques – composition, altitude, épaisseur, couverture nuageuse, etc. – pourrait entraîner des conséquences dramatiques pour le climat. En tout temps, environ le deux tiers du ciel autour de la Terre est couvert de nuages ; oui la littérature scientifique nous apprend qu’à chaque instant environ 63% de la Terre est sous couvert de nuages. Le moindre petit cumulus pèse 1 million de tonnes. C’est donc dire l’importance de leur rôle.

Réserve de pluie ou simple passage nuageux ? Allez savoir !

Mais qui s’intéresse aux nuages ?

Trop de mystère… Une problématique qui s’applique également à nos connaissances des océans.

On pense actuellement que l’augmentation des océans s’explique pour 1/3 par la fonte des glaciers; 1/3 par la fonte de la calotte glacière; et encore 1/3 par l’augmentation de la température de l’eau. Juste ça témoigne bien de la complexité du phénomène.

Et pourtant la Terre change et rapidement.

L’expérience de la dérive du voilier Tara, en 2006, est, à ce titre, particulièrement préoccupante. Ce 3 septembre-là, le voilier se laissa emprisonner par la banquise au nord de la Sibérie avec pour objectif de répéter la dérive du norvégien Nansen à bord du Fram, en 1894… jusqu’en 1897, dans son cas. Car il avait fallu trois (3) ans au Fram pour ainsi traverser l’Arctique en se laissant porter simplement par les courants. Mais il faudra seulement 505 jours au Tara pour répéter un siècle plus tard le parcours d’environ 1 800 kilomètres… Oui, soit deux fois plus rapidement que prévu. Preuve manifeste par deux que les glaces fondent vite en Arctique.

Mais qui s’intéresse aux océans ?

Déployés entre 2002 et 2006 dans l’océan mondial, les 3 000 flotteurs autonomes du réseau Argos effectuent des profils de température et de salinité entre la surface et 2 000 mètres de profondeur tous les 10 jours… Mais c’est encore la bonne vieille mesure effectuée à bord des navires qui reste la référence absolue extrême de précision, parce que 10 fois plus précise.

Et ici nous sommes encore à la surface!

Si on vous disait qu’il faut faire une chose bien qu’un élément fondamental dudit phénomène à maîtriser n’est connu qu’à environ 5%… Seriez-vous motivé et convaincu d’agir ?

La connaissance humaine de l’océan se trouve pourtant dans ce bien périlleux contexte. Bien que l’on sache que les profondeurs de 0 à 200 mètres représentent 7,6% de la surface des fonds marins, celles de 200 à 3 000 m 15,3% contre celles de 3 à 7 000 m 77% et celles de 7 000 à 10 500 seulement 0,1%, l’accablant constat ici est que plus des ¾ des océans sont 4 fois plus profonds que la moyenne des terres émergées du globe et que les moyens de l’explorer restent dérisoires.

L’histoire des sous-marins capables d’explorer les véritables profondeurs marines tient en un seul paragraphe et quelques décennies :

Il y a eu, parmi les premiers, la Cyana française au début des années 1970, capable d’atteindre les 3 000 mètres, le Pisces canadien (2 000 m), et aussi l’Alvin américain de 1964 (4 500 m). Aujourd’hui, on compte sur le Nautile (1984) français et le Sea Cliff (1985) américain, qui vont jusqu’à 6 000 m de fond. Les Mir I et Mir II (1987) de Russie, le Shinhaï (1990) japonais sont aussi actifs. En 2000, les Français de l’Ifremer ont également développé le ROV Victor 6000 , un système téléopéré grande profondeur, instrumenté et modulaire, capable de réaliser de l’imagerie optique de qualité, d’emporter et opérer divers équipements et outillage scientifique jusqu’à 6 000 m. Et tout récemment : « Nous avons perdu Nereus aujourd’hui. » Parce que c’est ainsi que le journaliste scientifique Ken Kostel de la Woods Hole Oceanographic Institution annonça sur le site HADES la perte du sous-marin de recherche le plus cher de l’histoire, à 8 millions $US; un sous-marin autonome construit en 2006 dans le but d’explorer le point le plus profond du globe. Une prouesse réalisée en 2009.

L’Ifremer,
en plus d’être un institut de recherche,
est l’une des 3 seules institutions au monde
à posséder, au bénéfice de la communauté
scientifique nationale,
une flotte de navires océanographiques
ainsi que plusieurs engins sous-marins
opérant jusqu’à 6.000 mètres de profondeur
dont le sous-marin habité Nautile,
le ROV Victor 6000
et le nouvel engin autonome HROV Ariane
qui est à la fois un ROV (piloté à distance)
et un AUV (autonome).

Aussi bien dire une micro-aiguille qui explore une pleine grange de foin. Ce qui permettait encore, en 2012, au célèbre quotidien Le Monde de titrer: « 75 % des zones très profondes restent inexplorées », en parlant des océans.

Dans le détail, c’est bien pire: « Les disparités en matière de connaissance de fonds marins sont importantes dans le monde. Ainsi, plus de 95% des zones de 0 à 200 mètres de profondeur du Sud-Ouest du Pacifique et des régions polaires ne sont pas du tout ou mal connues, contre 19% pour la France métropolitaine, 30% pour le Royaume-Uni et 40% pour les États-Unis, selon des données de 2013 de l’OHI », expliquait dans un article que publiait La Presse, la journaliste Sandra Ferrer, de l’Agence France-Presse.

L’OHI, c’est l’Organisation hydrographique internationale, qui dit aussi plus globalement que: « Actuellement, moins de 10% du relief des fonds marins, au-delà de 200 mètres de profondeur, est connu, alors que près des deux tiers des terres de la planète sont couvertes d’eau ».

La fosse des Mariannes, dans le Pacifique, est la fosse océanique la plus profonde actuellement connue, avec un point à – 11 034 mètres. L’humain l’a visitée qu’à 2 reprises. Et la découverte fut saisissante, lorsque le lieutenant Don Walsh, de la US Marine, et l’océanographe suisse Jacques Piccard, y sont descendus pour la première fois le 23 janvier 1960. Ce fut littéralement une petite révolution dans le monde scientifique, avec la confirmation d’une hypothèse : que la vie existe partout sur la planète et que même les abysses sont des univers riches d’écosystèmes inconnus, surtout à proximité d’importantes ressources minérales.

« Les profondeurs des océans restent inconnues à 95 %, et elles nous réservent des surprises », répondait Gabriel Gorsky, à titre de directeur de recherche au Laboratoire d’océanographie de Villefranche-sur-Mer, devant la journaliste Anne-Gaëlle Rico, il y a 5 ans à peine.

Bref, nous ne connaissons pas bien l’océan. Ne dit–on pas d’ailleurs très faussement… « sous les océans », alors que nous parlons et qu’il s’agit bien de ce qui est DANS l’océan… Une faute de langage qui en dit long sur la relation de l’homme avec la mer.

La mer, les océans, qui furent longtemps qu’une grande surface à traverser, à dompter, pour se déplacer. Y pêcher en surface pour se nourrir, mais le moins possible penser au fond, résidence de monstres et de grands périls.

Encore aujourd’hui, nos satellites ballaient l’océan, mais toutes ces données nous aident essentiellement à mesurer la surface des eaux.

Que se passe-t-il au fond, et tout au fond?

Ce chiffre vous fera comprendre toute la mesure du défi. Alors que la moyenne des terres immergées des continents est de 800 mètres de hauts, la moyenne de profondeur de l’océan dépasse les 4 000 mètres, oui cinq fois plus. Et une frange bien mince de nos sous-marins peut plonger sous 4 000 m.

Le «risque océan»!

En surplus de notre mauvaise évaluation de l’importance de l’impact des nuages sur le climat, eh bien c’est ce que représente le « risque océan » en matière de changement climatique.

L’interrelation atmosphère-océan est très bien connue par la science. L’océan mondial pompe par exemple une grande partie du CO2 émis dans l’atmosphère de la Terre. L’océan est aussi un immense régulateur de température. Le climat de l’Europe ne serait pas le même sans l’effet du Gulf Stream, par exemple. Les liens atmosphère-océan sont aussi multiples que fondamentaux.

Le problème arrive lorsque l’on découvre la faiblesse de connaissance de l’humanité en matière d’océan.

Alors comment prendre de bonnes décisions si un tel inconnu demeure dans l’équation? Comment être assurés de bons résultats?

Entre ciel nuageux et mer profonde, le regard trop terrestre de l’humain semble lui réserver une bombe écologique en puissance !

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Le marché de l’eau : pourquoi Sabia a choisi Suez ?

Nous vous l’avons expliqué dans un article antérieur : l’industrie de l’eau dans le monde est justement perçue comme un milieu oligopolistique, avec ses deux géants que sont Veolia (Vivendi) et Suez. Autant dans le marché de la distribution, que dans les marchés de l’assainissement ou du traitement. Alors pourquoi le grand patron de la Caisse de dépôt et placement du Québec Michael Sabia a choisi Suez ? La question se pose, alors que vient d’être annoncé le rachat, par ce duo, de GE Water pour quelque 4,5 milliards $CAN (3,2 milliards d’euros)…

Le CDPQ, organisme d’État bas de laine des Québécois, allongera ainsi plus de 700 millions $US (environ 944 M $CAN) pour une participation de 30%. Mais il choisit aussi de s’associer au numéro 2 de l’industrie mondiale du secteur.

Pour bien mesurer de qui et quoi l’on parle, prenons un petit recul. Disons 5 ans! Il y a cinq ans, le chiffre d’affaires de Veolia Environnement fut le double de celui de Suez.

Veolia Environnement 
Chiffre d’affaires 2012 : 29,4 milliards d’euros
(eau, déchets, énergie : 310 000 collaborateurs en excluant Transdev)

Suez Environnement
Chiffre d’affaires 2012 : 15,1 milliards d’euros
(eau et déchets : 80 410 collaborateurs)

Veolia détient 38%
du marché de la distribution d’eau potable en France,
contre 20% pour Suez

À la même époque, Veolia détient d’ailleurs environ 38% du marché de la distribution d’eau potable en France, contre 20% pour Suez Environnement. Si SAUR (Société d’aménagement urbain et rural) – fondée en 1933 pour ensuite devenir une filiale du groupe Bouygues – est avec 10% du marché le numéro 3 du domaine : chiffre d’affaires de 2,4 milliards d’euros en 2000, c’est manifestement Veolia (ex-Vivendi et Générale des Eaux) qui occupe historiquement la tête, et Suez le second rand.

Or, pas trop longtemps plus tard, précisément le 20 février 2014, la Bourse de Paris vécu un moment historique, alors que la capitalisation boursière de Suez dépassa celle de Veolia (7,1 milliards, contre 6,9 milliards d’euros), ce bien que le premier dégageait deux fois moins de chiffre d’affaires que son concurrent leader historique.

« Si Veolia est toujours miné par une lutte intestine au sein de son conseil d’administration, mais aussi par la négociation de son plan de départs dans sa division d’eau en France, Suez se dit aujourd’hui correctement configuré pour profiter du retour progressif de la croissance en Europe, qui reste son premier marché avec 71% de son chiffre d’affaires, dont 36% rien qu’en France », expliquaient alors les analystes.

Un secteur en profond changement

Les dernières années ont par ailleurs imposé aux deux grands leaders de profonds changements de leurs modèles traditionnels. La concurrence, autant que la tendance à la reprise par le secteur public de la gestion de la ressource, imposent des bouleversements. Et les deux opérateurs historiques n’ont pas d’autre choix que de « réinventer » leurs métiers. Ce qui passe, selon les analystes encore, par « la création de nouveaux modèles de codécision, de prestations de conseils, etc., mais aussi par la conquête de la clientèle industrielle ».

Et l’avantage semble ici du côté de Suez.

Veolia, qui a longtemps opté dans son développement pour une stratégie offensive à base de grosses acquisitions, se trouve contrainte au « recentrage stratégique » pour éponger sa dette et assurer la rentabilité. Une stratégie préalablement adoptée par Suez Environnement, depuis une bonne dizaine d’années.

À l’aise depuis longtemps dans son fauteuil, son dg Jean-Louis Chaussade avait choisi de privilégier les acquisitions ciblées (sauf lors du rachat en 2010 de l’espagnol Agbar) avec pour recette de préserver la rentabilité et ne pas être présent à tout prix sur l’ensemble des marchés, mais de cibler les plus prometteurs.

Suez Environnement s’honore donc d’avoir mis en place un modèle équilibré entre ses activités eau et déchets, mais aussi entre la France, l’Europe et le marché mondial).

Selon les experts, « les prestataires de services à l’environnement qui réussiront à être les plus agiles pourraient être les gagnants de demain ». Par exemple – encore SAUR – si ce numéro trois français de la gestion de l’eau parvenait à trouver une solution à son endettement qui frisait le 2 milliards d’euros, pour un chiffre d’affaire de 1,7 milliard d’euros en 2012, elle pouvait avoir une carte à jouer dans cette reconfiguration du secteur de l’eau.

Le Groupe Veolia, possédant notamment la Générale des Eaux, avait mis la main en 1999 sur le premier fournisseur américain de services d’eau, U.S. Filter, payé alors 6,2 milliards $US.

En 2017, Suez (70%) et la CDPQ (30%) débourseront pour GE Water une somme beaucoup moins imposante, soit 3,2 milliards d’euros. Cette filiale du géant General Electric spécialisée dans la gestion et aussi le traitement de l’eau compte plus de 7 500 employés. Présente dans 130 pays, GE Water se spécialise dans la fourniture d’équipements, de produits chimiques et de services pour le traitement des eaux usées. Mais GE Water est aussi un leader mondial de la gestion et du traitement de l’eau industrielle.

Le marché l’eau industrielle

Le marché mondial de l’eau industrielle est estimé à 95 milliards d’euros. Globalement, les consommateurs industriels sont responsables d’environ 20% de la consommation mondiale d’eau.

« GE Water a bâti une activité de premier plan avec des revenus récurrents et une clientèle de qualité et diversifiée. Cet investissement s’inscrit dans la vision à long terme de la Caisse et dans sa stratégie de développement d’actifs stables, ancrés dans l’économie réelle, aux côtés d’opérateurs de classe mondiale tels que Suez. »

— Michael Sabia, président de la Caisse de dépôt et placement du Québec

La CDPQ a aussi indiqué qu’elle souhaitait « accroître son exposition au secteur de l’eau puisque, à long terme, elle anticipe que la demande d’équipements, de produits chimiques et de services pour le traitement des eaux devrait demeurer forte ».

Cette transaction « (…) accélère la mise en oeuvre de la stratégie de Suez en renforçant sa position sur le marché très prometteur et en forte croissance de l’eau industrielle », a spécifiquement commenté le grand patron, Jean-Louis Chaussade.

Suez estime de plus que cette acquisition lui permettra de réaliser « d’importantes synergies au chapitre de ses dépenses et de ses revenus sur cinq ans ». En 2016, avec plus de 82 000 employés, Suez a généré un chiffre d’affaires de 15,3 milliards d’euros (21,8 milliards $CAN) en plus d’afficher un résultat net de 420 millions d’euros. Elle affirme alimenter à l’heure actuelle quelque 92 millions de personnes en eau potable.

Début 2017, l’actif net de la CDPQ s’élevait à 270,7 milliards $CAN. Un nouveau partenaire-bailleur que Suez saura certainement bien apprécier.

Pour GE Water, la clôture de la transaction doit encore obtenir l’aval des autorités à Washington, ainsi que de l’Union européenne. Prévue à l’été, sa confirmation impliquera que les activités seront regroupées au sein d’une nouvelle unité d’affaires au sein de Suez.

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L’Europe sur la bonne route : 16,7% de l’énergie consommée en 2015 était renouvelable

Selon de nouvelles statistiques émanant de Bruxelles, les sources d’énergie renouvelable représentaient 16,7% de l’énergie qui fut consommée dans l’ensemble de l’Union européenne (UE) en 2015, ce qui représente presque le « double du niveau de 2004 ». Manifestement sur la bonne route, l’UE semble en bonne position d’atteindre son objectif que cette part s’élève à 20% d’ici 2020.

L’office statistique de l’union, Eurostat, précise aussi que la part des énergies renouvelables était passée de 16,1 en 2014 à 16,7% pour l’année suivante.

Retenons que pour 2004, première année pour laquelle on dispose de données, ce chiffre était de 8,5%.

Et qui est le pays vedette dans la liste ?

C’est la Suède.

Et pas avec une petite marge par rapport à la moyenne de l’union. Pour 2015, la Suède était le pays membre de l’UE qui comptait la plus grande part d’énergie provenant de sources renouvelables avec 53,9% de sa consommation totale. Preuve qu’il reste possible de largement améliorer son bilan pour toute économie développée comparable ou semblable.

Surtout lorsque l’on constate que les derniers de classe, toujours au sein de l’Union européenne, affichent un maigre 5%. Effectivement, le Luxembourg et Malte arrivent derniers, pour 2015, avec 5% de part d’énergie provenant de sources renouvelables dans leur consommation totale.

 

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Indépendance du Fleuve St-Laurent : un projet rentable de 5 milliards $

La Voie Maritime du St-Laurent est une œuvre inachevée, et compléter le travail permettrait notamment de rendre indépendante la gestion des niveaux des eaux d’avec les débits et les périodes de crue. Une option que les changements climatiques annoncés transformeront probablement en nécessité…

Bien peu de gens en Amérique savent de nos jours qu’un projet au niveau de Sarnia – d’ailleurs « hautement recommandé » par le US Corps of Engineers – lors des études d’origine de la Voie Maritime du St-Laurent, au début des années 1950, devait être compris dans l’ensemble des ouvrages prévus. En se reportant à l’époque, on peut présumer que l’étape Sarnia fut finalement reportée à cause de l’abondance et de la faible valeur de l’eau potable en ce temps-là.

Mais le reste du XXe siècle aura vu le niveau des eaux des lacs Michigan et Huron se retrouver souvent à 60 centimètres sous sa normale historique. Quand le changement climatique nous tient… Les experts en changements climatiques anticipent d’ailleurs une réduction de 20 à 30% des apports hydriques au niveau des Grands Lacs dans le prochain siècle.

Voie Maritime du St-Laurent (Wikipédia)

Plus directement au Québec, l’exploitation de la Voie Maritime est déjà souvent critique, de même que l’approvisionnement en eau potable des populations. Des aspects auxquels on doit ajouter la préoccupation de l’état de 18 000 kilomètres de rives et de quelque 1 200 kilomètres carrés de milieux humides.

Géo-morphologiquement, l’ensemble du bassin du Saint-Laurent constitue une cascade de 8 réservoirs. Et la moitié amont de ceux-ci est déjà contrôlée par des ouvrages. Jusqu’à maintenant, la gestion des niveaux des eaux dans les différentes parties du bassin s’est faite par les seuls ouvrages de Sault Ste-Marie, Welland-Niagara, Cornwall et Beauharnois.

Actuellement,
la cascade de 8
sous-bassins, lacs ou réservoirs,
couvre depuis l’amont le Lac Supérieur,
géré par les ouvrages de Sault Ste-Marie,
et l’ensemble
des lacs Michigan et Huron,
en situation critique
d’assèchement;
plus à l’aval,
les lacs Érié, Ontario, Saint-François
sont contrôlés par des ouvrages
à Welland–Niagara,
Cornwall
et Beauharnois-Valleyfield.

L’ingénieur émérite F Pierre Gingras, jugeant ce contrôle partiel de plus en plus insuffisant, pense que: « Ajouter les 4 derniers ouvrages requis pour gérer indépendamment les niveaux des débits s’avérerait être la solution pour parer à ces impacts des changements climatiques anticipés ».

Ce retraité d’Hydro-Québec, toujours membre de l’Académie Canadienne du Génie et de l’Association des Ingénieurs Séniors du Canada est même en mesure de complètement documenter cette option.

Et devant l’effet d’assèchement pouvant atteindre, selon les experts, en un siècle une proportion de 20 à 30% des apports au niveau de la région des Grands Lacs (Environnement Canada évalue cette réduction des apports à 24%), il propose même un échéancier et ses évaluations de coûts pour les 4 derniers ouvrages requis: de Sarnia à… Portneuf. Oui, Portneuf ! Donc jusqu’à tout proche de la ville de Québec.

À ses yeux, il devient « évident que les quantités d’eau occasionnellement relâchées (…) dans le seul but de maintenir le niveau des eaux sont de moins en moins disponibles (…) Enfin, il est déjà devenu discutable que simultanément on laisse se gaspiller les importants volumes d’eau des crues à cause de l’absence d’ouvrages de contrôle ».

Solution :
rendre désormais indépendante
la gestion des niveaux d’eau
de celle des débits.

Une solution de quelque 5 milliards $ nécessitant de compléter la série d’ouvrages permettant de gérer les débits et les niveaux de la totalité des huit plans d’eau du bassin du St-Laurent, soit une alternative jamais réellement envisagée, ou du moins proposée, jusqu’à maintenant.

PROJET DE GESTION DES EAUX DU FLEUVE ST-LAURENT

En disposant d’un ouvrage de contrôle des eaux pour chacun des huit plans d’eau du bassin versant du fleuve Saint-Laurent, on s’assurerait de pouvoir rencontrer les objectifs suivants :

  1. Retenir et mettre à profit les eaux de crues.
  2. Assurer la disponibilité d’eau potable pour une population de 200 millions de personnes.
  3. Sauvegarder l’environnement de 18 000 kilomètres de rives.
  4. Sauvegarder plus de 1 200 kilomètres carrés de précieux milieux humides, notamment dans la Baie Georgienne et au Lac St-Pierre.
  5. Assurer la pérennité de la Voie Maritime.
  6. Ouvrir le Port de Montréal à des navires de grande capacité, possiblement de 75 à 100 000 tonnes de capacité.
  7. Maintenir les niveaux optimum d’exploitation des centrales hydroélectriques et en accentuer la productivité aux périodes de fortes demandes et ce, en y ajoutant une réserve d’eau de 40 kilomètres cubes sur les lacs Michigan et Huron pour une production d’énergie additionnelle de quelques 11.3 TWh/an.
  8. Créer trois liens inter-rives stratégiques, sur ces nouveaux ouvrages.
  9. Autofinancer le projet avec la production d’énergie additionnelle, puis engendrer des revenus stables et importants, une fois le niveau des lacs Michigan et Huron corrigés.

La réalisation d’ouvrages de contrôle est proposée pour gérer d’abord les niveaux des eaux et les débits des importants lacs Michigan et Huron. Plus à l’aval, au Québec, il faudrait également gérer les eaux aux Rapides de Lachine afin de préserver le niveau du lac Saint-Louis, puis au droit de Terre des Hommes pour l’environnement du Bassin La Prairie. Enfin, des ouvrages sont aussi requis au droit de Sorel et à celui de Portneuf, afin de sauvegarder l’environnement de toute cette portion de 250 kilomètres du Fleuve Saint-Laurent située entre les villes de Montréal et de Québec.

PRODUCTION D’ÉNERGIE

L’ouvrage de Sarnia rendrait possible la mise en réserve des eaux des crues du printemps et de l’automne de la rivière St-Clair, face à Sarnia. À cet endroit, avec un débit moyen de 4 800 m3/s l’apport d’eau annuel est de quelques 160 km3 d’eau, dont une proportion de 40 à 50% ou 80 km3 s’écoulent lors des crues. Mettre 50% des apports des crues en réserve représente un volume d’eau de l’ordre de 40 à 45 km3, ce qui correspond à un marnage de 35 cm sur l’ensemble des lacs Michigan et Huron, volume d’eau actuellement perdu.

Cette nouvelle réserve utile permettrait d’augmenter le turbinage dans les périodes de forte demande en énergie, une fois rétabli le niveau des lacs Michigan et Huron en quelques années. La quantité d’énergie qui serait ainsi mise en réserve est de l’ordre de 11.3 TWh/an, soit l’équivalent de la production de deux nouvelles centrales nucléaires de 15 milliards de dollars chacune en seuls coûts de construction.

Enfin, ce même volume d’eau actuellement perdu pourrait déjà répondre aux besoins d’une population de 130 millions de personnes. La valeur de cette énergie, soit de 8 ¢/KWh au Québec et pouvant atteindre jusqu’à 18 ¢/KWh ou plus en Ontario, est déjà de l’ordre de 2,4 milliards de dollars, compte tenu de ce bloc annuel additionnel d’énergie de 11.3 TWH.

(Source : Étude de P Gingras, 2016)

OUVRAGES REQUIS

L’étude conceptuelle de tous les sites (Sarnia, Rapides de Lachine, Sorel et Portneuf) laisse entrevoir qu’il est techniquement et économiquement faisable de réaliser ces ouvrages de contrôle en dépit de l’envergure du fleuve Saint-Laurent. On optimisera davantage encore en phase projet certains aspects tels le passage des glaces et l’accommodement de la faune pour laquelle les multiples mesures nécessaires et les argents sont déjà prévues dans le rapport qu’a réalisé M. Gingras.

De Montréal à Québec, la bathymétrie du fleuve Saint-Laurent – tout de même d’une largeur de 2,5 à 3 km aux sites des ouvrages – ici présente cependant l’immense avantage d’un lit d’à peine quelques mètres de profondeur (à l’exception d’un canal profond d’une douzaine de mètres et large de 500 à 700 mètres dragué pour la Voie Maritime). Les ouvrages proposés visent à sauvegarder les niveaux d’eau historiques et, par conséquent, les retenues proposées sont d’une hauteur de l’ordre de un à trois mètres, hauteur à laquelle s’ajoute la revanche des ouvrages, pour une hauteur totale hors de l’eau de l’ordre de 3 à 6 mètres.

PROJET SARNIA

Une fois sous contrôle, les lacs Huron et Michigan qui totalisent une superficie de 114 000 kilomètres carrés permettraient facilement de gérer la totalité des volumes d’eaux des crues. L’abaissement actuel croissant des lacs Michigan et Huron, de 60 cm, et anticipé à long terme par les experts en changements climatiques de possiblement jusqu’à 1,5 m, constitue une catastrophe écologique, communautaire et économique qui s’étend de Chicago à la Baie Georgienne !

Or, une retenue de 30 cm suffirait pour gérer efficacement une réserve d’eau de 40 km3, soit l’équivalent d’un énorme débit régulier de 1 250 m3/s.

Le projet présente plusieurs caractéristiques particulières, à savoir que :

  1. Les structures reposent sur une épaisseur de 20 à 30 mètres d’argile dure.
  2. La hauteur de chute de moins d’un mètre permet l’érection de structures légères.
  3. L’ouvrage n’a pas à être parfaitement étanche.

La construction d’un évacuateur de 6 000 MCS de capacité impose une structure de 1,7 kilomètre de longueur, équipée de vannes gonflables. L’écluse comprend deux passages de 25 m par 250 m de longueur, ainsi que deux murs d’amarrage de 500 mètres en amont et en aval. Elle est implantée du côté ouest du canal de navigation.

Il pourrait être possible de faire l’étude d’avant-projet en 2018, la conception finale et l’étude environnementale en 2019 et 2020, dans le but d’obtenir l’approbation finale du projet d’ici la fin de l’année 2021. Le projet serait mis en service en avril 2025, après trois années de construction.

Le coût du projet est évalué à 590 M$ à la fin de l’année 2025, incluant une réserve exceptionnelle pour contingences de 30%.

PROJET RAPIDES DE LACHINE

Une réduction des débits anticipée de l’ordre de 20 à 30 % aurait possiblement pour effet d’assécher le Lac Saint-Louis de l’ordre de 1,5 mètre; ce qui serait désastreux puisque sa profondeur moyenne est de l’ordre de 2 à 5 mètres. Pour sauvegarder le niveau naturel du Lac Saint-Louis à son élévation normale de 21,18 mètres et en protéger les rives de Beauharnois jusqu’à Dorval et Kanawake, la construction d’un seuil déversant est proposée à environ 2 km à l’aval du pont Mercier, là où la dénivellation de deux mètres est suffisante pour déverser le débit normal du fleuve. Un pont permanent est requis pour construire et desservir les ouvrages, ledit pont pourrait ensuite être ouvert au public et être complété vers la Rive Sud, soulageant d’autant le pont Mercier.

Un important canal de fuite sera nécessaire pour l’opération de l’évacuateur. Long de 5 kilomètres et large de 125 mètres, son volume d’excavation de 9,5 millions de mètres cubes permettra de rehausser et d’aménager la rive de la digue de la Voie Maritime. Cette rive de 25 kilomètres de longueur pourrait ensuite recevoir un développement urbain pour plusieurs centaines de milliers de personnes tout au long du fleuve, de Kanawake jusqu’au pont Victoria.

En débutant les études en 2018, le projet pourrait être autorisé à la fin de l’année 2021. L’évacuateur et son canal serait complété en trois années, à la fin de l’année 2024. Le seuil serait alors construit en deux années, pour décembre 2026.

L’estimation des coûts de ce projet s’élève à 861 M$ à la fin des travaux prévue en 2026, incluant 94 M$ à titre de réserve pour imprévus, soit 20 % et un montant de 419 M$ est dépensé en chantier.

LE PROJET DU BASSIN DE
LA PRAIRIE

Un seuil déversant et des évacuateurs pourraient théoriquement être réalisés face à Habitat-67 pour sauvegarder le niveau du bassin de La Prairie. La dénivelée n’y serait plus que de l’ordre de un mètre. D’autres alternatives se doivent également d’être étudiées, dont un rehaussement de ce bassin La Prairie  à l’élévation 12,6 mètres, niveau de la Voie Maritime, afin de pouvoir ouvrir la digue de la Voie Maritime et à donner accès aux communautés fluviales de la rive sud de Montréal.

Pour l’instant, les ouvrages du bassin La Prairie ne sont pas inclus dans l’ensemble, puisqu’ils ne semblent ni justifiables, ni indispensables, aux objectifs du projet. D’ailleurs, aucune des rives du bassin La Prairie n’est dans son état naturel.

(Source : Étude de P Gingras, 2016)

PROJET SOREL-BERTHIER

Les mêmes critères de conception appliqués pour l’ouvrage de Portneuf s’appliquent pour ce barrage de 2,4 kilomètres de longueur intégrant une seconde écluse de mêmes dimensions. Les structures de béton sont implantées sur les haut fonds afin de réduire les batardeaux au strict minimum, alors que les déblais sont immédiatement réutilisés pour la construction des barrages. Le niveau du bief amont serait fixé approximativement au niveau des crues extrêmes, soit à l’élévation 9 mètres, élévation ajustable aux besoins saisonniers de l’environnement. Encore une fois, on évite ainsi tout ennoiement des rives. Une écluse de 350 m par 40 m de largeur et de 14 m de profondeur est incorporée au centre des ouvrages.

Une route de crête de quatre voies y relie l’Autoroute 30, située à 500 mètres à l’est, à l’Autoroute 40, située à 3 kilomètres du côté ouest, faisant de Sorel un nouveau nœud routier important.

Les deux  traversiers actuellement en service ne seraient plus requis.

La planification du projet présume que les études débutent en janvier 2018 et que le projet est autorisé pour la fin de l’année 2022. Ainsi, l’évacuateur nord est complété pour le printemps 2026, ce qui permet de dériver une partie suffisante des eaux afin de réaliser l’évacuateur sud (Sorel). Le coût est évalué à 1 103 M$ pour une mise en service en 2028, ou à 759 M$ de 2016 en coût actualisés à 2018, lorsque l’on ignore les effets de l’inflation et les coûts de financement du projet pendant sa construction. Ce coût de 759 M$ comprend une réserve pour imprévus de 20% et des dépenses en chantier de 535 M$.

PROJET PORTNEUF–DESCHAMBAULT

Dernier ouvrage de l’escalier d’aménagement du bassin du Saint-Laurent, l’ouvrage de Portneuf serait implanté à environ 1,5 kilomètre à l’amont du village de ce nom, avec une retenue correspondant au niveau maximum de la marée, donc, sans ennoiement des rives. Avec cet ouvrage, on assure la sauvegarde des milieux humides du Lac Saint-Pierre, les plus importants de toute la vallée du Saint-Laurent. Ce projet empêcherait éventuellement le risque de pénétration du fleuve Saint-Laurent par les eaux salées causée par le rehaussement des mers.

De 3,2 kilomètres de longueur, il comprend deux évacuateurs pour un ensemble de 30 passes, pour une capacité de déversement de 27 000 m3/s. Une écluse de 350 m par 40 m et de 14 m de profondeur est incorporée aux ouvrages en rive gauche. Le volume total de béton de ce projet est de 400 000 mètres cubes. Une route de crête peut facilement être ajoutée pour joindre les deux rives. L’excédent des déblais disponibles permettrait facilement d’ajouter un kilomètre de quai à proximité immédiate de l’aluminerie de Deschambault.

En débutant les premières études dans les premiers mois de l’année 2018, le projet devrait pouvoir recevoir les autorisations finales en fin de l’année 2022. Ainsi, l’évacuateur nord pourrait être construit en 39 mois, pour l’automne 2025, l’évacuateur sud et l’écluse pourraient être complétés pour la fin de l’année 2027, 24 mois plus tard alors que le barrage principal serait terminé à l’automne 2028. Coût du projet : 1 269 M$, incluant un coût de financement de 335 M$ (6.3 %), une réserve pour inflation de 151 M$ (1.9 %) et une réserve pour imprévus de 20 %. Les dépenses en chantier s’élèvent à 544 M$.

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Au final : « On cesserait de ‘’gaspiller’’ régulièrement les faibles volumes d’eau en réserve dans les lacs Ontario et Supérieur dans le seul but d’assurer momentanément un niveau d’eau à l’aval et ce, tout en tirant désormais profit chacune des gouttes disponibles », globalise aussi l’ingénieur qui en a vu bien d’autres.

Aussi, l’effet de drainage et d’érosion du fond du fleuve découlant en partie de l’excavation de la Voie Maritime seraient presque éliminés, par ce nouveau contrôle des niveaux et des débits. Ce qui entraînerait d’importantes économies d’entretien de la Voie Maritime, alors moins exposée à l’érosion de courants devenus alors plus lents.

L’étude entreprise par F Pierre Gingras met par ailleurs en évidence « la qualité de la conception originale de la Voie Maritime du Saint-Laurent », puisqu’il s’avère relativement facile, 60 ans plus tard, d’en compléter les ouvrages pour répondre à la fois « aux exigences les plus récentes concernant la protection et la mise en valeur de l’environnement, à l’exploitation optimale de la ressource eau et à ces nouvelles opportunités de développer la navigation ».

Enfin, avec une telle gestion indépendante des niveaux et des débits, les besoins futurs en eau des populations de tout le bassin du Saint-Laurent pourraient être satisfaits à même ce bassin. Et à condition d’utiliser efficacement chaque goutte d’eau, surtout en ce qui concerne les volumes d’eau des crues, « on disposerait de plus d’eau que nécessaire pour compenser les effets d’assèchement des changements climatiques », assure l’auteur, qui voit aussi son projet rentable et durable, indépendamment des effets des changements climatiques.

« Comparé aux retombées environnementales et économiques du projet, un investissement de cinq milliards de dollars, récupérable d’ailleurs en quelques années avec la seule production additionnelle d’énergie électrique, incite à ce que la réalisation de ce projet de contrôle efficace des eaux de l’ensemble du bassin versant du fleuve Saint-Laurent soit recommandée pour étude de faisabilité. »

« Retenir et mettre à profit les eaux de crues; assurer à jamais la disponibilité d’eau potable pour une population qui pourrait atteindre 200 millions de personnes en comptant le Midwest américain; sauvegarder 18 000 kilomètres de rives et plus de 1 200 kilomètres carrés de milieux humides et créer simultanément au moins trois liens inter-rives stratégiques, sont déjà des objectifs de grande envergure. »

Propulser le Port de Montréal, ajouter une importante production d’énergie électrique aux centrales existantes, etc… La rentabilité de ce projet d’un coût total de l’ordre de 5 milliards $ semble, aux yeux de l’instigateur, suffisamment évidente pour procéder à des études plus approfondies de la part des gouvernements.

M Gingras a œuvré à Hydro-Québec de 1966 à 1997, à titre 
de chef  planification et estimation des grands ouvrages 
hydroélectriques, dont la réalisation des complexes Manicouagan-Outardes et Baie-James et les réfections majeures des ouvrages. Il a participé aux études de quelques 200 sites. À sa retraite, il s’implique dans des études, recherches  et projets, notamment avec l’institut Économique de Montréal, l’Académie Canadienne du Génie et l’Association des Ingénieurs Séniors du Canada. M. Gingras a réalisé des études conceptuelles notamment sur la Gestion des eaux du Saint-Laurent face aux Changements Climatiques, sur le projet de Réseau de Transport pan Canadien à 735 kV et sur les aménagements des Fleuves MacKenzie, Rupert et Grande Baleine.

 

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