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Concurrence fiscale : le « système Jello » persiste mais Ottawa emboite le pas à Paris AVEC SA « taxe GAFA » à partir de 2022

Malgré le G20 de Riad, les espoirs déçus de TaxCOOP2020 s’estompent et l’alignement des joueurs de la planète dessine enfin une solution: « Nous sommes actuellement dans un système Jello », résumait Brigitte Alepin. « Que les politiciens le changement, et ce n’est pas que moi qui le pense, mais des gens comme Pascal Saint-Amant, le numéro un de l’enjeu de la concurrence fiscale dans le monde », avait-elle continuée, alors encore sous l’élan le plus récent de ses nombreuses discussions avec le numéro un de l’OCDE.

Les vingt plus importants leaders politiques du monde avaient une occasion de parler franc, à propos de la complexe matière de la concurrence fiscale, lors de leur rendez-vous de Riad des 21 et 22 novembre 2020. Si ce Sommet du G20 (voir l’extrait de leur Déclaration en encadré) n’aura pas passé le test des espérances de TaxCOOP2020, un acte significatif pour la suite de la longue pièce théâtrale en cours a été joué à Ottawa, moins de dix jours plus tard. Autour des 16 heures, lundi 30 novembre, à travers le contenu très attendu du discours sur la mise à jour économique de la ministre des Finances du Canada, Chrystia Freeland, est apparue la décision : une « taxe GAFA » à partir du 1er janvier 2022. (Lire notre autre texte « Gérer les géants du web »).

Le Canada vient donc de se commettre et la France n’est plus solitaire à porter haut son leadership à l’établissement d’un consensus mondial pour un impôt minimum sur les grandes entreprises souvent dites multinationales. Encore à la mi-octobre 2020, après plusieurs années d’efforts, l’OCDE avait bien annoncé « avoir réglé l’essentiel des problèmes techniques » entourant sa solution à l’évitement fiscal des multinationales de tous genres (GAFA, ou GAFAM+N, comme celles des autres secteurs économiques). Mais Washington persistait à protéger, souhaitant les exempter, surtout celles dites GAFAM, qui sont en fait ses GAFAM (alors que Google, Amazone, Facebook, Apple, Microsoft, et plus récemment Netflix, passent avant tout sous la règle des lois fiscales des États-Unis d’Amérique, puisque c’est là qu’elles « résident ». (Mais pas le prodige canadien Spotify – non ! – lui ayant toujours son siège social basé au Canada, en Ontario.) La route de la paix n’est ici pas simple, alors que cette concurrence est élevée au stade de « guerre fiscale » aux yeux d’un acteur clé comme le ministre français, Bruno Le Maire. Alors, vers un taux d’impôt minimum pour tous ? Vers un impôt mondial de base ?

RETOUR SUR LE « JELLO »

Vers le coup des 10 heures, ce samedi matin-là, la militante qui vient de se faire quatre journées folles d’un sommet mondial virtuel est encore au front. Toujours au front, en fait, depuis 2015 : TaxCOOP2020 étant le 6e du genre ! Prévu initialement à Montréal – comme l’initial événement de 2015 – c’est bien de la métropole du Québec que les organisateurs ont mené l’affaire, mais pandémie de COVID-19 oblige avec quelque 2 300 participants, 135 conférenciers, etc. tenus, eux, en mode virtuel. Retenus, chacun dans son coin à lui d’une planète fiscale, elle, aussi aux abois. Malade, ici, d’un virus beaucoup plus insidieux et déliquescent que le SARS-COVID-2. Souffrant du mal d’une concurrence fiscale débridée entre tous les États du monde. Et offrant à l’humanité comme aux États une route parfaite vers un abysse.

Tous ceux qui ont pu écouter le documentaire « Rapide et dangereuse, une course fiscale vers l’abîme », sont dorénavant bien conscients que les politiciens l’avaient échappé, ce sujet-là.

Brigitte Alepin
Cette fiscaliste québécoise, Lavalloise devenue efficace influenceuse du gotha de la finance mondiale, comprend plus que bien l’agora mondial de la fiscalité, après un marathon débuter six ans plus tôt et qui voulait vivre sont rendez-vous de 2020 en apothéose. Un coquin virus aura bouleversé la chose, mais ce fut tout de même des milliers de gens qui furent mobilisés pendant quatre jours du 13 au 16 octobre 2020, pour refaire un nouveau tour de la roue. Tenter d’en arriver à de véritables solutions. Pour arrêter de foncer dans le mur de l’abîme fiscal qui guète présentement tous les gouvernements du monde.

Fière co-fondatrice du mouvement TaxCOOP, Brigitte Alepin est donc au rendez-vous. Nous lui avions posé trois questions, le jour juste avant son événement, le 12 octobre. Elle nous avait promis d’être encore au rendez-vous, pour refaire le point, juste après. D’autant plus que cette 6e édition voulait boucler la boucle… En ce samedi 17 octobre, notre première question fut sans plus : « Et puis? »

« On a six mois (…) »

Comme pour les cinq autres rendez-vous du mouvement TaxCOOP – elle les terminait sans savoir vraiment la suite – sa détermination ira au gré des occasions et de ce que la route à poursuivre apportera. Outre la France, parmi ses principaux alliés, Brigitte Alepin nous citera l’Agence du Revenu de la Suède « qui a été récemment classée comme l’agence la plus populaire en Suède (…) Un exemple qui pourrait être inspirant pour le Québec », lance-t-elle du même coup, bien heureuse d’avoir eu comme partenaires commanditaires hôtes de TaxCOOP2020 non seulement l’Agence du Revenu du Canada, mais aussi Revenu Québec, qui a aussi une carte à jouer.

« (…) Pour la prochaine étape, nous restons en discussion avec l’OCDE pour que la suite de TaxCOOP soit dorénavant sous leur égide, voire idéalement l’égide de la plateforme des quatre organisations (OCDE-FMI-BM-ONU). Pour nous, c’est la plateforme. Ce serait l’idéal (…) Je les travaille simultanément (…) Ça prend un rendez-vous public avec la société civile… Quelque chose comme la COP of Tax (…) L’heure est définitivement à l’étape du politique. »

Brigitte Alepin ne croyait, ici, certes pas dire ci juste, et son délai de six mois est probablement tout bouleversé, en ces premiers jours du dernier mois de 2020. Le Sommet du G20 sous l’égide de l’Arabie saoudite n’avait manifestement pas passé officiellement le test des espérances des milliers de participants de TaxCOOP2020. Entre sa tenue platement virtuelle et sa place au calendrier accueillant malencontreusement une légitimité en bataille d’un président sortant toujours en lutte acharnée avec un président élu à la Maison-Blanche, le G20 des Saoudiens aura dramatiquement souffert de l’incertitude face à l’avenir politique de son pays membre leader. Mais avec des États-Unis d’Amérique marchant temporairement à cloche-pied, de Paris, de Londres, et là d’Ottawa, la diplomatie de couloir n’aura pas cessé pour autant et les grandes manœuvres s’opèrent en cascade. Parce que le fruit est bien mûr.

Au Royaume-Uni, la Digital Markets Unit commencera à opérer à partir d’avril 2021 – c’est dans moins de quatre mois – et cette nouvelle agence aura mission précise de réguler les géants des nouvelles technologies.

Le Royaume-Uni crée une agence dont la seule mission est de réguler les géants de la tech

Baptisée Digital Markets Unit, elle sera affiliée à la Competition and Markets Authority et fera ses débuts au mois d’avril 2021.

« (…) il existe un consensus croissant au Royaume-Uni et à l’étranger sur le fait que la concentration du pouvoir entre un petit nombre d’entreprises technologiques freine la croissance du secteur, réduit l’innovation et a des effets négatifs sur les personnes et les entreprises qui en dépendent. Il est temps de s’attaquer à ce problème et d’enclencher une nouvelle ère de la croissance technologique », déclarait dans un communiqué le secrétaire d’État au Numérique, Oliver Dowden.

Pour rappel, SiècleDigital expliquant : « Les GAFA doivent faire face à de plus en plus de méfiance de la part des autorités dans plusieurs pays. Tandis que l’Union européenne réfléchit à une nouvelle loi pour mieux les réguler, les États-Unis sont passés à l’action cet été avec une audience antitrust historique, débouchant sur des poursuites à l’encontre de Google, accusée d’abus de position dominante. »

(Source : Siecledigital.fr
2020/11/27)
Taxe GAFA : la France a envoyé ses premiers avis d’imposition

Alors que les négociations entre les membres de l’OCDE ont échoué le 12 octobre 2020, la France décide de faire cavalier seul. Les 137 pays membres de l’OCDE avaient pourtant bien tenté de trouver un accord au début de l’automne, mais la pandémie a détourné les priorités des pays présents et l’absence des États-Unis a semé le doute au cours de cette rencontre (…)

Aujourd’hui nous venons d’apprendre que le gouvernement français avait fait le choix de mettre en application cette fameuse taxe dont il est question depuis plus de deux ans.

Après avoir lancé l’idée d’une taxe européenne, Bruno Le Maire a finalement décidé de ne pas attendre. Si une entreprise remplit ses deux conditions, elle devra verser l’équivalent de 3% de ses revenus français en impôts. Voilà qui ne devrait pas plaire au gouvernement américain qui se sent directement visé par cette taxe étant donné que la plupart des entreprises concernées sont américaines. L’administration Trump avait menacé Bruno Le Maire de taxer les produits cosmétiques et les sacs à main français.

(Source : Valentin Cimino – @ciminix, 2020-11-26)

En France, après des mois d’incertitude, le ministre Le Maire vient de confirmer que sa « taxe GAFA » devra effectivement être payée, et que son « impôt GAFA », lui de 3%, se concrétisera également alors que les premiers avis d’imposition viennent d’être envoyés aux intéressés. Il ne tergiverse plus. C’est devenu du « qui m’aime me suive », et en plus du Canada, il faut s’attendre à voir aussi l’Espagne, l’Italie, le R-U et le Chili emboîter le pas.

NOUVEAU RETOUR SUR LE « JELLO »

« Nous étions à quelques centimètres d’un accord », avouait le ministre des Finances de la France, Bruno Le Maire (en juin 2020), lui-même le politicien le plus engagé et commis de ceux participants à TaxCOOP2020 en octobre. Un accord avait même été passé entre les présidents Macron et Trump (en août 2019) décidant alors, que la « Taxe GAFA » française serait supprimée dès que l’OCDE aurait trouvé un accord pour taxer équitablement les géants du numérique.

Or il n’y a toujours pas d’accord, alors que 2021 pointe d’ici moins d’un mois. Sans doute encore le principal défi : convaincre les États-Unis d’abandonner leur exigence que la solution reste optionnelle.

Avec le changement de locataire à la Maison-Blanche, l’ordre du jour à ce titre changera-t-il vraiment ? Si au 20 janvier 2021 « America is back » et que les États-Unis sont de retour… ce sera pour faire quoi ? Jusqu’à quoi une présidence Joseph Biden pourra renier le « America first » prôné depuis quatre ans par l’administration de la première puissance économique, militaire, culturelle et scientifique, donc politique, mondiale ?

En attendant, la France risque et ne veut plus attendre. Son 3% de taxation était déjà une loi qui, bien que mise sur la glace, sera perçue un jour pour l’impôt des entreprises de leur année 2019. Nous sommes fin 2020. Bercy a faim. Comme tous les ministères des finances de la planète.

Le 30 novembre 2020, la ministre des Finances du Canada a aussi confirmé un ajout, entre 380 et 400 milliards de $ CAN, pour son année budgétaire 2020-2021, sur les ardoises à rembourser canadiennes, lors de sa première mise à jour économique en tant que ministre à ce poste. Des annonces que son prédécesseur, Bill Morneau, parti dans la controverse pendant l’été, n’est certainement pas fâché de lui laisser dire.

Au Canada, les ratios (dette/PIB, déficit/PIB) restent viables et pas trop préoccupants. Le Canada demeure un pays riche et très capable de supporter un choc tel que l’actuelle pandémie de COVID-19. Mais le scénario est très différent selon que vous privilégiez une vision globale, mondiale.

Alors, allons-nous vraiment vers un taux d’impôt minimum pour tous ? Qui serait respecté comme un taux planché par tous les États, sur la base de la traditionnelle coopération internationale ? Voire jusqu’à un impôt mondial de base, retouchant ici jusqu’au concept de la pleine souveraineté des États, en allant au final sur la route d’un Traité mondial?

Personne ne sera contre la vertu, mais c’est un consensus pour établir le dit taux qui complique toute l’affaire. C’est le chiffre de 12,5 % (soit 1/8) qui semble le plus proche de satisfaire une majorité d’États. Qui sont tout de même pas moins de 137 pays ayant participé, au fil du temps, aux immenses efforts de l’OCDE.

S’entendre sur un seul chiffre, cela paraît simple, voire efficace. Idéalement, c’est pourtant tout le système qu’il faudrait simple et efficace. Mais les diplomates de la fiscalité internationale ont fait tout sauf arriver à quelque chose de simple et efficace. Ils sont même arrivés à quelque chose d’extrêmement complexe, étant que le mode d’emploi, à lui seul, d’un des deux piliers du processus élaboré et négocié via l’OCDE, eh bien ! il fait 240 pages.

Mais peut-on véritablement s’en surprendre ? C’est comme ça, négocier à plus de 100, 137, 194, voire plus de 200 parties prenantes, avec tous les États infra-fédéraux de la Terre.

Bien difficile de rester simple, direz-vous. Mais on fait quoi alors?

Alors… en avant la France ! À Paris, le ministre vient donc de refuser de reporter indéfiniment son leadership en matière de solutions à la concurrence fiscale internationale. Ses avis d’imposition sont partis la semaine dernière.

Parce que pendant ce temps, combien de multinationales continuent de ruser avec leurs taxes et impôts à travers le monde entier ? Sans parler de ce que la Chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques de l’Université de Sherbrooke vient de dévoiler, le 27 octobre 2020, en détaillant ce qui permet de transférer, disons au Canada, des pertes subies à l’étranger, en vue de réduire la facture fiscale au dit pays, ce qui est appelé « évitement fiscal inversé ».

Sans parler des « paradis judiciaires », comme par exemple la Belgique, un État reconnu pour avoir des procédures extrêmement lentes et longues, et un système judiciaire permettant un très grand nombre de recours à tous les niveaux, permettant aux accusés et criminels de tous ordres de faire traîner, traîner, voir s’éterniser, les causes à juger. Bel exemple du cas belge : pour ce qui porte depuis longtemps le nom de « Affaire Dragone« , les premières démarches remontent en octobre 2012 et ce n’est que récemment en 2020 que l’on commence à bien comprendre et voir poindre un dénouement.

Puis on s’exemptera, ici, de trop développer sur les « paradis fiscaux » ! Voire occulterons de parler de zone franche, de ville franche et autres subtilités du monde complexe de la fiscalité.

« Il faut améliorer l’observance fiscale », plaide-t-on partout en cœur!

« Débarrasser le système fiscal du maximum de conditions et d’exceptions afin d’en assurer l’application la plus simple et la plus large possible, d’en augmenter ainsi l’efficacité et les recettes, et de pouvoir réduire d’autant les taux d’imposition », voilà qui semble très sage et plein de bon sens et qui avait d’ailleurs été défendu par le professeur Arthur Laffer, alors conférencier vedette en ouverture de la 6e conférence internationale sur la fiscalité TaxCOOP, en octobre 2020.

Mais quand trop de « paradis » se concurrencent…

Pourtant l’importance de la conscience fiscale internationale ne doit pas être confondue avec le phénomène de la mondialisation. Évidemment, les finances publiques sont fragilisées partout à travers le monde, le taux d’imposition des grandes entreprises ne cessant de diminuer (il est rendu à 6 % aux États-Unis). Alors quelle proportion du fardeau fiscal doit reposer sur le citoyen ?

Sachant bien que c’est celui-ci, largement, qui permet notamment de choisir ou non de maintenir un filet sociale plus ou moins robuste, un système d’éducation plus accessible, ou un cadre réglementaire plus conséquent en matière environnementale ou des normes du travail. Ce qui conduit notamment aussi à un niveau d’inégalités moins extrêmes dans une société. Au Canada par exemple, la taxation représente 33% du produit national brut, contre 20,3% aux États-Unis (selon l’OCDE).

LES COULEURS DU « JELLO »

Outre la question du comportement des États-Unis, qui sont donc les pays à regarder pour être les plus réputés pour leurs règles fiscales accommodantes, plutôt que pour les affaires qu’on peut réellement y faire ? Le rapport du groupe d’intérêt Canadiens pour une fiscalité équitable (CFE), rendu public en juillet 2020, avait révélé une liste qui dépasse l’enjeu des territoires dits « paradis fiscaux ». En se basant sur le bilan des investissements directs étrangers (IDE) de 2019 dressé par Statistique Canada, donc concernant les entreprises canadiennes, si ce n’est pas une surprise que celles-ci aient beaucoup investi aux États-Unis et au Royaume-Uni, c’est ensuite au Luxembourg, aux Bermudes, à la Barbade, et enfin dans les îles Caïmans. De fait, 6 des dix premières destinations de prédilection de l’IDE des entreprises canadiennes sont couramment considérées comme des paradis fiscaux.

Et l’affaire se complexifie encore lorsqu’il faut considérer le chemin que peut prendre un investissement dans un pays ayant ses propres « paradis fiscaux intérieurs », tels que les États du Delaware ou du Dakota du Sud aux États-Unis, où les dépendances britanniques de Jersey, de Guernesey et de l’Île de Man. La même ONG avait rapporté, cette fois en 2017, que ce qui était plutôt la règle générale pour une grosse société inscrite à la Bourse de Toronto s’était d’avoir au moins une filiale dans un paradis fiscal : c’était le cas de plus de 90 % des 60 plus grandes sociétés alors inscrites au TSX.

Tout récemment, une analyse du FMI rapportait, en septembre, des données impressionnantes à propos des « investissements fantômes » : pour des données concernant l’année 2017, ceux-ci s’élevaient à 15 000 milliards de $US dans le monde, c’est-à-dire 40% de l’ensemble des investissements directs étrangers (IDE). Mais c’est la suite qui est forte d’implications : de telles manoeuvres priveraient les pouvoirs publics dans le monde de 500 à 600 milliards en $US de revenus annuellement, toujours selon des analyses du FMI. Et si à ce bilan des entreprises on ajoute le comportement des particuliers, eux aussi faisant de grands efforts pour se mettre à l’abri du fisc, il faudrait ajouter au-delà d’un autre 20 000 milliards $ bien gardés à l’ombre dans des juridictions complaisantes. Bref, quelque chose comme 36 000 milliards $US pas – ou très peu – participatifs à l’équité fiscale en société.

Si les choses s’améliorent, le noeud du problème est encore complet. Encore sous l’égide de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), se sont récemment mise en place des règles telles un système d’échange automatique d’information sur les particuliers qui détiennent des comptes à l’étranger; ou encore l’exigence pour les multinationales de dévoiler où elles produisent effectivement leurs biens, offrent leurs services, comptent des employés, réalisent leurs profits et payent leurs impôts. Mais de telles données et statistiques ne sont pas encore bien vielles en années couvertes et donc significatives.

Au Québec par exemple, son autorité fiscale, Revenu Québec, s’affiche en premier de classe au Canada depuis qu’il engrange les surplus au-delà de ces espérances en matière de perception de taxes, notamment auprès des multinationales du numérique. Par sa décision de passer outre les réticences qu’avait jusqu’ici l’autorité fédérale d’Ottawa – voir l’annonce de la ministre Freelaand du 30 novembre 2020 – et de percevoir à tout le moins sa propre taxe de vente sur les plates-formes numériques, rendue obligatoire depuis le 1er janvier 2019 pour les entreprises étrangères, et depuis le 1er septembre 2019 pour les entreprises canadiennes hors du Québec, l’inscription auprès de Revenu Québec et la perception de la taxe de vente du Québec (TVQ), qui est de 10%, comptait déjà 672 entreprises le 17 septembre dernier, incluant Netflix, Amazon, Apple, Facebook, Airbnb, Spotify et Google. Premiers résultats : avoir pu percevoir non pas 28 M$ – comme l’agence s’y attendait – mais plus de 102 millions $ de TVQ pour l’année civile 2019; puis déjà plus de 67 millions pour les six premiers mois de l’année en cours.

Pourtant, pris globalement en cette année 2020 finissante, il en demeure qu’à travers le monde entier, les règles fiscales sont fondamentalement dépassées.

Impôt s’appliquant là où les entreprises enregistrent effectivement leurs revenus et profits, introduction d’un impôt international minimum sur les sociétés, application d’une taxe sur les géants du numérique, plus de moyens d’enquête et de lutte accordés aux autorités policières et fiscales dans chaque pays… Parmi les autres pistes de solutions, peut-on encore en trouver une du côté d’un impôt sur la fortune? Un sondage récent, effectué par Abacus Data et cité par Marie-Christine Fiset, directrice des médias chez Greenpeace Canada, dans son texte d’opinion publié dans le quotidien montréalais Le Devoir le 23 juillet 2020, révéla que « 75 % des personnes interrogées étaient favorables à une taxe sur la fortune de 1 à 2 % ». Rappelons que le Canada reste le seul pays du G7 n’appliquant pas d’impôt sur la fortune.

Mais la solution à une plus juste redistribution de la richesse et de sa création doit-elle nécessairement passer par les coffres de l’État ? Certes, mais réalistement jamais exclusivement. Outre ce rôle des États, compte aussi celui des fondations et initiatives privées et du cadre du geste philanthropique.

Si les militants, telle Brigitte Alepin, gagnent leur pari que 2021 soit l’année de la mutation du mouvement TaxCOOP en un rendez-vous politique officiel, une COP of TAX, ce qu’elle appelle encore « système Jello » passera alors de sa couleur rouge/alerte actuelle, à une couleur davantage vert/espoir. Comme mot de la fin, rappelons ici son constat du début : « Nous sommes actuellement dans un système Jello. Que les politiciens le changement ».

Et en cette deuxième décennie des années 2000, des politiciens qui actent et décident -, surtout mondialement, ne le font jamais sans impliquer la société civile agissante avec toutes les parties prenantes. Dans son documentaire « Rapide et dangereuse, une course fiscale vers l’abîme » il y est clairement dévoilé qu’en matière de concurrence fiscale internationale, aux travers des décennies 1980, 1990 et 2000 jusqu’à présentement, les politiciens l’avaient échappé, ce sujet-là.

Toujours agréable à manger, pour un adulte comme un enfant, un jello reste un amusement alimentaire qui ne nourrit jamais son homme. Nourrir demain toute l’humanité, post-COVID-19 en plus, nécessitera un système fiscal mondial beaucoup plus solide.

TaxCOOP ça veut dite coopération en matière de taxation, de normes fiscales et d’impôts.

COP ça veut dire « conférence des parties » (Conference Of Parties), en jargon des spécialistes de la science politique et des relations internationales. Comme la COP21 de Paris avec son célèbre « Accord de Paris sur le climat » et c’était en 2015. 2015, justement la première année de la conférence TaxCOOP.

« Ne pensez-vous pas que les multinationales, et notamment celles du numérique, devraient payer des impôts corporatifs au même titre que les entreprises canadiennes ? », nous proposait comme question à soumettre au ministre du Patrimoine du Canada le 26 novembre dernier Brigitte Alepin. La réponse étant presque dans la question. Tout comme l’évidence à répondre à la question du climat, autre enjeu fondamental pour lequel tente de répondre depuis 2015 une communauté internationale insuffisamment solidaire. Montrant encore le temps qu’il faut y mettre pour toute affaire mondiale.

Le temps dira prochainement si TaxCOOP fera naitre une COP of Tax, chemin vers minimalement une meilleure gouvernance mondiale de l’enjeu, voire vers un Traité ou une Convention mondiale sur la concurrence fiscale.

Leaders’ Declaration G20 Riyadh Summit / November 21 – 22, 2020

Les articles 14, 16 à 21 (sur les 38 totalisant la Déclaration) traitaient de fiscalité, comme notamment 3 sur 25 des G20 Ministerial Declarations, Communiqués, and Statements:
– 4 th G20 Finance Ministers’ and Central Bank Governors’ Communiqué (Oct 14);
– G20 Anti-Corruption Ministers’ Communiqué (Oct 22);
– Extraordinary G20 Finance Ministers’ and Central Bank Governors’ 
Statement (Nov 13)

14. International Financial Architecture: We reiterate our commitment to ensure a stronger global financial safety net with a strong, quota-based, and adequately resourced IMF at its center. We remain committed to revisiting the adequacy of quotas and will continue the process of IMF governance reform under the 16th general review of quotas, including a new quota formula as a guide, by 15 December 2023. We call on the IMF to continue exploring additional tools that could serve its members’ needs as the crisis evolves, drawing on relevant experiences from previous crises. We also support the IMF’s enhanced assistance to help address particular challenges faced by small developing states. Beyond the crisis response, we call on the IMF to prepare an analysis of the external financing needs in low income developing countries in the coming years and sustainable financing options, and on the WBG, to scale up its work and deploy instruments in new ways to mobilize private financing to these countries. We welcome the G20 Reference Framework for Effective Country Platforms and the country-owned pilot platforms that have been deployed and look forward to further updates by MDBs on progress in this area. We will strengthen long-term financial resilience and support growth, including through promoting sustainable capital flows and developing domestic capital markets.

16. Financial Sector Issues: We commit to the Financial Stability Board (FSB)’s principles underpinning the national and international responses to COVID-19, including the need to act consistently with international standards, and ask the FSB to continue monitoring financial sector vulnerabilities, working on procyclicality and credit worthiness, and coordinating on regulatory and supervisory measures. We welcome the FSB’s holistic review of the March 2020 turmoil, and its forward work plan to improve the resilience of the non-bank financial sector. The pandemic has reaffirmed the need to enhance global cross-border payment arrangements to facilitate cheaper, faster, more inclusive and more transparent payment transactions, including for remittances. We endorse the G20 Roadmap to Enhance Cross-Border Payments. We ask the FSB, in coordination with international organizations and standard-setting bodies, to monitor the progress, review the roadmap and annually report to the G20. We look forward to the FSB completing the evaluation of the effects of the too-big-to-fail reforms in 2021. Moreover, we reaffirm the importance of orderly transition away from LIBOR to alternative reference rates before end-2021. Mobilizing sustainable finance and strengthening financial inclusion are important for global growth and stability. The FSB is continuing to examine the financial stability implications of climate change. We welcome growing private sector participation and transparency in these areas.

17. While responsible technological innovations can deliver significant benefits to the financial system and the broader economy, we are closely monitoring developments and remain vigilant to existing and emerging risks. No so-called ‘global stablecoins’ should commence operation until all relevant legal, regulatory and oversight requirements are adequately addressed through appropriate design and by adhering to applicable standards. We welcome the reports on the so-called ‘global stablecoins’ and other similar arrangements submitted by the FSB, the Financial Action Task Force (FATF) and the IMF. We look forward to the standard setting bodies engaging in the review of existing standards in light of these reports and making adjustments as needed. We look forward to the IMF’s further work on macro-financial implications of digital currencies and socalled ‘global stablecoins’.

18. We support the Anti-Money Laundering (AML)/Counter-Terrorist Financing (CFT) policy responses detailed in FATF’s paper on COVID-19, and reaffirm our support for the FATF, as the global standard-setting body for preventing and combating money laundering, terrorist financing and proliferation financing. We reiterate our strong commitment to tackle all sources, techniques and channels of these threats. We reaffirm our commitment to strengthening the FATF’s Global Network of regional bodies, including by supporting their expertise in mutual evaluations, and call for the full, effective and swift implementation of the FATF standards worldwide. We welcome the strengthening of the FATF standards to enhance global efforts to counter proliferation financing.

19. Digital Economy: Connectivity, digital technologies, and policies have played a key role in strengthening our response to the pandemic and facilitating the continuation of economic activity. We take note of the Policy Options to Support Digitalization of Business Models during COVID-19. We acknowledge that universal, secure, and affordable connectivity, is a fundamental enabler for the digital economy as well as a catalyst for inclusive growth, innovation and sustainable development. We acknowledge the importance of data free flow with trust and cross-border data flows. We reaffirm the role of data for development. We support fostering an open, fair, and non-discriminatory environment, and protecting and empowering consumers, while addressing the challenges related to privacy, data protection, intellectual property rights, and security. By continuing to address these challenges, in accordance with relevant applicable legal frameworks, we can further facilitate data free flow and strengthen consumer and business trust. We recognize the importance of working with stakeholders to connect humanity by accelerating global internet penetration and bridging digital divides. We recognize the importance of promoting security in the digital economy and welcome the G20 Examples of Practices Related to Security in the Digital Economy. We will continue to promote multi-stakeholder discussions to advance innovation and a human-centered approach to Artificial Intelligence (AI), taking note of the Examples of National Policies to Advance the G20 AI Principles. We welcome both the G20 Smart Mobility Practices, as a contribution to the well-being and resilience of smart cities and communities, and the G20 Roadmap toward a Common Framework for Measuring the Digital Economy.

20. International Taxation: We will continue our cooperation for a globally fair, sustainable, and modern international tax system. We welcome the Reports on the Blueprints for Pillar 1 and Pillar 2 approved for public release by the G20/OECD Inclusive Framework on Base Erosion and Profit Shifting (BEPS). Building on this solid basis, we remain committed to further progress on both pillars and urge the G20/OECD Inclusive Framework on BEPS to address the remaining issues with a view to reaching a global and consensus-based solution by mid-2021. We welcome the report approved by the G20/OECD Inclusive Framework on BEPS on the tax policy implications of virtual currencies. We welcome the progress made on implementing the internationally agreed tax transparency standards and on the established automatic exchange of information. We will continue our support to developing countries in strengthening their tax capacity to build sustainable tax revenue bases.

21. Anti-corruption: We will continue to lead by example in the global fight against corruption. In this regard, we welcome the first G20 Anti-Corruption Ministerial Meeting. We will continue to promote global integrity in response to the pandemic, and we endorse the G20 Call to Action on Corruption and COVID-19. We commit to taking and promoting a multi-stakeholder approach, including with international organizations, the civil society, the media, and the private sector, to preventing and combating corruption. We welcome the Riyadh Initiative for Enhancing International Anti-Corruption Law Enforcement cooperation. We endorse the G20 Action on International cooperation on Corruption and Economic Crimes, Offenders and the Recovery of Stolen Assets. We welcome the reformed approach to the G20 Anti-corruption Accountability Report, and endorse G20 High-Level Principles for: the Development and Implementation of National AntiCorruption Strategies; Promoting Public Sector Integrity Through the Use of Information and Communications Technologies; and Promoting Integrity in Privatization and PublicPrivate Partnerships. We will demonstrate concrete efforts by 2021 towards criminalizing foreign bribery and enforcing foreign bribery legislation in line with article 16 of UNCAC, and with a view to possible adherence by all G20 countries to the Organisation for Economic Co-operation and Development (OECD) Anti-Bribery Convention. We welcome Saudi Arabia joining the OECD Working Group on Bribery.

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Les prochaines éditions du Sommet du G20 sont prévues se tenir en Italie (2021), en Indonésie (2022), en Inde (2023) et au Brésil (2024).

Documents from previous summits.

Osaka, Japan, 2019; Buenos Aires, Argentina, 2018; Hamburg, Germany, 2017; ​​ Hangzhou, China, 2016; Antalya, Turkey, 2015; Brisbane, Australia, 2014; St. Petersburg, Russia, 2013; Los Cabos, Mexico, 2012; Cannes, France, 2011; Seoul, Republic of Korea, 2010; Toronto, Canada, 2010; Pittsburgh, USA, 2009; London, UK, 2009; Washington, USA, 2008
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Comment reprendre le pouvoir sur les GAFA ?

L’Europe imposera sa taxe GAFA « si les États-Unis ne reviennent pas à la table des négociations »

(Crédit photo de la « une »: Twitter)

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taxcoop2020: Trois questions à Brigitte Alepin

À moins de 24 heures du début de TaxCOOP2020, qui se veut devenir le Sommet mondial de la fiscalité, voici ce que l’une des fondatrices du mouvement, Brigitte Alepin, nous a partagé. Fiscaliste et professeure à l’Université du Québec en Outaouais, madame Alepin est également réalisatrice du documentaire, « Rapide et dangereuse, une course fiscale vers l’abîme », un nouveau moyen-métrage, réalisé en pleine pandémie de la COVID-19, qui fait comprendre l’enjeu de l’évolution des politiques fiscales, dans le monde complexe d’aujourd’hui, face aux trois dernières décennies de mondialisation. Un documentaire qui sera d’ailleurs lancé, en première mondiale, sur la chaîne publique canadienne RDI, le 14 octobre 2020. (1)

Q1L’initiative des conférences TaxCoop que vous avez pues organiser et tenir à travers le monde depuis 2015 arrivent, cette année, à un certain aboutissement. Que pensez-vous que sera le chemin de plus accompli une fois TaxCOOP2020 terminée?

Tout d’abord, avec plus de 2 300 inscrits et 134 conférenciers, nous sommes très fières et à l’aise face à nos objectifs et à nos partenaires (…) Réalisez-vous: nos pricipaux partenaires sont Revenu Québec et l’Agence du revenu du Canada (…)

Après cinq éditions de TaxCoop sous le principe de l’approche collaborative, l’étape suivante est très claire pour nous. Notre objectif est de devenir un événement comparable aux COP pour l’environnement. C’est justement pour cela que nous étions avec la COP25, au Chili, pour notre événement l’an dernier. On veut donc passer à un niveau plus politique (…)

La fiscalité, ce n’est pas comme l’environnement qui en est rendu effectivement à 25 COP. Mais c’est peut-être plus facile de s’entendre en matière de fiscalité internationale que pour l’environnement (…) En peu de temps, on a fait avancer l’enjeu du secret bancaire…

Je peux vous dire que de faire, dès 2021, de TaxCoop une COP de la fiscalité internationale est officiellement un sujet qui sera discuté jeudi prochain, et que nous sommes très fiers d’avoir les quatre grandes organisations internationales ensemble à la même table pour en discuter (Banque mondiale, FMI, OCDE et ONU).

Q2 Ce sera un long chemin encore avant d’avoir une entente internationale, un traité, un accord politique… Qui sont, présentement, à cet égard, vos premiers alliés?

Effectivement, nous ne pouvons pas encore compter sur un grand nombre de représentants politiques, mais comme vous le constaterez dans le documentaire, la ministre des Finances de la Suède, tout comme le ministre de l’Économie et des Finances de la France, Bruno Le Maire, se sont clairement engagés et ce denier nous a autorisé à diffuser en entier l’interview ayant servi au montage du documentaire durant TaxCOOP2020. Le ministre des Finances du Québec, Éric Girard, sera par ailleurs un de nos conférenciers.

Q3Si on pense précisément aux presque 200 États membres de l’ONU face à l’enjeu de la concurrence fiscale: en êtes-vous, personnellement, arrivée à la conclusion qu’il existerait un trop grand nombre d’États sur notre planète, ou il s’agit d’une mauvaise question?

Le mieux, ici, serait que je vous réfère à ma collègue Louise Otis, qui aurait certainement une réflexion plus experte (…) Ce que je peux certainement vous dire, c’est qu’à l’exemple de ce que l’on a pu vivre avec l’Accord de Paris pour l’environnement jusqu’à maintenant, une réforme fiscale globale verte pourrait être, à mes yeux, une solution.

Brigitte Alepin est une Québécoise née à Laval, ville voisine juste au nord de Montréal. Elle est devenue l’une des fiscalistes les plus influents de la planète. Avec ses trois collègues, elle a fait de la série de conférences internationales annuelles pour une plus grande équité dans la fiscalité mondiale, un événement mondial incontournable. But: comment s’attaquer à l’évasion fiscale? Résultat de la concurrence entre les pays pour attirer les multinationales, grâce à des avantages fiscaux nuisant indiscutablement aux recettes des États. Tout comme les paradis fiscaux. C’est avec Louise Otis, Allison Christians et Line Latulipe, trois autres sommités québécoises du domaine, qu’elle a lancé à Montréal, en 2015, TaxCOOP , la première grande conférence internationale sur la coopération fiscale entre les pays. L’année suivante, ce fut à Washington, grâce à l’appui de la Banque mondiale. En 2017, c’est l’Organisation des Nations unies (ONU) qui fut hôtesse de la conférence dans ses bureaux à Genève. Puis l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) à Paris. En 2019, avant le grand retour à Montréal, elle pu être organisée à Madrid, en Espagne, durant la COP25, le grand rassemblement annuel sur le climat.
Jeudi le 15 octobre 2020,
une séance exceptionnelle sur le thème
Miser sur la coopération
sera l’un des moments forts de la conférence réunissant dans un même forum les directeurs en charge de la fiscalité des quatre institutions économiques les plus reconnues dans le monde
Pascal Saint-Amans, directeur du Centre de politique et d’administration fiscale de l’OCDE;
Vitor Gaspar, directeur du Département des affaires fiscales du Fonds Monétaire International;
Navid Hanif, directeur du bureau pour le financement du développement durable, Département des affaires sociales et économiques de l’ONU;
Marcello Estevão, directeur du groupe mondial Macroeconomics, Trade and Investment (MTI) de la Banque mondiale.

(1) Première francophone (Canada) le 14 oct. 2020 à 20 h « Les grands reportages » sur ICI RDI ; Première anglophone (Canada) le 15 oct. 2020 à 11 h 15.

LIRE AUSSI:

taxcoop.org

https://www.lepoint.fr/high-tech-internet/une-experte-en-fiscalite-de-11-ans-veut-taxer-les-robots-07-10-2018-2261029_47.php

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Campagne mondiale pour mettre fin aux paradis fiscaux

Pour la nième fois, une mobilisation s’organise pour demander une réforme de la fiscalité à travers le monde de manière à faire disparaître les échappatoires à l’impôt. Précisément, mettre fin aux paradis fiscaux.

« À quelques semaines du dépôt des budgets, plus de 100 organisations et personnalités publiques joignent leur voix pour demander à nos gouvernements de rendre illégaux des mécanismes qui sont aujourd’hui parfaitement légaux et qui facilitent le recours aux paradis fiscaux. Les solutions sont à leur portée. Il s’agit d’en faire une priorité », demande via communiqué Denise Byrnes, la directrice générale d’Oxfam-Québec.

Au Québec, les milieux de la santé, de l’éducation, de l’environnement, des syndicats, de la recherche, des affaires, de la coopération internationale, des arts et de la culture, de la lutte à la pauvreté, de la jeunesse et de la défense des droits humains s’unissent ainsi pour demander aux gouvernements de mettre fin à l’ère des paradis fiscaux.

« L’impôt est un pilier essentiel de notre société démocratique, mais nous devons changer les règles de ce système fiscal afin de nous assurer que tous paient leur juste part. Pour y arriver, une forte mobilisation de la société civile est nécessaire. »

Il y a quelques jours,
Oxfam annonçait que 8 hommes
possèdent autant
que la moitié
de la population mondiale.

Alors que les inégalités économiques n’ont jamais été aussi grandes, un réseau international de paradis fiscaux permet toujours aux multinationales et aux détenteurs de grandes fortunes de contourner l’impôt. Ce qui prive les Trésors publics du financement qui leur est dû.

En privant les gouvernements de ressources importantes, il est facile d’en conclure que les paradis fiscaux nuisent directement à la capacité des États à financer les infrastructures publiques et les services sociaux dont la population a besoin et dont les entreprises profitent elles-mêmes.

3 demandes aux gouvernements du Québec et du Canada

  • Faire de la lutte aux paradis fiscaux une priorité absolue et s’attaquer fermement au recours qu’en ont les grandes entreprises et les particuliers fortunés.
  • User de tous les pouvoirs que leur confère leur champ de compétences afin de renforcer les lois et règlements pour que ces pratiques inadmissibles deviennent illégales.
  • Jouer un rôle de chef de file dans le cadre des discussions et des initiatives internationales visant à endiguer le phénomène du recours aux paradis fiscaux.

Pour rallier l’ensemble des acteurs touchés par les paradis fiscaux, Oxfam-Québec, en collaboration avec le collectif « Échec aux paradis fiscaux », a lancé en avril 2016 la campagne « À la recherche des milliards perdus ». Dans le cadre de cette campagne, des hommes, des femmes et des jeunes, ainsi que des organisations et autres acteurs de la société demandent aux gouvernements fédéral et provincial d’agir pour mettre fin à l’ère des paradis fiscaux.

 

Résultats concrets de cette campagne à ce jour :
  • déclaration signée par plus de 100 organisations et personnalités publiques;
  • pétition signée par plus de 24 000 citoyennes et citoyens;
  • consultation citoyenne, menée auprès de 2 500 personnes, qui porte sur le coût social des paradis fiscaux.

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Échec aux paradis fiscaux
À la recherche des milliards perdus
Une économie au service des 99 %

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Des Panama Papers… au Bahamas Leaks !

Difficile de prévoir quand va s’arrêter le flot des révélations sur les paradis fiscaux, de plus en plus dans la mire des opinions publiques et des médias dans le monde. Et aussi des États, en quête de ressources fiscales. Après les imposantes révélations de la saga des Panama Papers de l’été 2016, voila que les médias partenaires du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) ont eu accès à de nouveaux documents confidentiels sur les paradis fiscaux. Cette nouvelle vague concerne Les Bahamas Leaks et 175 000 sociétés offshores enregistrées entre 1959 et 2016 dans ce pays des Caraïbes.

Tout comme pour les Panama Papers, c’est le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung qui a obtenu les données pour ensuite les partager avec l’ICIJ. Les informations proviennent du registraire des entreprises des Bahamas et dressent l’équivalent d’un registre de commerce du paradis fiscal opaque que sont les Bahamas. En plus d’obtenir le nom des sociétés, fiducies et fondations, on y découvre le nom des administrateurs de certaines d’entre elles, jusqu’ici anonymes.

Déjà

des noms commencent à circuler

un peu partout dans

le monde.

Il faut aussi savoir que ces informations provenant des Bahamas ont été ajoutées à la base de données des Panama Papers. Déjà, cette base de données publique d’entreprises enregistrées dans les paradis fiscaux est la plus importante de l’histoire.

Pour plus d’information :

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Financer le climat avec l’aide de la Banque des règlements internationaux

Selon la Banque des règlements internationaux (BRI), uniquement en 2007, le volume quotidien des transactions monétaires sur le marché des changes était de l’ordre de 3 200 milliards $. C’est beaucoup, beaucoup d’argents. Imaginez ça maintenant sur toute une année! Imaginez financer le climat…

Nous avons trouvé une autre source qui quantifiait, dans ce cas pour toute l’année 2002, la sphère financière mondiale avec les chiffres astronomiques suivants :

TABLEAU 1 – Quantification de la sphère financière mondiale

Type de transactions Valeur mondial en $ (2002)
Sur les produits dérivés 699 000 milliards
Sur les changes 384 400 milliards
Sur opérations financières (Bourse, etc.)   39 300 milliards
Sur biens et services (PIB mondial)    (2,8%) 32 300 milliards
Total    1 155 000 milliards

Ce qui veut dire que le PIB mondiale, soit toute la production mondiale de biens et de services – que chiffre la dernière des quatre lignes du Tableau 1 – ne compte que pour 2,8% du total des transactions.

Par ailleurs, en 2008, la portion des transactions sur les changes qui allait pour des fins commerciales ou touristiques ne représentait que 2% de cette catégorie. Oui, il faut comprendre que 98%, presque la totalité, des transactions sur les changes – la seconde des quatre lignes du Tableau 1 – ne va pas à la véritable création de richesse. Juste à titre d’exemple, le cas de George Soros, qui avait spéculé sur les taux de changes avec la livre sterling en amassant une fortune de 7 milliards $ est bien documenté.

Ce qui veut surtout dire qu’une proportion bien plus importante de la sphère financière mondiale que ce que pense la majorité de l’humanité sert à quelque chose davantage artificielle que générateur de bien être pour elle.

Ce qui veut surtout dire qu’en additionnant notre 2,8% du Tableau 1 avec l’autre 2 % (de 2008) on obtient en gros 95%.

Que 95% de toutes les transactions financières mondiales consistent donc en des opérations de spéculation : une valeur de 1 100 milliards $ en chiffres de 2002. Un rapport de 40 contre un contre l’économie productive.

 

Économie spéculative 40;  économie productive 1

 

La spéculation ne crée pas de véritable richesse. Elle est notamment qualifiée de ponction sur la richesse créée par l’économie et ses acteurs tels les travailleurs, les inventeurs/innovateurs, les entrepreneurs, etc.

L’observation avertie démontre que les mécanismes financiers spéculatifs ne créent ni plus-value, ni valeur… et n’enrichissent réellement que ceux qui les contrôlent!

Regardons maintenant qui fait en sorte qu’il en soit ainsi?

La liquidité du système financier mondial est fondamentalement possible parce que les banques centrales des pays l’alimentent en faisant périodiquement fonctionner les planches à billets. En 2007/2008 la fameuse et bien triste crise du Papier commercial (PCAA) a montré un beau cas de figure : des valeurs sur papier de dizaines de milliards $ (32 G en PCAA juste au Canada) s’envolaient en fumée et il fallu bien remettre de l’argent dans le système…

Banque centrale de chaque pays souverains, plus Banque des règlements internationaux, cela fait deux acteurs publics dans le système.

Ce qui veut dire que malgré toutes les mesures de libéralisme économique et de déréglementations des dernières décennies, les opérateurs et acteurs publiques sont encore bien au cœur du système financier mondial. Ils sont en mesure de connaître les chiffres, et surtout de contrôler les flux d’argents et de valeurs.

Comment financer le climat?

Harvey Mead, le chroniqueur invité par Commerce Monde à analyser les chances de succès de la COP21 à Paris, début décembre 2015, devant son défi de conclure une entente pour lutter contre les changements climatiques, s’était fait « annonceur d’échec » à cause des énormes problèmes que causera le financement de tout ça. Et surtout du déséquilibre entre les capacités des pays développés et des pays moins industrialisés à assumer la facture.

La COP21 de Paris ne fut pas un échec politiquement parlant; entente historique il y eut. Mais facture et très lourde il y aura également. Il faudra dégager des centaines de milliards de tous les dollars, euro, yen, rouble, peso, etc. que la Terre compte. Comment?

Le 1 155 000 milliards $ de 2002 de notre Tableau 1 était passé à un total de 2 200 000 milliards $ en 2008. Si le 95% tient la route, on trouve là des opérations spéculatives pour quelque chose comme 2 millions de milliards $ au bas mot.

Deux millions de milliards… non, nous n’écoutons pas parler, ici, le capitaine Haddock!

Si la gouvernance mondiale veut encore dire quelque chose comme avoir des politiciens et des chefs d’États et de gouvernements capables de bâtir des solutions aux problèmes mondiaux de l’humanité, il est aisé de convenir qu’il y a ici un champs d’investigation à dégagement de moyens financiers à la hauteur du défi environnemental et climatique devant nous.